mercredi 10 mars 2021

 

 

 

Le mystère des boules de feu vagabondes

 

 

Par Henry S. Galus

Paru dans FATE, Volume 5 n°2, n°26, février-mars 1952

Traduction : Michel GRANGER

 

 « Les soucoupes volantes sont-elles réelles ? »
 
Cette question a suscité la controverse dans tous les foyers des États-Unis, apportant 
des commentaires et des analyses des fossoyeurs aux généraux en passant par les experts
 en météorologie. Les esprits scientifiques cherchèrent dans les archives, en quête de 
quelque chose qui pourrait renforcer leurs croyances. Au cours de ce travail, certains
 peuvent tomber sur des histoires de « boules de feu vagabondes » qui ont fasciné et
 terrorisé les Européens à divers intervalles depuis 150 ans, au moins depuis les années 
1900. Ce mystère des « boules de feu vagabondes » était alors autant un sujet d’émer-
veillement et de discussion de tous les jours que les soucoupes volantes le sont 
aujourd’hui.
 La plupart des incidents inspirant une impression de peur se sont produits en France. 
A Marseille, en octobre 1898, une adolescente était assise à une table quand soudain 
une forme sphérique fonça dans la pièce, alla faire un pause dans un coin éloigné d’elle
 et graduellement se approcha en rasant le sol. La panique s’empara d’elle si bien qu’elle 
recula jusque contre le mur. La boule de feu la suivit, commençant à monter le long de 
son corps. Puis brusquement elle changea de cap, tourna plusieurs fois autour de la fille
 et se dirigea vers le plafond. La boule se jeta sur un trou de tuyau de poêle obturé par 
du papier, en brûla proprement tout le pourtour puis remonta dans la cheminée. 
Quelques minutes plus tard, un bruit fracassant se fit entendre du haut de la cheminée. 
Un événement similaire a été rapporté à Paris le 5 juillet 1852, dans l’atelier d’un tailleur
de la rue Saint-Jacques, près du Val de Grâce. Cette fois, la boule de feu rampa sur le 
rebord de la fenêtre pour entrer dans la pièce et s’approcha de l’homme dans une action
de progression au ras du sol. Horrifié, l’homme battit en retraite alors que le globe de 
lumière flamboyante montait à la hauteur de son visage. C’était trop pour lui. Le tailleur
s’effondra, évanoui. Un peu plus tard, il revint à lui pour entendre une formidable 
explosion au sommet de la boutique, qui dispersa des morceaux de briques de la 
cheminée sur les toits environnants. Preuve que la boule de feu s’était enfuie en 
remontant dans la cheminée, elle apparut à nouveau sous la forme d’un tampon de
 papier brûlé provenant du trou du tuyau de poêle.
Dans un des volumes publiés vers 1898 par l’Association française, M. Wander, un 
scientifique, écrit : « Une violente tempête s’est abattue sur la commune de Beugnon. 
Par hasard, il m’arriva de passer par là, dans une ferme où jouaient deux enfants 
d’environ 12 et 13 ans. J’ai vu ces enfants se mettre à l’abri de la pluie sous le toit 
d’une écurie, dans laquelle se trouvaient 25 bœufs. Dans la cour il y avait un peuplier.
 « Soudain, il est apparu un globe de feu, de la taille d’une pomme, près du sommet du
 peuplier. Nous l’avons vu qui descendait branche par branche, puis le long du tronc. 
Il continua sa course dans la cour très lentement, choisit son chemin et vint vers la
porte où se tenaient les enfants. L’un d’eux y porta la main. Immédiatement un terrible 
fracas secoua toute la ferme jusque dans ses fondations. Les enfants furent rejetés, 
indemnes, mais 11 des bœufs avaient été tués. »
 
Ce n’est pas la seule histoire qu’on raconte de vie humaine épargnée au milieu d’autres
 détruites et les gens en sont venus à croire que les sphères mystérieuses étaient  
des corps célestes capables de pitié pour l’homme ! Bien sûr, cette idée a été raillée par beaucoup
d’autres.
Dans la ville de Gray, le 7 juillet 1886, une boule lumineuse de 30 à 40 cm de diamètre sauta sur le coin d'une maison et en arracha tout le coin.Dans ce cas, contrairement à d'autres, la boule de feu ne s'est pas désintégrée après un seul acte de destruction. Elle a rebondi vers les escaliers extérieurs de la maison, écrasant les ardoises.
Pourtant, elle avait conservé sa forme, rampé au milieu d’un groupe de passants qui
s’étaient arrêtés pour regarder cet étrange spectacle. Ces personnes, dans un
même élan, s’enfuirent. L’objet pervers sembla les poursuivre temporairement ;
puis il disparut sans le moindre bruit. 
Mgr Grégoire de Tours, dans sa La Gloire des Confesseurs, a raconté une cérémonie de dédicace devant un oratoire qu’il avait construit. Prêtres, diacres et sous-diacres, officiers de la ville et citoyens furent témoins du phénomène en cette circonstance. Ils furent arrêtés dans leur chant de litanies quand une boule de feu brillante apparut au-dessus de leur tête. Celle-ci resta suspendue au-dessus d’eux pendant quelques minutes. « Ce globe de feu n’a fait aucun dommage et n’a rien brûlé », conclut le rapport.
Selon l’abbé Spallanzani, le 29 août 1791, une jeune paysanne se trouvait dans un champ
pendant un orage lorsqu’une boule de feu, inaperçue auparavant, atteignit ses pieds. 
Elle les « caressa », puis remonta dans ses vêtements, faisant gonfler ses jupons « comme
 une ombrelle ». Elle sortit alors par le milieu de son corsage, s’élança vers le haut et 
explosa dans les airs. Deux témoins coururent vers la jeune fille. Elle ne se plaignit mais
 d’aucune douleur. Un examen montra une légère irritation de la peau, allant de sa 
droite vers son sein gauche.
L’incident suivant apparaît dans Les Mémoires de DuBellay : « Le 3 mars 1557, Diane 
de France, fille illégitime d’Henri II, alors le Dauphin, épousa François de Montmo-
rency. Le soir de leur mariage, une flamme oscillante entra dans leur chambre par la 
fenêtre, dansa d’un coin à l’autre et finalement alla jusqu’au lit nuptial, où elle brûla 
les cheveux de la coiffure de Diane et sa tenue de nuit. Elle ne fit aucun autre mal. »
 Il y a peu ou pas de preuves scientifiques que ces boules de feu existent vraiment. Mais
 avant d’étiqueter ces histoires comme fabriquées dans le cadre de la superstition 
européenne, examinons l’histoire d’un Américain fiable, M. Laurence Roth, directeur 
de l’Observatoire de Blue Hill en 1903. Il était en visite à Paris le 4 septembre de cette
année-là. À 10 heures du soir, il se trouve qu’il regarde en direction de la tour Eiffel 
depuis le rond-point des Champs-Elysées. La tour fut soudainement frappée par des 
éclairs blancs ; simultanément, il aperçut une sphère enflammée qui descendait vers la 
deuxième plate-forme. Roth a affirmé que la boule mesurait environ un mètre de 
diamètre et qu’elle parcourut environ 100 mètres en quelques secondes avant de 
disparaître complètement.
Une étude attentive du sujet des boules de feu a conduit d’autres savants à conclure 
qu’elles devaient être quelque forme de foudre incomprise, parce qu’elles n’apparais-
saient pas systématiquement pendant les orages. Mais le récit de Roth a poussé les 
chercheurs à se gratter la tête. Les scientifiques comprenaient déjà que la foudre était 
de l’électricité atmosphérique, capable d’être acheminée en toute sécurité vers le sol 
par de simples tiges métalliques ou des structures métalliques. Dans le cas de la tour 
Eiffel, un contrôle effectué le lendemain par Roth a révélé qu’elle avait été frappée 
à deux reprises par la foudre qui avait sans aucun doute été mise à la terre 
instantanément. Pourquoi la boule de feu avait-elle indépendamment refusé l’attraction
 de l’acier de la tour ?
 Ce n’est pas le seul cas dans lequel les boules de feu ont ignoré les matières 
conductrices. Des flammes sphériques ont évité des cloches, des clochers et des fils
 télégraphiques même lorsqu’elles sont presque suffisamment proches pour les toucher.
 
Le Dr W. J. Humphreys rapporta en 1936 que les supposés témoins des boules de feu
étaient « sujets à des illusions d’optique ». Il a dit que l’éblouissement de la lumière 
d’un éclair était retenu dans la rétine de l’œil. Quand le globe oculaire d’une personne 
bougeait, il imaginait que la sphère se déplaçait devant lui, apparemment à quelques 
mètres. L’hypothèse scientifique est que le craquement qui suit les ébats d’une boule 
de feu est « probablement dû à un autre coup de foudre à proximité ».
 
Quelques années plus tôt à Hambourg, en Allemagne, un autre enquêteur, Walter 
Brand, a décidé de sonder, soigneusement et objectivement, 600 rapports de ce qu’il 
appelait « la foudre en boule ». Il a écarté de nombreux rapports comme des 
hallucinations - mais 215 rapports semblaient prouver la réalité des phénomènes.
Probablement aucun autre groupe aujourd’hui ne fait plus de recherches sur la foudre 
autre que la General Electric Company dans son observatoire de Pittsfield, Massachusetts.
 L’ingénieur Julius H. Hagenguth déclare : « Nous avons pris des milliers de 
photographies de la foudre mais nous devons encore en obtenir une de la foudre 
en boule. » Sur la base de sa propre expérience, Hagenguth n’a que du scepticisme 
quant à l’existence des boules de feu.
 
Si elles sont réelles ces boules de feu, sont-elles due à l’électricité ou à d’autres 
phénomènes atmosphériques non découverts ? Se produisent-elles uniquement 
par période dans le temps ? Est-ce que la même chose est peut-être vraie pour 
les soucoupes volantes ? Nous sommes tous capables de lister nos propres questions ; 
du moins beaucoup d’entre elles ! Une question pourrait bien être : « est-ce que tant 
de gens ont pu avoir eu tort ? »