vendredi 1 avril 2016

A propos des « cheveux d’ange »


Quand passent les ovnis silencieusement par-dessus nos têtes, rares sont ceux qui laissent d’autre trace que le témoignage visuel d’un observateur ainsi survolé. Or, de nos jours, le témoignage humain est très galvaudé, voire discrédité. Il y a eu trop de confusions, de distorsions, de méprises… A preuve ces hublots décrits en 2002 pour ce qui n’était qu’une météorite !

Aussi lorsque quelque chose de tangible est rattaché à l’observation d’un ovni, il faut s’y raccrocher comme un mauvais nageur à un tronc flottant. C’est justement le cas du phénomène curieux de retombée de cheveux d’ange, lequel a été, à maintes reprises, associé aux évolutions d’ovnis surtout dans le passé mais il y a eu quelques cas depuis 1996.


Un exemple célèbre est celui de d’Oloron, en décembre 1952, lorsqu’un cylindre long, étroit et incliné à 45 degrés, se déplaçant en ligne droite au-dessus d’un nuage floconneux de forme étrange et précédé de boules informes qualifiées de soucoupes, laissa derrière lui une traînée blanchâtre qui tombait vers le sol en se désagrégeant. Pendant quelques heures, il y en eut des paquets accrochés aux arbres, aux fils téléphoniques, sur le toit des maisons. Même chose au Texas, en 1973, en Pennsylvanie, en 1981, à Quirindi, en Australie, en 1998, à Sacramento, Californie, en 1999.

Charles Fort, dans son fameux Livre des Damnés (1941), y fait référence en tant que pluie de substance soyeuse (1) signalant, par exemple, un cas enregistré le 16 octobre 1883, à Montussan, Gironde, cité dans la revue La Nature, et faisant état de substance laineuse se présentant sous forme de blocs de la grosseur du poing qui tombèrent sur le sol.

Une étude récente effectuée en 2001 par Brian Boldman et publiée par l’organe du CUFOS [Centre d’études des ovnis fondé par J. A. Hynek (2)], l’International UFO Reporter, de l’automne 2001, s’attache à nous livrer le résultats d’une utile investigation sur 215 cas de chutes de cheveux d’ange, dont 57 % furent concomitants au repérage d’ovnis entre 1947 et l’an 2000.

On y trouve mentionné que les annales du phénomène comptent 255 cas entre les années 679 et 2001.

Fragment datant de 1999 récupéré à Sacramento,
grossissement 60 (reproduit par B. Boldman).
Blanche, grise, argent ou translucide, ce sont les couleurs qui ont été données à cette substance tombée du ciel. Les constantes de sa description et de ses propriétés ont largement contribué à en asseoir la réalité. Des filaments très fins, comparés à des fils de soie et aux toiles d’araignées. Et en quantité telle que plusieurs kilomètres carrés du sol en furent parfois recouverts bien que la chute ait toujours été rapportée pendant un temps limité.

En octobre 1954, près de Vienne, dans l’Isère, un objet non identifié par certains, et qualifié d’avion du type Stratojet par d’autres, fut suivi de la chute lente de paquets de fils blanchâtres, doux au toucher, qui se volatilisaient rapidement, selon Paris-Presse du 21 octobre 1954.

Il y a là, en effet, une caractéristique particulière du phénomène : c’est son aptitude à se sublimer : la masse filandreuse, cotonneuse, solide recueillie disparaît progressivement comme si son état passait directement en phase gazeuse sans intermédiaire liquide.

C’est justement cette propriété à se volatiliser plus ou moins rapidement (recensée dans 40 % des cas) qui a amené à rejeter l’explication la plus simple de l’origine des cheveux d’ange atmosphériques, à savoir celle des fils de la Vierge ou gossamer ; certaines populations de jeunes araignées, pour échapper à la prédation ou à la surpopulation, auraient trouvé le moyen de sécréter des fils d’albumine qui, à partir d’un certain volume et compte tenu de leur légèreté, s’envoleraient avec elles à grande altitude et sur de grandes distances pour aller retomber en un autre endroit plus propice à leur survie. Un peu comme nous ferons en quittant notre planète quand elle deviendra inhospitalière, c’est à dire dans pas longtemps. Or la soie des araignées, faite d’aminoacides, n’a justement aucune propension à la sublimation. Comme le notait à ce propos Jean Senelier, en 1978, nos cravates n’ont pas tendance à l’évaporation, n’est-ce pas ?

De même, les quelques analyses effectuées sur des prélèvements de cheveux d’ange associés à l’apparition d’ovnis ne permettent pas de les assimiler à des toiles d’araignées même si une partie des divergences peut être attribuée à une contamination de l’échantillon lors de sa récupération au sol. En 1969, à St Louis, Missouri, lorsqu'une vaste région fut recouverte de filaments de cheveux d’ange d’aspect classique, seulement une seule araignée fut identifiée, ce qui corrobora une présence fortuite après l’obtention des résultats d’une analyse concluant à un matériau fibreux non protéinique. Des analyses récentes conduisirent (Californie, 1999) à exclure définitivement les toiles d’araignées dont la composition chimique est la même que celle du bombyx à l’état de ver et qui est aujourd’hui parfaitement bien connue.

Le phénomène possède aussi la particularité d’être saisonnier, les cas recensés montrant que le mois de prédilection est octobre (d’où le nom parfois employé de neige d’octobre) qui regroupe plus de 45 pourcents des observations, novembre 18 et les autres mois moins de 6 pourcents avec une préférence pour les mois d’été (mai à septembre).

Mais alors que sont donc ces fameux cheveux d’ange que les témoins d’ovnis rapportent régulièrement ? Certes, depuis 30 ans, ils ont tendance à diminuer, mais on en relate encore plusieurs exemples par an dans le monde.

D’autres théories ont été avancées pour apporter une solution à l’énigme (foudre globulaire attirant des débris organiques par son champ magnétique). Le lieutenant Jean Plantier (3) avait avancé l’hypothèse que ce puisse être « un produit de polymérisation entre l’azote et l’oxygène de l’air atmosphérique » (NxOy) provoqué par ionisation sous l’effet de champs magnétiques colossaux générés par le système de propulsion des ovnis. Certaines mesures positives de radioactivité sur des échantillons recueillis dans l’Etat de New York, en 1955, jetèrent la suspicion d’un résidu de tests nucléaires secrets. Les cheveux d’ange furent aussi assimilés à diverses fibres naturelles et à des résidus industriels rejetés clandestinement. Les pilotes des ovnis consomment-ils de la barbe à papa ?

On parla même de déchets déversés par les visiteurs étrangers ; comme les décharges de latrines que les avions larguent en vol et qui retombent sur nos têtes sous formes de blocs de glace plus ou moins colorés et nauséabonds. Dans ce cas, ce seraient des déjections d’extraterrestres… Mais pourquoi surtout en octobre ? Est-ce en ce mois là qu’ils fêtent notre incompétence à les détecter ? En tout cas pas tous les ans si l’on s’en réfère à l’état présent où l’ufologie française s’apprête à fêter avec nostalgie la vague de 1954, l’année record, en passant dans l’étude du CUFOS, tant en ce qui concerne le nombre d’ovnis observés (1000) que de cas rapportés de cheveux d’ange (60). L’étude de B. Boldman passe trop rapidement sur une tentative de corrélation entre les observations d’humanoïdes lors des vagues de 1954, en France, et celle de 1973, aux Etats Unis, à mois constant qui demande pour le moins un approfondissement car ce qui en est dit (corrélation positive) est beaucoup trop succinct.
Pour en revenir aux cheveux d’ange, l’étude en question, qui conclut à une corrélation entre les chutes de cheveux d’ange et les vagues d’ovnis, souligne que ce résultat ne prouve pas un processus de cause à effet, mais que le phénomène fait partie intégrante du phénomène ovni. Car, en effet, la courbe de fréquence des observations d’ovnis établie par Larry Hatch présente un singulier parallélisme avec celle des cas signalés de cheveux d’ange, surtout jusqu’en 1983, il est vrai.

L’auteur ajoute, sibyllin, que si la thèse des fils de la Vierge est exacte il faut en inférer que les rapports d’ovnis et même les vagues sont stimulées par le nombre d’araignées transportées dans le ciel ! Le danger des corrélations est qu’on peut leur faire dire n’importe quoi, hélas ! Je préfère donc m’en remettre encore aujourd'hui à ce qu’en disait J. Clark (et éditeur de l’International UFO Reporter), en 1998, dans sa monumentale encyclopédie des ovnis : La nature du phénomène des cheveux d’ange demeure un mystère. Je pense que c’est beaucoup plus prudent...

Note et références :
1/ Voir la traduction française par Robert Benayoun publiée en par Eric Losfeld, Le Terrain Vague, en 1967 disponible gratuitement sur Internet : http://www.pdfarchive.info/pdf/F/Fo/Fort_Charles_-_Le_livres_des_damnes.pdf
Cette traduction est pour moi préférable à une autre, plus récente, dite « inédite » de Claude Bugnon, parue chez Joey Cornu, en 2007.

 2/ Bien que plus opérationnel depuis mars 2012, le site du CUFOS (http://www.cufos.org/) existe encore et permet diverses consultations d’archives. La totalité des numéros de l’International UFO Reporter est disponible sur CDROM moyennant 100 dollars.

3/ Auteur de La propulsion des Soucoupes Volantes par action directe sur l’atome, collection Etudes, Editions MAME, 1955. Il en parlait comme une mousse sous forme de laine de verre rapidement déliquescente. Et en donnait 3 exemples : à Florence, Italie, le 28 octobre 1954 (mystérieuse fumée blanche qui tombe à terre) ; à Tarbes et à Lourdes dans la nuit du 11 septembre 1950 sans décrire le phénomène et à Gaillac, le 27 octobre 1952 (chute de laine de verre).






Publié dans UFOMANIA Magazine, N° 39, Printemps 2004.
 


1 commentaire:

  1. En Italie, Sébastiano Pernice est "le spécialiste" des "cheveux d'anges": http://ovni91.canalblog.com/archives/2015/10/02/32717323.html
    https://plus.google.com/116935859386897763129/posts

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