vendredi 20 mai 2016

Un Snippy japonais ?



Mes amis nippons sont inquiets : leurs troupeaux d’animaux domestiques sont-ils sous la menace d’un terrible fléau mutilatoire ?
Un certain rapprochement les incite à la crainte.


Vous vous souvenez tous de la pathétique histoire de Snippy, ce petit cheval hongre du Colorado qui, en septembre 1967, fut retrouvé inexplicablement égorgé, exsangue, éviscéré et décérébralisé ? Je lui avais consacré ma chronique de l’Etrange du Courrier de Saône et Loire Dimanche, le 25 janvier 1987.

Il avait été question d’ériger un monument à son effigie dans la vallée San Luis, sur le ranch King, là où était tombé le premier martyr de ces insaisissables mutilateurs qui, par la suite, firent plus de 10 000 victimes en Amérique.

Le grand carnage
Dans le livre, publié en 1986 et rapidement épuisé, que j’ai consacré à ce cruel mystère, je signalais que de tels actes de barbarie étaient quasiment réservés aux prairies du Middle West. Rien en France, en tout cas, qui puisse rappeler même de loin des atrocités de ce type. Et, à ce jour, on peut encore se demander pourquoi tout en se demandant pourquoi.

Le Japon, lui aussi, n’avait rien à déplorer de semblable jusqu’en août 1989.

Snippy bovin
Le 31 de ce mois-là, dans la région de Hayase à 15 kilomètres au sud de Takkatown, le corps d’une vache de race noire fut découvert avec la mamelle soigneusement découpée en rond, comme cela fut décrit des milliers de fois aux Etats-Unis. Il lui manquait aussi une oreille et le bout de la langue, en un scénario classique qui fait froid dans le dos. Pas une goutte de sang ne semblait s’être échappée de ces horribles blessures.

Ovni tueur ?
La photo, reproduite ici, m’a été fournie gracieusement par Shinichiro Namiki, sympathique directeur de la Société Japonaise des Phénomènes Spatiaux. Inutile de préciser que tout comme pour le pauvre Snippy, on a évoqué les méfaits d’un ovni ou plus précisément des occupants présumés de celui-ci. D’autant que des lumières ont filé dans le ciel en direction de la ferme la nuit-même de l’incident. Mais là-bas comme ailleurs, aucune connexion solide mutilations/ovnis n’a été clairement établie si bien que je n’ai eu aucun scrupule à m’adresser à mon ami de longue date – on s’est connu au Canada, il y a plus de 20 ans – Takashi pour lui demander ce qu’il pense de ce Snippy bovin japonais.

L’avis d’un spécialiste
Le Dr Makita est professeur d’anatomie vétérinaire à l’université de Yamaguchi. Son épouse Sunnie, à ce que j’en sais, excelle dans la préparation des tomates farcies depuis qu’une famille de jeunes Français lui en a communiqué la recette dans les années 1970…

La première impression de Takashi, quand il a pris connaissance de la mutilation de Hayase, est qu’elle a pu être l’œuvre soit d’un ours, soit d’un homme. « Des ours, dans la région de Hokkaido, ont tué des chevaux adultes et leur ont arraché les membres, m’écrit-il, en date du 21 février dernier.

Explications triviales
Et d’ajouter que la langue de bœuf est fort appréciée au Japon dans les restaurants dits occidentaux et que les Japonais possèdent tous des couteaux très aiguisés.

Quant à l’absence d’écoulement sanguin, selon Takashi, cela n’a rien d’extraordinaire si les découpures et dissections ont été pratiquées plusieurs heures après la mort de l’animal à cause de la coagulation.

Et à mon ami de conclure, désolé car il me connaît bien, que toutes ces considérations sont plutôt négatives par rapport à une attaque d’ovni.

Et pourtant…
S. Namiki, de Tokyo, lui, ne l’entend pas de cette oreille qui s’attend à une épidémie d’autres mutilations au Japon. Un deuxième cas est survenu en octobre 1989 et s’il y en a eu de plus récents, je n’en ai pas été informé, ce qui est fort possible. Mon expérience sur la question m’a prouvé que ces relations sont véhiculées avec retardement comme en témoignent celles que je collecte de source américaine et qui actuellement rapportent des événements datant d’un an au moins. J’ai ainsi pu clôturer l’année mutilatoire 1989 sur un score non négligeable de 115 cas en Amérique du Nord, chiffre record depuis 6 ans.

Alors, j’attends et vous tiendrai au courant de la suite des événements. Si vous le voulez bien.


Ce texte fut publié dans DIMANCHE Saône & Loire le 7 avril 1991.

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