mardi 10 mai 2016

"Le grand carnage" :
un mal qui sévit encore aujourd’hui (1987)



Nouveau Mexique 1980.

Nouveau Mexique années 1970.
Il n'est pas révolu ce grand fléau qui tua et mutila sans mobile apparent près de 15 000 bovins et chevaux dans les Rocheuses et les plaines du Middle West américain. Ce grand carnage a coûté au bas mot 50 millions de dollars aux contribuables US, soit sous forme d'enquêtes, de déplacements, de temps passé pa: les officiers de comtés – shérifs - et les policiers, soit en frais de milliers d'analyses par les laboratoires spécialisés, de centaines d'autopsies par les vétérinaires, soit en dépenses de toutes sortes occasionnées par cette calamité. Quant aux fermiers et aux assurances, ils peuvent annoncer une perte sèche de l'ordre de 10 millions de dollars : c'est, en effet, grosso modo le prix des vaches, veaux, génisses, taureaux, bœufs, châtrons, chevaux, juments, victimes de ce mal insidieux. C'est le plus grand mystère depuis Jack l'Eventreur et l'assassinat de Kennedy ».

S'agit-il d'une simple épidémie, laquelle pourrait logiquement décimer rapidement un troupeau et gagner de proche en proche les ranches voisins ? Eh bien non ! Une des caractéristiques de ce malheur est qu'il peut frapper sans discernement et quasi simultanément à des milliers de kilomètres de distance des animaux isolés. Par exemple, des Etats aussi éloignés que le Colorado et l'Ohio furent durement sinistrés en 1980 sans que les zones intermédiaires n'aient à déplorer pareille hécatombe.

Manuel Gomez.
Et rares sont les cas où plus de 3 à 4 morts furent signalées le même jour dans le même pré. A ce que j'en sais, le troupeau ayant eu à déplorer le pli de pertes depuis le début de la catastrophe est celui de l'infortuné Manuel Gomez, éleveur du Nouveau Mexique, qui, entre 1976 et 1985, vit son cheptel bovin amputé d'une bonne douzaine de ses plus belles bêtes sans qu'une explication valable ne lui soit fournie au grand dam du policier local, Gabe Valdez (1), lequel a enquêté à ce jour sur une centaine d'actes mutilatoires, dans son comté Rio Arriba, au Nouveau Mexique.

Gabe Valdez.
Car, contre toute attente, ce sont presque toujours les animaux jugés le plus sains et les plus vigoureux qui font les frais de ces morts foudroyantes. C'est dire la rapidité et la virulence du phénomène qui laisse les prairies jonchées de carcasses inertes au petit matin.

Si ce n'est pas une maladie qui fait crever ces bovins et ces chevaux, portent-ils alors les traces de sévices susceptibles d'avoir entraîné leur mort subite ? Oui et non. C'est là un autre paradoxe du Grand Carnage.

En effet, comme pour ajouter à l'horreur de la situation, les animaux sont retrouvés cruellement tailladés; mais les blessures affreuses qu'ils portent ont été souvent dites insuffisantes pour tuer la bête.

Ce sont de véritables mutilations qui sont pratiquées sur ces corps parfois découverts encore chauds. Il leur manque principalement des organes essentiels tels que le sexe, l'anus et, plus curieusement encore, les yeux, la langue les oreilles. Très souvent l'absence de la mamelle, découpée soigneusement sur tout son pourtour, fait apparaître les chairs sous-jacentes même pas égratignées Un travail de sculpteur sur chair. Ou alors les trayons sont sectionnés au même niveau un à un.
Mais c'est là une liste générique bien courte pour décrire les brutalités dont sont coutumiers les implacables mutilateurs.
Et je n'ai que l'embarras du choix pour fournir des détails horribles de la férocité de ces insaisissables bouchers nocturnes de la prairie. D'autant que parfois ils opèrent dans les chairs à vif, la victime étant encore vivante comme accrédité par un témoignage venant du Colorado. Un animal mort et mutilé y fut découvert, en juillet 1976, dans le comté Logan (70 mutilations recensées en 1975-76), avec les pattes arrière marquées de dégoulinades de sang. Selon Bill Jackson, journaliste de Sterling, la seule possibilité pour expliquer cela, était que l'animal se tenait debout tandis qu'on le découpait. Une mutilation in vivo. Quelle cruauté !


Veau dépouillé de sa langue, des parties génitales et de la moitié d’une oreille, le 22 novembre 1976, comté Franklin, à l’Ouest de Campbell, Nebraska.

Mais il y a plus abominable encore: quelques fois les victimes ont survécu à l'agression mutilatrice. Par exemple, toujours au Colorado mais en juin 1979, comté El Paso, une vache eut la région anale littéralement détachée sans que mort s'ensuive. Il fallut l'abattre pour abréger ses souffrances, mais on pouvait voir directement à l'intérieur du corps, se souvient avec effroi Kathy Geiger, belle-sœur de la propriétaire.

En Utah, 1977, un cheval fut mutilé de la pire façon au niveau des organes génitaux. Selon le vétérinaire Craig White qui fit une autopsie, l'animal était très certainement vivant quand on avait pratiqué sur lui cette chirurgie et il n'est mort qu'après.

Malgré ces exemples rares qui constituent l'exception confirmant la règle et prouvant, en tout cas, la sauvagerie des mutilateurs, on s'accorde généralement sur le fait que bovins et chevaux sont d'abord tués avant de subir les prélèvements. Et tous les moyens sont bons pour arriver à cette fin.

Les mutilateurs, parfois, témoignèrent d'une force brutale inouïe quand, à plusieurs reprises, des corps de bovins furent trouvés comme tranchés en deux au moyen d'un gigantesque couperet, notamment au Texas, en février 1984.

Kansas, 1975.
Un taureau fut assommé à mort au Nébraska en 1974 avant d'être vidé de sa sang, puis littéralement percé à travers le flanc par où ses intestins furent extirpés et enroulés autour de la tête de l'animal. Même folle médecine, en juin 1981, dans le comté Washington (Neb.), sur un jeune taureau mais les tripes furent entassées à 8 mètres du corps.

Au Texas, en 1980, une génisse de 300 kilos était retrouvée dans le comté Deaf Smith, les entrailles à l'air. La peau avait été coupée droit sous les côtes suivant une incision parfaite . La chair était intacte mais le cœur avait été sorti. La langue et une paupière étaient en outre manquantes.
Souvent d'ailleurs, les organes internes trouvés disparus semblent avoir été extraits par des trous perforés dans le corps trop petits pour une telle opération. Ce fut le cas sur une génisse mutilée au Colorado, en 1975, où un vétérinaire s'avoua incapable lui-même de retirer un cœur de cette manière.

Le 4 janvier 1975, au Colorado encore (600 mutilations dénombrées depuis cette date), sur une ferme de Eckley, une vache apparemment abattue à la carabine par une balle paralysante était vidée de son sang et sa zone sexuelle excisée. C'est ainsi que dans le comté Benton, en Arkansas en 1978-79, sur de nombreux animaux mutilés, les analyses de laboratoire détectèrent la trace de drogues aptes à endormir l'animal instantanément. Le scénario envisagé était donc d'immobiliser à distance l'animal désigné à son horrible sort par les mutilateurs et d'intervenir sur lui encore vivant mais inconscient.

Notons qu'aucun mutilateur n'ayant jamais été pris sur le fait, tout cela demeure de la pure spéculation.

Même remarque pour les indices récoltés dans la région de Dulce, Nouveau Mexique, qui, entre 1976 et 1978 subit une véritable furie mutilatoire. Ceux-ci donnèrent à penser que les bêtes étaient infectées à distance, peut-être par des flèches empoisonnées au pouvoir immédiat, tant les organes internes étaient trouvé rapidement décomposés. On parla même de séquelles pouvant provenir d'irradiation massive aux micro-ondes.

En 1976, au Wisconsin et au Montana, on émit l'hypothèse que les bovins, avant d'être mutilés, étaient exterminés au moyen de grenades à gaz comme rapporté dans le Milwaukee Journal. Et on remarqua que les vaches gravides prêtes à vêler étaient la cible favorite des mutilateurs. Systématiquement, ces pauvres bêtes étaient retrouvées comme fendues au scalpel de la poitrine jusqu'à la mamelle, tel un cas en 1975 au nord de Sulphur Spring au Texas sur une vache trouvée décapitée et au Montana.

Soit le veau n'était pas épargné dans l'opération et il apparaissait par l'ouverture (mai 78, vache mutilée dans l'Etat de Washington), soit il avait réchappé du massacre en naissant prématurément, mais y ayant parfois laissé la queue sectionnée net à la base, comme ce fut constaté au Nebraska, en 1974.

L'oreille d'un jeune bouvillon, détachée de la tête, fut trouvée sous le corps de l'animal, dans le comté Mellette, au Dakota du Sud en 1981. C'est un rocher de 200 kilos qui fut trouvé sur le ventre d'une vache dont le rectum et les parties sexuelles avaient disparu, au Kentucky, en 1977.

Parmi les blessures classiques, il y a aussi ces plaques de pelage soit tondues, soit carrément arrachées et qui ont des formes géométriques circulaires ou en carré. Mais on a vu pire. Ainsi, au Colorado, en octobre 1984, un jeune bœuf abominablement mutilé fut découvert la mâchoire à nu, la langue sectionnée une corne cassée et la peau arrachée et enroulée sur le dos comme le dessus d'une boîte de sardines.

Mais les ablations les plus prisées et les plus fréquentes sont celles des organes sexuels male et femelle et de la partie rectale. Normalement les découpures sont d'une précision dite chirurgicale et les animaux sont laissés là, débarrassés de leurs organes avec un trou de la largeur d'un tuyau de poêle à la place de l'anus, ainsi que ce fut observé au Nouveau Mexique, en 1981, sur une génisse de 3 ans. Les génisses de cet âge sont particulièrement visées.
Animal mutilé en 1980.

Quant aux éclaboussures de sang que devrait générer pareille boucherie, elles brillent par leur absence, si j'ose dire. D'autant qu'à maintes reprises, il a été vérifié médicalement que plus une goutte de sang ne restait dans le corps comme, par exemple, sur une vache au Texas, en 1975. Et il n'y avait pas de sang non plus sur le sol, déclara quelqu'un du bureau du shérif du coin.

Cette propreté des lieux autour de la victime a été rapprochée de l'absence quasi totale de traces pouvant donner un indice sur l'identité des mutilateurs. Tom Adams, enquêteur indépendant, s'interroge: - Comment tant de crimes ont-ils pu être commis, en laissant si peu de traces de l'action humaine ?

Ou alors, les rares fois où elles sont présentes ces signatures laissées auprès de la carcasse exsangue, elles sont si ostensibles qu'on s'est demandé si elles n'étaient pas faites volontairement pour égarer les soupçons : traces de bottes et de pneus au Kansas, en 1974, mais des pas s'arrêtant brusquement au beau milieu du champ comme si le mutilateur avait pris son envol... Empreintes de palmures à 3 doigts, comme celles de canard trois fois plus grandes que la normale en Alberta, Canada, en 1976 ou empreintes de bottes à l'avant et au talon triangulaires si petites qu'elles auraient pu tenir dans la paume de la main, si j'en crois le témoignage textuel de l'équarrisseur D. Lawson, du Colorado.

C'est un universitaire de l'Alberta qui avança l'hypothèse qu'ils usaient d'un moyen de vol dépassant la compréhension en parlant des mutilateurs. Il est vrai que, si l'on suppose que les bêtes sont transportées inertes par la voie des airs au-dessus des prairies, mutilées dans un repaire secret et retournées sur leur terrain d'origine, cela résout le problème des traces inexistantes et des nombreux cas où, sur les victimes, d'importantes-fractures osseuses ont été constatées, au Nouveau Mexique notamment, en 1978. Des marques de courroie ou des coupures, dues, semble-t-il, à un système de fixation aux pattes pour soulever l'animal la tête en bas, furent aussi mentionnées.

Grâce à ces quelques exemples bien réduits par rapport à ceux cités dans mon livre, paru chez Vertiges/Carrère, je pense vous avoir montré qu'un recours à la thèse des prédateurs pour expliquer de telles actions survenues par milliers relève de la pure fantaisie. Et pourtant, c'est à cette conclusion qu'est arrivée une enquête officielle menée en 1979-80 au Nouveau Mexique pour la bagatelle de 50 000 dollars.

Et quels sont ces prédateurs superdoués (bioniques selon Gabe Valdez) capables de séparer un veau en deux, de trancher net une solide queue de cheval comme au Texas, en juin 1980, ou sur une vache en Oregon en 1984 ? Ou de couper une langue de bovins loin dans la gorge et d'en réinsérer la pointe dans la gueule de l'animal à l'envers ? Eh bien des coyotes, des renards, des chiens sauvages et des écureuils. Sans compter quelques rapaces...

Or, justement, une autre énigme touchant les animaux mutilés est qu'ils n'attirent pas les prédateurs comme on pourrait s'y attendre. C'est ainsi qu'on vu, en 1982, un cheval privé de ses glandes génitales et de son anus rester intouché pendant six semaines par les coyotes et les pies qui infestent la région sur les terres d'un fermier de Simla, au Colorado.

Alors qui d'autres sont-ils ces mutilateurs ?

Colorado 1986.
A ce stade, je me permets de vous renvoyer à mon livre où j'envisage toutes les autres éventualités, étant donné que la thèse de Mère Nature la fautive ne tient ras. Et croyez-moi, on s'est décarcasse pour résoudre ce mystère national.

Les cultes sataniques ont été un temps dans le collimateur : cultes secrets. sacrificateurs en manque d'organes, buveurs de sang chaud ; mais malgré l'annonce d'inculpations imminentes, jamais aucune mise en accusation n'a été prononcée.

Voleurs de bétail, oui ? Mais spécialisés dans les bas morceaux. Et quel gaspillage de viande !

Recherches clandestines du gouvernement US ? Après le Watergate et l'Irangate, pourquoi ras un Cattlegate ?

Tests sur des armes chimiques, bactériologiques des armes laser, des gaz neurotoxiques ? Savants fous couverts par l'armée de l'Air ? N'a-t-on ras dénombré, entre 1971 et 1972, plus de 200 observations d'hélicoptères silencieux et non immatriculés, volant de nuit au-dessus des prairies à mutilation et semblant fréquenter les secteurs d'entrepôts d'armes, silos à missiles et zones stratégiques du système de défense américain (NORAD et SAC) ? En août 1976, ne trouva-t-on pas un animal mutilé au pied même du formidable portail qui interdit l'entrée du centre NORAD, sur le mont Cheyenne, un des endroits les mieux gardés des Etats-Unis où se situe l'état major de la défense aérienne d'Amérique du Nord ?

Prospection de minerais ou bio-géochimie par détection des éléments chimiques présents dans les bovins qui paissent en des lieux où le sous-sol est riche en ressources minières ? Conspiration terroriste internationale chargée de vaporiser un virus agissant sur la conscience à travers les USA ?

Puissance étrangère, nazis, tout y est passé... pour un résultat nul.

Après 20 ans, on n'a toujours aucune certitude et, devant toutes ces portes rationnelles qui se ferment les unes après les autres, on doit entrouvrir celle l'Inconnu, de l'Ailleurs... Les mutilateurs sont-ils des frères de l'Espace qui, sous couvert d'un miracle que nous ne savons pas reconnaître, préparent une nouvelle religion ? Les mutilations sont-elles un message lourd de conséquences si nous ne savons pas le comprendre ? Ou au contraire, surveillent-ils, grâce à cette étrange Récolte le degré de pollution (ou de radioactivité) de notre planète ? Font-ils du contrôle génétique sur nos bestiaux ? Expérimentations faites par d'autres formes de vie dans une intention pas claire pour tout le monde ?

D'étranges lumières dans le ciel et des marques au sol sur des sites à mutilations ont fait bouillonner les imaginations et n'a-t--on pas un rapport du 28 septembre 1980, émanant du comté Jefferson au Colorado, où ce qui semblait être un hélicoptère se métamorphosa en ovni à la grande stupéfaction des témoins ?

L'enquêteur David Perkins, après 10 ans de recherches sur le terrain, opte pour une cause extérieure à notre monde. Quant à moi, je ne vois guère d'objection pour lui donner tort d'autant que les amis que je me suis faits là-bas, autour de ce grand drame, sont acculés à cette interprétation fantastique.

Il me reste à vous prouver, comme annonce au début de ce texte, que le Grand Carnage n'est pas terminé. Que les mutilateurs n'ont pas cessé leur prospection vachère insensée pour nous... mais pas pour eux.

Il nous faut donc retourner sur place au moment où s'arrête mon livre, soit aux premiers mois de 1985. J'avais noté que le Nouveau Mexique, épargné pour la première fois en 1984 depuis 1975, avait renoué avec le cauchemar.

En effet, le 29 mars, Tony Martinez découvrit la carcasse d'une vache Hereford dont le pis, l'anus et la partie génitale semblaient avoir été retirés avec la précision nette d'un couteau. Et durant l'été, on dénombra dans le nord du même Etat six mutilations suspectes.

Le Colorado ne fit pas exception non plus, notamment dans le comté Elbert (200 cas en 1975), fief du shérif Yarnell qui, en juillet, enquêta sur une génisse du troupeau du ranch de Max Kelly dont la zone rectale avait été découpée selon un cercle parfait. Et en septembre, quatre mutilations furent signalées coup sur coup dans la même région. Toutes présentaient ce fini chirurgical si difficile à attribuer aux prédateurs. On -parla encore de coupures laser. Et, en novembre, le shérif du comté El Paso enquêta sur la mort d'une vache dont le ventre avait un trou de 35 cm de diamètre, réalisé avec quelque espèce d'instrument tranchant. La nuit de l'accident, un hélicoptère avait survolé le ranch. Selon le propriétaire, Eldon Butler, cette façon de faire vous laisse pantois quand vous vous apercevez que même un boucher ne pourrait en faire autant. Le comté Weld fut touché le 7 octobre avec un taureau débarrassé de pénis, anus et scrotum.

Au Texas, cela démarra bille en tête dès janvier quand une vache fut découverte exsangue et sans langue, queue et partie génitale, dans le comté Duval. Et à la mi-mars, les restes de deux chevaux, dont les causes de la mort ne purent être déterminées, même à l'autopsie, furent vilainement charcutés autour des yeux et des parties sexuelles dans le comté Travis. On parla d'autres cas, mais sans grands détails.

L'Etat de Washington enregistra aussi des violences mutilatrices, principalement en fin d'année dans le comté Thurston où un cheval Appaloosa fut égorge vidé de son sang et coupé. Le Montana, déjà touché en janvier, récidiva fin octobre, la veille de l'Halloween, avec un cheval dont le peau de la face fut arrachée d'un côté et les organes sexuels proprement prélevés avec une oreille et un œil en sus. Le Kansas signala une vache gravide mutilée en février et le Dakota du Sud de même en mai.

En Alabama, en avril 85, une jument fut trouvée délestée de sa zone génitale sur une ferme de Gunterville et juste un an plus tard, un cas similaire était observé sur une prairie voisine.

Enfin, le Canada ne laissait filtrer qu'un seul cas au cours de 1985: une vache découverte en un champ isolé du Manitoba, en octobre, vidée de son sang et la langue et la mamelle tranchées.

Finalement, le bilan 1985 n'était pas si maigre qu'on a bien voulu le dire : plus de 30 cas répertoriés malgré la black-out, le silence imposé aux forces de l'ordre, le désintérêt des médias, la peur du ridicule des fermiers... A quelle proportion d'incidents passés inaperçus une telle situation conduit-elle ?

Je n'ai pas en ma possession tous les cas de mutilations survenus en 1986. En effet, les observations me parviennent avec beaucoup de retard; néanmoins, outre l'Alabama qui connut un nouveau cas en juillet 86 avec un jeune bœuf émasculé, l'Utah vit une de ses vaches privée de son sexe en juillet, le Colorado, en février, un taureau Limousin depouillé de ses testicules et le Nouveau Mexique fidèle à la tradition, signaler une vache rutilée avec précision en avril 86 ; et en juin, une autre victime bovine portant des coupures qui n'avaient pas saigné pour détacher ses yeux, son anus et ses organes sexuels. L'officier de police Chavez, dans son rapport, précisa une fois de plus qu'il n'avait trouvé sur le corps aucun trou susceptible d'expliquer la mort.

Je sais aussi qu'il y a eu des cas au Dakota du Sud, en Washington et au Kentucky.

Ainsi donc, la preuve est faite chaque jour que les mutilateurs sont toujours à l'œuvre, opérant dans l'ombre leur sinistre besogne à l'insu des autorités qui, une fois pour toutes, ont classé le problème, l'assimilant à une prédation naturelle, compliquée d'une hallucination de masse de la part des fermiers. Et à l'insu aussi de la grande majorité de la population nord américaine, notamment des habitants des villes, qui, semble-t-il, n'ont même pas eu connaissance du phénomène qui infestait les prairies dans les années 1975-80 et qui continue.

Il serait tout de même singulier que mon livre, édité ici à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres du théâtre des hostilités, fasse découvrir la nation nord américaine ce Grand Carnage qu'elle ignore, n'ayant pas écouté les appels de ses éleveurs, ou ceux-ci n'ayant pas crié assez fort...

Une telle éventualité ne serait pas pour me déplaire et constituerait un beau témoignage de ma reconnaissance à tous ceux qui, de là-bas, m'ont permis d'écrire cet ouvrage.

1/ Décédé en 2001.


Ecrit en décembre 1986 et publié dans Le Monde de l’Inconnu (mensuel disparu) n°80, février 1987.


















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