mercredi 27 novembre 2019

La chronique des Chupacabras



« Et voilà les chupacabras ! », titrais-je en ce journal, le 30 juin 1996. Depuis, les manifestations de ce monstre cryptozoologique (il ne correspond à rien de connu) ibérico-américain, dit « tueur de chèvre », ont été nombreuses, surtout depuis mai dernier où d’étonnantes révélations ont été faites à son endroit qui permettent de jeter quelque lumière sur sa réalité.

 

Tout d’abord, il a encore étendu son champ d’action de l’île de Porto-Rico vers le Mexique, le Guatemala, l’Argentine, le Chili… C’est là qu’en la ville de Calama, en juin dernier, après un raid où il laissa jonchant le sol des douzaines de chèvres, poules, lapins et autres animaux « complètement exsangues et non dévorés », on parla encore d’une capture – les deux spécimens emportés aux Etats Unis en 1996 n’étaient qu’une « rumeur » - avec mise sous bonne garde de l’animal dans un baraquement de l’armée en l’attente d’experts de la NASA (sic) ! Une femme, ayant été confrontée à l’animal, aurait même reçu de lui le message télépathique : « Ne crie pas à l’aide ». « Le chupacabras n’est-il pas un animal, mais une entité pensante ? », s’interrogeait un respectable médecin.


En juin, un journaliste lançait la nouvelle : les chupacabras attaquent les humains ! Quatre femmes, projetées au sol et subjuguées télépathiquement. Le journal La Estrella de Loa, du 31 juillet, citait le cas de trois écoliers qui, rentrant chez eux à 19 h, avaient fait l’effrayante rencontre d’une de ces créatures vue en lévitation à 30 cm au-dessus du sol : haute de 1,5 m, elle avait de grands yeux jaunes et un pelage gris foncé mais ne s’était pas montrée agressive.

Une femme de Juarez, au Nicaragua, racontait en septembre dernier avoir été mordue au cou par une créature ressemblant à une chauve souris géante.  En fait, elle avoua plus tard avoir inventé cette histoire pour détourner les soupçons de son rustre mari à l’encontre de son amant.

Mais l’animal mythique n’était pas là uniquement pour fournir des alibis à des femmes infidèles. En juin, un exemplaire a même été abattu et photographié…

 Un chupacabras mort photographié

 

C’est sur la ferme de San Lorenzo, dans la petite ville nicaraguaïenne de Tolapa, que l’animal a été tué, selon le journal El Nuevo Diario. « Vendredi, quelque chose est venu semer la terreur dans les enclos, a déclaré le fermier. J’ai tiré plusieurs coups de feu jusqu’à ce que la chose disparaisse dans la nuit ».

Le commis de ferme retrouvera les restes de l’animal, deux jours plus tard, les ayant repérés grâce à un vol circulaire de vautours au-dessus de la carcasse ; en état de décomposition avancée, comme on le voit ici sur la photo ils furent filmés et transportés au département de biologie de l’université locale pour y être étudiés afin de statuer sur leur origine autochtone ou non. A partir de là, les spéculations allèrent bon train. Une zoologiste notait que la bête avait des griffes surmontées de ce qui peut s’apparenter à des « ongles » très haut placés, des crocs surdimensionnés, un emplacement oculaire très important par rapport à la taille de la tête et des protubérances sur les vertèbres hautes « comme la dorsale d’un crocodile ». Un vétérinaire, quant à lui, pensait que « la créature pourrait être un hybride de plusieurs espèces, créé en laboratoire par des manipulations d’ingénierie génétique ». Ce qui n’empêchait pas les universitaires de conclure, après deux jours seulement d’examen, qu’il s’agissait tout simplement d’un chien sauvage ! La dépouille, renvoyée à son propriétaire, suscitait de sa part cette exclamation : « Ce n’est plus mon suceur de sang de chèvres ! »


Publié dans DIMANCHE Saône & Loire du 19 novembre 2000.

La photo du cheval affolé par des ovnis


Voilà une histoire dite « à tiroir » tant elle a fait l’objet de nombreux rebondissements ; elle est digne d’une vraie énigme policière avec une chute spectaculaire.

Commençons par le début : en septembre 1968, M. André Bernier et son épouse, de Bruxelles, sont en vacances, en Espagne, sur la Costa Brava. Ce jour-là, ils sont en excursion de Barcelone à Tarragone et le car fait une pause près de Lloret (déformé en Lioré ou Liorey). « C’était vers la mi-journée, raconte-t-il dans la revue L’Inconnu de janvier 1978, et je descends du bus, pour me dégourdir les jambes, muni de mon appareil photo, dans l’espoir d’y fixer un paysage.

« Près d’une maison qui pouvait être une grange, on déchargeait une charrette attelée ; deux personnes transportaient de lourds paniers dans la remise. Le ciel était uniformément bleu, avec quelques nuages moutonneux… Sans raison apparente, le cheval affolé se cabrait. Je pris un cliché au 1/250ème de seconde, espérant saisir l’attitude de l’animal les pattes antérieures levées. Je ne pris malheureusement qu’une photo, puis nous continuâmes notre route ».

« Jugez de ma stupéfaction, lorsque, rentré de vacances, je reçus les diapositives en provenance du laboratoire de développement. De tout le film, seule cette diapo avait des couleurs dénaturées : le ciel était d’un jaune étrange qui baigne d’ailleurs toute la photographie. A l’endroit exact où je n’avais vu que quelques nuages moutonneux, se trouvait un groupe de cinq objets (en fait, il y en un sixième un peu plus bas) aux contours assez flous et paraissant rayonner une lumière intense… »



Tels sont les faits rapportés par le témoin et rien, à priori, n’incitait à douter de leur véracité. La chronique veut que M. Bernier se soit demandé : « Qu’y avait-il réellement dans le ciel en cette fin septembre 1968 ? Pourquoi d’honnêtes nuages se sont-ils transformés en ce qui ressemble à une escadrille de cinq ovnis » ? Le cheval s’est-il affolé à les voir alors qu’ils étaient imperceptibles à l’œil humain ? Sur la photo reproduite ici, j’ai foncé le ciel autour  des « soucoupes ».

Suite à une émission de la Radio Télévision Belge sur les ovnis en 1969, M. Bernier contacte un ufologue présent sur le plateau et lui confie sa photo et son histoire. Ainsi, laSOBEPS (Société Belge d’Etude des Phénomènes Spatiaux) s’empare de l’affaire : l’analyse de l’image conclut que la possibilité de truquage est quasiment nulle. Il ne s’agit ni d’une réflexion sur des vitres, ni d’une scène montée avec une maquette.

Une piste est cependant soulevée : celle de la coloration jaune du ciel qui baigne toute la photographie et dont la source se situe à faible hauteur, au-dessus du cheval. Du coup, comme dans tout bon scénario policier, on s’oriente vers un coupable : le Soleil, bas à l’horizon et non pas au zénith comme M. Bernier l’a laissé entendre disant qu’il était midi lorsqu’il a pris son cliché. Mais cela n’explique plus les incohérences des ombres. Quant à la couleur jaune, elle peut provenir de l’utilisation en extérieur d’une pellicule couleur destinée à lumière artificielle. C’est cette « erreur » qui aurait transformé les nuages en soucoupes en en exacerbant le relief !

Cette hypothèse sera reprise en 2003 par des membres du CNEGU (comité Nord-Est des Groupes Ufologiques), spécialistes des ovnis issus de reflets lumineux. Mais eux ne pensent pas que le témoin se soit trompé de pellicule – et d’heure ; ils mettent en cause M. Bernier « qui a simplement voulu jouer une simple farce.

Alors, manifestation d’origine inconnue ? Erreur ou mystification ? Montage avec lumières dissimulées au sol, mise en scène de très ordinaires reflets d’un éclairage sur une vitre avec ricochet ?
La clé du mystère est venue en 1986 – discrètement, puisqu’elle n’a été connue qu’en 2005 – lorsqu’un ufologue belge, Jean-Luc Vertongen a tenté de reconstituer le voyage du témoin entre Lloret de Mar et Taragonne… Sur le trajet, se trouve Vilafranca del Penedès avec une grande place et d’un côté le palais des rois d’Aragon et de l’autre une ancienne abbaye abritant le Musée du vin. « A peine avais-je mis les pieds dans l’entrée du musée que, sur ma droite j’apercevais déjà ce cher cheval et sa carriole, dans une vitrine au fond du couloir menant aux salles d’exposition. La vitre cintrée de chaque petite vitrine reflétait les spots accrochés au milieu du plafond de cette petite rotonde… », là où, 18 ans plus tôt, M. Bernier avait fait sa photo avec une pellicule pour l’extérieur !

A noter que la SOBEPS, en 1986, ne jugea pas utile de publier cette découverte, ce qui n’est pas très fair play, c’est le moins que l’on puisse dire, d’autant que son analyse se révèle totalement erronée. Il est vrai que les responsables avaient changé, entre temps. Combien de cas élucidés comme celui-ci encombrent les archives ufologiques ?

Publié dans DIMANCHE SAÔNE & LOIRE du 16 avril 2006.
Ovni ou nuage ?





Etonnant, n'est-ce pas, que cette photo, pendant plus de 20 ans, ait pu entretenir presque unanimement la confusion, sinon le rêve !

Au point qu'aujourd'hui encore, certains y voient toujours un « vaisseau spatial du type méduse », maintes fois décrit par ailleurs dans le monde !


Il était environ 9 heures, heure locale, la 17 novembre 1974, quand un homme d'affaires connu de Viborg, au Danemark, repéra soudain cette forme céleste à l'ouest de Norre Lake. Aussitôt, il se saisit de son appareil photographique et prit ce cliché alors que le phénomène planait dans l'air, silencieux et lent.

Témoin unique.
Un rapide tour d'horizon lui apprit qu'il était le seul témoin de cette insolite apparition distante, d'après lui, de 500 à 1000 mètres.

Quelques secondes plus tard, la forme avait disparu.

Troublé quelque part, il se dirigea vers le bureau de police le plus proche où mes amis du SUFOI (Skandinavisk UFO Information = association ufologique danoise de Gentofte), au cours d'une récente contre-enquête (1995), retrouvèrent le procès-verbal de l'incident et purent vérifier que l'histoire n'avait pas été enjolivée par le temps et les nombreuses narrations auxquelles elle a donné lieu.

Le Ground Saucer Watch (G.S.W) cautionne.
En 1980, la photo développée ainsi que le négatif avaient été soumis à l'organisme américain garant, à l'époque, de l'authenticité de ce type de documents, le GSW. Ce bureau d'expertise a malheureusement disparu et n'a jamais été remplacé par quelque chose d'équivalent.
Selon les analyses du GSW, les points suivants avaient pu être établis :
         - aucune trace patente de manipulation, aucune trace de trucage,
         - phénomène, malgré son apparence, très diffus et situé à grande distance,
- pas de forme réelle ou de structure solide, même dans la partie équatoriale du phénomène, si bien que rien n'indique qu'il s'agisse d'un « objet ».

Malgré ces réserves évidente, l'ovni de Viborg devint un « cas classique rare » (sic), certains y distinguant « un corps métallique surmonté d'une sorte de coupole ».

Les doutes du SUFOI.
Les membres du SUFOI décidèrent, dernièrement, de reprendre l'affaire à zéro. Ils réinterrogèrent le témoin, l'officier de police qui avait enregistré sa déposition et cherchèrent ce qui pouvait avoir occasionné cette mystérieuse forme vaporeuse.

Selon eux, il s'agit d'un nuage de condensation échappé de la centrale électrique proche de Asmild Park (aujourd'hui Houlkaer Lane), modelé par des courants d'air taquins et poussé par un vent facétieux au devant du témoin, lui donnant, pendant quelques secondes, cette forme si symbolique. Un temps suffisant pour permettre la photo qui l'immortalisa.

Mimétisme ou camouflage ?
Il y a bien longtemps que les ufologues ont remarqué l'étrange relation qui semble exister entre les nuages et les ovnis. Une relation pour le moins coupable...

Deux thèses s'opposent en la matière. Les ovnis ont-ils la possibilité de se déguiser en « nuages » pour passer inaperçus aux yeux des terriens, somme toute habitués aux formes capricieuses de certains cumulo-nimbus, stratus et autres nébulosités ?

Ou bien, les ovnis se servent-ils de certaines masses nuageuses pour se camoufler comme derrière un écran de fumée. Le panache de vapeur échappé d'une centrale électrique au Danemark, en l'occurrence ?

Ce texte fut publié avec la photo dans DIMANCHE SAÔNE & LOIREdu 7 janvier 1996.



La photo de l’ovni de Petit-Rechain

 

C’est probablement le 4 avril 1990 que fut réalisée une des photos d’ovni les plus énigmatiques, près de Verviers, dans la Province de Liège, en Belgique. A cette date, la vague locale d’observations d’objets volants non identifiés était à son sommet. Un habitant de cette région (qui a voulu garder l’anonymat) vint apporter aux ufologues de laSOBEPS (Société Belge d’Etude des Phénomènes Spatiaux) une diapositive couleur ;   obtenue à l’aide d’un téléobjectif, quelques jours plus tôt (ce peu d’empressement a paru suspect à certains), elle montrait un curieux phénomène lumineux, immobile dans le ciel nocturne, observé depuis la localité où il habitait : Petit-Rechain.

Le dernier numéro de l’organe de la SOBEPS, la revue Inforespace*, est quasiment consacré entièrement à cette photo, qualifiée par les sceptiques de « photo du siècle » ; l’occasion de faire le point sur toutes les analyses qui en ont été effectuées et de tordre le cou à ceux qui ont voulu la réduire à une simple maquette triangulaire de bois d’aéromodélisme, suspendue à un fil et équipée de petites lampes en ces trois angles et en son centre.

Cette photo apparaît sur fond de ciel sans étoile – sans avant-plan  (clôture, mur, toiture etc.) et sans arrière-plan (paysages arbres, nuages etc.) - ce qui la rend particulièrement difficile à authentifier.

Après diverses analyses sommaires qui ont montré qu’il y a effectivement une masse obscure plus foncée triangulaire entre les points lumineux externes, qu’un trucage par double exposition est exclu, après l’avis des spécialistes de l’imagerie scientifique qui on scanné « numériquement » l’image pour en exacerber la luminosité, le contraste etc., après le jugement éclairé (?) d’ingénieurs physiciens du nucléaire, de professeurs, de diverses personnalités dont on nous dit qu’elles font autorité, la plus grande confusion règne encore aujourd’hui pour savoir s’il s’agit bien d’une photo d’ovni ou d’une habile fabrication destinée à tromper.

La dernière analyse par une compagnie nommée « SeerSight » confirme les précédentes : ce n’est pas une maquette en carton ou en polyester suspendue éclairée par derrière (même au laser ?) et l’objet a bien subi durant la cliché une légère rotation planaire qui y a apporté du flou ; l’intérêt actuel se focalise surtout sur les « feux » (en fait, c’est surtout eux qu’on voit, pour le reste…) dont certaines formes curieuses (filamenteuses, serpentantes, donnant l’apparence d’un empilement les unes sur les autres) pourraient accréditer que l’image truquée a été « peinte » par des traits de crayons ouatés (opération de rajout) sur un faux macroscopique photographié ultérieurement.

Ainsi, on ne peut toujours pas formellement exclure un trucage très sophistiqué. Le lourd handicap apporté par le fait que personne d’autre que le témoin photographe n’a vu voler cet étrange engin n’est pas évacué et inspire toujours la méfiance. A cela, les responsables de la SOBEPS, qui défendent l’authenticité du document (la vague d’ovni de 1990 est oubliée mais pas l’ovni), opposent judicieusement l’argument que tous les procédés mis en œuvre n’ont pu démontrer que la diapo de Petit-Rechain est un faux.

Alors aéronef secret, avion furtif F-117, véhicule extraterrestre ou bien « cliché grossièrement truqué au départ mais manipulé analogiquement de façon ingénieuse », le saura-t-on un jour ? Apparemment, on aurait tiré de cette image tout ce qui était possible. Maintenant, ce n’est plus qu’une affaire de croyance ; il semble bien que ce principe puisse être appliqué d’ailleurs à l’ensemble du phénomène ovni.



* N° 111, décembre 2005. Cotisation d’abonnement à deux numéros par an de 56 pages pour 35 euros à envoyer à l’adresse : SOBEPS, Avenue Paul Janson, 74, B-1070 BRUXELLES, Belgique.


Ce texte fut publié dans DIMANCHE Saône & Loire du 26 février 2006.


L’ovni de Petit-Rechain a fait la une de couverture des deux livres publiés par la SOBEPSsur la vague ovni belge de 1990. Ces deux ouvrages de 500 pages chacun encore disponibles sont proposés à la vente couplés à 37 euros frais de port compris.


Et VSD du 23 juillet au 29 juillet 1998 faisait de l’analyse de ce cliché « une des bonnes raisons de croire aux ovnis ».



Il a fallu attendre 2011 pour qu’un coup de théâtre inattendu vienne anéantir ce beau rêve qu’on tenait là : la preuve solide qu’un véritable ovni triangulaire avait été photographié dans le ciel de Belgique en 1990.

Un dénommé Patrick M. vint se présenter à la radio RTL pour avouer que « le célèbre vaisseau spatial de Petit-Rechain » était un vulgaire bricolage de son cru.

Âgé de 18 ans à l’époque, il avait confectionné, au moyen d’un simple panneau de frigolite (polystyrène), d’ampoules électriques et d’un peu de peinture, une maquette destinée à leurrer ses collègues de l’entreprise où il travaillait. « On ne pensait pas que ça sortirait de l'usine. Ça été beaucoup plus loin puis on a laissé aller », confiait-il naïvement 21 ans plus tard.

Il se disait persuadé à l’époque que les scientifiques allaient rapidement éventer le trucage. Mais il n'en fut rien puisque des chercheurs du monde entier (du CNRS à la NASA en passant par l'Ecole royale militaire belge), ne parvinrent pas à expliquer le mystère.« Si c'était à refaire ? Je le referais », ajoutait-il en s'excusant quand même auprès de tous ceux qu’il avait abusés. Il est dommage qu’il n’ait donné que son prénom (Patrick), ce qui lui permet fort injustement d’être placé au rang de ceux qui composent depuis plus de 60 ans les bancs de l’infamie ufologique.


Un ovni récalcitrant



S’il est une preuve photographique, une seule, en faveur de la réalité des ovnis, c’est bien celle-là ! Et pourtant, elle ne saurait constituer un argument irrécusable.


Car, « ce cas est la parfaite illustration du fait que lorsqu’on veut établir l’authenticité de quelque chose d’extraordinaire, il n’est pas suffisant d’avoir des photos claires et plusieurs témoins » (B. Maccabee).


En Oregon, le 11 mai 1950
A 19 h 45, le soleil n’est pas encore couché à McMinnville, lorsque Mrs Trent, revenant de la cage à lapins qu’elle vient d’approvisionner, voit, dans le ciel, un objet volant suspect.

Aussitôt, elle crie en direction de son mari qui est à l’intérieur de la maison ; celui-ci comprend l’importance du moment, s’empare d’un appareil photo, accourt à toutes jambes et réalise deux clichés presque coup sur coup. Voilà les résultats agrandis selon G. Heard (1).


Spécimen ovni idéal
Sur le premier cliché, l’engin volant se montre par la tranche sous la forme classique d’une assiette renversée dont le fond s’orne d’une tourelle cylindrique. Sur le second, il est visible par en-dessous de forme circulaire ou ovoïde, couleur bronze, visible au delà du coin du garage.

Selon les canons soucoupiques, il s’agit de l’archétype standard de la meilleure espèce.

Aucune trace de supercherie
Les meilleurs spécialistes en matière de trucage photo se sont penchés sur ces clichés. Non pas, hélas, sur les négatifs « perdus » par le magazine LIFE, qui les reproduisit dans son numéro de juin 1950. D’où une carence incontournable.

Des analyses par le Ground Saucer Watch (Guetteur d’ovnis au sol), dénonciateur de nombreuses mystifications à l’aide de techniques dérivées du traitement d’images mises au point par la NASA - digitalisation, pixelisation, etc - ne firent apparaître, cependant, aucun lien de sustentation.

En effet, vous l’avez certainement remarqué, l’ovni apparaît sous deux lignes téléphoniques, ce qui incita les sceptiques à penser qu’il pouvait s’agir trivialement d’une maquette suspendue aux fils, tant l’image était belle. Trop belle!


Témoins crédibles
L’ufologue américain Bruce Maccabee (1942->) entreprit une étude très poussée de ces photos, effectuant des mesures photométriques, densitométriques pour les ombres et d’autres analyses. C’est ainsi que la distance de l’objet à l’observateur fut évaluée à plus d’un kilomètre.

La psychologie des témoins aussi milite en faveur de l’authenticité. Ils n’ont jamais touché un dollar pour la reproduction des clichés, n’ont jamais montré, selon Bruce qui  interviewa les Trent 26 ans après l’incident, la moindre tendance à la distorsion de l’information.

Conclusions
Ces deux photos noir et blanc, réalisées il y a plus de 40 ans par un Américain manifestement au-dessus de tous soupçons, sont-elles garantes de l’existence des ovnis ?

Hélas non, comme le confirme Bruce dans la citation du début de ce texte. Malgré les analyses photographiques, les tests psychologiques subis par les témoins, des questions, parfois inattendues, subsistent : pourquoi seulement deux clichés alors qu’il restait encore de la pellicule ? Pourquoi M. Trent a-t-il attendu 3 jours pour terminer le film et faire procéder au développement ? Pourquoi pas d’autres témoins alors que Mrs Trent en était à sa troisième observation ?

Ainsi peut-on conclure qu’aucune photo, aussi nette soit-elle, ne pourra jamais prouver quoi que ce soit de tangible vis à vis des ovnis ; si ce n’est, chez ceux qui l’examineront, le scepticisme pour les uns et la candeur pour les autres.

Entre les deux mon cœur balance...

1/ Gerald Heard, Les Soucoupes volantes, De quelles planètes viennent-elles ? Qui les pilote ?, Pierre Horay & Editions de Flore, 1951.














Ce texte fut publié dans DIMANCHE SAÔNE & LOIRE du  12 avril 1992 avec la photo du haut.

Je lui ai consacré d’autres chroniques qui en disent plus que je reproduirai ici un jour.
M.G.
Et voilà les Chupacabras !



Des histoires fantastiques impliquant une bizarre créature tueuse d’animaux ont ému, il y a peu, les petites communautés rurales normalement paisibles de Porto Rico.
Un témoin oculaire, Madelyne Tolentino, en a fait le dessin ci-dessous.




C’est Gordon Creighton, Président de la Flying Saucer Review, qui, le 29 janvier dernier, répondant téléphoniquement à mon courrier de vœux, m’informa le premier qu’une sorte de « hérisson volant » était incriminé dans une nouvelle vague de mutilations d’animaux aux Antilles américaines. Puis le Dr B..., un de mes fidèles lecteurs de Chalon-sur-Saône, m’envoya copie d’un entrefilet sur le sujet paru dans Newsweek, le 25 mars, attestant des répercussions nationales de l’affaire. Je suis heureux de m’en faire l’écho ici pour vous.

Les tueurs de chèvres
Littéralement, Chupacabras en portoricain veut dire « tueur de chèvres ». En effet, les principales victimes ont été jusque là des chèvres, des lapins et autres animaux de basse-cour et de compagnie : poulets, canards, pintades, paons, chats et chiens.

Elles sont trouvées mortes, exsangues, leur sang s’étant écoulé par de petites perforations au cou ou sur le flanc disposées en triangle. Certains organes internes, ainsi que les yeux, ont été constatés manquants et la rigidité cadavérique habituelle s’est révélée absente.

Ces actes mutilatoires furent rapportés en nombre entre septembre 1995 et février 1996 dans la région de Orocovis, Canovanas, Sabana Grande, Caguas, Rio Piedras... Il semble même que le phénomène se soit étendu au sud de la Floride.

Description du monstre
Opérant surtout de nuit, le prédateur jusque-là inconnu de l’écosystème local a été surpris plusieurs fois en plein jour, ce qui nous en vaut une description assez précise.

C’est un bipède sans queue de 1,20 m de haut, à la tête ovale (rappelant celle d’un poisson ?) avec une mâchoire protubérante, des canines acérées (on a parlé de vampire) et des oreilles pointues. Les yeux sont rouges et allongés!

Le corps est velu et son pelage semble doué d’une propriété dite de caméléon en ce sens qu’il se modifie avec l’environnement. Deux petits bras terminés par 3 doigts crochus et deux solides pattes arrière complètent le singulier portrait, avec une caractéristique supplémentaire parfois citée parlant de protubérances triangulaires dans le dos, lesquelles, dans certains cas transforment ses sauts en vols planés.

Son cri inhumain, mélange de miaulement de chat et de bêlement de chèvres, en a glacé d’effroi plus d’un.

Avis divers
Quelle est donc ce lutin malfaisant qui sévit de la sorte ? Les opinions oscillent entre celle des sceptiques qui n’y voient qu’une hallucination enfantée par le stress mental dû à la politique du pays. D’autres évoquent une possible confusion avec des chiens ou des singes (?) ou bien l’œuvre de sectes sataniques. Les amateurs de cryptozoologie parlent de kangourou local et de fossile vivant. Mais aussi les mots fatidiques d’extraterrestres et d’avortons génétiques ont été prononcés.

Le bruit court que deux spécimens capturés vivants ont été emportés dans une cage aux Etats-Unis !

Enfin, on est en plein folklore dans l’attente d’une conclusion des autorités du ministère de l’Agriculture qui enquête sur « les dégâts causés par les chupacabras ». Je ne manquerai de vous informer de leur diagnostic dès que j’en aurai connaissance.

Publié dans DIMANCHE Saône & Loire du 30 juin 1996.




L’ovni de Rouen (1954 ou 57 ?)

 

Une frénésie de démystification (ils appellent ça le "debunking") frappe certains ufologues américains au point qu’ils remettent en cause les plus solides preuves photographiques du phénomène ovni.

 L’une d’elles n’avait pas encore été égratignée ; il s’agit du fameux document photo de McMinnville réalisé en mai 1950 (voir ma chronique du 12/04/92). Eh bien, voilà qu’il est chahuté et, par la même occasion, un autre célèbre cliché appartenant à l’iconographie soucoupique française.

Deuxième vue de Trent selon le NICAP

McMinnville (1950).

Rouen selon Edwards (1966).



                                





















La plupart des livres qui le reproduisent – et ils sont nombreux – sont extrêmement laconiques quant aux détails de son obtention. Frank Edwards, dans son « Les soucoupes volantes, affaire sérieuse »* (publié initialement en 1966), légende cette photo en ces termes : « Un des premiers ovnis, très similaire à l’objet de McMinnville. Il a été photographié par un pilote militaire français près de Rouen, France, le 5 mars 1954 ».

Y a-t-il un pilote… ?
Je cherche – vainement depuis plusieurs semaines – des informations sur ce « pilote » non identifié. Il est vrai que les 45 ans passés ne facilitent pas l’enquête. Il s’agit ni plus ni moins que d’empêcher « l’ovni de Rouen » de passer à la trappe du fait de l’entraînement que va occasionner l’identification de celui de McMinnville, d’autant que le premier a été accusé d’être un « fac-similé » du second !

Ou alors, des détails sur les circonstances de l’observation de l’ovni de Rouen pourraient calmer les ardeurs de ceux qui s’attaquent à l’ovni de McMinnville : la mention par exemple que le « pilote » a vu l’engin depuis son propre avion ou bien autre chose. Car l’ovni de l’Oregon est accusé d’être ni plus ni moins qu’un « couvercle de lumière suspendu » ! En d’autres termes, un abat-jour de lampe extérieure dépourvu de l’ampoule en dessous.

Un rapprochement « troublant »
Ce type de lampadaire suspendu accroché en l’air était commun dans les paysages américains des années 30. Le « debunker » est Max Standridge qui ose espérer que les ufologues français vont lui démontrer qu’il fait fausse route (e.mail du 3/06/1999). Il retrouve très exactement la forme de l’ovni de Rouen (et de McMinnville), y compris « la tourelle supérieure », au-dessus de joyeuses jeunes filles éclairées par une sorte de lampadaire suspendu dans la revue « Lausanne Legacy » de Memphis, Tennesse, datant de 1933 ! Il y a là de quoi, en effet, se poser des questions et j’ai promis à Max de lancer cet appel pour tâcher d’en savoir plus sur l’ovni de Rouen.

Grâce à Internet et plusieurs intervenants concernés intéressés par les ovnis de McMinnville et de Rouen (dont moi), on sait déjà que la première reproduction de l’image provient de la « RAF Flying Review » de juillet 1957, ce qui remet en cause la date initiale. Le directeur de la prestigieuse Flying Saucer Review (la plus célèbre revue ufologique du monde), Gordon Creighton, avec lequel je communique régulièrement depuis des années, pourra peut-être, lui aussi, nous donner des informations, je l’espère. Mais cela sera-t-il suffisant pour « sauver » notre ovni de Rouen ?

Appel à témoins tardif
C’est pourquoi je publie aujourd’hui cette mauvaise copie dans l’espoir que l’un de vous va pouvoir nous en dire plus sur lui (coupures de journaux d’époque, archives d’associations ufologiques etc). Amis lecteurs qui possédez des vieux livres d’Aimé Michel, Jimmy Guieu et Charles Garreau, pouvez-vous les feuilleter (il n’y avait pas d’index à l’époque) pour voir s’ils mentionnent cet ovni et ce qu’ils en disent. J’accueillerai avec une grande reconnaissance tout renseignement qui pourrait m’aider (faite le parvenir au journal à mon attention) à démontrer que les ovnis qui nous survolaient en quantité, en 1954, n’étaient pas de vulgaires réflecteurs lumineux de quincaillerie ! On a déjà eu assez de désillusion en apprenant que le fameux contacté George Adamski, prétendant être monté à bord d’un vaisseau vénusien en 1952, en fait, n’avait pas quitté le sol et trompé ses fans avec un appareil refroidisseur de bière de marque Wigan (voir ma lettre à ce propos publiée par l’hebdomadaire NOSTRA, le 27 mars 1980).

Publié dans DIMANCHE SAÔNE & LOIRE du 11 juillet 1999 sous le titre : A propos de cette photo d’ovni.


L’ovni de Rouen a même servi à illustrer la couverture du livre de Antonio Ribera (1920-2001) : Ces mystérieux ovni… Jusqu’à présent, ils nous ont épiés, mais demain ?, traduit par André Bernard et publié par les Editions De Vecchi, en 1976.


 


Dans le texte, page 258, l’auteur reproduisait deux images de l’ovni datées de mars 1954.

 Frank Edwards, Flying Saucers – serious business, Lyle Stuart, New York, 1966.