lundi 21 mars 2022

 

Le « syndrome » des extraterrestres


C’était la première fois que je m’exprimais sur ce sujet controversé des enlèvements présumés par des extraterrestres. C’était dans le COURRIER DE SAÔNE & LOIRE DIMANCHE du 19 décembre 1989, reproduit le 14 novembre 1990 dans le même journal puis dans la revue L’INCONNU n° 173, novembre 1990.


« Avez-vous fait l’expérience d’un enlèvement par les occupants d’un ovni ? »


    Telle est la singulière question qu’un grand mensuel américain (OMNI) a posée à ses 5 millions de lecteurs.


2000 questionnaires ont été retournés remplis et la Dr Jean Mundy, psychologue new yorkaise qui a participé au dépouillement, m’écrivait, le 1er mai 1989, que, sur les bases de cette enquête, « probablement un million d’Américains ont été en contact direct avec des extra-terrestres, peut-être plus » !

Une mobilisation nationale

Selon le professeur Ron Westrum, de l’Université du Michigan, avec lequel je suis en rapport sur cet « énorme problème » depuis bien longtemps, il s’agit d’un phénomène très complexe « qui ne peut être réduit à une contagion perceptuelle ou une psychopathologie individuelle ». Ainsi, ces milliers d’individus atteints du syndrome de l’enlèvement E.T. ne sont ni hallucinés, ni fous. C’est à cette conclusion que sont parvenus unanimement les professionnels de la santé mentale mobilisés sur la question.

Scénario de l’enlèvement

Tous ces gens souffrent d’un réel traumatisme consécutif à « quelque chose de très mauvais qui leur est arrivé et qui se produit encore ».

C’est la convergence des détails de leur expérience qui, pour les uns, les rend crédibles et, pour les autres, milite en faveur de l’hystérie collective.

Ces Américains normaux et sains d’esprit ont le souvenir d’avoir été arrachés à leur train de vie habituel par de petites créatures à la tête bulbeuse, aux grands yeux et à la peau grise ; suite à cet enlèvement, on les a, malgré eux, entraînés dans un engin volant où ils furent soumis à un examen médical assez intime puisqu’ils en gardent des séquelles analogues à celles d’un viol.

Le « missing time »

20 à 30% seulement de ces victimes d’enlèvement aériens forcés se remémorent consciemment cet épisode ; tous les autres, donc la majorité, en restent à une observation d’ovni, suivie d’une phase d’amnésie, de « temps perdu », de trou de mémoire, dans le cours de leur existence qu’ils n’arrivent à combler que sous hypnose.

Et toujours avec la même immuable séquence d’événements : interview télépathique, auscultation clinique par des êtres insensibles et froids et manipulations rappelant un test de grossesse, la laparoscopie ou le prélèvement de semence.

De plus, ces malheureux craignent la récidive. Car classiquement, ils sont une première fois kidnappés à l’adolescence, marqués par des implants (ils en gardent cicatrices, paraît-il) comme de vulgaires animaux « marqués », et soumis, plus tard, à cette manière d’insémination artificielle dont on se demande si elle a pour but de « réorienter » notre évolution ou de « revivifier » celle des maraudeurs E.T. Dans un cas, nous serions du bétail, dans l’autre une race sœur.

Des femmes ainsi traitées seraient revenues des mains de leurs ravisseurs (à trois doigts) enceintes, puis, auraient été reprises pour récupérer le fœtus, lequel aurait lui-même été mené à terme artificiellement par les créatures. Celles-ci, parfois même, permettraient aux mères avortées de revoir leur enfant chimère (nouveau rapt). D’où le dessin ci-contre effectué par une mère d’hybride. On croit rêver !

Contactés vs cobayes

On n’a pas manqué de rapprocher ce phénomène récent des rapts célestes (il date de moins de 30 ans) de celui, plus ancien, des contactés ; c’est à dire de ceux qui se disent en communication télépathique avec les extraterrestres. C’est bien mal cependant appréhender le problème. Suivant l’expression de Bud Hopkins, la différence s’apparente à celle qu’il y a entre un appel téléphonique obscène et une agression sexuelle.

Les contactés sont toujours, eux, consentants, voire volontaires ; investis de la mission de propager la bonne parole des Frères de l’Espace, ils sont sereins. Tandis que les cobayes des E.T. ont été, au cours de leur expérience, comme « lobotomisés », avec un choc postopératoire, des cauchemars récurrents, une peur viscérale d’être seuls, enfin une très grande détresse émotionnelle.

Subjectifs ou objectifs ?

Reste à se demander si l’enlèvement en question est simplement psychologique ou bien réel. En clair, les kidnappé(e)s l’ont-ils(elles) été vraiment ?

Diverses théories tendent à démontrer que non : souvenirs de naissance « réémergeant », réminiscence de sévices subis dans la petite enfance, mémoire raciale ancestrale emmagasinée dans les gènes (?), état transcendantal, rêves induits annonciateurs d’une nouvelle religion ? Voilà des substituts bien ésotériques.

Car de toute façon, même s’ils n’y sont pour rien, il faudra bien trouver un jour la cause du syndrome des extra-terrestres...



samedi 19 mars 2022

A en perdre la tête… 


Vous, qui avez séjourné à l'étranger plus de temps qu'il n'en faut pour un voyage organisé ou un déplacement professionnel, connaissez fatalement cette vision stéréotypée du Français qui se colporte dès qu'on a franchi les frontières de notre hexagone préféré. Ayant moi-même vécu près de 5 ans en Amérique du Nord, j'ai constaté le phénomène et vous en épargne le côté parfois caricatural... pour ne pas dire plus. Le Français là-bas, c'est avant tout le pain, le vin... et Guillotin. Certes nos filles y jouissent d'une certaine réputation et on a entendu vaguement parler de la fusée Ariane, mais rien ne saurait éclipser le kil de rouge, la baguette de pain et... le fait que c'est un Français qui inventa cet appareil infernal à raccourcir les contemporains : la guillotine.

Je voudrais m'attarder l'espace d'une chronique sur quelques observations horribles en rapport avec l'efficacité contestée de cette « machine à tuer » et faire état de recherches avant-gardistes qui donnent à penser qu'une greffe de tête pourrait devenir, dans un avenir très proche, autre chose qu'un cauchemar1/ de science-fiction. Ces décapités qui vivent encore… Savez-vous qu'un gardon peut continuer à vivre pendant une semaine après avoir eu la tête coupée parce que des cellules nerveuses situées ailleurs le contrôlent? Et que des moustiques décapités survivent plus de 24 heures si on les maintient en atmosphère humide et à température constante? Immobiles, ils sont capables de répondre à certaines stimulations et on a même réussi à obtenir d'eux un accouplement ! 

Et vous avez sûrement entendu parler, ou vécu, cette expérience assez macabre de volatiles échappant aux mains de celui - ou de celle - qui vient de lui trancher le cou. C'est en 1790 que la machine à décapiter les hommes fut proposée dans un souci humanitaire d'égalité sociale devant la mort des suppliciés. Aussitôt adoptée, certaines inquiétudes vinrent tourmenter les premiers témoins d'exécution. En un mot, il n'était pas sûr que cet engin épargne aux condamnés de cruelles souffrances et ceci même après la décapitation. 

D'atroces histoires commencèrent à circuler : on raconta avoir vu, lors de deux exécutions successives « les têtes se mordre dans le panier funèbre »; ou encore on décrivit le fond des sacs où étaient jetées les têtes « rongés par les dents des suppliciés ». Ou encore, dès 1793, que la tête de Charlotte Corday (1768-1793), meurtrière de Marat, « avait rougi sous le soufflet du bourreau ». C'est ainsi que le Dr Evrard, médecin des prisons de Beauvais, entreprit de 1870 à 1879 un certain nombre de « vérifications » destinées à faire taire ses « légendes ». Il se fit apporter le plus rapidement possible les restes de suppliciés - notamment la tête d'un dénommé Prunier exécuté le 13 novembre 1879 pour l'assassinat d'une vieille femme. Et, en présence de collègues,  « il cria son nom le plus près possible de l'oreille; lui pinça la peau des joues; lui introduisit dans les narines un pinceau imbibé d'ammoniac concentré; lui cautérisa la conjonctive avec un crayon de nitrate d'argent et lui plaça une bougie devant les yeux grand ouverts si près que la flamme léchait le globe oculaire ». L'absence de toute réaction, aussi minime fut-elle, autorisa le digne expérimentateur à écrire dans son rapport : « Nous avons acquis, autant qu'il est humainement possible, la certitude que la tête du supplicié ne sentait plus, ne percevait plus, ne vivait plus. » Mais des rumeurs persistèrent, affirmant que les résultats auraient été tout autres si l'on avait opéré moins longtemps après l'acte fatal, soit en deçà de 4 à 5 minutes. 

Un médecin allemand nommé Wendt n'avait-il pas, en 1803, rapporté avoir obtenu des réactions sur la tête d'un décapité venant d'être exécuté? Fermeture d'un oeil quand il fut touché par un rayon de soleil et clignement avec ouverture de la bouche lorsqu'on avait prononcé son nom près de son oreille. L'expérience avait duré une minute trente... La triste fin d’Henri Languille Il y eut un autre témoignage célèbre qui laisse entendre que la mort - et aussi l'inconscience- n'est peut-être pas aussi instantanée qu'on veut le dire suite à une décapitation. L’échafaud attendant H. Languille. En 1905, le docteur Beaurieux d'Orléans se vit accorder la permission par le procureur général de tenter un essai avec le condamné a mort Henri Languille, sans son complet consentement d'ailleurs. Il lui fut demandé de bien vouloir cligner des yeux en signe de survie si d'aventure, il percevait les questions qu'on allait lui poser quand la guillotine aurait rempli son office. Si j'ose dire. Ainsi fut fait: la lame étincelante fit entendre son bruit ignoble et la tête sanglante tomba dans la cuvette en porcelaine (précaution?). 

Le Dr Beaurieux raconte: « Je la saisis. Immédiatement les lèvres et les paupières s'agitèrent pendant 5 à 6 secondes. Puis les mouvements spasmodiques cessèrent. La face se détendit, les paupières se refermèrent à demi comme chez les agonisants. C'est alors que j'appelai d'une voix forte : « Languille » : je vis les paupières se soulever lentement d'un mouvement régulier, net et normal. Puis les yeux de Languille se fixèrent d'une façon précise sur les miens, non pas un regard terne et vague, mais des yeux bien vivants, avec des pupilles rétrécies. Au bout de quelques instants, je renouvelai mon appel : de nouveau, les paupières se soulevèrent - et les yeux se fixèrent sur les miens. Au troisième appel, plus rien ne bougea. Le tout avait duré environ trente secondes. » La petite histoire raconte que l'épithète de vautour aurait été discerné par les témoins quand les lèvres du supplicié s'agitèrent ! 

Suite à ce rapport, une violente polémique s'instaura: y a-t-il persistance de l'état conscient pendant un certain temps après une décapitation et est-on absolument sûr, comme le déclarait le Professeur Alfred Erich Hoche, au congrès de neurochirurgie de Baden-Baden en 1932, « que la conscience du condamné disparaît à l'instant même où le couperet tranche les vaisseaux du cou » ? Ce n'est pas l'avis notamment des neurophysiologues qui estiment que « dans un arrêt circulatoire, le temps estimé de survie du cerveau est de 2 à 4 minutes ». Or par surcroît, le sang qui n'est plus pulsé dans le cerveau d'un décapité, en stagnant, n'augmente-t-il pas encore la durée de la survie lucide? Il est vrai qu'en la circonstance, il n'y a pas que la circulation sanguine qui s'arrête! Les docteurs J. L. Brenier et J. Van den Driessche sont revenus récemment sur le problème de la survie des cellules cérébrales après décapitation. Et se fondant sur des résultats obtenus chez l'animal, ils ont prétendu que « le cerveau du guillotiné ne meurt pas tout de suite après la décollation ». Ils ont montré, entre autre, qu'une activité électrique normale semble persister jusqu'à 20 secondes chez le rat décapité et 15 secondes chez le chat. D'où l'idée épouvantable que le condamné guillotiné puisse souffrir plusieurs dizaines de secondes non seulement physiquement mais moralement. A en frémir ! 

Les scientifiques prennent le relais Mais l'avancée dans l'horreur n'a pas de limite quand les scientifiques peuvent justifier leurs travaux par des considérations philanthropiques. C'est ainsi que, dès 1912, De Somer et Heymans sur des têtes de chiens et de chats complètement séparées du corps, parvinrent à les maintenir en vie « par circulation croisée avec d'autres animaux de la même espèce », c'est à dire en les branchant sur des congénères intacts! « Dans chaque cas, la face de ces malheureuses bêtes offrait toute la gamme des émotions telles que la peur, le dégoût, la colère etc. lorsqu'on lui envoyait les stimuli appropriés (sic) ». Et en U.R.S.S., le Professeur W. P. Demikhov greffa une tête de jeune chien de petite taille sur le cou d'un adulte. L'expérience dura 6 jours au terme desquels la tête rapportée « continuait de réagir avec vivacité, léchant le lait qu'on lui présentait ». Mais c'est sous couvert d'études concernant le rôle du cerveau « au-delà du contrôle du système nerveux » que le docteur Robert J.White, chef du service de neurochirurgie de l'hôpital de Cleveland, Ohio, s'est spécialisé dans les transplantations de têtes sur des animaux. Il avait d'ailleurs été précédé dès 1958 dans cette excitante recherche par Mira Pavlovic, de l'Université Yale, qui avait déjà obtenu 70 jours de survie sur des poulets dont la tête avait été interchangée au stade embryonnaire. White, dont l'exploit le plus connu est d'avoir, en 1964, pu maintenir en fonctionnement hors de la boîte crânienne un cerveau de singe irrigué sous perfusion pendant sept heures, fait état de nombreux résultats sur des têtes de rats, chiens et singes isolés du corps maintenues en vie par raccords vasculaires et « semblant conserver leur aptitude à voir, entendre, goûter, sentir ». Au point d'avancer que « la transplantation de tête chez l'homme, c'est le moyen raisonnable de demain pour permettre à une personne de vivre plus longtemps ». Par exemple, une tête de cancéreux sur un corps sain, selon le docteur Javier Verdura, de l'Université de Virginie... 

Mais ce demain n'est-il pas déjà là? Fin 1985, j'apprenais qu'une équipe de chirurgiens de Leipzig, les docteurs Walter Krack et Henry Kuhrig, avaient maintenu vivante pendant six jours la tête d'une jeune victime d'un accident de la route littéralement décapitée lors d'une collision. Et plus récemment encore, en octobre 1986, émanant encore d'Allemagne de l'Est, j'ai pu lire que le docteur Kreissel d'Erfurt aurait réalisé la connexion de la tête d'un garçonnet (Ernst) sur le corps de sa soeur (Inge). L'un et l'autre âgés de 10 et 11 ans respectivement ayant subi d'irrémédiables blessures quand ils furent renversés par une automobile alors qu'ils circulaient à bicyclette. La fillette avait la tête écrasée et son frère la poitrine. 

Je serais tenté de rejeter cette information en tant qu'invention à sensation si je n'y trouvais pas des détails qui furent avancés quand, en son temps, le fameux professeur Christian Barnard ( )refusa d'aider un neurologue américain qui lui proposait de tenter, avec lui, « la greffe d'une tête humaine ». Il avait en effet précisé que la technique actuelle ne permettant pas le raccordement des moelles épinières, la tête étrangère n'aurait « aucun mouvement possible » et qu'il faudrait un système artificiel pour alimenter l'organisme. Or, justement, ces points sont mentionnés dans le rapport allemand que j'ai en main. . . Et dans ce cas, je ne peux que souhaiter d'être abusé et qu'on n'a pas osé une telle monstruosité! 

 Note : 1/ Sujet si génialement traité par Maurice Renard dans son roman Les mains d’Orlac, publié en 1920 et réédité par Pierre Belfond en 1970. 

Chronique publiée in COURRIER DE SAÔNE & LOIRE DIMANCHE du 21 décembre 1986. 

Dernière mise à jour : 23 février 2010.