samedi 9 décembre 2023

 

E.S.P (perception extrasensorielle) ou fonction PSI ?



« Il existe chez certaines personnes des facultés psychiques supranormales, leur permettant de pénétrer avec effraction dans le passé ou le présent de leurs semblables. » Par ces mots, le docteur Albert Leprince (1840-1914) (1) reconnaît la réalité intrinsèque, immédiate et concrète d’une puissance résidant hors des frontières sensorielles habituellement admises. Or nous avons évoqué bien des fois l’évidence courante qui stipule la grossièreté de nos sens, « si l’on compare la somme de ce qu’ils nous transmettent à la masse probable de ce qu’ils sont incapables de recevoir ».

Donc, existerait-il une classe d’êtres privilégiés génétiquement dont l’éventail sensoriel déborderait les normes généralement admises ? De fait, tout porte à le croire, aussi bien pour résoudre certains points encore énigmatiques de quelques sujets que nous avons traités que pour conférer à ce qui va suivre un fondement rationnel et plausible.


Le Dr Osty situe ce phénomène super-sensoriel au niveau de l’émission encéphalique bien que cette théorie ne repose que sur des hypothèses spéculatives. Il écrit en effet que « le cerveau de l’homme est capable de propriétés physiologiques, dépassant en qualité tout ce que nous avons pu imaginer. » La récente cartographie des régions du cerveau en rapport avec les divers organes auxquels elles correspondent a laissés vacants des blancs inexplicables qui, à première vue, ont aiguillé les conjectures vers une présomption raisonnable d’existence de zones inexploitées et échappant aux cinq sens connus. A quoi donc servent ces milliards de neurones, la nature n’a pas coutume de créer des centres superflus. Au contraire elle nous a habitués à une parcimonie sélective qui fait loi en matière de créations naturelles. L’inutile, c’est pour l’artificiel. Donc, si l’homme dispose d’un bagage neuronique qu’il ne semble pas solliciter dans les activités qui mettent en jeu uniquement les cinq sens traditionnels, on peut supputer avec juste raison, qu’en d’autres temps ces centres commandaient une fonction en sommeil dans l’individu normal : la fonction PSI.


Déjà, la glande pinéale, située grosso modo au sommet du diencéphale a intrigué les physiologistes au point qu’ils en ont été amenés à supposer qu’elle pouvait avoir été en rapport étroit avec un sens subtil et profond dont le temps a eu raison. Comme cette glande est particulièrement développée chez certains reptiles, on n’a pas hésité à la relier à cette faculté de fascination, d’envoûtement dont font montre les serpents vis à vis de leurs proies qu’ils figent en quelque sorte dans une action qui n’est pas sans rappeler l’hypnose.


Cette fonction PSI (2) engloberait un ou plusieurs sens inconnus, connectés directement à ce compartiment inutilisé du cerveau. Cette fonction ne serait pas limitée par le temps ou par l’espace à la manière des sens physiques ce qui expliquerait la place importante qui lui serait réservée dans le cerveau. On a parlé de la moitié ou du moins du tiers des neurones dont l’emploi n’a pu être précisé. L. J. Bendit, qui a rédigé une thèse sur ce sujet (3), s’est posé la question : « Psi est-il le vestige de quelque élément atrophié et devenu biologiquement inutile ou une fonction qui devrait se développer pari-passu avec le reste de l’esprit, à partir de quelque racine archaïque et protopathique, en une forme épicritique appelée à servir un but téléologique ? »


Il semble que la première alternative soit la bonne. En effet, si nous avons dû reconnaître que la flèche de l’intelligence est orientée dans un sens ascendant, on ne peut en dire autant en ce qui concerne la perspicacité humaine et la clairvoyance. En vérité, la montée de l’intelligence n’est due qu’à des facteurs extrinsèques, qu’à une meilleure compréhension dynamisée par des moyens et des instruments nouveaux qui induisent une exaltation, une multiplication et non un affinage ni une épuration. La purification de l’intellect n’est pas pour demain. Chaque pas vers le progrès nous en éloigne sacrifiant le cristal aux matières polymérisées....


Ce mouvement rétrograde fait que G. N. M. Tyrrell ne peut que déplorer :­ « Pourquoi, après six mille ans de civilisation, sommes-nous encore dans le doute au sujet des phénomènes psychiques ? Il se pourrait bien que dans six mille ans on les ait tout simplement oubliés ! »


Actuellement, n’est-il pas déjà trop tard pour tenter de mettre en évidence certaines propriétés psi fonctionnelles ? G. Boring, dans l’introduction du livre du Professeur Hansel (ESP A Scientific Evaluation, 1966), écrit que son ouvrage est « l’histoire de l’échec à prouver l’inexistence de l’E.S.P », ce qui, en aucun cas ne signifie que cet ouvrage est la réussite à démontrer son existence. Joseph-Banks Rhine, jeune botaniste de Chicago, qui en 1926 se joignait au Département de Psychologie Harvard, a fait œuvre de raffinage en instituant une nouvelle parapsychologie plus scientifique et empirique que celle qui prévalait au début du siècle sous le nom de métapsychique. Nous avons été appelés à convenir que ses critères de base à tendance nettement probabiliste n’ont pas été toujours judicieusement choisis et qu’il y a à craindre que les méthodes de Rhine aient finalement annihilé toutes les possibilités d’y voir clair dans un domaine qui s’enfonce dans les brumes de la dégénérescence.


Néanmoins, l’avenir de cette connaissance paranormale échappant au pouvoir de perception purement sensible, cette « extra-sensory perception » ou E.S.P, ce facteur PSI, groupant les prémonitions, la clairvoyance, l’extra-lucidité et la télépathie, appartient désormais à ce jeu de 5 cartes, dit jeu de Zener. Pour notre part, comme notre but est de divertir, le côté anecdotique de ce dont nous allons parler nous paraît plus significatif en l’occurrence que l’information sensationnelle en soit mais fade en substance à savoir que le meilleur sujet de Rhine, nommé Hubert Pearce, un étudiant, dans une série de 300 essais de divination de cartes de Zener a réussi un maximum de 119 succès alors que les probabilités du hasard lui en allouaient 60...


En conclusion, citons Robert Amadou qui universalise cette faculté transcendante dont nous venons d’aborder quelques aspects: « Le phénomène E.S.P ne se rattache à aucun caractère morphologique, physiologique, racial ou autre, identifié chez l’homme ; il est très sensible chez les animaux et il ne semble pas dépendre d’un état pathologique du sujet. » Son étude est toujours en cours, comme en témoigne le récent colloque sur les perceptions extra-sensorielles qui a eu lieu en juin 1969. Souhaitons qu’un jour prochain de grandes découvertes soient faites en ce domaine, pour sauver, si c’est encore possible, les ruines de ce sens profond, par lequel nous possédons tous les secrets du monde en puissance. Alors seulement pourra commencer l’œuvre de restauration qui nous égalera aux dieux dont nous descendons.


Malheureusement trop souvent, des hommes peu scrupuleux ont réussi à simuler la voyance par des subterfuges honteux. De qui avons-nous hérité cette propension aux actions fausses et simulées ? C’est une question intéressante, mais il faudrait bien cent livres comme celui-ci pour y répondre.


Références :

1/ Dr Albert Leprince, Les ondes de la Pensée, Ed. D’Angles.

2/ Cette fonction ou ce facteur PSI est une dénomination proposée par Thouless et Wiesner pour désigner l’énigmatique ensemble des facultés psychiques de perception paranormale et d’action à distance.

3/ L. J. Bendit, Connaissance Paranormale (1951).


Paragraphe de mon livre Terriens ou Extraterrestres (1973), supprimé par l’éditeur ALBIN MICHEL.