dimanche 8 mai 2016

Pourquoi et comment ai-je écrit « Le Grand Carnage » ?


C’est une question que je me suis bien sûr posée quand j’ai été confronté à l’extrême difficulté à trouver un éditeur pour cette enquête sulfureuse.

Autant qu’il m’en souvienne, c’est à l’automne 1977, isolé sur mon stand de présentation de : L’héritage des extraterrestres au salon du livre de Grenoble, coincé entre un auteur à succès et un vendeur de tire-bouchons, que, ayant entendu quelques visiteurs me dire : Vous feriez mieux d’écrire sur des faits que sur des théories spéculatives (l’intervention possible d’extraterrestres dans l’histoire humaine, en l’occurrence), est venue se loger dans un coin de mon cerveau l’idée de cette étude à distance sur ces morts mystérieuses de bétail charcuté en Amérique dont la presse spécialisée (dite fortéenne) regorgeait de rapports circonstanciés à l’époque.

Et puis, le temps a passé. Cela a mûri. J’ai ouvert un dossier, pris des contacts sur place… Le livre sortira en 1986 dans des circonstances rocambolesques.

Ce texte1/, jamais publié et écrit dans les années 1990, est l’histoire d’un livre avec sa laborieuse élaboration, les occasions ratées, mes espoirs déçus, et, enfin, la délivrance par une opportunité récupérée tout au bord d’une réalité borderline qui, trop souvent, échappe à l’auteur, surtout s’il est catalogué comme « scribe de l’impossible ».



Tout a commencé pour moi en septembre 1980, à la réception d'un aérogramme venant de Pat O'Connell, de The New Forteans qui répondait à une question que je lui avais posée sur cet étrange phénomène des mutilations animales dont j’avais vu quelques clippings insérés dans quelques revues à moi envoyées : Nous ne savons vraiment pas de quoi elles proviennent. Mais y en a-t-il en France? Nous n'en avons jamais entendu parler.

Pat, subtilement, venait me mouiller dans le problème. Dès lors, je me sentis concerné par cette mystérieuse affaire, non plus en tant qu'observateur lointain des événements, mais comme investi d'une mission à deux objectifs : informer le public français de ce qui se passait là-bas et savoir si oui ou non des actes mutilatoires similaires sont perpétrés en France. Car, ce qu'ignorait Pat, c'est que la plupart de mes concitoyens n'avaient non plus jamais entendu parler de cette épidémie de mutilations des vaches américaines.

Cette ignorance quasi générale m'apparut en interrogeant certains de mes lecteurs. J'étais - et je demeure - en effet un des rares chercheurs français fortéens, disciple du regretté Jacques Bergier et auteur de 6 livres dans sa collection « Les Chemins de l'Impossible», chez l'éditeur Albin Michel. A ce titre, je me sentis en quelque sorte interpellé par le désarroi patent de Pat qui rejoignait celui de bien d'autres protagonistes du drame.

Ainsi a été conçu mon livre Le Grand Carnage, paru chez Vertiges/Carrère, en 1987. Avec un double but : informer et, peut-être, partager ce lourd fléau avec nos amis d'Outre Atlantique, ce qui ne manquerait de les soulager, en quelque sorte. La gestation de cette téméraire ambition allait être laborieuse puisqu'elle dura plus de 7 ans!

Tout d'abord, je ne pouvais me contenter des coupures de journaux reproduites dans New Atlantean Journal, News (devenu Fortean Times), Unknown World, Pursuit, INFO, ni de la revue de presse de Curtis Fuller, dans Fate, ni des informations fournies par Search, Beyond Reality, Specula, Second Look et autres revues fortéennes hélas presque toutes disparues.

 Il me fallait aller aux sources... depuis Chalon-sur-Saône, en France. Mais comment ?

Thomas R. Adams (1945-2014) en 1996.
J'écrivis à Tom Adams, directeur du Project Stigma à Paris, Texas, l'homme reconnu à l'époque comme le spécialiste des mutilations de bovins en Amérique. Entre lui et moi s'instaura une correspondance malheureusement trop espacée à mon goût du fait de ses nombreuses activités (29 lettres de ma part en 10 ans pour seulement 12 réponses).
Tom Adams en 1996.
Sans Tom et ses précieux comptes-rendus STIGMATA, mon livre n'aurait jamais eu la richesse de détails que je désirais lui donner. Je le remercie ici solennellement pour son assistance, même si, depuis quelque temps, elle a tourné court.

Je contactai aussi Carol Werkmeister (1938-2013), de Madison, Nebraska, fondatrice de SAM (Study on Animal Mutilations). Notre échange avec Carol fut intense, cordial ... mais hélas trop limité. Pour une somme modique de 20 dollars, elle me fournit 9 photos, dont celle du veau mutilé de Norman Scheibel qui servit, plus tard, pour la couverture de mon livre avec, en sus, une copie du livre de R. Donovan et K. Wolverton : Mystery stalks the Prairies, que je n'ai jamais réussi à joindre, ni l'un ni l'autre ­personnellement.

Dans sa dernière lettre datée du 23 juin 1982, Carol me faisait part de sa conviction grandissante d'une implication gouvernementale dans les incidents mutilatoires. Elle terminait par l'expression : Keep in touch. Good luck with project. Et pourtant, depuis, malgré 5 relances, Carol m'a laissé tomber. Pourquoi ? J'ai posé la question à mes autres correspondants sans avoir de réponse sauf une... que je n'ose pas entériner ici.

Entre temps, Ed Sanders(??-??) m'avait fourni deux numéros de The Cattle Report... les seuls. Lui aussi a coupé les ponts.

En septembre 1980, Tom Bearden m'indiqua l'adresse de Bill Jackson, duquel j'obtins la photo fameuse de Big Mama, mise souvent en rapport avec les mutilateurs dans le nord-est du Colorado et reproduite dans mon livre.

Avec Peter Jordan, de Union, New Jersey, nous restons toujours en communication bien que
G. Valdez et Peter Jordan.

sa dernière lettre date de 2 ans. J'y reviendrai. Quant à Edwin Austin, fondateur du Mutilation Data Center et partisan d'une culpabilité gouvernementale sous la forme de sondages biogéochimiques ou d'armes exotiques, jamais je n'ai réussi à lui faire accepter le moindre paiement pour les précieuses informations glanées lors de nos échanges épistolaires depuis 1981. Même lorsque Ed est devenu mon coauteur en 1987, il exigea que sa part de pige soit intégralement versée à une fondation de recherche : celle de la sauvegarde des gorilles ! Une telle attitude mérite d'être soulignée.

Ken Rommel, l'enquêteur officiel, fut d'une amabilité rare pour me procurer une copie de son rapport (25 dollars US) ainsi que divers documents cités dans son texte. Mes remerciements s'adressent aussi à lui.

En avril 1982, Linda Moulton Howe me fournissait pour 10 $ le transcript de son film documentaire Strange Harvest.

Mes rapports avec Nancy Owen furent en leur temps fructueux avec l'obtention facile de son analyse préliminaire de l'impact sociologique des mutes sur les communautés rurales de l'Arkansas (gratuit), où elle anticipait les résultats de Ken Rommel, à savoir une prédation naturelle compliquée par la rumeur. Dans une lettre du 5 Mai 1981, elle m'annonçait la poursuite de son enquête avec une analyse plus extensive dont j'attends toujours la sortie. Nancy semble avoir quitté le département d'anthropologie de l'université de l'Arkansas, à Fayetteville, en rompant définitivement avec son expérience mutologique.

Mais j'eus aussi des déceptions totales dans mes démarches : aucune réponse à mes lettres à F.Smith, par l'entremise de l'éditeur Freedland de son livre : Cattle Mutilation, the unthinkable truth (1976), qui me fut bien utile. Pas de retour de la part de Ken Anderson du THAR Institute (Montana), de Dan McCoy, via le mensuel OMNI. Mes tentatives auprès des shérifs furent négatives dans le comté Benton, Arkansas et, plus récemment dans les comtés Pueblo, Colorado et Mercer, Illinois.

Elles me permirent cependant de toucher Tex Graves, à son adresse personnelle et d'obtenir de lui, non pas le moindre avis sur la question des mutilations de bovins, mais de précieux documents photographiques montrant cette position pattes en l'air si caractéristique de certaines bêtes mutilées, donnant l'impression qu'elles ont été transportées dans les airs la tête en bas, et brusquement larguées. Tout cela gratuitement, cela mérite d'être mentionné. Merci à Tex, même si mes sollicitations ultérieures sont restées sans écho. Il est vrai que j'ai la fâcheuse habitude d'insister, parfois lourdement.

Jerome Clark, éditeur actuel de la revue toujours appréciée Fate, me procura de précieux renseignements, notamment sur le cas Alex Hamilton et pour l'obtention (difficile) du livre de Kagan et Summers : Mute Evidence. Qu'il soit remercié ici d'avoir supporté mes demandes réitérées. De même que Bob Warth (19??-2005), président de la SITU, qui me permit d'enrichir mon dossier photos mutologiques grâce à Don Richmond, Steven Moyne et Martin Wolf.

La phase préliminaire de mon étude était terminée: j'avais noué des contacts là-bas sur le terrain pour obtenir des informations complémentaires, je disposais de quelques kilos de documentation à lire (une grosse valise ne pouvait tout contenir) et dans une langue qui n'est pas la mienne (pas grand-chose n’avait perlé en France sur le sujet). La traduction, compilation, synthèse me prit plus de deux ans ! J'ai vécu cette période de ma vie comme une formidable évasion hors de notre bonne vieille Europe pragmatique, surpeuplée, presque vide de mystères. Ayant hérité d'un séjour de 5 ans au Canada (temps nécessaire pour obtenir un Ph. D. en chimie physique entre 1967 et 1972) une admiration sans bornes pour tout ce qui est américain, ce dossier foisonnant de milliers de cas de morts et mutilations suspectes me fascinait. Grâce à la gentillesse de mes correspondants qui m'abreuvaient au jour le jour de coupures de journaux, d'articles, je revivais l'affaire Snippy (coïncidence, je suis arrivé à Montréal en septembre 1967 !), l'hécatombe au Colorado en 1975, visitais le Texas jonché d'atrocités en 1974-75, me glissais sous les clôtures en barbelés à Dulce en 1976-78, vivais l'épisode d'Elsberry, Missouri comme si j'y étais - plus tard plusieurs lecteurs me parleront de mon voyage sur place – et, enfin, débouchai ébahi sur le frustrant siège silencieux en 1983.

Pendant ces années de préparation, je harcelai mes correspondants de courriers le plus souvent restés sans réponse. Tom, Peter, Carol - et, plus tard, Linda et Jim - devaient bien se demander pourquoi cet étranger s'agitait ainsi aussi loin du théâtre des hostilités. Parfois, de guerre lasse, ils me répondaient évasivement, souhaitant succès à mon projet. Mais je suis sûr qu'ils se demandaient bien quelle forme il pourrait prendre. Et les indispensables numéros de STIGMATA apportaient de nouvelles pièces au puzzle; mais souvent des pièces incompatibles avec le reste, ce qui ajoutait à la confusion.

Après avoir relaté les faits le plus objectivement possible (trop répétitifs au gré du public français), je tentai d'en faire la synthèse en dégageant les caractéristiques types des mutilations classiques. Puis, je pris connaissance des enquêtes officielles et de leurs conclusions. Je ne m'y attardai pas plus longtemps qu'aux autres interprétations avancées : prédateurs, tricheries à l'assurance, cultes aux rites malsains, désaxés en mal d'organes, projet gouvernemental secret, mini-guerre biologique, hystérie collective ou extra-terrestres se livrant sur notre bétail à une étrange récolte (Linda).

Au total, je citerai plus de cent témoignages d'Américains, mêlés de près ou de loin au phénomène : fermiers sinistrés, enquêteurs indépendants, officiels, membres des forces de l'ordre, etc...

Enfin, il fallut conclure, j'en étais bien incapable moi, ici, qui avais parcouru des milliers de miles dans mon fauteuil, n'avais pas connu la pestilence d'une carcasse gonflée boudée par les prédateurs, ni trempé ma main dans les empreintes noires autour de Snippy, ni dans la substance huileuse retrouvée sur le sol de Dulce, sur les terres de Manuel Gomez. Me revenait à l'esprit l'Abomination de Dunwich de Lovecraft...

Conclure, je n'en avais pas le droit non plus car, en entérinant une théorie, je désavouais inévitablement les partisans des autres qui, eux aussi, avaient si diligemment supporté mon immixtion dans ce mystère national mais pas français. Je n'avais pas le cœur de les trahir.

Ainsi, laissai-je le mystère en suspens, ce qui me fut sévèrement reproché par les ufologues français mais fort apprécié par ceux qui s'accrochent à notre rationalisme hérité de Descartes.

Le livre fut terminé à la fin de 1983; restait à lui trouver un éditeur, ce qui n'était pas une mince affaire en la circonstance. Il paraît que le public français s'est désintéressé des mystères et de l'inexplicable; et, malgré son allure de reportage, mon « Grand Carnage » aurait du mal à entrer dans une collection grand public. S'ensuivit cette période trouble mais assez exaltante où l'auteur tente sa chance en envoyant copie de l'œuvre là où il pense y avoir un créneau et un simple synopsis aux maisons d'édition plus généralistes. Le bilan est là, symptomatique de la désaffection des... éditeurs français en ce qui concerne le genre littéraire en question : 11 synopsis envoyés dont 3 ont débouché sur un examen du manuscrit et 10 envois de celui-ci aboutissant à 10 refus : Circulaire classique de refus des éditions du Rocher. Enquête passionnante, mais public inculte pour la recevoir, Laffont (F. Mazière). Ouvrage passionnant, mais n'entrant pas dans le cadre de nos publications, Edition N°1. Sujet trop pointu, pour les publicitaires de Balland. Trop long, pour Flammarion. Et : n’entrant pas en ligne de compte pour publication (sic), chez Albin Michel.

J. Rubinstein (alias Jacques Billard)
(1930-1997).
Rémy Chauvin (1913-2009).

























En novembre 1984, grâce à l'aide de mon confrère et ami Jacques Rubinstein2/ et par l'entremise du grand chercheur Rémy Chauvin, mon livre, déjà refusé en juin 1983 par la circulaire en vigueur dans la maison (n'entre pas dans le cadre de nos collections... Tu parles !). Et celle intitulée Aux Confins de L'Etrange, dirigée par Jimmy Guieu (où on trouve M. Chatelain, John G. Fuller, Guy-Lyon Playfair, Jacques Vallée !), où il entre par la petite porte et est (à nouveau ?) examiné. Le 19 novembre 1984, verdict du comité de lecture: il faut écourter et préciser la conclusion. Sans garanties, bien entendu. Ce travail est effectué conjointement avec J. Rubinstein et, le 9 décembre, nous réexpédions un texte amputé d'un bon tiers (édition oblige). En janvier, R. Chauvin nous écrit même une mini préface. Cela n'empêche pas les éditions du Rocher, après un ultime examen, de nous opposer un refus arguant d'un thème trop restreint et trop américain. Bien sûr, puisque l'écourtage m'a obligé à supprimer la partie concernant les exactions mutilatoires perpétrées en dehors de l'Amérique du Nord ! On revient à la case départ, mais la déception est de courte durée. Comme je l'ai dit, j'ai l'habitude d'insister. Je renvoie une dizaine de synopsis, en vain.

Jimmy Guieu (1936-2000).
Quand J. Rubinstein, en février 1985, me demande d'envoyer copie du « Grand Carnage » à Jimmy Guieu, auteur français réputé de SF évincé des éditions du Rocher après l'affaire Frank Fontaine et qui relancerait sa collection... au Canada. Peu après, j'apprends que c'est Louise Courteau qui s'en chargerait. Réponse par retour : on nous demande de procéder à quelques retouches, certains passages étant jugés trop tièdes. Puis, silence. Pas de réponse. Pas de contrat. L'attente est insoutenable.

Heureusement, je profiterai de ce sursis pour renouer quelques contacts et sceller une amitié durable qui ira bien au delà de ces pauvres bovins vilainement charcutés...

C'est dans le booklist 1985-4 de Robert Girard (19??-2011), actif fondateur du service Arcturus, que je dénichai l'annonce anodine d'une conférence ufo prévue par Jim Leming à Great Falls, Montana. Il devait y être question, entre autre, de mutilation de bétail puisque Linda Moulton Howe, réalisatrice du film Strange Harvest et Keith Wolverton devaient y prendre la parole. Aussitôt, j'écrivis à Jim pour lui demander des renseignements. Ce fut le début d'une longue et durable correspondance et d'une collaboration qui, je l'espère, n'est pas prête de s'éteindre. Jim est un merveilleux dessinateur, dont j'exploite régulièrement les extraordinaires talents graphistes pour illustrer certains de mes articles. Nous avons, ensemble, projet d'édition illustrée, mais aussi la ferme intention de nous rencontrer enfin en France en 1990. Voilà un aspect très positif du phénomène mutes, du moins à mes yeux.

Major C. S. Von Keviczky (1909-1998).
Surtout que la conférence projetée n'eut finalement pas lieu, des forces externes (Jim dixit) en ayant entravé la préparation, notamment sous la forme de balles de fusil baladeuses, sifflant aux oreilles de Jim alors qu'il enquêtait sur un incident mutologique dans le comté Cascade et de menaces téléphoniques non déguisées reçues par son épouse Syrinda. J'incorporai derechef cet épisode dans mon livre et prêtai une attention toute particulière à l'avis éclairé de Jim concernant les causes possibles des mutilations de bétail. C'est lui, qui, en procédant par élimination, m'accula à l'hypothèse extra-terrestre et à adopter le mémorandum du Major Colman S.Von Keviczky, directeur de l'I.C.U.F.O.N., lequel débouche sur une triple question aux gouvernements du monde entier : QUI ? COMMENT ? POURQUOI ? Avec cela, j'entérinais aussi la mise en garde de Ed Austin contre les réactions du gouvernement français qui pourrait ne pas apprécier qu'on signale aux éleveurs de l'Hexagone que de telles exactions puissent exister mais passer inaperçues. Je donnerai tout à l'heure mon avis négatif sur la question.

En tout cas, en novembre 1985, on aurait très bien pu penser qu'une force occulte s'ingéniait à empêcher la publication de mon ouvrage, accréditant l'hypothèse de cover up tant de fois avancée vis à vis du phénomène ufo. Seul l'argent aurait peut-être pu débloquer la situation avec une formule à compte d'auteur proposée par les éditions La Bruyère, mais, pour un tirage de 1000 exemplaires, je devais débourser la somme de 98 000 francs plus 500 par photo reproduite !

Et puis, il y eut une lettre le 7 novembre 1985. Sans elle, je ne pense pas que mon « Grand Carnage » ne serait jamais sorti en librairie. Une chance inouïe qui manqua bien de tourner court multiples fois, mais le résultat fut là : la sortie du livre en novembre 1986.

L'artisan de ce miracle est Alain Lefeuvre (1937-2002), éditeur malheureux de la célèbre collection Connaissance de l'Etrange et qui avait dû stopper son activité voilà quelques années pour des raisons de diffusion. Telle était la réponse qui m'avait été faite téléphoniquement par Jacqueline Lefeuvre, en 1983, lorsque je lui avais transmis le manuscrit. Celui-ci avait bien été répercuté à l'éditeur parisien qui devait reprendre l'affaire mais ce dernier, relancé à plusieurs reprises, avait refusé le livre en juillet 1985 !

Le 8 novembre donc, je décachète fébrilement une enveloppe jaune en provenance de Nice et je lis, après un préambule annonçant la renaissance de la collection « Connaissance de l'Etrange »: Je n'ai jamais entendu parler nulle part de votre étonnant « Grand Carnage ». A-t-il été publié ? Sinon, il vous suffirait de me le réexpédier pour dernière lecture et je vous en assure formellement la publication dans les 2 premiers mois de 86 ainsi qu'un contrat sous huitaine, à réception du manuscrit. J'ai cru défaillir. Mais le manuscrit (version écourtée) partait pour Nice le 13 novembre.

Finalement, je passe sur les tractations assez pénibles - ce sera la version originale qui sera acceptée sans coauteur et sans préface de M. Chauvin ; le contrat sera signé le 10 décembre. Il me donne un droit de 8% sur les 5000 premiers exemplaires vendus (je ne saurai jamais exactement le tirage = 4000 ou 6000 ?) et une avance de 10 000 francs. Cette somme NE me sera JAMAIS versée en totalité. Fractionnée, je recevrai seulement 6 000 F, amputés du décompte Agessa, le 28 février 1986 et ne parviendrai jamais à me faire régler le reste dû à mars 1987. Ni un relevé de compte, d'ailleurs... mais j'anticipe.

Entre temps, A Lefeuvre m'a demandé de me procurer une copie du film Strange Harvest qu'il compte utiliser pour soutenir la vente du livre. Grand professionnel de l'édition, monstre sacré de l'audio-visuel, il s'aperçoit dès mars 1986 que les éditions Vertiges chez lesquelles son épouse est devenue directrice de collection, sont des amateurs. Dans l'intervalle, j'ai recontacté Linda Moulton Howe, lui disant ce que j'espérais, à savoir que son film sera postchronisé en français - vraisemblablement par le fameux journaliste J.C.Bourret – et passerait sur une des deux grandes chaînes TV françaises. Et cela ne s'est pas fait, malgré la somme dérisoire demandée par Linda pour un télédiffusion (500 $). Et pourtant j'y ai cru jusqu'a fin 1987 où tout a basculé, comme on le verra...

Linda Moulton Howe.
Linda doit m'en vouloir pour cet échec oubliant que je n'agissais qu'en intermédiaire et que tous ces échanges (32 lettres entre déc.1985 et déc.1987 date à laquelle Linda en a eu marre et n'a plus répondu à mes 3 autres sollicitations) ne lui ont certes rien rapporté mais ils m'ont coûté à moi la bagatelle de 460 dollars, comprenant les deux vidéocassettes en 3/4" reçues en France en mars 1986, plus les frais de dédouanement et de poste, et, finalement, une conversion en système VHS SECAM en 1987. Avec un résultat négatif dont j'ai honte puisqu'en définitive, les projets français concernant Strange Harvest sont tombés à l'eau et le film, ici, n'a eu que deux spectateurs : Alain Lefeuvre et moi-même !

Heureusement, le livre, après plusieurs retards inquiétants, sortait le 6 octobre 1986, réalisant mon premier objectif. Mais hélas sans la campagne publicitaire qu'on m'avait promise et qui devait comprendre : journaux, radios et télévisions nationales (sic).

Depuis février 1986, en effet, les publications Vertiges avaient d'autres préoccupations : ne venaient-elles pas de s'assurer l'exclusivité de la réédition de l'œuvre d'un grand auteur français (de romans policiers ?). Et l'important débours avait réduit mon avance sur droits à un peu plus du quart de ce que stipulait mon contrat. Je m'aperçus vite aussi que Vertiges avait vu trop grand : Le Grand Carnage sera publié avec dossier-photo noir et blanc et le diffuseur, bien qu'un des plus grands de France, ne saura jamais choisir les points de vente adéquats pour un tel ouvrage. Quelques mois après sa parution, les difficultés commençaient pour s'en procurer un exemplaire en librairie et à Paris alors qu'après plus de 2 ans d'exploitation, on m'en annonce moins de 950 vendus ! Un sixième du tirage !

La publication des bonnes pages comme il est coutume en France fut aussi un épisode mémorable à résultante négative aussi. C'est l'hebdomadaire Actuel qui devait le faire initialement : eux qui, en 1981, avaient publié un article de Lewis Mac Adams, illustré par des photos de David Perkins, intitulé : Panique chez les vaches américaines.

Mais bientôt, j'apprenais que c'était compromis, nous y étant pris soi-disant trop tard ; en juin, pourtant, s'offrait une opportunité autrement séduisante sous la forme d'un interview à base du livre faite par l'hebdomadaire Paris Match (tirage 3 millions d'exemplaires) et largement illustré. Le 8 juillet, je recevais à Chalon/Saône le grand reporter Marie-Thérèse de Brosses; l'interview dura 2h 30 et je fis de mon mieux dans un exercice qui n'est pas mon fort. On parlait alors de 6 à 7 pages de magazine, photos comprises. L'heure était à l'euphorie et Alain Lefeuvre interrompait l'interview par un coup de téléphone depuis Nice pour me dire que les photos seraient bien reproduites en couleur dans le livre.


Ce fut l'époque aussi où les Publications Vertiges devinrent les éditions Vertiges/Carrère et où le sous-titre de ma couverture: des milliers d'animaux mutilés par des êtres venus d'ailleurs ? perdit son point d'interrogation final. Et gagna l'ajout, à mon sens inutile de :Témoignages. Certains lecteurs me feront la remarque d'une certaine discordance entre la mesure exprimée tout au long des 350 pages et ce sous-titre accrocheur. Je leur dois simplement la vérité, à savoir que je n'ai pas eu mon mot à dire en la circonstance.

Tous ces changements firent que la sortie fut encore repoussée. Du coup, il fallut retarder l'interview dans Paris Match, ce qui donna le temps à Mme de Brosses de consulter son bureau new-yorkais. Et brusquement, l'attitude ouverte de cette femme au problème des mutes s'émoussa. Impossible à joindre pendant de longues semaines, j'appris seulement le 15 septembre qu'elle ne voulait pas publier sur quelque chose de périmé. Aussitôt, je lui expédiai une petite liste de mutes récentes, mais rien n'y fit et la situation se compliqua car elle fut confrontée à de graves problèmes familiaux (accidents d'auto fatals dans son entourage). Le reportage photo ne paraîtra jamais dans Paris Match et Mme de Brosses le déplorera dans un courrier qu'elle m'enverra, le 7 janvier 1987, écrivant : qu'elle a rarement vu autant d'obstacles se dresser devant un sujet. Cela me fit repenser aux forces externes de Jim.

Ce fut alors la valse des visites aux hebdomadaires parisiens de substitution entreprise par l'attachée de presse de Vertiges/Carrère, Dominique Faber pour placer un article et des extraits susceptibles de promouvoir la sortie du « Grand Carnage ».Je la remercie ici très sincèrement pour son effort, même si il n'a abouti à rien, une histoire de netteté des photos étant venue se greffer en sus. J'avais en effet constitué un dossier photo qui fut présenté tous azimuts à Paris. En pure perte. Trop sanguinolent, pour VSD. France Soir : Ça tombe mal car nous avons en vue quelque chose sur le massacre des éléphants. Le Journal du Dimanche : non. Finalement, il n'y aura qu'une photo de la couverture du livre dans le Nouveau Détective.

Voyant tout cela bien compromis, avec le refus de New Look, jugeant les photos de médiocre qualité, je décidai, par devers moi, de tenter le tout pour le tout en cherchant d'autres documents photographiques. Simultanément, en mars 1987, j'alerte Tom, Jim, Linda, Ed et Peter, leur faisant miroiter une somme de 5 à 800 dollars qu'on m'a dit raisonnable à exiger pour un reportage photographique digne de ce nom. La somme annoncée parvint à tirer Tom de son mutisme mutologique qui durait depuis plusieurs mois; mais en juin, voilà qu'ayant appris que j'ai fait la même requête à Linda, il ne cherche plus à m'approvisionner en documents photos que je sais d'expérience d'excellente qualité (cf. ceux fournis en 1981). Il n'en est pas de même pour ceux de Linda dont 27 diapos fournies en avril 1987 pour la somme de 161 dollars (4 heures de recherches à 35 $ l'heure plus 22 $ de duplication) se révèlent trop floues pour la moindre tentative d'agrandissement. Dommage parce que les droits de reproduction, pour une fois, étaient raisonnables: 5 $ par cliché.

Ed, quant à lui, m'assure qu'il peut me fournir une centaine de bonnes photos; mais l'affirmation ne se concrétise pas.

Dr Robert Schoenfeld (1913-2001).
Peter, pour sa part, passe aux actes, le 27 avril, en me faisant parvenir 23 diapos d'excellente qualité, comprenant, hélas, quelques à-côté des mutes tels que les portraits de Manuel Gomez et du Dr Schoenfeld, d'Albuquerque, pour lesquelles je paierai 100 dollars pour la recherche et la duplication: une somme de 75 $ est, en outre, demandée par document reproduit une fois, ce qui m'interdit toute exploitation personnelle à mon niveau où on me paye en France un texte de 900 mots pas plus de 250 F ! Merci tout de même à Peter pour ces précieux témoignages photographiques que je garde dans mes dossiers... au cas où.

J'eus aussi l'idée de solliciter le Major S.von Keviczky, qui, dans une lettre du 31 mars 1987, me proposait 25 diapos pour 1000 dollars, tout en accusant réception d'une copie de mon livre, celui-ci constituant, selon ses termes, le premier ouvrage sérieux publié sur les mutilations de vaches (sic). Aussitôt (24 avril), je réponds que cette somme est prohibitive mais, en mai, je reçois 20 diapos, la plupart montrant des blessures de très près, ... trop près, si bien que ces documents ne pourront même pas être incorporés au dossier qui se colporte dans les bureaux de rédaction des magazines parisiens. C'est à cette époque que j'eus le sentiment qu'on cherchait quelque peu à m'exploiter dans cette affaire. J'avais finalement dépensé 950 dollars - plus que ne m'a rapporté à ce jour le livre - pour me procurer des photos et un film qui ne seront jamais utilisés, me laissant, comme on dit, tous les frais sur les bras. A ce niveau, Le Grand Carnage était déjà une affaire blanche.

Mais s'il restait encore quelque espoir pour une suite plus favorable, les choses allaient bientôt se gâter ou du moins étaient-elles déjà bien handicapées. Le 26 janvier 1987, Alain Lefeuvre m'annonçait sa rupture avec Vertiges, avec, en prime, qu'il arrêtait toutes ses actions pour la promotion du livre ; c'était 4 mois à peine après sa parution!

Certes, ce coup dur ne se fit pas sentir tout de suite, mais il se répercuta sans conteste sur les grands projets: l'exploitation du film de Linda et le reportage photo promotionnel. Les seuls articles sur Le Grand Carnage furent de mon fait, dans un mensuel d'ésotérisme tirant à 35 000 exemplaires: Le Monde Inconnu, qui publia un texte rédigé par moi et non payé dans son numéro de février 1987, et dans le journal où je sévis hebdomadairement : Le Courrier de Saône et Loire Dimanche (chronique du 25/01/87 sur Snippy) pour la modique somme de 250 F par semaine.

La couverture médiatique organisée par Vertiges/Carrère à la sortie de l'ouvrage fut à la mesure d'une certaine ampleur : plus de 300 copies du livre furent distribuées gratuitement aux journalistes et personnalités. Pour un résultat avoisinant le 1/10 puisqu'entre novembre 1986 et mars 1987, une trentaine de critiques parurent dans la presse nationale et me furent fidèlement répercutées immédiatement par Carrère, un service de presse auquel ne m'avaient pas habitué mes éditeurs précédents. En général, les réactions étaient positives quand elles dénotaient une réelle lecture de l'ouvrage. Un livre étrange sur des faits stupéfiants, affirmait l'hebdomadaire hippique Week End. Un livre passionnant de bout en bout : La Bretagne à Paris. Un ouvrage pour le moins fascinant : Le Journal du Centre. Un livre qui va dans le sens de la vérité : Bonne Soirée.

Mon service de presse se fit depuis Chalon-sur-Saône en signant une vingtaine de cartes de visite : c'est ainsi que Tom, Robert Rickard (Le Grand Carnage fut signalé dans le numéro 49 de Fortean Times), John Prytz, ami australien de longue date, le Major Von Keviczky, Harry Graves, Peter Jordan, Jerome Clark et Ed Austin ont dû recevoir un exemplaire via l'éditeur. Et sur mes 45 exemplaires gratuits d'auteur obtenus à force de demandes réitérées, j'en ai envoyés 41 à mes frais à divers amis et relations dont deux par avion à Jim et Linda.

Au niveau des émissions de radio consécutives à la sortie du livre, Carrère (ou bien plutôt Alain Lefeuvre) fut tout à fait à la hauteur, du moins à mon humble avis. Le 15 novembre 1986, c'était l'émission d'une heure de Roger Raziel sur Radio France Outre Mer, Le Monde Inconnu, à Paris. Le 30 novembre Radio West TFM nous accueillait, au Mans, mon épouse et moi, pour la présentation du livre dans l'émission : Le Magazine du 7ème jour. Puis, le 15 janvier 1987, Jean Yves Casgha m'invitait à son émission Boulevard de l'Etrange sur France Inter (30 minutes). Ensuite, c'était au tour de Radio France Puy de Dôme à solliciter ma venue à Clermont Ferrand, le 16 février 1987,. L'émission (1 heure) était suivie d'un débat FNAC peu fréquenté. Enfin, le 25 mars 1988, je passai en différé à l'émission Aujourd'hui et Demain de Radio Monte Carlo, juste après une interview téléphonique de Linda dont j'avais fourni les coordonnées, ce qui me permit de rencontrer le fameux J.C.Bourret. Tous ces déplacements à mes frais, dois-je le souligner, me valant, peut-être une certaine notoriété et beaucoup de satisfaction personnelle, mais pas de droits d'auteur puisque je n'ai jamais reçu que mon avance amputée de 40 pourcents.

Côté TV, il ne fallait pas trop rêver. Du moins jusqu'au 10 mai 1988, date à laquelle Antenne 2 me contactait téléphoniquement, étant intéressée à me faire participer à une émission Edition Spéciale, consacrée à l'Irrationnel. Le jour même, bien entendu, j'envoie livre, cassette vidéo de Strange Harvest convertie et dossier de près de 110 photos et consulte Carrère pour savoir s’ils suivent. Réponse m'est donnée que la promotion du livre est depuis longtemps terminée et que je peux faire l'émission à titre personnel.

Alain Lefeuvre contacté m'apprend que Vertiges a déposé son bilan.

Finalement, cette nouvelle chance de relance des ventes ne sera pas saisie, je ne serai pas invité, et le film retourné car trop long. Depuis, plus rien de nouveau.

Voici donc l'histoire du Grand Carnage telle que je l’ai vécue. Tout au plus, j'espère que cet essai a fait connaître à quelques Français le grand drame qui s'est joué là-bas, dans les plaines du Midwest, entre 1973 et 1982.

Une traduction en anglais avait bien été évoquée avant la signature du contrat Vertiges. Mais elle tomba à l’eau compte tenu des circonstances. C'est mon 2ème livre sur 8 au total qui n'a pas été traduit en langue étrangère.

Un moment, j'ai eu l'espoir de voir le phénomène mutes opérer un sigulier retour aux sources. En effet, au Mans, J.Y.Duval, de West TFM, avait reçu, la semaine précédant mon intervention, une journaliste new yorkaise. Il avait donc fait l'annonce de ma venue prochaine à cette Américaine, laquelle avait reconnu son ignorance totale du phénomène des mutilations des vaches du Midwest. Il avait été promis qu'on me mettrait en rapport avec cette personne. Hélas cela ne se fit pas malgré le carton de vin de Bourgogne que je fis parvenir à M. Duval pour le remercier de son accueil.

J'oubliais les réactions des ufologues français à mon livre. Il m'attira les foudres du plus tonitruant des porte-parole de Lumières dans la Nuit, Jean Sider. Je me suis laissé dire que sa virulence était surtout dictée par le fait qu'à la même époque, il avait un manuscrit à placer sur le même sujet où il écrivait à chaque page que les mutilateurs circulaient en ovnis, ce que je n'avais malheureusement pas affirmé quant à moi. Haro donc sur cet hérétique !

Au niveau des lettres de lecteurs, ça n'a pas été l'avalanche. Mais ce n'est pas une coutume courante en France d'écrire à un auteur pour lui dire sans façon ce qu'on pense de sa prose. Et c'est bien dommage.

18 lecteurs se sont manifestés à ce jour, mais aucun pour me signaler un incident qui pourrait donner à penser que le fléau puisse gagner la France. Tous les cas qui ont été portés à ma connaissance ici n'ont rien à voir du tout avec ce qui se passe là-bas en Amérique du Nord. Je dirais même plus : ils en constituent l'exact contraire. C'est ainsi que lorsque les mutilateurs sévissent dans mon Charolais natal, ce qu'ils laissent sur le terrain c'est justement et uniquement ce qui manque sur les carcasses mutilées des animaux américains. Ici, toute la viande comestible a été embarquée ; seuls demeurent, négligés, les bas-morceaux peu prisés par les gourmets français. Ici, personne ne s'interroge sur la prédilection des mutilateurs locaux pour le filet de bœuf, l'escalope de veau et autres pièces appréciées dans nos restaurants. Le prix de la viande ayant flambé, certains osent aller la prélever sur place sans passer par la boucherie.

Depuis 2 ou 3 ans, j'ai cessé de m'intéresser intensément aux mutes mais il demeure que je continue à collationner les cas qui peuvent encore survenir, ceci pour répondre à la question qu'on me pose encore souvent: et où en est-on actuellement en Amérique?

J'avoue que je suis spécialement embarrassé pour la simple raison que, selon moi et mes sources actuelles, UFO News, UFONS de Lucius Farish, The Gate, Missing Link, les incidents mutologiques sont en voie de disparition. D'après mes compilations, en 1985, j'en avais encore plus de 50, mais, en 1986, cela tombait à 12 (Etats touchés= Colorado, Utah, Nouveau Mexique, Alabama, Nebraska, Pennsylvanie, Idaho), en 1987 à 8 (Arkansas, Colorado, Nouveau Mexique), en 1988, 10 (Washington, Arkansas, Nebraska, Idaho, Alabama) et en 1989, 2 (Oregon). Depuis le STIGMATA n°23, incorporé à CRUX number 3, Tom n'a plus publié ces mutilation reports. Faute de matière ? Pourtant, en juin 1987, il m'annonçait une recrudescence dans les Etats de l'Ouest. J'ai écrit à Tom que si, ainsi, il cesse de propager les nouveaux incidents mutilatoires, tout le phénomène risquait de tomber bientôt dans les oubliettes, nous faisant passer - moi et lui et les autres mutologistes - pour des rigolos parce que cela accréditera la thèse fameuse de l'hystérie de masse, née à partir d'incidents anodins non reconnus comme tels à cause de l'effet de rumeur pernicieux des médias locaux et qui ainsi, aura disparu de lui-même. Je ne tiens pas à ce qu'on en arrive là. Je me refuse à penser que les éleveurs américains sont plus hystériques que mes emboucheurs charolais. C'est du moins ce que semblerait accréditer le fait qu'un livre publié en France sur les mutilations de bovins américains n'a pas fait naître une épidémie de faits fictifs ici-mêmes préexistants. Non, il y a bien un phénomène indéniablement objectif dans les prairies du Midwest qui n'a pas encore pénétré dans nos pâturages français. D'ailleurs, peut-être bientôt y serons-nous aussi confrontés ? Mais pour l'instant, il n'y a rien de tel. Pas plus que le gouvernement français n'a rien intenté contre moi, n'est-ce pas Ed.

Piqué au vif par une remarque sidérante de Jean Sider me reprochant de ne pas avoir suffisamment interrogé des spécialistes des animaux, j'ai entrepris, en novembre 1988, un sondage auprès des journaux et éditeurs de revues, mentionnés dans les Current Contents/ Agriculture, Biology & Environmental Science. Avec cette démarche, j'ai donc déclenché une enquête dans la pure tradition scientifique dont j'ai l'habitude dans mon métier de chercheur. Je ne peux encore en dévoiler les résultats étant déjà à la troisième relance vis à vis de correspondants peu pressés à se prononcer sur cet épineux problèmes des mutes. Mais d'ore et déjà, j'ai bien peur de décevoir plus d'un de mes aimables correspondants avec ce qui va sortir de cet ultime travail de ma part. En tout cas, les conclusions m'ouvriront certainement d’autres pages dont actuellement, je suis bien incapable de donner quelques précisions3/.

Pour faire obstacle à cet enterrement de première classe mutologique, il n'y a pas 36 solutions: il faut montrer que le phénomène persiste et demeure inexpliqué et inexplicable. C'est pourquoi je fais appel à tous ceux qui me lisent pour me signaler les cas de mutes qu'ils viendraient à apprendre. Là réside le salut mutologique, face au fiasco hystérique.

Je compte sincèrement sur tous, d'autant que je suis intimement persuadé qu'il y a bien là un énorme problème fortéen. Nous ne devons pas accepter de ne plus le voir par indifférence. Je suis confiant surtout que Jim, le 6 avril dernier, m'annonçait qu'il semblait y avoir un retour d'activité mutologique. Alors, tous ensemble continuons à nous battre pour répondre à la question: qui mutile ainsi atrocement et impunément les bovins américains ?

Notes :

1/ Texte destiné probablement au départ à mes correspondants américains mais qui buta sur un problème de traduction et resta dans mes fichiers.


2/ Jacques Rubinstein, auteur notamment du livre à succès : Un sorcier vous parle, Desforges, Paris,1974.


3/ Une seconde chance fut donnée au sujet en 2003 avec une version révisée et actualisée intitulée : Mutilations de bétail, en Amérique et ailleurs... 30 ans de mystère extraterrestre ? et publiée par JMG Editions.














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