dimanche 29 janvier 2017

A propos des informations douteuses sur les ovnis



Malgré les titres de certains journaux spécialisés qui annoncent leur « retour » (sinon, ils sont en effet condamnés à disparaître faute de « matière première »), d’autres n’hésitant pas à prédire (sic) « que 1988 sera l’année des ovnis » (arguments : opposition de la planète Mars, taches solaires, etc.), dans une tentative désespérée d’influer sur le phénomène (certains pensent que ça marche), les cieux demeurent résolument vides depuis 5 ans. Si c’est le creux de la dernière « vague », celle-ci prend désormais une allure de morne plaine...

Les quelques cas récents
Certes, je sais bien que des rapports d’observations continuent à être signalés par-ci, par-là. Mais pour 1985, le Computer UFO Network de Seattle n’indiquait-il pas, pour le monde entier, 218 ovnis seulement ? Une misère ! Les rares témoignages collectés sont-ils, en revanche, plus solides, mieux décrits ? Plus fiables en quelque sorte, si bien qu’ils pourraient largement compenser la diminution dramatique du nombre, dont on dit que 90% ressortissent manifestement à des phénomènes naturels ?

Malheureusement, je ne crois pas que ce soit le cas et je le déplore. Les « Lumières inexplicables » de Belleville, dans le Wisconsin, qui agitent beaucoup les milieux ufologiques américains actuellement - eux-mêmes plutôt occupés aux nombreuses histoires de « contactés » - n’ont rien de particulièrement probant et il en est de même pour celles de Corydon, au Kentucky. Quant à l’objet métallique qui a atterri en Floride, en juin dernier, je manque de détails.

Je n’oublie pas non plus la voiture téléportée près d’Udine (canular ?) en Italie, l’ovi de Shangai en août (morceau de glace ou rentrée de satellite ?). Ni l’ovni de Birmingham, en septembre (attendons d’en savoir plus), ni l’objet en forme de globe lumineux vu au dessus des collines Adélaïde, dans le sud de l’Australie (c’est si loin)... J’espère que tous ces cas ne tourneront pas court comme le fameux « gros porteur », qui a suivi un avion cargo des Japan Air Lines, en décembre 1986, et que le pilote a décrit « grand comme deux porte-avions mis bout à bout » ; à ce sujet, on parle de plus en plus d’une simple confusion avec la planète Jupiter...

Le seul rayon de soleil venu récemment éclairer cette désertification ufologique émane du NORAD qui aurait admis que, en 20 ans, 10 millions d’observations « non corrélées » ont été collectées par son personnel. Mais cela demande confirmation. Le plus important « œil au beurre noir ne vient-il pas d’être infligé à la face de l’ufologie » (B. Greenwood) avec la preuve que le document Majestic 12 sur les crashes d’ovnis pourrait bien être un faux ?

Le GEIPAN révèle aux Américains
Cette « raréfaction » d’ovnis n’empêche pas certains journaux de continuer cependant de signaler des cas bien souvent spectaculaires mais, la plupart du temps invérifiables. C’est le cas notamment de deux hebdomadaires américains à grand tirage tels que National Enquirer et Weekly World News.

Leurs scoops tirent souvent leurs sources des pays de l’Est, ce qui décourage toute initiative de contre-enquête, ne serait-ce qu’à cause de la barrière de la langue. Mais quand l’information est dite en provenance de France, on ne peut pas s’empêcher d’avoir un haut-le-corps. En effet, aujourd’hui, ici, nous sommes quasiment privés de tout renseignement ufologique... à part ce valeureux LDLN auquel je souhaite, soit dit en passant, la plus longue vie possible... bien que certains textes polémiques publiés depuis quelque temps n’aient, à mon avis, rien à apporter à notre « cause » commune à tous.

C’est dans le numéro du 2 décembre 1986 du National Enquirer que je suis tombé sur ce titre ronflant : Sensationnel : les ovnis existent réellement ! Fort bien, me suis-je dit, voilà qui n’est pas nouveau. Est-ce tout simplement un remake des propos du Major Kehoe (frappé de mutisme mais non décédé) ? Mais quelle fut ma surprise en continuant ma lecture. Devinez qui était allé porter la bonne parole en Amérique ? Je vous Le donne en mille ! Le GEPAN. Notre GEPAN national ! Lui, toujours si discret dans ses rapports avec les médias français et oh combien avec les ufologues, venait de lancer cette bombe Outre Atlantique à l’Ici Paris local : « Les ovnis existent. La preuve, ils sont réels ! »

Une fois l’état de stupeur estompé, j’ai lu la suite. C’était une sorte d’interview de Monsieur Velasco en personne qui parlait « des meilleurs cas ovni » parmi les quelques 1600 rapports (!) sur lesquels le GEPAN s’est penché depuis 12 ans, aux frais des contribuables français. Et le responsable actuel du GEPAN (il n’y a plus de « directeur ») ne trouvait rien de mieux que d’aller faire ses révélations chez nos cousins d’Amérique, comme si les Français étaient indignes, eux, de savoir qu’une partie de leurs impôts a été utilisée pour démontrer la « réalité » des ovnis : à savoir qu’ils ne sont ni des hallucinations, ni quelque stimulus visuel faussement interprété et mis en fermentation par l’ego mal équilibré des témoins, ni une invention de l’imagination, des médias, ni une manifestation du gaz des marais...

Dans une lettre à M.Velasco du 10 février 1987, je lui fis part de ma vive réprobation devant une telle désinvolture vis à vis du public français qui, décidément, méritait mieux. Mais avant d’examiner sa réponse, voyons les cinq cas qui, selon lui, l’autorisent à se prononcer en faveur de la « réalité » des ovnis.

Les preuves françaises
C’est tout d’abord un incident survenu en novembre 1982 et qui vit un petit engin en forme de dôme atterrir dans l’arrière-cour d’un chercheur réputé en cancérologie. « L’engin s’arrêta à environ trois mètres de lui et demeura stationnaire à 1,50 mètre au-dessus du sol du jardin, pendant 20 minutes. Puis il repartit aussi silencieusement qu’il était venu, laissant l’herbe en dessous dressée comme si elle avait été soumise à un champ électrique » (sic).

Cela, les enquêteurs du GEPAN le constatèrent le lendemain même, ainsi qu’une grosse plante à fleurs desséchée complètement, « suggérant, elle aussi, que l’ovni avait dégagé une énorme force de type électrique »(resic).

Certes, il s’agit, malgré un léger décalage de date, de l’atterrissage qui a donné lieu à la note technique n° 17 du GEPAN , intitulée « L’Amarante ». Mais ce bref résumé, servi aux Américains, est-il le reflet fidèle du document français ? Je vous le demande.

Le deuxième cas cité par M. Velasco date « d’un an plus tôt environ ». Et il touche à un « incident similaire ». Cette fois, un ovni bruyant se posa dans la cour d’un maçon, à Cannes. « L’homme entendit un sifflement et vit alors un étrange engin en forme de soucoupe, brillant intensément et flottant bruyamment en l’air en direction de quelques pins voisins. Il avait environ 2,5 m de diamètre et 1,30 de haut. Soudain, il changea brusquement de cap et s’en alla atterrir avec un bruit sourd à environ 30 mètres du témoin. Trente seconde plus tard, il décollait toujours avec le même sifflement ».

A un mois de là, les enquêteurs du GEPAN constatèrent une zone circulaire calcinée sur le sol de la cour. Selon leur expérience (?), l’effet était le même que celui produit par un puissant champ magnétique.

Cet autre atterrissage d’ovni, résumé de façon si lapidaire par le National Enquirer, est manifestement le fameux cas de Trans, près de Draguignan et qui a fait l’objet de la note technique GEPAN N°16. Mais là encore, le raccourci est saisissant et on y escamote précisément le résultat fondamental des analyses effectuées par l’INRA sur les végétaux prélevés sur place qui ont, à l’instar du témoin, accusé un évident « traumatisme ».

Dans l’article américain, il est fait ensuite allusion à une autre mystérieuse rencontre effectuée par un livreur, près de Toulouse. « Un grand objet orange en forme de cigare était apparu dans le ciel à environ 600 mètres devant le camion et s’était rapproché jusqu’à moins de 10 mètres, juste au dessus. »

Soudain, le moteur avait calé. Le conducteur, effrayé, sortit du véhicule et observa l’objet volant orange amorcer un virage et disparaître au dessus des arbres. Mais quand il fut remonté dans le camion, le moteur refusa de tourner.
Un membre du GEPAN, qualifié en mécanique, aurait examiné le problème sans rien trouver d’anormal. Et pourtant, il ne put, lui non plus, l’amener à démarrer, ce qui se fit sans difficulté deux jours après. « Un de nos cas les plus bizarres », aurait reconnu M. Velasco.

Tout comme celui qui survint en 1978, dans un petit village de la région Rhône-Alpes. Là, une adolescente de 13 ans repéra un ovni sphérique posé au sol « avec la forme d’un homme en combinaison argentée se tenant tout près ». « L’extra-terrestre, si c’en était un, demeura immobile derrière l’engin. Dans un état de panique totale, l’enfant tourna bride et s’enfuit. »

Quand la gendarmerie vint sur les lieux, le lendemain, « ils trouvèrent à l’endroit exact mentionné par la fillette, une zone herbeuse aplatie de 2,5 à 3 mètres de diamètre, avec absolument aucune trace y conduisant ».

A la fin de l’article en question, venait un des exemples les plus étonnants étudié par le GEPAN et datant de 1964 (à cette époque le GEPAN n’existait pas). Près de la ville de Cussac, deux enfants ont aperçu un groupe de jeunes extra-terrestres. « Les gosses virent un étrange engin couleur argent et de forme sphérique posé à environ 50 mètres. Jouant autour, il y avait quatre extra-terrestres miniatures en combinaison alu qu’ils prirent pour des enfants. « Pendant plusieurs minutes, ils observèrent les E.T. batifolant jusqu’à ce que trois d’entre eux remontent dans l’engin par un trou pratiqué dans un des flancs.

« Il décolla mais un E.T. miniature était resté au sol. Quand l’engin eut atteint une altitude de 6 mètres, l’E.T. soudain sauta en l’air et sembla disparaître directement à travers la paroi du vaisseau. Nous ne pouvons dire si c’était une famille E.T. en visite sur Terre - ou expliquer comment l’un aurait ouvert une brèche dans la paroi métallique de l’ovni. « Mais c’est un exemple très fort de ce que d’étranges choses se produisent sur cette planète et nous espérons, qu’en enregistrant de tels événements, on prouvera l’existence des ovnis et des E.T. une bonne fois pour toute.. »

On croit rêver. De telles anecdotes citées par le GEPAN. De telles résolutions dans la bouche de M. Velasco. Etait-ce un canular ? Je penchais pour cette hypothèse.

La réponse du GEPAN
J’écrivis donc à M. Velasco en m’étonnant « de n’avoir rien lu de semblable dans la presse française ». Mais peut-être étais-je mal informé ? Et j’ajoutais : « Je vous serais extrêmement reconnaissant de bien vouloir me dire si vous êtes d’accord avec ce qui est écrit dans le National Enquirer. »

Je reçu une réponse à l’en-tête du CNES (ref 87-162) où le responsable du GEPAN me remerciait de bien lui avoir fait parvenir l’article du National Enquirer. Il leur avait effectivement accordé une interview un an plus tôt, mais malheureusement - et il paraît que c’est la règle générale - « il ne lui avait pas été possible de vérifier le contenu et la véracité de ce qui est rapporté ».

Et de continuer textuellement: « De ce fait même (la non vérification de la conformité de l’interview), si vous êtes certain de ne pas avoir dévié de la réserve habituelle, vous ne pouvez empêcher un journaliste d’interpréter vos pensées et de présenter des phrases sorties du contexte. En l’occurrence c’est le cas et notamment sur ce qui touche à la présence d’êtres extra-terrestres et leur évidence dans le cas des UFOs. Le seul point sur lequel il y a quelque chose d’intéressant c’est le fait de dire que nous sommes en présence dans quelques cas particuliers de phénomènes non identifiables pour lesquels notre compréhension des choses nous empêche d’apporter une opinion claire sur la nature du phénomène appréhendé.

« Alors de ce fait on peut effectivement dire qu’il existe réellement des phénomènes inexplicables c’est une réalité mais qu’il ne faut surtout pas généraliser et attribuer, parce qu’on ne comprend pas, une identité extra-terrestre à ces phénomènes physiques ».

Voilà donc que la langue de bois reprenait le dessus tout simplement parce qu’un Français « intéressé au problème des ovnis et phénomènes connexes » (cf. ma Lettre), demandait à être informé.

J’admets que Patrick Wilkins, reporter au National Enquirer, et que M. Velasco avait dû rencontrer puisqu’il était le signataire de l’article, j’admets, dis-je, qu’il puisse avoir déformé les propos de notre porte-parole ; mais la vocation du journal National Enquirer n’est pas de publier de beaux textes de rhétorique. C’est un journal à sensation et tout le monde le sait, même M. Velasco, lequel devait pertinemment s’attendre aux « libertés » qui ne manqueraient d’être prises par rapport aux informations données.

Pour ma part, je remarque deux choses dans le texte de P. Wilkins relatif au GEPAN. Tout d’abord, une large place est donnée aux paroles mêmes de M. Velasco qui sont citées entre guillemets (j’ai gardé la même formule dans ma traduction). Par ailleurs, j’ai dénombré pas moins de neuf « dit M. Velasco ». C’est tout à fait inhabituel et même plutôt surprenant.

J’en resterai là sur le GEPAN au National Enquirer (dont, soit encore dit en passant, ce n’était pas le premier entretien), pour passer au « groupe des savants français pour la vérité sur les ovnis ».

Des Français parlent au Weekly World News
Depuis 5 à 6 ans, le National Enquirer a un concurrent sérieux dans le style France-Dimanche : c’est l’hebdomadaire Weekly World News, qui dépend d’ailleurs du même groupe de presse.

Or, à trois mois d’intervalle, j’y ai trouvé deux références à « un groupe de scientifiques français pour la vérité sur les ovnis » que j’ai du mal à situer dans la sphère ufologique de notre pays. Même M. Veillith ne semble pas connaître son existence. J’espère qu’un abonné de LDLN pourra me renseigner, d’autant que, préparant un livre sur les crashes d’ovnis (ou les cas prétendus tels), j’aimerais en savoir plus sur ce que mentionne brièvement le WWN, sous couvert de révélations françaises.

En effet, les deux références en question touchent à ce sujet sulfureux des ovnis accidentés et de leurs passagers tués ou blessés.

La première parle de l’écrasement d’un ovni en flammes en Chine Centrale. Pas de date, mais cela semble récent. Et c’est Jacques Pretet, président du groupe français en question basé à Paris, qui prétend avoir obtenu l’information de sources militaires locales. Selon lui, la survie des E.T., gravement brûlés mais pas morts, est considérée comme un enjeu mondial par MM. Reagan et Gorbatchev.

« Je sais cela de source autorisée, aurait affirmé M. Pretet : des ambassadeurs américains, russes et d’au moins cinq autres régions du monde se rencontreront avec les Chinois à Genève avant un mois » ( Le WW News est du 16 Juin 1987).

Et d’ajouter que « si la description des E.T. figurant dans les documents chinois est exacte, ces créatures seraient les mêmes que les 9 autres qui furent retirées de l’épave d’un vaisseau spatial crashé en Union Soviétique en 1985 ».

Suivent quelques indications sur la morphologie des E.T. et M. Pretet termine en évoquant un « black-out » organisé autour de ce crash chinois.

Dans son numéro du 22 septembre dernier, le Weekly World News revenait sur le sujet, faisant état des allégations d’un expert en ovni parisien, M. Henri Degois, annoncé cette fois encore comme président d’un groupe de surveillance et constitué de scientifiques voulant la vérité sur les rapports d’ovnis.

Il était question, cette fois, de la récupération des corps de six E.T., venus de l’espace, dans les débris de leur vaisseau stellaire, emprisonné dans un bloc de glace découvert près du sommet d’un des pics de l’Himalaya... Degois faisait lui aussi allusion à une conspiration du silence des gouvernements concernés (népalais et américain) pour garder cette terrible nouvelle secrète « de peur de causer une panique mondiale si tous ces faits étaient rendus publics. Et il décrivait les E.T. comme mesurant 90 cm de haut, possédant une tête et des yeux « plus gros que la normale » avec des petits membres paraissant chétifs.

« Cela semblerait suggérer que les E.T. étaient en une espèce de mission exploratoire sur la Terre quand ils se sont écrasé », aurait encore dit M. Degois. Mais comme les corps sont très bien conservés dans la glace, on ne peut dire si le naufrage a eu lieu il y a 10 ou 10 000 ans.

Un rapport complet sur cet incident devait être disponible avant Noël 1987. Je n’en ai eu aucune connaissance. Si certains lecteurs de LDLN en savent plus, je leur serais reconnaissant de bien vouloir me contacter.

Un dernier mot pour signaler que le W.W. News ne répond pas aux demandes de complément d’information adressées à leurs reporters depuis la France. J’en ai fait hélas plusieurs foislL’expérience.


(1) Note généreusement dispensée aux amateurs français pour la modique somme de 20 F mais attention. Il n’est fourni aucune facture. J’ai eu beau réclamer, je n’ai jamais rien reçu. Etrange attitude, d’autant que j’avais payé la collection entière.




Texte jamais publié et soumis à publication à la revue ufologique française Lumières dans la Nuit (M. R. Veillith) le 12 décembre 1987. Aucune réponse ne m’étant parvenue, le 28 janvier 1988, j’écrivais cette lettre :

Chalon, 28/01/1988

Cher Monsieur Veillith,
Je reçois ce jour le dernier numéro de LDLN et n’y trouvant pas
 l’article que je vous ai confié en décembre, j’aimerais savoir le sort que vous lui avez réservé.
Une seule inquiétude en ce qui concerne la revue : l’agressivité de
 certains auteurs vis-à-vis de ceux qui ne pensent pas comme eux au sujet de l’origine des ovnis.
Celle-ci est toujours mystérieuse, n’est-ce pas ? Et pourquoi  exclure telle
 ou telle hypothèse ? Je pense que votre revue doit être ouverte à toutes les opinions.
Bien à vous.

Michel Granger

Finalement, jamais je n’obtins la moindre réponse d’autant que Mr Veillith (1920-2009) prit sa retraite en septembre 1988 et  vendit la revue à son successeur. Apparemment, il oublia dans le « package » les articles à lui soumis. Ai-je fait les frais d’un concours de circonstances ? Ou bien d’une censure déguisée ? A partir de ce jour, je cessai mon abonnement à la revue.

A noter qu’avant cette soumission d’article j’avais eu des échanges très courtois avec M. Veillith suite à l’achat d’un stock de vieux numéros de la revue quand celle-ci n’était pas centrée sur les ovnis. Comme en témoigne une lettre de lui adressée à moi le 10 septembre 1985.

La revue avait publié deux lettres de ma part :
-     LDLN de septembre-octobre 1985 sur les anomalies lunaires et spatiales
-     LDLN de mai-juin 1986 sur Uri Geller !



Une partie de ce texte a été incorporée dans l’article : GE(I)PAN : les motifs de déception d’un ufologue amateur, UFOMANIA, n° 62, printemps 2010.



samedi 21 janvier 2017


Terriens ou extra-terrestres ?
Ou merveilles et mystères de la nature humaine


Ecrit à Montréal, entre mai 1971 et février 1972, ce livre fut soumis, le 15 juin 1972, à deux éditeurs seulement : ALBIN MICHEL et LAFFONT.

C’est Francis Mazière (1924-1994) qui m’en accusa réception pour LAFFONT et Robert Sabatier (1923-2012) pour ALBIN MICHEL. Livre « beaucoup trop gros » pour F. Mazière, « énorme », selon Georges H. Gallet (1902-1995), directeur littéraire d’A.M.

Comme pour le livre précédent (L’Alchimie), et bien que M. Mazière soit « extrêmement intéressé par ma position concernant les traces du phénomène céleste ou ET décelable dans la génétique » et malgré un certain « remaniement » demandé (24 juillet 1972) et envisagé « sous la forme souhaitée » (7 août 1972), ce fut le 12 février 1973 (date de mes 30 ans !) que je signai le contrat pour une publication partielle (première partie) chez ALBIN MICHEL, dans la collection « Les Chemin de l’Impossible ».

Ce fut M. Gallet qui suggéra, en août 1972, que la partie supprimée pourrait faire l’objet d’un autre ouvrage. Ce qui fut fait avec : Extra-terrestres en exil.


Dans ce livre, je développais la thèse selon laquelle si, tel que stipulé dans la Bible, « les filles des hommes s’étaient unies aux fils de Dieu » (Genèse VI, 1, 2 et VI, 4, date fixée de l’opération à moins de 24 000 ans), il avait dû en résulter des descendants possédant des gènes de ces « étrangers » et, compte tenu des croisements successifs, chacun de nous devrait avoir dans son ADN une part plus ou moins grande de ce patrimoine génétique « extérieur », selon son degré de la filiation !

Et de rechercher dans certaines capacités humaines non orthodoxes (pas forcément paranormales), l’expression de ces gènes d’extraterrestres : depuis les cas de parthénogenèse humaine jusqu'aux sujets victimes du syndrome de Münchhausen, en passant par les centenaires, les gens doués de synesthésie, les génies, les somnambules, les hallucinés, etc.

 





 









































Je terminais le livre par les deux paragraphes donnés ci-dessous.

Mais auparavant, je voudrais reproduire (la photocopie de l’époque s’est affadie ne permettant plus une lecture possible), la fiche d’un lecteur appointé par l’éditeur dont les initiales étaient non identifiables (un triangle) :

Genre: Essais sur les phénomènes supranormaux de la nature humaine.

ANALYSE DE L'OUVRAGE.
Partant d'une hypothèse bien connue, à savoir que des extraterrestres, particulièrement doués, sont venus sur notre planète et ont permis en s'accouplant avec des humains de faire sortir la créature humaine de sa condition animale et appuyant ses dires sur des constatations archéologiques et l'étude de la Bible, ou des mythologies, l'auteur a construit son essai sur les différentes formes que prennent les phénomènes supranormaux de l'homme, non seulement sur le plan de la biologie, mais aussi sur celui de l'esprit. Commentant de nombreux exemples sur des cas extraordinaires, l'auteur étudie successivement quelques grands principes qui permettent à l'homme d'être résolument optimiste sur les chances qui lui ont été donné par la nature. Génétique, parthénogénèse, longévité qui permet le recul de la mort et peut être un jour l'immortalité, expériences diverses du refroidissement du corps, les phénomènes sensoriels, ceux du sommeil et du rêve, la psychosomatie, l'hypnose, la télépathie, l'insensibilité, les médiums, la lévitation, les revenais, le vampirisme, les spirites, les transmissions de pensée, les hallucination, la perception du passé, du futur et de l'au-delà, tels sont grosso-modo les grands thèmes abordés.

CRITIQUE.
Partant d'une hypothèse qui est encore bien aléatoire et pour le moment à l'opposé de la science, l'auteur s'en écarte en fait très vite pour faire un portrait de l'homme se distinguant de l'animal non seulement par son intelligence mais par un certain nombre de phénomènes qui l'habitent et de pouvoirs extraordinaires qui se révèlent dans quelques cas et lui sont propres au sein de la création.
C'est un excellent manuscrit parce qu'il ne pêche pas par hystérie, par affirmations indémontrables, et par excès de crédulité comme c'est le cas habituellement pour ce genre d'ouvrage. Peu enclin à tirer des conclusions définitives, l'auteur se contente de constater en médecin en en curieux des phénomènes humains qui sont inexplicables par la science. Ses exemples sont bien choisis, bien racontés, commentés sobrement, mais avec vivacité et quelquefois de l'humour. Toute cette anthologie du mystère ne cherche pas à épater gratuitement et ne s'embarrasse jamais de termes difficiles ou d'un langage d'initié. Certes on sent bien que c'est là un travail de compilation (et l'auteur cite honnêtement ses sources de renseignements), mais il remet à leur place bien des interprétations hâtives sur le supranormal humain, ne conteste pas qu'il est des phénomènes dus au simple hasard ou à l'escroquerie à la crédulité publique.
De ce manuscrit se dégage un portrait optimiste de l'homme, tant sur le plan psychique que sur le plan spirituel, et une synthèse de tous les chemins de l'impossible. C'est publiable.

Une autre fiche signée F. Ethuin, elle, a résisté au temps.


Revenons aux deux derniers paragraphes du livre :

Normal ou paranormal ?
Avant de brosser un tableau circonstancié des opérations profondes dont furent peut-être l'objet involontaire quelques cobayes humains il y a 24 millénaires, nous voudrions faire acte apologique en ce qui a trait à l'ostracisme certain que nous avons adopté pour le contenu de cet ouvrage. Nous sommes conscient du fait que notre tri a été arbitraire et qu'il nous aurait été loisible de fonder la thèse que nous voulions développer sur ce qu'on appelle la paranormalité. Nous nous réservons d'ailleurs l'opportunité de tenter de nouveau l'expérience avec de tout autres matériaux pour lesquels nous aurons l'embarras du choix. Donc premièrement nous n'avons pas péché par omission, que cela soit bien entendu.

Il est pourtant très difficile, avec nos connaissances actuelles, de maintenir une frontière rigide entre le normal et le paranormal. Prenons quelques exemples : pendant près de deux millénaires, le cas de la Vierge Marie a été considéré comme miraculeux. Et aujourd'hui, il semble qu'une faible, mais cependant palpable, proportion des accouchements puisse être imputée à un tel mode de reproduction. Les résurrections sont devenues tellement banales qu'elles n'intéressent pratiquement plus personne. L'immortalité est là qui attend son tour. La science du XXIème siècle naissant est en train de tuer la paranormalité en la grignotant à la manière d'une souris qui s'attaque dans un grenier aux œuvres d'Homère. Si une personne entend des voix qui lui bourdonnent dans la tête, un examen des prothèses qu'elle contient peut expliquer tout cela. Les supports de la mémoire récemment dévoilés ouvrent des horizons nouveaux sur le problème des génies, des visionnaires et des illuminés. La majorité des phénomènes de « poltergeist » ont été solutionnés en faisant appel à la ventriloquie et aux effets de sol. Les maisons dites hantées ont été trouvées précisément aux points de jonction des différentes lignes sismiques et magnétiques. Similairement au miraculeux, le paranormal rentre dans le rang des faits rares mais explicables selon les critères du savoir traditionnel. Il ne faudrait pas malgré tout croire que notre option a été dictée par un excès de confiance et que nous la fondons sur la conjecture qu'à plus ou moins brève échéance le paranormal disparaîtra de notre langage. Cette opinion adoptée par de nombreux hommes de science n’est pas la nôtre.

Au contraire, nous sommes persuadé que certaines actions humaines continueront de résister à ce flot d'interprétations, à cette source perpétuelle de solutions drainées par le flux des nouvelles théories où s'amalgament conceptions premières et dérivations saugrenues. Ce sentiment rejoint opportunément l'idée directrice de ce livre qui se proposait de redécouvrir les traces du croisement céleste dans l'homme de toutes les époques puisqu'une loi fondamentale de la génétique, celle de l'hérédité, non seulement autorise mais oblige à admettre ces résurgences.
           
La personne, touchée par un écho en provenance constamment réfléchie mais pourtant tangible d'un passé vingt-quatre fois millénaire, pourra rester à prédominance humaine et c'est justement à travers elle que nous avons voulu cerner la vérité. Ce sera peut-être l'enfant-loup, le « centenaire et demi », l'individu sensible au P.T.C., l'aveugle « voyant », le dément génial, l'halluciné, etc., tous examinés avec bienveillance par la science et la médecine. La cause de cet intérêt est que, malgré une certaine transcendance, ces êtres sont des hommes qu'on a trop tendance à assimiler à des morbides, alors qu'ils sont pratiquement le contraire. Néanmoins, en ce qui les concerne, ils sont intégrés, ils sont admis. Donc, il fait bon parler d'eux entre hommes du monde, ils sont des curiosités en quelque sorte.

Il est toutefois une autre classe de personnages à laquelle nous avons fait allusion à la fin de notre première partie qui avait pour but de nous définir grossièrement comme « médiums », c'est-à-dire comme fils des fils de Dieu. Il est certain qu'eux, dans la mesure où ils sont honnêtes (et il y en eu), peuvent se prévaloir d'une parenté beaucoup plus prononcée avec le Ciel. Là-dessus, nous avons donné les raisons qui les ont éliminés de notre propos. Sans y revenir, par certains côtés de notre ouvrage, nous avons effleuré cette qualité presque universellement admise qu'est l'E.S.P. (extra sensory perception). Robert Amadou a dit d'elle que « le phénomène E.S.P. ne se rattache à aucun caractère morphologique, physiologique, racial ou autre, identifié chez l'homme ». Son étude aujourd'hui en cours réunit une troupe de savants dont l'un des derniers colloques a eu lieu en juin 1969. L. J. Bendit, qui a rédigé une thèse sur le sujet, s'est posé la question : « Est-ce le vestige de quelque élément atrophié et devenu biologiquement inutile ou une fonction qui devrait se développer pari-passu avec le reste de l'esprit, à partir de quelque racine archaïque et protopathique, en une forme épicritique appelée à servir un but téléologique ? » (L. J. BANDIT, Connaissance paranormale, 1951). Et il n'a pas pu y répondre. Se pourrait-il tout simplement que ce soient les deux à la fois et que nous possédions dans la moitié apparemment inutile de nos neurones cérébraux une potentialité intellectuelle divine qui avait été programmée pour s'imposer inéluctablement et que des contingences externes et purement animales ont oblitérée au point de n'en laisser transparaître que des bribes qui nous donnent l'illusion de débris ? Mais cette transcendance divine était-elle si grande que même dévoilée en partie elle serait encore susceptible de placer ceux qui en bénéficient nettement au-dessus de leurs infortunés contemporains ? A l'étude des résultats récents de la parapsychologie, nous avons ressenti un peu comme si nous gardions le souvenir d'un vague pouvoir mis en nous artificiellement et digéré par notre instinct terrestre.

Au lieu d'ergoter sur des pouvoirs encore mal testés, nous avons pris sur nous de chercher notre essence non pas sur la perception extra-sensorielle, non pas sur la fonction Psi, non pas sur la clairvoyance, non pas sur l'ectoplasmie dont nous ne rejetons pas la réalité bien au contraire, mais sur les fondements solides de la biologie, de la psychologie et en utilisant comme tremplin les résultats de l'hypnotisme scientifique. Notre pensée première est que la nature est souveraine et que c'est elle qui régit tous ces grands dogmes dont la flèche ascendante du temps et l'augmentation de l'entropie d'un système font partie intégrante. Or, cette nature nous a habitués à une parcimonie sélective qui fait loi. L'inutile, c'est l'artificiel. En connaissance de cause, il peut sembler indécent que la médecine actuelle soulève chez l'être humain des défectuosités non naturelles, donc par définition artificielles. Par ce type de raisonnement, nous pensons ne pas nous être trop écarté des normes conventionnelles.

En conclusion, nous avons été amené à supputer que la grande faute des siècles révolus consiste à ne pas avoir reconnu dans l'homme une créature hybridée par la raison et d'avoir persisté à lui allouer une filiation purement animale. Nous sommes au seuil de la grande confrontation de la vie terrestre et du cosmos. A défaut de s'appuyer sur la perception extra-sensorielle, qui tant qu'elle n'aura pas fait une entrée fracassante dans les sciences humaines (mais cela ne saurait tarder) ne devra se contenter que d'un scepticisme intéressé, nous sommes fondé à penser que l'hypnotisme, tel qu'exploité aujourd'hui, est peut-être le moyen unique de mettre au jour notre virtualité psychique et de l'actualiser jusqu'au sublime qui seul est à même de trancher le dilemme : Terriens ou Extra-terrestres ?...

Conclusion

Courte reconstitution de l'opération
d'amendement dont furent l'objet
quelques créatures humaines,
il y a moins de 24 000 ans, en Eden.

Les préliminaires à la Grande Expérience étaient enfin terminés. Les cataclysmes avaient fait place au calme : les mers s'étaient replacées et apaisées, les turbulences atmosphériques étaient rentrées dans les proportions d'une planète viable. Par surcroît, de nombreuses espèces animales avaient survécu, ce qui était un indice favorable pour le Projet dont on pouvait ainsi supputer la durabilité. Non, tout ce qui avait été entrepris ne s'était pas révélé vain et l'on parvenait enfin à pied d'œuvre. Les prélèvements s'étaient fait fort d'établir une échelle d'aptitude à l'implantation et certes le choix, par certains côtés, pouvait sembler bien aléatoire. Il n'en était rien ! L'infaillibilité d'élection était un dogme inhérent à la Force intelligente venue d'En Haut. Donc il n'y avait lieu que de s'étonner que ces créatures à l'aspect minable, à la peau lisse et au corps disgracieux eussent été proclamées élite incontestable de la galaxie. Puisqu'il en était ainsi, on pratiquerait quand même un semblant de sélection pour les échantillons destinés à la Grande Expérience, car ceux qui avaient servi à l'analyse n'avaient pas survécu. Ce qui fut fait. Les mâles les plus grands, les plus robustes affluèrent bientôt aux portes du Camp répondant à la Force irrépressible qui avait envahi leur grossier intellect. Ces êtres sous l'effet de cet appel mystérieux qui annihilait leur volonté laissaient filtrer d'entre leurs cils la lueur d'un regard indiciblement affolé. Leur instinct les avertissait que quelque chose d'immense allait se produire et qu'ils n'y seraient pas étrangers.

En premier lieu, il fallut inculquer au niveau cellulaire des qualités transcendantes susceptibles de se transmettre de génération en génération. Pour cela, une correction chromosomique s'imposait, où retouches de noyaux et manipulations génétiques ont dû jouer un rôle certain. Le problème ardu à résoudre consistait à induire artificiellement des mutations favorables capables d'intégrer dans le code génétique de nouvelles programmations sans trop perturber celui qui préexistait. A cet effet, il est probable que l'hypersensibilité au froid de la nature terrestre, songeons que nous sommes constitués majoritairement d'eau à plus de 80 %, a été exploitée à bon escient pour provoquer une reproduction parthénogénétique, qui, au stade expérimental, permet une étude sans souillure du phénomène de reproduction. La focalisation des rayons cosmiques a peut-être été d'un secours réel. Au surplus, cette amélioration du patrimoine cellulaire a très bien pu être tentée directement in vivo par une technique que nous ne sommes pas encore en mesure d'envisager. Il est hautement probable que c'est lors de cette opération fondamentale, menée de main de maître, que nous avons hérité inopinément d'attributs et de sensibilités nettement en dehors des limites imposées par notre monde originel. D'autre part, l'origine de certains surplus, inutiles jusqu'à plus ample informé, décidés au tréfonds de notre organisme peut être légitimement imputée à cette séance on ne peut mieux réussie dans l'optique du plus pur eugénisme. Il a pu en résulter malgré tout certains points de friction qui, à la longue, ont détraqué toute la machine et donné naissance à des malformations profondes dont l'archéiropodie est un exemple parmi tant d'autres. Comme il était vite apparu que l'homme hybride ne pourrait s'imposer qu'en exhibant une notion par rapport au Temps différente de celle de l'homme autochtone, il fallut trouver un subterfuge pour inscrire dans les chaînons chromosomiques une loi de plus faible vieillissement, soit par accroissement de la résistance générale, soit en ralentissant artificiellement le rythme du métabolisme basal dont l'effet immédiat devait être une prolongation systématique de la durée de l'existence.

Nanties de ces propriétés transcendantes, ces cellules ont-elles été duplicatées, gardant chacune d'elles gravés dans leurs séquences géniques des pouvoirs dont certains, étouffés dans l'œuf, ne nous sont même pas parvenus ? En tout cas, il est né une espèce hybride, obéissant à une loi de similitude positive par rapport à l'apparence corporelle de la créature humaine et bénéficiant d'une potentialité spirituelle qui, en fait, encore aujourd'hui ne peut être circonscrite. A ce niveau, il faut opter entre deux alternatives. Si la cérébralisation a suivi un cours naturel, directement dicté par le microcosme cellulaire, quelques millénaires de maturation ont été nécessaires pour voir naître les fils de Dieu dont parle la Bible. Par contre, la cérébralisation a pu être activée par des processus dont l'expérience du biologiste Zamenhof, qui, en administrant un extrait d'hormone hypophysaire à des têtards, a multiplié le nombre de leurs cellules cervicales par 2,26, donne une vague idée. Hybrides conditionnés organiquement et conceptuellement, ces « fils de Dieu » à enveloppe terrestre ont probablement été minutieusement testés, analysés et « corrigés » afin de leur conférer stabilité et perfection totale. Il faut reconnaître à ce stade que la mission a été prodigieusement menée à bien puisque encore de nos jours les milieux spécialisés rejettent toute éventualité qui tend à établir que nous ne sommes pas des êtres de race pure.

Il est bon ici de conjecturer sur le mode de « dégagement animique » adopté par l'Intelligence qui décida de nous faire bénéficier de son excellence. Au fil de notre propos, nous avons été amenés à faire appel à différentes possibilités, ce qui prouve qu'en ce domaine il est difficile de trancher. Dans un souci méritoire de ménagement, il a été jugé que si l'être hybride prenait conscience trop rapidement des pouvoirs illimités qui lui avaient été conférés en un laps de temps relativement faible, il y aurait risque d'en faire « un apprenti sorcier » incompétent à promouvoir sa nouvelle nature et risque patent d'autodestruction. Comme la raison prévalait en toutes choses en Eden, il a dû être décrété un vaste programme de révélation progressive, soit inéluctable, soit sous l'impulsion directe d'une source mère dont nous continuons à subir les velléités. Cela intégrerait les génies dont la matière grise desquels s'ouvrirait à la réalité d'un cran assurant une impulsion toujours renouvelée et contrôlée de l'aptitude au savoir. Par la même occasion, il serait peut-être idoine de croire qu'une imprégnation progressive non prévue serait responsable de la montée actuelle de l'intellectualisme dont il est prévisible qu'elle saura activer notre initiation.

Se fondant sur le genre d'opérations dont nous venons de donner un bref aperçu, il dut y avoir pratiquement à coup sûr un régime bannissant toute notion de douleur afin de ne pas rendre à ce vaste parc opératoire une allure de champ de concentration.

Naquit ainsi une race artificiellement promue au rang de maîtresse incontestée de la planète Terre. Hélas ! des dissensions bientôt s'introduisirent, témoignant réellement du degré de complexité de l'entreprise. L'esprit de révolte se mit à gronder et qui sait si l'Intelligence céleste, tout imbue de sa puissance qu'elle croyait omnipotente, ne prit pas trop à la légère le trait caractériel purement terrestre qui pousse toute créature de chez nous à retrouver sa liberté. En tout cas, il y eut évasion et dispersement puis finalement réintégration à la masse. La mince tentative d'extermination échoua, ce qui laisserait supposer qu'en Eden, Yahvé avait beaucoup payé de sa personne pour réaliser son plan. Et son expérience ne fut peut-être en fait qu'un essai d'incarnation à pôles en nombre fini qui, aujourd'hui, tend vers l'infini. Saurons-nous un jour si la réunion de toutes les forces psychiques dispersées sur la Terre ne constitue pas la partie de l'Intelligence suprême de l'Univers qui nous fut laissée en gage il y a plus de 10 000 ans ?





Poche J'ai Lu 1973.
Traduction en espagnol (1975).

Traduction en portugais (1977).


Poche en espagnol (1978)

Poche en espagnol (1986).

jeudi 12 janvier 2017

Le mystère des « échos retardés »



Le mystère des « échos à long retard » (E.L.R.) apparut quasiment simultanément dès les premières expériences de transmission radio longue distance, dans les années 20 du siècle dernier.


Il est intéressant, selon moi, de les examiner comme des indices qui pourraient accréditer l’idée que des extraterrestres, autres êtres pensants que nous-mêmes vivant ailleurs dans l’univers, auraient tenté un jour, en les provoquant, de faire un test sur notre capacité d’intelligence. Histoire de détecter notre niveau intellectuel!

Hélas, il se pourrait bien que nous ayons été bel et bien recalés à l’examen.


C'est en juillet 1927 qu'un jeune radioamateur norvégien, Jorgen Hals, en essayant d'intercepter sur son poste à ondes courtes des messages en provenance d'une station radio hollandaise, signala qu'il enregistrait des « échos » inexplicables.

Professeur C. Strömer
 Aussitôt, il en parle au Professeur Carl Strömer (1874-1957), de l'Université de Oslo, qui vérifie le phénomène et s'étonne du fait que des signaux, émis les uns après les autres (toutes les 5 secondes dans le cas précis), même s'ils rebondissent sur un obstacle céleste, ne mettent pas toujours le même temps pour en revenir. Car, en effet, les « échos » ne sont pas réguliers et leur retard varie de 3 à 30 secondes.

Aucune explication d'échos classiques n'est satisfaisante, à moins de supposer que le miroir réfléchissant se situe entre 500 000 et 5 millions de kilomètres et se déplace entre ces bornes à une vitesse quasi infinie. A titre indicatif, une répercussion radio sur la Lune induit un écho décalé de 2,5 secondes.

De plus, les échos norvégiens qu'on corrobore en 1928 à Oslo, Londres et Eindhoven, ont une autre caractéristique absurde: ils ne s'atténuent pas avec le retard. C'est même le contraire qu'on constate.

B. Van Der Pol
Tous ces problèmes n'empêchent pas le Professeur C. Strömer et son collègue B. Van Der Pol (1889-1959) de publier la théorie lénifiante selon laquelle c'est un phénomène naturel qui crée les échos, à savoir des courants de particules chargées, soumis à l'influence du champ magnétique terrestre (?).
Et, bien qu'observés encore en 1929 par des Français en Indochine, lesquels constatent une cessation complète des E.L.R. durant une éclipse de Soleil et par O. G. Villard, de l'Université américaine Stanford en 1932, le mystère est oublié pendant plus de 30 ans.

Un break de trois décennies
Jusqu'en 1960, date à laquelle la question de la vie extra-terrestre devint d'une brûlante actualité avec le démarrage de la conquête spatiale.

C'est alors que l'illustre Professeur R.N. Bracewell (1921-2007), de Stanford, lui aussi, exhumant le rapport de Strömer sur les E.L.R., suggéra audacieusement que ce pouvait être une sonde interstellaire stationnaire présente quelque part dans le système solaire qui était responsable des échos. Elle aurait été mise là par une civilisation lointaine pour contrôler les signes d'intelligence sur la Terre.

Sans égard à la notoriété de son auteur, cette hypothèse ne souleva pas l'enthousiasme de la communauté scientifique. Il fallut qu'un Ecossais, Duncan Lunan, astronome (amateur ?) et écrivain de science-fiction (!), prenne l'idée de Bracewell au sérieux, qu'il affirme avoir décodé le message des E.L.R. et qu'il vienne exposer ses résultats devant les membres médusés de la Société Interplanétaire Britannique (BIS), pour secouer la somnolence des esprits.

L'interprétation du message était résumée en ces termes: « Je viens de l'Etoile Epsilon du Bouvier, à 103 années lumière de votre planète autour de laquelle je tourne depuis 13 000 ans. Répondez ! »

Malgré son côté exceptionnel - n'était ce pas l'annonce du premier contact avec une civilisation extra-terrestre ? - cette traduction du message des E.L.R., selon D. Lunan, parut « très convaincante » à beaucoup d'astronomes. C'est que D. Lunan avait fait un travail remarquable et ingénieux de décryptage à partir des séquences de retard des échos de 1928-29. Elles lui avaient permis de reconstituer la carte stellaire de la constellation du Bouvier.
Et il concluait que c'était de là que venait la sonde émettrice d'échos et qu'elle faisait partie d'une flottille d'engins similaires, envoyés vers « des soleils prometteurs », afin d'y chercher une preuve de vie et surtout un « nouvel habitat », la planète d'origine devenant inhospitalière du fait d'un soleil défaillant.

La proposition de Duncan Lunan (1) était de reproduire les séquences d'échos sur Terre « et la sonde, reconnaissant le code, se mettra à communiquer véritablement avec nous ». Il s'agissait ni plus ni moins que de répondre au S.O.S. d'une civilisation E.T. en détresse.

Plusieurs prétextes s'opposèrent à ce projet.

Tout d'abord, il n'est pas certain que la population terrienne aurait pris le risque de réagir à un tel appel au secours. Ensuite, parce que les données astronomiques de l’époque infirmèrent que la distance à la Terre d'Epsilon du Bouvier, pierre angulaire des diagrammes de Lunan, était bien de 103 années lumières. On trouva 203 ! Et aujourd’hui, on la situe à 209,75.

De plus, des chercheurs indépendants prenant pour bases d'autres séquences de E.L.R. trouvèrent, qui une carte de la constellation du Lion située à l'opposé du ciel (Ilyev), qui aucune carte céleste du tout (Lawton), ce qui redonna de la vigueur aux partisans de l'explication naturelle.

Et on en resta là. Le hasard avait bien servi le petit astronome écossais ou plutôt « trop d'imprécisions et de degrés de liberté », terme édulcoré pour dire qu'il s'était fourvoyé.

Et les E.L.R. étaient dus, comme on l'avait subodoré, à des ricochets sur des nuages de gaz fortement ionisés de la basse atmosphère qui se comportent comme de « gigantesques tubes ampli radio ».

Certaines mauvaises langues trouvèrent curieux, tout de même, que si les E.L.R. étaient si naturels que cela, on envoie copie du rapport final d'étude de Crawford/Sears & Bruce (2) à tout l'état-major des armées américaines et au ministère de la Défense nationale.

De toute façon, il n'y avait donc plus à s'étonner des E.L.R., même si 92 radioamateurs les mentionnèrent entre 1968 et 1971. Quant à la sonde, soit elle n'existait que dans l'imagination de Duncan Lunan, soit elle attend toujours notre réponse, croyant que la Terre est peuplée de créatures obtuses et myopes puisqu'elles regardent si loin en négligeant une évidence rapprochée (3).

Pour en savoir plus :

1/ Duncan Lunan, A l’écoute des galaxies, Les énigmes de l’Univers, Robert Laffont, 1976.

 A noter qu’un curriculum vitae de Duncan Alasdair Lunan datant de 2007 (lui-même est encore en vie étant né en 1945), qu’on peut trouver sur Internet, ne donne même pas la référence de ses écrits sur le message E.L.R. qu’il avait prétendu avoir décodé.

Il faudrait se procurer une « revisitation » de cette affaire qu’il a effectuée dans le numéro de mars 1998 de Analog Science Fiction and Fact, volume 118 n°3, titré : « Epsilon Boötis Revisited », ce que je m’apprête à faire à la date de la remise à jour de ce texte. Depuis, ce travail été effectué avec l’aide de D. A. Lunan lui-même et publié dans LE MONDE DE L’INCONNU de février-mars 2011 (n° 48). Cette revue est encore disponible à l’achat version papier sur http://www.zepresse.fr.

2/ F. W. Crawford, D. M. Sears, R. L. Bruce, « Possible observations and mechanism of very long delayed radio echoes », Journal of Geophysical. Research, section A = Space Physics, vol. 75, no. 34, pages 7326 à 7332, décembre 1970.

3/ Ce constat n’est-il pas applicable au phénomène ovni ?      



Publié in LE COURRIER DE SAÔNE & LOIRE DIMANCHE du 25 mai 1986.


Dernière remise à jour le 4 janvier 2010.