mercredi 30 mars 2016

Les extraterrestres sont-ils sourds et muets ?


Les extraterrestres, dont il s’avère de plus en plus qu’ils doivent être nombreux si l’on en croit le nombre grandissant d’exoplanètes (1) découvertes par les astronomes, restent sourds à toutes nos tentatives de contact. Qu’en déduire ?


En 1950, le grand physicien Enrico Fermi doucha l'enthousiasme de ses collègues entichés de la thèse d'une vie extraterrestre (E.T.) intelligente partout déployée en soulignant la situation paradoxale, qui prévalait déjà : « Si les E.T. sont si nombreux autour de nous pourquoi restent-ils cachés ? »

Un demi-siècle plus tard, cette interrogation se fait encore plus criante. Au point que l’idée que l’humanité soit une singularité de la Création regagne du terrain. L’homme serait seul dans l’Univers ! Quelle désespérante éventualité ! Avant d’en arriver à cette extrémité, il faut épuiser toutes les autres alternatives. Heureusement, il en reste encore.

Les échecs des écoutes SETI
C’est l'Américain Frank Drake qui le premier, dès le 11 avril 1960, à 6 heures du matin, braqua vers la voûte céleste la grande oreille du radiotélescope de Greenbank, nouvellement équipé d'une antenne réceptrice d'un diamètre de 45 mètres. Son but : voir si les deux chercheurs de l’Université Cornell, G. Cocconi et P. Morrison, ont eu raison d’écrire, en 1959, dans la prestigieuse revue Nature : « La présence de signaux interstellaires est totalement consistante avec tout ce que nous savons et, si des signaux sont présents, le moyen de les détecter est entre nos mains ».

Drake veut passer à l’acte. Il lance le projet Ozma, du nom d’un pays imaginaire Oz inventé par L. F. Baum dans un livre pour enfants. C’est la naissance de SETI, acronyme de Search for Extraterrestrial Intelligence (Recherche d’une intelligence extraterrestre).

Mais rien ne vient concrétiser cette écoute si ce n’est cette alerte du fameux signal WOW capté, le 15 août 1977, par la Grande Oreille de l’observatoire radio de l’Etat de l’Ohio pointé vers la constellation du Sagittaire. Son nom provient du mot écrit ce jour-là sur l’enregistrement en face du pic de voltage d’une durée de 37 secondes, par le préposé d’astreinte : amplitude 30 fois supérieure au bruit de fond ! Hélas toutes les autres écoutes postérieures en cette même direction n’ont plus rien donné.

Malgré l’entrée en lice de la NASA, en 1983, le projet SENTINEL, le projet META/SETI (de Mega Channel ET Array), l’aide de Steven Spielberg, l’opération SERENDIP la bien nommée (2), le programme SETI/MOP (pour Microwave Observing Project) de 1990, la cérémonie de relance qui marque le 500ème anniversaire (12 octobre 1992) de la découverte du nouveau monde par C. Colomb, en 1994, le congrès américain n’accorde qu’un seul million sur les 14 demandés « pour clore dignement le projet » (sic) ! SETI doit se tourner vers les fonds privés. Microsoft, Hewlett Packard, Intel, les géants de l’informatique le soutiennent mais ce n’est pas suffisant. En 1997 le SETI Institute en association avec la SETI League fait appel aux bénévoles pour traiter ses données. C’est la naissance du projet SETI@Home où les possesseurs d’ordinateurs peuvent laisser leur machine branchée pour trier les signaux reçus par les antennes SETI, en décalé. A ce qu’on nous dit, les signaux candidats s’accumulent mais aucun d’eux ne répond au critère de répétition imposé par les pontes du SETI pour avoir une chance d’être artificiel. Aucun sauf un !

Le scoop de SETI@Home
Un signal extraterrestre intelligent a enfin été capté ! Cette nouvelle est tombée en septembre 2004 dans l’indifférence la plus totale entre les jeux olympiques et la prise des otages à Bagdad !
Elle a été lancée par la revue scientifique britannique New Scientist ! Après examen, il ne s’agit, hélas, nullement d’un signal capté récemment mais d’un épiphénomène détecté par la moulinette informatique du projet SETI@Home : la recherche des extraterrestres à domicile !

Lancée il y a sept ans, cette initiative a consisté à confier, après enregistrement préalable, l’analyse des signaux captés par le grand radiotélescope d’Arecibo, à Porto Rico, à des millions de propriétaires de PC (ordinateurs personnels) mettant à disposition leur bécane lorsqu’ils ne s’en servent pas. Il suffit, pour eux, de laisser la machine branchée et, lorsque l’économiseur d’écran se met en marche, il active en même temps le logiciel de décryptage du bruit de fond de l’écoute du ciel et en isole les pics qui en sortent. Des techniques statistiques se chargent de dire si ce pic est imputable à des phénomènes connus ou non : objets astronomiques ou autre artefact.

Or, en l’occurrence, un gaussien barycentriquement corrigé (c’est le terme employé pour cet éventuel message extraterrestre !) a donc été détecté dans les enregistrements de ce qu’a capté Arecibo en février 2004, lorsqu’il visait une région du ciel, située entre les constellations du Poisson et du Bélier, dans un « trou » où il n’y a rien à moins de 1000 années lumière !

Ce qui place ce signal parmi les meilleurs candidats (il y en aurait eu déjà près de 200 !), c’est qu’il s’est produit trois fois (temps de réception = une minute au total !), les autres, généralement, ne s’étant pas répétés. Trois fois, tel que détecté par trois ordinateurs du réseau SETI@Home dont un en Allemagne, à Nuremberg, et un autre dans le Wisconsin.

Comme si déjà cette technique indirecte ne douchait pas suffisamment notre enthousiasme, il fut ajouté par ailleurs, que le signal était faible, que, bien qu’utilisant la longueur d’onde de l’hydrogène, il dérivait rapidement et que, si une planète en était la source, celle-ci, compte tenu de la fréquence de cette dérive devait tourner sur elle-même, 40 fois plus vite que la Terre ! Si des extraterrestres nous ont fait signe ainsi il y a 10 siècles et s’ils comptent les jours comme nous, cela fait 40 x 1000 années à eux qu’ils se sont manifestés. 40 000 ans. De quoi leur avoir laissé largement le temps de succomber au tournis - sont-ils de la race des derviches ? - infligé à leur métabolisme par leur planète en rotation vive.

Pas de panique !
L’annonce du New Scientist a donc fait long feu ! Pas de panique du style Guerre des mondes d’Orson Welles à l’échelle planétaire, comme on le redoutait, pas un effondrement de toutes nos valeurs, pas une remise en question de notre statut, si ce n’est la réélection d’un Maître du Monde qui veut abolir la théorie de l’évolution de Darwin dans les livres scolaires… Bref pas un énorme chamboulement.

Pourtant, pour éviter ce cataclysme culturel, un code de conduite avait été écrit en 1985, peaufiné à Breighton en 1987 et, enfin, une déclaration de principe avait été rédigée et publiée en avril 1989 disant que quiconque détectera quelque chose devra aussitôt en référer aux autorités, la communauté scientifique en l'occurrence, surtout pas au public. Il faudra, dans tous les cas, que le signal ET potentiel soit examiné par un panel d’astronomes indépendants avant d’être divulgué.

Un délai de 10 ans était même avancé entre la détection du signal et le jour où nous en serions avisés après qu'il eût reçu le label de la crédibilité scientifique à travers diverses consultations internationales appropriées, et ceci mené dans le plus grand secret pour ne pas susciter la suspicion de l'homme de la rue.

La validation devait se faire sous l'égide des plus hautes instances en la matière, à savoir l'Académie Internationale d'Astronomie et la IAU International commission, lesquelles devront trouver le moyen adéquat de répandre la nouvelle en évitant ses conséquences présumées… Tout cela semble d’une autre époque. Aucune de ces procédures n’a été appliquée en septembre dernier. D’où peut-être la relégation dans les oubliettes d’un appel E.T. ?

Le mystère de notre solitude reste entier
L'absence de preuve des extra-terrestres dans le ciel est-elle la preuve de leur absence ? Sont-ils désintéressés par le contact. Le redoutent-ils ? Sont-ils des créatures sourdes et muettes ? Car depuis les débuts de la radio et de la télévision, il y a des signaux qui se sont échappés de la Terre à plus de 50 années lumière et ce qui a dû nous signaler à l’attention de toute civilisation écoutante jusqu'à cette distance. S’il y en a !

Le style de vie de toutes les civilisations E. T. conduit-elle infailliblement à des sociétés contemplatives tournées sur leur nombril et non vers autrui ? Les aspirations des extraterrestres sont-elles si différentes des nôtres que nous avons des difficultés à les comprendre ? Ont-ils tous abandonné la technologie pour se tourner vers la méditation, la philosophie et l’art abstrait ?

Avant de conclure dans ce sens, posons-nous plutôt la question de savoir pourquoi toutes ces créatures supérieures à nous auraient décidé de nous boycotter voire de nous laisser dans l'expectative de notre isolement universel.

L'éventualité la plus souvent avancée par les contempteurs du paradoxe de Fermi est celle de la mise en quarantaine de l'humanité. Pour une raison non encore élucidée, que l'on aime à penser bonne à notre endroit, les E.T., conscients de notre présence et même de nos capacités intrinsèques (QI) ont-ils décidé de ne pas nous fréquenter ? Pour un laps de temps déterminé ou éternellement ? Qu'est-ce qui peut les pousser à un tel ostracisme à notre égard ? Le fait, maintes fois constaté à notre échelle de l'effet nocif du mixage de deux civilisations arrivées à des stades par trop différents ? Combien de tribus autochtones d'Afrique ou d'Australie ont sombré dans la décrépitude suite à leur ouverture sur le monde occidental porteur d'armes meurtrières et de Coca Cola ?

Mais la contamination culturelle, agrémentée du choc psychologique que créeraient de Grands Frères du Cosmos superintelligents et, peut-être, en forme de poulpes à gros yeux globuleux, possède bien d'autres alternatives.

Sommes-nous infestés par quelque chose dont nous ne soupçonnons même pas les effets répulsif vis-à-vis des nos congénères cosmiques ? Sommes-nous atteints d'une dangereuse maladie contagieuse que les E.T. redoutent d'attraper. Le cancer ? Le SIDA ?

Et il y a bien pire. Par exemple la mortalité est une maladie qui fait des ravages sur Terre. Les E.T. sont-ils immortels, eux ? Ou bien la bêtise largement répandue quelles que soient les ethnies et les couches sociales ? L'orgueil est aussi un virus dévastateur typiquement humain à nous inculqué et la perspective de le partager peut rendre nos Supérieurs reluctants à voisiner avec nous. Toutes ces tares, qui rendraient l'homme inapte, pour toujours, à entrer au sein du club des civilisations galactiques intercommunicantes (le Club Galactique de Ronald N. Bracewell) depuis des lustres - c'est la théorie de la plupart des exobiologistes, les spécialistes en ce domaine - vouent-elles derechef tout programme SETI quel qu’il soit à un échec absolu ? C’est là que l’énigme des ovnis pourrait percer un trou dans la cuirasse de tout ce bel édifice conduisant à notre isolement.

Une autre supposition, pour justifier la complète indifférence des E.T. à notre égard, est qu'ils ne nous portent, qui sait ?, pas plus d'intérêt que nous n'en témoignons vis-à-vis des fourmis. Le saut d'intelligence entre eux et nous peut être aussi incommensurable que celui qui existe entre nous et les insectes dont nous partageons la laborieuse industrie sur Terre. Dans ce cas, qu'auraient-ils à gagner à se signaler à notre grossière et rudimentaire attention ? Que des piqûres !

Sur la foi d'un tel raisonnement, certains s'insurgent qu'en tentant de repérer les E.T., lesquels ne le souhaitent manifestement pas, nous nous attirerons leurs foudres. Et, poursuivant l'analogie, de quel effroyable humaniticide sont-t-ils susceptibles d'user pour nous empêcher définitivement d'enfreindre la loi du silence dans laquelle ils nous ont enfermés ? En tout cas, voilà une question qui reste pendante et l’obtention d’une réponse devrait être au cœur des objectifs du 21ème siècle.

Notes :
1/ Planètes extérieures à notre système solaire.
2/ La sérendipité, c’est le processus de découverte par hasard !



Publié dans UFOMANIA, n° 42, février 2005

mardi 29 mars 2016

La science et les ovnis



Pendant les 30 ans qui ont suivi le fameux rapport Condon (1968) où il était dit, sans détour et même avec provocation, que la science n’avait rien à gagner à étudier le phénomène des objets volants non identifiés, les scientifiques, dans leur grande majorité, ont appliqué au pied de la lettre ces conclusions négatives contestables et ont boudé le champ d’investigation des ovnis comme s’il ne pouvait rien leur apporter.


Il en a résulté une relation ambiguë difficile à comprendre par certains ufologues amateurs passionnés qui se sont considérés comme incompris voire rejetés par la science, laquelle a, depuis, trouvé là argument à esquiver la question ovni. Or voilà qu’en 1997, on a pu croire que les choses allaient changer avec le Congrès Sturrock.


En effet, entre le 29 septembre et le 4 octobre de cette année-là, d’authentiques savants, bardés de diplômes, directeurs de département universitaires, professeurs (tous des gens dont le bagage d’instruction autorisait le titre de « docteur Ph. D. »), se sont réunis à Tarrytown, dans l’état de New York, aux Etats Unis, en présence de 7 ufologues triés sur le volet.

L’initiateur du congrès était le Dr P. A. Sturrock, professeur de physique appliquée à la prestigieuse université Stanford et faisant partie du bureau éditorial de la seule « revue à referee » dans le monde consacrée aux anomalies : The Journal of Scientific Exploration. C’est d’ailleurs dans son numéro de l’été 1998 (Volume 12, numéro 2) que l’on retrouve l’essentiel de ce qui s’est passé au cours de ce meeting, dit de Pocantico, organisé par la Société pour l’Exploration Scientifique et financé par la Fondation Rockfeller, et la conclusion des débats.

Celle-ci est totalement opposée à celle tristement célèbre du projet Colorado de Condon (Sturrock est devenu « l’anti-Condon ») et se résume en ces termes : le phénomène ovni mérite, au contraire, une grande attention de la part des scientifiques car il doit permettre une avancée des connaissances. Même s’il est impossible de dire ce qui en émergera. Quel temps perdu en l’occurrence !

Si actuellement, il règne en ufologie (discipline traitant du sujet des ovnis) un grand état d’ignorance et de confusion non satisfaisant, c’est la faute au Dr Condon et au cercle vicieux que son verdict a installé : le manque de curiosité des scientifiques fait que les informations qu’ils doivent aux ufologues amateurs n’ont pas toute la fiabilité souhaitée et trop souvent les enquêtes ne sont pas menées selon des critères scientifiques. Et pour cause, puisque les scientifiques ne daignent pas y prendre part !

Dans ses recommandations finales, P. A. Sturrock écrit que les scientifiques doivent s’intéresser au problème et, de la sorte, ils ne pourront plus l’éluder et arguer de méthodes d’investigation déficientes puisque ce seront eux qui les choisiront.

Un mystère enfin reconnu
Car il y a bien un mystère et il est physique et non pas psychologique. C’est là où, précisément, le congrès Sturrock a créé l’événement !

Après avoir écouté les arguments de sept ufologues, dont notre J. J. Velasco national du SEPRA, une dizaine de « preuves » ont été retenues comme garantes de l’existence des ovnis :


L'ovni de Campbell River (1981).
1/ Les photos d’ovnis. La preuve photographique peut contribuer à mieux comprendre le phénomène ovni si elle est suffisamment étayée de précisions pour que la possibilité d’une tricherie puisse être exclue.


Une photo de ce type, réalisée en octobre 1981 à Campbell River sur l’île de Vancouver, en Colombie Britannique, Canada, remplit ces conditions : il s’agit d’un disque avec protubérance supérieure. Malheureusement, il n’y a pas eu d’autre témoin oculaire que la photographe elle-même (une femme de 25 ans), ce qui n’en fait pas scientifiquement parlant une preuve irréfutable.

2/ Les effets de luminosité des ovnis. L’ufologue Jacques Vallée - invité au congrès Sturrock – a rapporté qu’il n’était pas rare que l’apparition d’un ovni éclaire tout le paysage, selon les témoins. D’où une estimation quantitative de cette luminosité intrinsèque de l’ovni pouvant aller de quelques kilowatts à plusieurs mégawatts bien que l’évaluation de la distance à l’objet soit parfois très douteuse.

3/ Les enregistrements radars (on se souvient des ovnis belges) fut l’occasion pour J. J. Velasco de parler du catalogue Weinstein en développement au SEPRA (ravi de l’apprendre) et qui compile 489 cas dont 101 où il y a eu détection radar et observation visuelle simultanées.
Un cas « particulièrement intéressant » survint le 28 janvier 1994, à 70 km au sud-est de Paris à 11 700 mètres d’altitude dans des conditions météo excellentes.
Un gigantesque disque d’un diamètre estimé à 1 km et d’une hauteur de 100 m fut observé visuellement par un steward et le copilote d’un avion et détecté par un centre de contrôle radar militaire pendant 50 secondes.

4/ Les lumières d’Hessladen, en Norvège, un coin privilégié à ovnis depuis 1981 (20 rapports par an en émanent), ont été aussi vues en tant que champ de reproductibilité possible. Il a été suggéré d’y installer un réseau permanent de surveillance.

5/ Les interférences avec les véhicules (calages de moteurs) ont été examinées avec comme support un catalogue de 441 cas établis par l’ufologue M. Rodeghier. 1 % seulement des moteurs affectés sont des diesels.

6/ Les interférences avec les avions souvent plus dramatiques. L’ufologue R. Haines présenta son étude des observations d’ovnis par des pilotes d’avions dont 4 % impliquent des effets électromagnétiques passagers qui ont été associés à la présence d’un étrange objet. L’interprétation possible serait une perturbation du champ magnétique autour de l’ovni.

7/ Les effets d’inertie et gravitationnels dus aux ovnis. Un des meilleurs cas, selon l’ufologue M. Swords, est celui d’un hélicoptère, en 1973 en Ohio, qui fut aspiré par un ovni placé au-dessus de lui sur une hauteur de 600 m sous les yeux d’un témoin oculaire.
Le panel scientifique se déclara très intéressé par ce type de rapport mais souligna que sans l’existence de preuve physique solide, il est difficile à un groupe de scientifique de se prononcer, d’autant que, pour le cas ci-dessus, le commandant de l’hélicoptère semblait ne pas avoir très bien su où adresser son rapport d’un événement aussi extraordinaire (sic).

8/ Les traces au sol. Le cas français de Trans-en-Provence, survenu en 1981, a beaucoup impressionné le panel. Du moins, J. J. Velasco a-t-il su le présenter de façon convaincante en occultant bien sûr certains doutes formulés par des ufologues français privés. Dommage.

9/ Les effets sur la végétation. Les cas français connus comme « Christelle », « Amarante », « Joe le Taxi », firent encore grosse impression (manifestement inconnus aux Etats Unis).
A la suite de quoi, on a pu lire que des SEPRA devraient être créés dans d’autres pays.
Ce n’est pas tout à fait notre avis, nous autres ufologues français que le responsable du SEPRA ignore superbement et tient dans l’ignorance de ce qui est étudié avec nos deniers.
Il est beaucoup plus valorisant, bien entendu, d’aller faire la roue dans un exposé magistral devant un panel yankee de scientifiques de haut niveau que de faire de la communication chez soi !

10/ Les effets physiologiques sur les témoins. Certains témoins d’ovnis ont, en effet, éprouvé des sensations temporaires ou des effets à long terme à l’approche de l’ovni ou bien suite à son passage : forte sensation de chaleur ou au contraire de froid, choc, paralysie, dommages oculaires, brûlures, surdités, nausées…
Le cancer de Betty Cash, confrontée en 1980 à un objet volant en forme de diamant qui lui barra la route, près de Dayton, au Texas, et dont elle a succombé récemment, fut évoqué.

11/ Les analyses de débris laissés derrière eux par certains ovnis. Jacques Vallée présenta un certain nombre de cas de matériaux retrouvés suite au survol ou à l’explosion alléguée d’un ovni : Council Bluffs, Iowa, en 1977, Iles Maury, en Washington, 1947, Campinas, Brésil, 1954 et Ile Vaddo, Islande, 1956. Aucun de ces cas n’apporte la preuve claire d’un échantillon qui échappe à la connaissance scientifique actuelle, nota P. A. Sturrock.

Reconnaissons que l’écoute par les scientifiques de ces ufologues constitue indirectement une reconnaissance, insuffisante certes, mais implicite tout de même du travail des ufologues amateurs qui ont galéré dans l’ombre depuis des décennies afin de recueillir des preuves, des témoignages pour que soit étudié enfin un jour officiellement le fruit de leur passion (on se console comme on peut !).

Dommage qu’à cette occasion, un tel hommage ne leur ait pas été rendu, plus ouvertement. Mais il ne fallait pas demander l’impossible, n’est-ce pas !

L’énigme des ovnis
Non content d’en rester là, le Dr Sturrock a transformé en un livre (a) structuré les interventions de Pocantico, en y ajoutant quelques chapitres indispensables comme une critique du Projet Colorado qu’on se demande pourquoi elle a mis si longtemps à voir le jour à ce niveau (Condon est mort et enterré depuis longtemps).

Le livre, intitulé The UFO Enigma, la première enquête scientifique majeure depuis le rapport Condon, s’articule donc sur les preuves physiques de l’existence des ovnis, ce qui semble redonner de la vigueur à la vieille thèse jugée obsolète dite tôle et boulons.

Hormis le fait que Sturrock semble avoir découvert à cette occasion le travail de notre GEPAN/SEPRA national (exemplaire en la matière mais fait, à notre goût, beaucoup trop aux dépens des ufologues amateurs français) et en avoir été quasiment émerveillé (alors qu’on sait que le GEPAN n’a pas toujours été irréprochable dans ses enquêtes, loin s’en faut), le livre : L’énigme des ovnis constitue une nouvelle référence indispensable à ceux qui continuent de s’interroger sur le phénomène ovni. Il est à souhaiter qu’un éditeur français osera en faire éditer la traduction, ce qui n’est pas certain (b).

La fin du mystère ?
Faut-il en espérer toutefois la fin du mystère ? Pas sûr !

Sturrock précise bien dès le début que le panel qu’il avait réuni n’avait pas pour mission de résoudre le problème des ovnis.

Encore heureux tant certains des scientifiques invités devaient être certes intéressés mais ne faisaient aucunement figure de spécialistes en la matière sauf dans leur discipline propre qui n’avait, parfois, que de lointains rapports avec la manifestation protéiforme d’un phénomène aérien inconnu dit ovni.

Il aurait d’autre part été bien présomptueux de voir une poignée de scientifiques brusquement (et éphémèrement ?) passionnés par l’énigme des ovnis (peu y ont porté quelque attention auparavant, peu ont publié sur la question dans des revues sérieuses, et je vois plutôt en eux des faire-valoir de l’organisateur), en quelques jours seulement, fournir la réponse à un problème irrésolu depuis plus de 50 ans. Le rêve n’est pas permis en cette matière. La preuve.

Le mystère, donc, demeure.

L’avancée est que la Science (pas toute d’ailleurs) a reconnu ce mystère. Mais s’engagera-t-elle plus loin ? Il est permis d’en douter.

Dans la clôture de son texte, P. Sturrock donnait son sentiment, à savoir que si les scientifiques voulaient bien s’en occuper, le problème des ovnis serait résolu en deux ans.

Or voilà plus de deux ans (c) qu’on a dit cela.

Normalement, si le Dr Sturrock avait été écouté, il n’y aurait plus de mystère ovni. Or rien n’a été élucidé… à ma connaissance.


Référence et note :
a/ Sturrock, Peter A., The UFO Enigma, A new Review of the Physical Evidence, Waner Books, New York, 1999.

b/ La traduction en français est sortie en 2002 aux Presses du Châtelet.








 c/ Aujourd’hui en 2016, date de mise à jour de ce texte, cela fait seize ans !


Publié en version courte in Dimanche S. & L., le 5 décembre 1999.
Republié complété in Ufomania, N°27, septembre 2000.



lundi 28 mars 2016

Les amateurs au secours de SETI

Le meilleur et le pire…



SETI, c’est l’acronyme en américain qui désigne « La Recherche d’Intelligences Extraterrestres » par le biais des ondes électromagnétiques. En clair, il s’agit de détecter, en provenance du ciel, un éventuel signal généré par une bouée-phare ou une autre source d’émission artificielle située quelque part dans l’espace intersidéral ; là où des créatures étrangères, comme nous douées de curiosité si ce n’est de raison, se manifesteraient par ce signal dans l’espoir d’établir le contact avec leurs éventuels Frères du Cosmos, « nous », en l’occurrence.


En 1992, la NASA avait lancé en fanfare, lors du cinq centième anniversaire de la découverte du Nouveau Monde par C. Colomb, un programme SETI ambitieux qui devait durer 10 ans au moins et nous apporter, enfin, la preuve que « nous ne sommes pas seuls » dans l’Univers.

Mais la politique de restriction budgétaire américaine mit prématurément un terme à ce bel élan en coupant les budgets alloués (réduction du déficit de 0,0006 % !) à ce qu’un Sénateur avait fait proclamer comme le plus beau gaspillage de l’argent public. « SETI, c’est fini ? », pouvais-je écrire, à l’époque (1), en prologue à ce qui fut la « privatisation » de SETI.

Le projet était si avancé qu’il a pu heureusement continuer sur sa lancée, sans subvention fédérale. L’appel aux sponsors, aux généreux donateurs, le soutien, notamment, des grands de l’informatique qui ont permis l’automatisation du système d’analyse des données recueillies, ont permis de maintenir un volant de recherche lequel peut s’enorgueillir d’avoir, en 5 ans, pulvérisé tout ce qui avait été mené depuis les années 1960 en terme de nombre de cibles et de durée d’écoute. Il est vrai qu’on inventorie aujourd’hui en une seconde 100 millions de « bandes »/s, ce qui aurait mis plusieurs millénaires en 1970 !

Un nombre époustouflant de données pour quelques centaines de candidats (il y en avait eu seulement 12 auparavant) au titre de premier contact. Rien encore de sûr parce qu’aucun signal suspect ne s’est répété. Impensable, pensent les savants, que quelqu'un émette une seule fois sans renouveler son appel. Donc toutes ces interceptions uniques ne sont que des glitches, entendez par là des fausses alertes dues à quelque artefact  dans la captation du signal.

Malgré donc un budget de fonctionnement réduit, les données continuent d’affluer en masse et, faute de personnel pour les dépouiller, elles s’accumulent inexploitées.

C’est ainsi qu’en 1997, une singulière requête a été lancée ; par la presse et Internet, il a été offert à tout propriétaire d’ordinateur compatible (PC) de participer bénévolement à SERENDIP, une antenne SETI basée en Californie à Berkeley ! Faites-vous connaître et on vous enverra gratuitement un logiciel de traitement de données ainsi qu’un pack d’enregistrement et, chez vous, enfermé dans votre bureau, vous serez à même de découvrir le message caché de quelque supercivilisation extraterrestre. Et ce, sur la disquette d’enregistrement de signaux gracieusement mise à votre disposition par des professionnels qui préfèrent passer leur temps à autre chose. 50 000 postes individuels ne seront pas de trop ! La carotte du premier découvreur était même brandie d’une manière à mon sens indécente car vaudra-t-elle quelque chose ainsi en différé ? Je doute fort qu’on décerne le Nobel à quelque obscur informaticien de salon qui aura la chance de tomber sur la bonne disquette ! Ou alors, c’est à n’y plus rien comprendre !

En tout cas, il est extrêmement frustrant de penser que le fameux signal a peut-être déjà été enregistré et qu’il est à la merci du bon vouloir et du temps libre des utilisateurs d’ordinateurs domestiques. Si vraiment cet événement majeur que constituera la preuve d’une autre intelligence que la nôtre dans notre galaxie est ainsi traité à la légère, cela devrait inciter nos aimables correspondants cosmiques potentiels à ne pas donner suite à leur appel.

C’est pourquoi, j’ai vu arriver une autre initiative qui, elle, me paraissait beaucoup plus satisfaisante pour l’esprit : c’est celle de la SETI League.

Cette nouvelle association fut fondée en 1994, suite à la décision du Congrès US de ne plus soutenir financièrement la recherche de type SETI. Son originalité est qu’elle prétend ouvrir aux amateurs ce qui était jusque-là réservé aux professionnels. La technique a tellement évolué qu’aujourd’hui, que, pour une somme abordable (quand même encore quelques milliers de dollars), on peut acquérir un matériel d’écoute des micro-ondes électromagnétiques cosmiques aussi performant que celui des pionniers du SETI des années 1960. Plus besoin d’un monumental radiotélescope, une mini-station suffit !

Ainsi est-on en mesure de capter le message tant attendu sans être bardé de diplômes et de doctorats mais seulement armé d’un solide enthousiasme (bizarre comme ces deux qualités sont souvent antinomiques !). C’est ce qu’a compris Paul Shuch, ingénieur en aérospatiale et directeur de la SETI League, qui a lancé le projet Argus en avril 1996.

Le projet dit Argus (du nom du prince d’Argos aux 100 yeux) consiste à mobiliser tous les volontaires du monde entier pour coordonner une recherche SETI dite plein ciel ; chacun de nous peut devenir un setiste en se dotant d’une antenne parabolique type TV, d’un récepteur de micro-ondes et d’un ordinateur individuel équipé d’un logiciel adéquat destiné au filtrage qui fonctionnera sur Windows 95. Le prix de tout cela devrait être bientôt divisé par 10 sous forme de kit.

L’objectif est de disposer en 2001 de 5000 stations d’écoute amateurs (actuellement il y en a 63 aux dernières nouvelles et la ligue compte plus de 500 membres). A chacune d’elle sera dévolue par la League une petite fenêtre du ciel pour qu’il n’y ait pas de redondance et chaque participant s’engagera à se conformer à un protocole bien défini en cas de découverte.

Le projet se prétend international. Le siège de la League est basé à Little Ferry dans le New Jersey, aux Etats Unis. Il y est attaché bien sûr un site Internet (www.setileague.org). On peut y adhérer directement pour la modique somme de 50 dollars. Une antenne de la SETI League existe en France ; Elisabeth Piotelat, en est la coordinatrice. On peut se renseigner sur le site http://www.chez.com/telescope/seti/ (2). Nous ne sommes encore que 5 membres en France ! Rejoignez-nous.

Que la recherche SETI ait beaucoup à gagner de l’engouement des amateurs, de leur exaltation par rapport au regard blasé fait de froideur scientifique que portent les professionnels sur les signaux candidats, par exemple, me paraît personnellement indéniable. Mais la contrepartie existe tout aussi déplorable au point qu’on peut se demander si un enjeu aussi sérieux visant à dire si nous ne sommes les seules créatures pensantes de l’Univers peut être confié à n’importe qui incapable de discerner un signal ET de l’émission d’un satellite espion ou bien pire.

« La réception d’un signal d’origine intelligente extraterrestre changerait radicalement et de façon permanente notre vision de nous-mêmes et de notre place dans l’Univers » (3). Hélas certains ne semblent pas impressionnés (ignorance ou machiavélisme ?) par une question aussi fondamentale et ses possibles répercussions.

Le 22 octobre dernier, un radioamateur, rapportait aux astronomes SETI via Internet avoir capté à 21 h 13, heure de Greenwich, un étrange signal issu de la constellation de Pégase, située à 22 années lumière de la Terre (4). Son annonce n’ayant provoqué aucune réaction jusqu’au 26 octobre, il élargissait alors le champ de ses correspondants (sa mail list, dit-on aujourd’hui) et diffusait des images digitales de sa découverte, un signal distinct du bruit de fond à 1000 pour un. Le récepteur du signal, cette fois, se disait être Paul Dore (ce dernier reconnut plus tard n’être pour rien dans cette affaire), un employé de la Siemens Plessey Systems, qui disait utiliser, depuis 18 mois, une antenne parabolique de 10 mètres de diamètre appartenant à sa compagnie à des fins personnelles de détection de signaux extraterrestres. Il avait inscrit sa découverte sur la liste Internet sensée déclencher des vérifications mais, sans attendre, était allé aussi informer la BBC.

Selon lui, le même signal s’était répété le lendemain, provenant du même endroit (coordonnées de la transmission précisées). La visualisation des images du signal sur le WEB lança un vif débat surtout lorsque Art Bell, le présentateur vedette de l’émission nocturne américaine Côte à Côte, s’empara de l’information et invita à son show Richard Hoagland qui suggéra audacieusement que le signal provenait sûrement d’un vaisseau spatial en route vers la Terre depuis Pégase, dont la vitesse considérable expliquait le glissement Doppler.

Par le découvreur, se prétendant encore Paul Dore puis John Doe, continuait de signaler deux nouvelles émissions, les 26 et 27 octobre. La fréquence était même précisée : 1453,827 mégahertz avec un glissement Doppler de +/- 200 Hertz. Mais la copie des nouveaux signaux diffusés sur Internet montraient une telle similitude, notamment pour le bruit de fond, qu’ils poussaient au scepticisme. Une telle signature quasi identique à un certain intervalle de temps était incompatible avec deux réceptions espacées de plusieurs jours. Le radioamateur s’empêtrait dans des explications peu convaincantes de confusion d’images format gif puis, certainement déçu de voir son stratagème éventé, se disait visité par trois hommes en noir qui l’auraient contraint de signer un engagement à ne rien divulguer (sic). Les tenants de la thèse de la conspiration dressaient l’oreille surtout en ces temps d’Apocalypse.

Heureusement la nouvelle avait enfin atteint les sphères officielles qui trouvaient quelques minutes à lui consacrer.

Un étudiant de l’Université du Montana notait rapidement que « le système EQ Pégase » est un endroit peu probable sinon impossible pour une vie indigène intelligente. Le système de Pégase est une étoile double de la catégorie des naine rouges, de type M4 et M6. Dans ces conditions, une planète comparable à la Terre est certainement exclue compte tenu de la trop grande jeunesse des 2 étoiles.

Un responsable professionnel du projet BETA (SETI officiel) disait n’avoir rien détecté en provenance de Pégase après y avoir braqué l’antenne de l’observatoire de Oak Ridge. Une tromperie, affirmait le Professeur Nathan Cohen, de l’Université de Boston, arguant du fait que le signal n’était pas dans la largeur de bande requise pour un signal SETI dit polychromatique. Et de suggérer que si un signal avait été réellement reçu, c’était sûrement celui d’un satellite terrestre.

La confirmation annoncée de la détection du signal par le Max Plank Institut für Radioastronomie de Bonn, à travers le Effelsberg Radio Observatory ne venait jamais apporter la moindre caution et même occasionnait un cinglant démenti d’implication. La détection d’un nouveau signal le 30 novembre par un radio amateur de l’île de Guernesey ne changeait rien à un épilogue plutôt Lamentable. Méprise ? Canular ?

Il faut reconnaître que la fenêtre radio d’où émanait le signal se révélait être particulièrement propice aux interférences avec les satellites et les sources terrestres. Détecter un signal avec une telle netteté en provenance de Pégase aurait relevé du miracle. A défaut de tromperie délibérée, le signal provenait-il d’un satellite militaire secret, partie du projet 415 ? C’est le moins pire auquel nous osons nous raccrocher. 

Après avoir observé une longue période de silence, la SETI League dénonçait, elle aussi, l’imposture (5). Le Dr Paul Shuch déclarait dans un communiqué officiel: Notre ligue indépendante a analysé la prétendue découverte depuis le 23 octobre. Aucune de nos 63 stations actives autour du monde n’a été capable de le confirmer. Et d’ajouter : La personne qui a fait état de ce signal a violé les principes élémentaires de la science responsable (notamment en gardant l’anonymat, mais il n’était pas « setiste »). Il n’a pas rempli les protocoles de détection de signal soigneusement mis en place par la Ligue et auquel tous nos membres doivent souscrire. C’est revenir 100 ans en arrière ! » Allusion aux signaux captés au début du siècle ?

En tout cas, cette histoire, survenue moins de 3 ans après que les amateurs aient été sollicités pour prêter main-forte aux chercheurs officiels SETI (eux en 30 ans n’ont jamais accusé réception d’un message suspect sauf pour le fameux WOW sur lequel on se pose aujourd’hui – plus de 20 ans après son enregistrement – des questions !), montre à l’évidence combien il faudra être prudent pour accréditer la détection d’un signal. Les protocoles de la SETI League sont là pour ça, n’est-ce pas, mais on ne m’interdira pas de penser (n’en déplaise à toi Elisabeth) qu’il y a un réel danger de décrédibilisation en la matière. Un autre phénomène très important à mon sens a été livré en pâture aux amateurs qui en ont fait l’embrouillamini que l’on constate aujourd’hui : c’est le phénomène ovni. Je ne souhaite pas l’ufologicalisation de SETI n’en déplaise à tous les lecteurs d’UFOMANIA.


Références :
1/ Michel Granger, DIMANCHE S & L, 27 février 1994.
2/ Devenu : http://setiathome.free.fr/moi/apropos.html#contact
3/ Douglas A. Vakoch, SEARCHLITES, Volume 5, number 1, hiver 1999.
4/ UFO ROUNDUP, Volume 3, Number 44, 2 novembre 1998.
5/ FORTEAN TIMES, n° 119, février 1999.





Publié dans UFOMANIA, N°23/24, août 1999.

dimanche 27 mars 2016




Le cobaye des extraterrestres fut-il abusé ?


 L'année 1996 étant révolue, on peut maintenant s'interroger sur le crédit à accorder aux propos du célèbre contacté des années 1970, Jean Miguères...
       Jean Miguères (1940-1992).
Sans espoir hélas d'explication puisque l'homme, qui se disait le messager des E.T., a trouvé une fin peu glorieuse sur un trottoir lyonnais, le 28 juillet 1992 !


« J'ai un message à faire passer au monde, prétendait-il. Il existe une confédération intergalactique (...). Ses envoyés viendront demander en 1996 aux terriens d'entrer dans son sein pour garantir la paix universelle! ». Cette sensationnelle révélation, J. Miguères, la propageait au fil de ses conférences comme en 1978, à Chalon-sur-Saône, où sa langue avait dû fourcher, semble-t-il, en parlant « d'avant 1996 ».


Qui était Jean Miguères?
Ce pied noir d'origine, ancien pilote de course, à la parole facile parfois hâbleur (je l'ai rencontré en 1987 au salon du Livre à Paris), ne se signala pas à l'attention jusqu'en 1969.

A cette date, le 10 août précisément, il est victime d'un grave accident alors qu'il transporte un malade décédé sur la RN 13 bis, dans l'Eure: son ambulance, une DS break Citroën, percute de plein fouet un véhicule du même type arrivant en sens inverse.

J. Miguères, désincarcéré du véhicule en piteux état, sera déclaré mort cliniquement par trois fois.

Il souffre d'un nombre impressionnant de fractures, d'hémorragies multiples; sa rate est rompue, sa vésicule biliaire éclatée...

Contre toute attente, après une dizaine d'opérations chirurgicales, de greffes osseuses, de transfusions sanguines, il se rétablit miraculeusement.

C'est alors qu'il se met à conter une drôle d'histoire...

Sauvé par les E.T. ?
Juste avant l'impact, il a remarqué dans le ciel un nuage blanc, suite à un message télépathique soudain. Au moment du choc, une voix rassurante lui a dit: « Ne crains rien, nous sommes là pour te protéger... ».

Un être s'est matérialisé à ses côtés dans l'épave broyée et lui a expliqué que l'accident a été « programmé » par les extraterrestres. Un « disque » guérisseur lui a été appliqué sur la nuque...

Désormais, J. Miguères se dira avoir été « régénéré et redimensionné par un être de l'espace » (extrait du réquisitoire au procès du 24 janvier 1995).

A partir de là, il n'aura de cesse de peaufiner son histoire par un livre, puis deux, par des conférences, des interviews et même des apparitions à la télévision où son charisme crève l'écran. Petit à petit le miraculé va se transformer en ambassadeur des extraterrestres.

Un « missionné », presqu'un demi-dieu ?
Ceux qui l'ont ainsi impliqué dans cette expérience dramatique et rocambolesque sont venus de la planète Kristcha, un satellite de Vénus (planétoïde artificiel parfaitement inconnu des astronomes).

Après l'avoir récupéré aux frontières de la mort, ils lui ont confié une mission: celle de transmettre une information à l'humanité tout entière, à savoir qu'en 1996, ils procéderont à un débarquement massif sur la Terre.

Peu à peu, le contacté se mue en médium et bientôt, Strôb, l'être sauveteur, s'identifie, s'incorpore à lui s'exprimant par sa propre bouche.

J. Miguères et une effigie de Strob (Nostra, n°577, juillet 1983).
Pour certains, J. Miguères passe pour un illuminé, son histoire montrant certaines inconsistances, notamment au niveau du timing et surtout manquant de preuves.

Mais il fascine un grand public... féminin, notamment.

Une bien triste fin
Marié quatre fois, Jean Miguères est très sollicité par les médias puis par les particuliers. Il change souvent de domicile. Du sud de la France où il a résidé longtemps, il vient s'installer à Lyon à la fin des années 1980.

Le 4 juillet 1992, il épouse une femme de 18 ans plus jeune que lui, mère d'une petite fille de 6 ans.

Dernier trajet  de J. Miguères à Lyon
(cliché Jean-Pierre Troadec).
Vingt-quatre jours plus tard, en plein après-midi, sous les yeux de dizaines de témoins, le plus célèbre contacté de France, reconverti en guérisseur, magnétiseur, radiesthésiste (dons hérités de la fréquentation de l'être E. T.) est abattu par Roger Dorysse, son tout nouveau beau-père, de plusieurs coups de feu tirés à la carabine, dont l'un, à bout portant, lui sera fatal.

Cette fois-ci, Strôb n'interviendra pas pour permettre à son protégé d'assister au débarquement E.T. prévu quatre ans plus tard !

Le procès
Le meurtrier se constitue aussitôt prisonnier.

 Il n'a pu supporter l'idée que sa fille et sa petite fille filent avec Jean Miguères au Canada (en fait, il n'en avait nullement l'intention).

Il est aussitôt incarcéré.

Depuis, il purge une peine de 6 ans de prison, peine à laquelle l'a condamné le Tribunal de Grande Instance de Lyon en janvier 1995, au terme d'une audience fortement médiatisée. Si bien que sa libération devrait intervenir au plus tard en 1998.

Les compatriotes de Strôb ont-ils été retardés ? Un peu de retard pour venir de Vénus, c'est possible.

Au contraire, Jean Miguères a-t-il eu l'esprit dérangé consécutivement à son terrible traumatisme ?

On en a vu de plus atteints au cours d'accidents bien moins violents.

Ou bien encore l'homme a-t-il été berné par quelque entité mystérieuse que d'aucuns confondront avec sa paranoïa?

Dernière révélation
Quelle que fût la sympathie qu'on ait pu lui consentir, J. Miguères fut une figure emblématique des années 1970, toute empreinte de la naïveté de l'hypothèse extraterrestre et de ses démons.

Par ailleurs, il fut un miraculé jusqu'après sa mort puisque selon le Dr M. qui autopsia son corps, sur les six balles qui l'avaient atteint, seulement quatre avaient traversé sa peau.

Et d'ajouter à l'intention de la présidente de la Cour: « Je n'ai trouvé aucun orifice d'entrée pour deux des six projectiles retrouvés dans le corps! »

Décidément, Jean Miguères aura su rester fidèle à son image jusque sur le trottoir de la Croix Rousse, baignant dans son sang: « un homme entièrement à part », aimait-il à dire et c'est bien volontiers que nous lui accordons ce qualificatif.

Référence :
Jean Miguères, J’ai été le cobaye des extra-terrestres, Editions Promazur. RG, Collection « Connaissance de l’Etrange », 1977.














Publié in DIMANCHE SAÔNE & LOIRE du 19 janvier 1997.

Republié dans UFOMANIA, n°16, juin 1997.