samedi 16 mars 2019

Quand on voyait des ovnis  partout


L’iconographie "soucoupique" vient encore de perdre une image incontournable : celle d’un curieux objet volant non identifié accompagnant un avion du type Martin B-57 B, cliché reproduit ici et datant de 50 ans. Ce sont des ufologues de la région qui viennent de lui faire un sort si peu glorieux.

Pour fêter à leur manière l’anniversaire de la fameuse vague française de 1954 ? 1954, ce fut aussi l’année où l’armée de l’air américaine créa une escadrille anti-ovni… Or c’est précisément sur un document de l’U.S. Air Force qu’apparut cet ovni lenticulaire : « au-dessus d’une base américaine » !

 

 Image parue dans la revue belge INFORESPACE n°8, 1973.

Cette image sera reproduite dans le mythique Dossier des Soucoupes Volantes illustré par J. Lob & R. Gigi et publié par Dargaud en 1979. Avec la légende suivante : « Photo prise en cours de vol par un instructeur d’avion ». Rien d’anormal ne fut signalé durant ce vol, mais la photo, une fois développée, laissa apparaître « un détail insolite… ». De nombreux ouvrages et revues reprendront cette image comme « OVNI Le tour du phénomène en 80 photos », de Jean-Pierre Gauthier, publié par Solar. Là, il est dit carrément : « Un ovni surgit près d’un prototype, le Martin B-57 au-dessus de la base Edward de l’U.S. Air Force de Californie.

C’est dans le dernier numéro de la revue « Les Mystères de l’Est », le bulletin ufologique du CNEGU*, que P. Seray & F. Cordier, dissipent toute interprétation ufologique de cette photo. Elle fut bien prise en 1954 par des spécialistes de l’U.S.A.F qui préparaient l’illustration des publicités de l’avion Martin B-57B ; rien, sur le moment, ne fut remarqué, en effet.

Dix ans plus tard, un membre du NICAP (organisme américain privé d’étude des ovnis) découvre le cliché et le popularise. On parle dès lors d’ovni « en relief », photographié grâce à un heureux concours de circonstance.

Certains sceptiques évoquent un reflet possible de l’avion sur des couches d’air chaud nées de l’action du soleil et des échappements de gaz, une thèse qui fit florès à une époque pour réduire le phénomène ovni à sa plus simple expression = une illusion d’optique.

C’est au terme d’un cheminement tortueux parti d’un vide grenier où ils dénichent un cliché du Martin B-57B exempt d’ovni (mais rogné précisément du morceau incriminé) qui leur met la puce à l’oreille, que les deux ufologues aboutissent finalement à la preuve « irréfutable démontrant qu’à son origine, la photo ne montrait aucun ovni allégué ».

« Il est en conséquence plus que probable que « notre » ovni soit arrivé de manière accidentelle, soit suite à une éraflure sur le négatif, soit due à la présence d’une poussière… ».

Voilà donc encore un « pilier » de l’histoire ufologique qui lâche. Combien de temps ce qu’il en reste va-t-il encore tenir debout ? La vérité est impitoyable et nous n’y avons, hélas, rien à redire.


* Le CNEGU, c’est le « Comité Nord-Est des Groupes Ufologiques », une association fondée en 1978 pour coordonner les travaux – témoignages, investigations, enquêtes – des groupes locaux (dont l’ADRUP dijonnaise) de la région nord-est de la France et ce, dans le cadre d’études spécifiques statistiques, sociologiques, historiques ou autres, afin d’analyser rigoureusement toute information sur le phénomène ovni.
Le CNEGU édite un bulletin appelé « Les Mystères de l’Est » qu’on peut acquérir pour 21 € (et réserver le prochain pour 16 € supplémentaires) en écrivant à Christine Zwygart, 20, rue de la Maladière, 52 000 Chaumont. A ne pas manquer même si ça dissipe nos vieilles illusions !

Publié dans DIMANCHE Saône & LOIRE du 14 novembre 2004.



L’ADRUP a disparu. Une antenne du CNEGU existe encore sur : http://cnegu.forumactif.org