samedi 18 juillet 2020

Charles Fort – Apôtre de l’Impossible.

Par Frederick Clouser
Publié dans FATE, Volume 1 Number 3, automne 1948.
Traduit par Michel GRANGER



Frederick Clouser est né le 25 mars 1909 à New
Bloomfield, Pennsylvanie. Il a servi quatre
années pendant la Seconde Guerre mondiale, dont
les deux dernières sur le territoire européen;
il a été récompensé de l’étoile de bronze pour
service méritoire. Il est employé comme
contrôleur du trafic à la Highway Planning
Division, Département des autoroutes de
Pennsylvanie. Ses principaux pôles d’intérêts
intellectuels sont la psychologie, la
parapsychologie et les diverses expériences
religieuses. Il a formulé l’hypothèse que la cause des taches de
naissance est la projection télépathique de l’état mental de la
mère au foetus ou à l’embryon. Il est membre de « Société
Fortéenne et de l’American Society for Psychical Research.


Les scientifiques l’ont ignoré - car ils ne pouvaient pas répondre à ses questions ! Il est devenu célèbre parce qu’il ne croyait en rien !
La frénésie de l’année dernière à propos des « soucoupes volantes » rappelle le travail d’un génie savant, Charles Fort, l’un des personnages les plus intéressants de son époque - ou, on peut le dire sans exagération, de tous les temps.

Le fonds de commerce de Charles Fort, c’était l’incompréhensible, l’exceptionnel, le paradoxal - des choses qui ne peuvent pas arriver mais qui se produisent. Des rapports sur des événements étranges que l’homme « occupé » est susceptible de reléguer pour une pensée future indéterminée, sinon d’oublier. Fort lui s’en souvenait et y réfléchissait. Une question si étrange que les « soucoupes volantes » avait retenu sa plus grande attention. Il avait débusqué des comptes rendus obscurs, entretenu de nombreuses correspondances, vérifié des dossiers de journaux, de magazines et des revues scientifiques pour trouver des rapports antérieurs sur des phénomènes similaires ou connexes. Et sur chaque explication facile avancée, il avait été méfiant.

C’est sa bizarrerie - ne pas se contenter d’un raisonnement désinvolte ou d’une explication - et un instinct de collectionneur comme celui d’une pie, qui l’ont amené à compiler un ensemble étonnant de preuves d’anomalies - des événements réels inconciliables avec la loi naturelle, incompris. Fantastiques à première vue, ces événements ne peuvent, pour la plupart, être considérés comme autres qu’authentiques compte tenu de l’attestation de leur répétition par plein de témoins très différents dans des lieux très éloignés. En résumé, les rejeter in totalité reviendrait à prendre position sur le fait qu’il existe une folie mondiale pour favoriser les canulars, dans la plupart des cas au grand désarroi des personnes qui les signalent.

Supposer que Fort était un excentrique ou un dilettante, avec un flair pour collecter au hasard des données sur l’extraordinaire, serait grossièrement le mal juger. Il a étudié, analysé, décortiqué, collationné, corrélé, synthétisé. Toujours et tout le temps, il argumentait et avec brio. Quand il apportait la contradiction, c’était toujours avec une pointe d’humour ; quand il exprimait ses propres hypothèses, il se moquait souvent de lui-même, car il se gardait plus ou moins un chemin de sortie, insistant toujours pour qu’on lui permette quelque réserve quand il était très probablement sur la mauvaise voie. Dans l’ensemble, son travail est manifestement
le produit d’une personnalité aux multiples talents. Ses quatre volumes publiés, totalisant plus de mille pages, avec un index combiné de plus de soixante pages, sont un monument au travail, à la pertinence, à l’audace, à la largeur de  la vision et au sens de l’humour équilibré de l’homme.

L’homme lui-même était presque aussi différent dans son apparence et ses habitudes que les choses qu’il écrivait. Grand, beau, plutôt lourd, avec une moustache brune hérissée donnant à son visage un masque un peu nietzschéen, il semblait un anachronisme dans ses vêtements contemporains ; comme si l’indisponibilité d’une tenue convenable l’avait forcé à faire des changements de fortune. Tiffany Thayer a remarqué après sa mort qu’il aurait dû être vêtu de cuir et d’anneaux, que sa résidence aurait dû être un château, que des personnages tels que Faust et Villon auraient dû être ses compagnons. À juste titre, il aurait pu être ajouté qu’il aurait dû avoir un blason - arborant un grand point d’interrogation. 

Quand il était enfant, par nature il classifiait, étudiait et classait chaque chose sur laquelle il pouvait mettre la main.

Alors qu’il était encore jeune, il s’est lancé dans l’écriture de romans. Année après année, histoire après histoire nées de son imagination, cela représentait quelques 3 500 000 mots selon sa propre estimation.

Ecrire des romans, décida-t-il finalement, n’était pas sa vocation. Il abandonna cela et commença une étude sérieuse des arts et des sciences. Celles-ci devinrent son principal intérêt - physique, chimie et astronomie en particulier. Il prit des notes - environ 25 000 ! - les classa dans un agencement de casiers spécialement construits couvrant le mur d’une pièce. Une fois, réfléchissant à la possibilité de leur destruction par le feu, il envisagea à moitié d’utiliser un matériau incombustible pour ses futures prises de notes.

Le cours de ses études scientifiques l’a amené à se demander pourquoi les énergies des hommes sont si absorbées par l’agitation mondaine ordinaire.

« Je suis émerveillé de voir, a-t-il dit, que n’importe qui puisse être satisfait d’être un romancier ou dirigeant du trust de l’acier ou un tailleur ou un gouverneur ou un nettoyeur de rue. »

En sondant en profondeur son sujet, il a développé le plan du travail de vie : il rassemblerait et classerait des notes sur les recherches qui avaient été faites et sur les conclusions qui avaient été tirées par rapport aux phénomènes connus. Puis, à la fin, pour arriver à des généralisations incontournables, il traquerait les accords et les thèses adverses. Le résultat fut 40 000 notes sous 1 300 rubriques !

La chose qui vraiment le stupéfia ce fut les variétés qu’il trouva concernant des événements réels qui, selon les règles des théories de base communément admises, n’auraient pas dû se produire du tout ! Il fut même abasourdi, malgré son habitude pour toutes sortes de phénomènes, habituels et inhabituels, comme le style littéraire de ses premiers écrits semble indiquer. Il est tendu, nerveux, pointu, souvent piquant comme une rapière, il a déjà le style d’un explorateur avec un pied au-dessus du seuil d’un monde jusqu’ici non connu et insoupçonné. Il avait touché quelque chose de vraiment gros et il le savait.

« Donnez-moi, écrit-il, le tronc d’un séquoia. Donnez-moi des pages de falaises de craie blanche pour écrire dessus. Agrandissez-moi des milliers de fois et remplacez mes immodesties impudiques par une mégalomanie titanesque - alors je pourrai écrire suffisamment sur nos sujets. »

Un jour, interrogé sur une description de lui-même, il a répondu: « Je ne suis qu’un écrivain. »

Un écrivain il l’était, sans aucun doute. Mais il était plus que cela. Si nous pensons correctement à la philosophie comme synthèse et aux philosophes comme troupes avancées dans le siège de la vérité, alors, en effet, il était philosophe. Il serait difficile de sous-estimer l’ampleur de sa pensée philosophique.

« De temps en temps, a déclaré un critique en lisant un de ses livres dans Vogue, vous découvrirez une idée colossale et peu après, vous serez envahi par une pointe de l’excitation cosmique de l’auteur, l’ivresse du plus grand sportif sur terre, telle une curiosité et une terreur que Christophe (Colomb) a dû ressentir lorsque ses navires ont laissé l’Espagne sous l’horizon. »

Les noms du cercle qui se sont rassemblés autour de lui se lisent comme un Who’s Who de l’intelligentsia américaine : Theodore Dreiser, Booth Tarkington, Alexander Woollcott, John Cowper Powys, Burton Rascoe, Ben Hecht, J. David Stern pour énumérer certains de ses sponsors originaux.

Dreiser l’a appelé « la figure littéraire la plus fascinante depuis Poe et l’un des esprits et des tempéraments les plus éminents du monde aujourd’hui ». Tarkington, dans son introduction à l’un des livres de Fort, a écrit que « les tremblements de terre les plus fous du monde ne sont que des agitations dans des théières par rapport à ce qui se passe dans les visions évoquées devant nous par M. Charles Fort. » Maynard Shipley a fait remarquer : « Lire Fort, c’est monter sur un comète.

Si le voyageur revient sur terre après le voyage, il trouvera, après que ses premiers étourdissements se seront dissipés, une émotion nouvelle et exaltante qui colorera et corrigera toutes ses futures lectures. » Ceux-ci l’admiraient sans réserve.

L’un des exemples les plus intéressants que l’on peut lire sur la méthode de C. Fort est son traitement du problème de la chute des poissons et des grenouilles en provenance du ciel. La réaction naturelle à ce genre de chose est que cela est impossible, bien que tout le monde soit prêt à se souvenir, au moins vaguement, d’avoir lu des comptes rendus sur le phénomène dans des reportages ou dans des articles de journaux tels « Etrange, n’est-ce pas ? » ou dans la rubrique : « Croyez-le ou non ».

Ripley parle un tel événement survenu dans la ville de Longreach, Queensland, Australie, en mars 1942, citant un correspondant qui avait ramassé des poissons vivants de 4 à 6 centimètres de long. L’explication habituelle, exprimée dans un court paragraphe, est - que les poissons ont été extraits d’un étang ou d’un lac par une trombe ou une tornade et ensuite abandonnés à Longreach, qui se trouvait être sur le chemin de la tempête.

Pour Fort, la question n’est pas aussi simple et facilement résolue. Son approche est unique. Passant en revue tous les faits disponibles ayant une quelconque relation avec le sujet, il évalue chaque fait par rapport aux autres, recherche des similitudes et des divergences, explore le phénomène dans ses ramifications les plus extrêmes.

Comme un chien avec un os, il travaille son sujet. Compte rendu après compte rendu, tirés tantôt de journaux et de magazines, tantôt de revues scientifiques ordinaires, il évalue les faits et pose des questions. Ainsi : De nombreux cas sont rapportés de la chute de grenouilles ; aucun cas de chute de têtards n’est signalé.

Pourquoi ? Un rapport enregistre une chute un certain jour à un certain endroit ; un rapport ultérieur enregistre une chute ultérieure exactement au même endroit. Si les créatures sont transportées par une tempête, comment expliquer la remarquable adresse du tir, une caractéristique difficilement attribuable aux tempêtes ? Si des poissons ou des grenouilles sont aspirés d’un étang ou d’un lac, pourquoi les poissons et les grenouilles ne tombent-ils pas parfois en même temps au même endroit ?

Pourquoi les débris du rivage, la boue et la végétation flottante ne tombent-ils pas avec les créatures ? Pourquoi atterrissent-ils vivants et indemnes, contrairement à tout ce que nous supposons connaître la vitesse accélératrice des corps qui tombent ?

Peut-être, après tout, avons-nous été juste un peu vite dans notre explication du ramassé à un endroit et déposé dans un autre endroit. Peut-être y a-t-il une autre explication à propos des stocks dans la localité à l’origine qui étaient simplement assemblés dans une sorte de convenance de poisson ou de grenouille. Mais il y aaussi le fait embarrassant qu’ils se trouvent parfois sur les toits des maisons, dans de vastes zones métropolitaines comme Londres, dans des endroits désertiques pas particulièrement poissonneux ou fréquentés par les grenouilles.

Fort continue donc, vous bombardant de temps en temps de données presque à la limite de l’épuisement. Il vous guide, il vous pousse dans une impasse, il vous tire à nouveau, il vous invite à suivre une autre direction. Parfois, vous pensez que vous l’avez attrapé : de la masse de matériel sur laquelle il commence son offensive, vous voyez suffisamment d’accord dans les détails factuels pour justifier une généralisation conventionnelle.
Mais voilà qu’ensuite, il présente une quantité égale de matériel démolissant votre généralisation.

Ne concluez pas de ce qui précède qu’il avait vraiment une vision académique des anecdotes. Son intérêt allait du plus insignifiant apparemment jusqu’au plus important. Comme le vrai scientifique qui fait preuve d’une impartialité absolue face aux faits, rien n’était trop petit, rien n’était trop grand pour les cribles et les dimensions de son esprit. Radiesthésie, stigmates, statues qui saignent, l’homme qui ne pouvait être pendu, les déplacements allégués dans le temps, l’apparition soudaine de nuées d’insectes, les bruits étranges dans le ciel et sous la terre, les grosses averses et les crues éclair et les phénomènes qui accompagnement les tremblements de terre et les phénomènes d’accompagnement, le problème de la communication interplanétaire, la nature de la lumière et de la gravitation, les tailles, les mouvements et les distances des corps célestes - tels étaient les sujets avec lesquels il se débattait.

La valeur de son travail réside dans sa qualité catalytique. Elle induit une réflexion - une réflexion globale - et cela doit déboucher sur un progrès. Il a dit, en effet, pour sa recherche :

« Vous l’admettrez, beaucoup de nous ne savons pas ; beaucoup, comme vous, devriez admettre si vous ne le faites pas, que nous pensons que nous savons que nous ne savons pas vraiment. Voici des récits de l’extraordinaire - des choses qui se sont produites en violation directe avec l’hypothèse selon laquelle elles sont impossibles.

Vous constaterez généralement que les rapports émanent de témoins compétents ; souvent, les sources sont vos propres publications spécialisées. Je suis bien conscient que de nombreux événements peuvent être « prouvés » comme impossibles. Mais je n’ai rien à voir avec la question de leur possibilité : je dis que ce sont des faits ! Comment allez-vous, en ne passant sous silence aucun détail, en n’ignorant aucun élément incompatible avec l’hypothèse préconçue, pouvoir en rendre compte ? »

Assez fréquemment, Fort a été qualifié d’ennemi de la science. Il ne l’était aucunement. Au scientisme, il était certainement hostile si nous limitions le terme à une prédilection fixe équivalant à une foi aveugle dans les suppositions, hypothèses, théories et dogmes « scientifiques ». Avec un esprit véritablement scientifique, celui
d’une acceptation temporaire, d’un évitement scrupuleux des diktats, il était en parfait accord.

Pour une personne ordinaire sans inclination scientifique particulière, la connaissance de son travail stimule une conscience discriminante contribuant beaucoup à rendre la vie aventureuse. Cela vous fait remarquer des choses que vous n’aviez pas vues auparavant, et une grande partie de ce que vous avez déjà remarqué apparaîtra sous un jour fascinant et différent.

Par exemple:
Chaque printemps et chaque automne, si l’on garde les oreilles ouvertes et regarde parfois en l’air, on entend les oies sauvages crier et on les voit voler dans le ciel.
D’une manière mystérieuse, elles semblent sentir qu’il y a un endroit éloigné où il y a de la chaleur et de la nourriture, et elles possèdent clairement un sens de l’orientation qui fait totalement défaut à l’homme. C’est la même chose avec de nombreux autres types d’oiseaux. Qu’est-ce qui les pousse à migrer et qu’est-ce qui les guide dans leur parcours ?

Une famille du coin présente un chat à une famille en visite d’une ville située à plus de cent kilomètres de distance. Le chat est mis dans une cage et emmené par la famille visiteuse à son retour. Peu de temps après l’arrivée du chat dans sa nouvelle maison, il disparaît. Plusieurs mois plus tard, il apparaît, endolori, ébouriffé et fatigué, dans sa maison d’origine. Comment a-t-il retrouvé son chemin ? (1)

Assis à un bureau, on regarde à travers la pièce un collègue. Ce dernier se détache de son absorption dans son travail, se retourne et renvoie le regard. Cela arrive très souvent. Est-ce simplement une coïncidence ou existe-t-il un lien de causalité ? Si une force étrange est présente ici, qu’est-ce que c’est ? Le mot  « télépathie » vient immédiatement à l’esprit. Mais qu’est-ce que la télépathie ? Beaucoup de choses s’expliquent à chaud en étant nommées ; ceci, en supposant que la télépathie est impliquée, en est un exemple (2). 


Comment les bâtisseurs des pyramides de l’ancienne Egypte 
savaient-ils le point central de la masse du monde ?

Un journal montre un schéma de la terre avec deux lignes entourant celle-ci, une longitudinale, une latitudinale, tracées à travers la Grande Pyramide d’Egypte. Les indications qui l’accompagnent disent que ces lignes divisent la surface terrestre de la Terre en quatre zones égales. La question est soulevée : les Égyptiens antiques, érigeant cette pyramide des milliers d’années avant que Colomb ne navigue vers le Nouveau Monde et ne soit arrivé sur place, ont-ils fait ça par pure coïncidence, malgré les énormes chances contre celle-ci, ou auraient-ils pu avoir une connaissance des masses terrestres de la terre que l’on ne pense généralement pas attribuables à une civilisation ancienne (3) ?

Il est rapporté, dans un compte-rendu de journal, une série d’incendies mystérieux dans la ferme d’habitation d’un certain William Hackler, près d’Odon, dans l’Indiana. A 8 heures du matin, un incendie se déclare d’un côté de la maison près d’une fenêtre à l’étage. Il n’y a pas de feu dans aucun poêle et la maison n’a pas de câblage électrique. Un peu plus tard, un feu se déclare dans du papier qui avait été placé entre les ressorts et le matelas d’un lit. Puis, successivement, un calendrier sur le mur s’enflamme, une salopette accrochée à une porte se met à flamber, un livre tiré d’un tiroir se met à cramer à l’intérieur même si la couverture reste intacte. . . Jusqu’à minuit, 28 incendies distincts, tous non justifiés, s’étaient déclarés dans cette maison ! (4) Pourquoi ?

Quelqu’un a un rêve fantastique. Il rêve qu’en descendant d’un bus sur la Place du Marché, il voit un coffre au trésor ouvert contenant des pièces sur le trottoir. Se rappelant le rêve le lendemain matin alors qu’il quitte son autobus sur la Place du Marché, il jette un coup d’oeil à l’endroit où il avait vu le coffre au trésor dans son rêve. Il y a un billet d’un dollar ! Coïncidence ? Quelles sont les chances, dans une vie, qu’un événement réel de ce genre se produise si étroitement lié à un rêve précédent ? Si ce n’est pas une coïncidence, c’est quoi ? Des exemples comme ceux-ci pourraient être cités presque à l’infini.

Il y a plus dans le ciel et la terre que nous en avons l’habitude de rêver à partir de nos petits systèmes de connaissance. Nous vivons dans un univers étrange et horrible.

Relever le défi de l’inconnu et du connu incomplet, repousser les frontières du savoir, telle est la vocation de la recherche. L’esprit fortéen nous ferait prendre conscience de notre ignorance et nous inciterait à apporter notre soutien à ceux qui tentent de le dissiper.

En reconnaissance du travail de Fort et afin de maintenir vivante l’idiosyncrasie du tempérament qui le motivait, la Fortean Society a été organisée en 1931, l’année avant sa mort. Poursuivant sans fanfare, elle vise à cultiver une vision large, à encourager la réflexion, à faire de la curiosité une habitude. C’est, selon ses propres mots, « une association internationale de philosophes - c’est-à-dire d’hommes et de femmes qui ne vivraient pas différemment s’il n’y avait pas de lois ; d’hommes et de femmes dont le comportement n’est pas une conséquence de réactions réflexes provoquées par le conditionnement, mais plutôt le résultat d’une certaine cogitation, ou d’une fantaisie mystique qui leur est propre. »

Étant une organisation dont le but est toujours sérieux et souvent profond, elle n’a ni le temps ni l’envie de jouer les rituels et les plaisanteries sociales. Les membres se sont cependant vus arborer un symbole - un grand point d’interrogation. C’est l’insigne de l’esprit vraiment émancipé et éclairé.

FIN

1 / Des expériences avec des pigeons voyageurs récemment menées par le professeur H. L. Yeagley du Pennsylvania State College indiquent que « l’instinct du homing » (retour à la maison) des animaux peut être dû à leur sensibilité à la force de Coriolis (un effet du spin terrestre) et au magnétisme terrestre. La façon dont ils sont capables de détecter différents degrés d’intensité de ces forces n’est pas encore connue.
2 / Faire en sorte que la personne que l’on regarde se retourne et nous renvoie son regard est pour la plupart des gens considéré non seulement comme possible mais banal. Le très hon. A. J. Balfour, M. P., F. R. S., dans son discours présidentiel devant la (British) Society for Psychical Research, rapporté dans Proceedings, S. P. R. » vol. X, pp. 9, 10, a déclaré: « J’ai constamment rencontré des gens qui vous disent que, sans qu’ils en soient conscients apparemment, et cela étant beaucoup plus étrange qu’une observation sur le temps qu’il va faire, que par l’exercice de leur volonté, ils peuvent inciter n’importe proche d’eux à se retourner et à les regarder. »
3 / Mystère de la grande pyramide (Egypte): Extrait de la chronique « Strange As it Seems » de John Hix, Harrisburg Telegraph, 5 mai 1937.
4 / Exemple d’incendies mystérieux dans une maison de ferme. Publicité officielle dans « Collier’s », 19 avril 1941, de la Travelers Insurance Co., Hartford, Colin.

Ce texte a été publié dans la revue FATE, Volume 1 Number 3, automne 1948, pages 36 à 44.