mercredi 20 avril 2016

La nouvelle stratégie de recherche des extraterrestres ?


La recherche officielle d’une éventuelle vie extraterrestre dans le cosmos (programme SETI) s’est-elle fourvoyée depuis un demi-siècle ?
C’est l’impression que donnent certaines critiques de l’option « signaux électromagnétiques » privilégiée jusqu’à maintenant ; du coup, on relance d’autres pistes jusqu’alors négligées ou alors on en propose de nouvelles…
Alors, changement de stratégie pour le SETI ? Oui, certainement, mais il faut à tout prix ne pas perdre la face.


 Comme j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire en ces pages (1), dans les années 1990, j’ai interrogé répétitivement et même parfois harcelés les responsables du SETI (des Américains surtout) pour essayer d’en savoir un peu plus sur les résultats de cette recherche qui, depuis 1960, avait pour objet la détection de signaux électromagnétiques éventuellement émis par des civilisations extraterrestres désireuses (ou non) de se signaler à notre attention et, en conséquence, de communiquer avec nous.

Une manière, pour moi, d’aller chercher l’information à la source tant ce qu’il en ressortait des communiqués de presse et autres publications grand public était filtré et aseptisé pour ménager les susceptibilités qui sont nombreuses en la matière : sociales, religieuses, politiques… En France, comme d’habitude, le summum de la langue de bois était de rigueur.

Je ne vais revenir là-dessus qu’en exhumant un courrier de Donald E. Tarter, sociologue de l’Université de l’Alabama et consultant à l’époque en Contrôle Technologique, Prévision Technologique et Politique Spatiale (rien que cela !), courrier à moi envoyé le 13 septembre 1993 de New Market, Alabama ; après avoir bien noyé le poisson au sujet de ma demande (il s’agissait en l’occurrence de celle d’un tiré à part d’un article [SETI et les médias (2)] : vues du dedans et du dehors) que mon correspondant avait l’amabilité de me joindre comme il est coutume entre collègues (nous sommes tous les deux docteurs dans le contexte anglo-saxon, ayant un diplôme Ph. D.) dans la communauté scientifique sauf en France !

Craignant de me voir revenir à la charge (c’était notre deuxième échange), le Dr Tarter me suggérait de contacter Jean Heidmann, astronome à l’Observatoire de Paris, Meudon, me disant qu’il devait disposer des sources qui me manquaient.

Je m’étais fendu d’une réponse de remerciement, ajoutant que, selon moi, le livre de Mr Heidmann (1923-2000) qui venait d’être publié en 1992 (3) ne consacrait précisément pas assez de place à ce qu’il appelait des fausses alertes : 7 pages sur 240 ! Dont 2 sur une étude historico-scientifique de l’affaire CTA 102 : la découverte des quasars par les astronomes soviétiques accusés d’imprudence scientifique pour en avoir prématurément l’artificialité (4). Et d’enchaîner sur un cas personnel, intitulé : ma fausse alerte, concernant une magnifique petite source radio détectée par lui en 1980, au cours d’un passage au radiotélescope interférométrique de Westerbrok, en Hollande, et qui avait préoccupé l’auteur jusqu’à ce qu’un spécialiste lui suggère qu’il s’agissait d’un mirage gravitationnel ! D’ailleurs, dans son dernier livre : Sommes-nous seuls dans l’Univers ?, publié l’année de sa mort, J. Heidmann a définitivement démontré qu’il n’était pas loin de répondre OUI à l’hypothèse de notre singularité universelle, ce qui était bien le comble de la part d’un membre du comité SETI de l’Académie internationale d’astronomie !

En France, bien sûr, il y avait Ciel & Espace, mais cette revue a toujours été un relai et non pas une source, les membres du comité de rédaction n’ayant pas à ma connaissance de titres universitaires à faire valoir en matière d’astronomie. D’où pas de publications originales, que de la resucée plus ou moins honnêtement retranscrite faute des compétences requises. Mais, surprise, voilà que récemment, ce mensuel s’est targué d’une exclusivité en matière de SETI.

Une bien surprenante déclaration de F. Drake !
Le numéro de Ciel & Espace (5), de janvier dernier, sous couvert d’une interview exclusive (en fait un entretien téléphonique à distance !) de F. Drake, père de SETI, ne titrait-il pas : Des signaux extraterrestres auraient été captés ; des signaux sous-entendus émis par une civilisation extraterrestre parce que, sans cette précision, de tels signaux d’origine ET peuvent être assimilés à toutes les ondes radio en provenance de l’espace. Et elles sont nombreuses et parfaitement naturelles.

 En fait, Frank Drake, dont on nous disait en passant qu’à 80 ans (6) il connaît bien Ciel & Espace (un peu de pub ne fait pas de mal !), avait répondu à quelques questions téléphoniques de la journaliste Myriam Détruy.

Et là, au terme d’un petit bilan à lui demandé sur 50 ans de recherches SETI, et surtout sans qualifier celles-ci d’échec, ce qui est le cas, le grand spécialiste américain, maintenant à la retraite, parlant des signaux reçus une seule fois, jamais deux, donnait son sentiment qu’une petite fraction d’entre eux étaient d’origine extraterrestre (là encore sous-entendu artificiels et non naturels).

Ainsi, F. Drake soupçonne qu’il y a des signaux captés depuis 50 ans qui pourraient être émis par des civilisations extraterrestres ! Et il réserve l’exclusivité de ses soupçons à la grande revue d’astronomie française !

Et ce, sans aucune précaution oratoire du style de celles préconisées par J. Heidman dans son livre de 1992, page 170, à savoir, je cite : avant que toute action (divulgation) publique ne soit entreprise dans une affaire SETI, elle doit être évaluée confidentiellement par un comité interdisciplinaire international de scientifiques sous la responsabilité de plusieurs de nos unions scientifiques internationales.

Eh bien, 20 ans après, F. Drake, du haut de son piédestal, et peut-être en réaction aux critiques dont il a fait l’objet à l’occasion du cinquantenaire du SETI, se permet de prendre sur lui et de dire : je n’ai pas la preuve mais je soupçonne que certains signaux que nous avons captés et non reconnus comme tels pourraient nous avoir été envoyés par des êtres extraterrestres civilisés et technologiquement plus avancés (pas trop puisqu’ils usent encore de ce moyen archaïque de signalement) que nous : des Extraterrestres calqués sur l’image qu’on s’en donne selon l’imagerie populaire !

Et de préciser que ses soupçons se portent plus particulièrement sur des signaux obtenus alors que l’antenne n’était pas tournée vers une étoile en particulier : en un mot sans aucune visée. Ainsi, sera-t-il difficile de localiser la source étant donné que le faisceau du radiotélescope pouvait bien couvrir plusieurs étoiles.

On croit rêver ! Pas étonnant que cette révélation exclusive pour la France de ce scoop planétaire n’aie pas trouvé, écho, dans les revues d’astronomies et du SETI que je continue de recevoir, et se soit diluée dans l’indifférence générale, ce qui montre bien que les pôles d’intérêt de l’humanité se sont bien déplacés depuis les années 1960, quand on croyait – et craignait - qu’une telle nouvelle déclencherait soit une panique généralisée soit un effondrement des dogmes religieux et philosophiques.

En passant, F. Drake nous révélait aussi que la confusion qu’il avait faite en 1960 en visant Epsilon Eridani avec un avion militaire (voir référence 1) avait été précédée d’une autre, dans les Pléiades, qui, réapparue quelques jours plus tard, lui avait permis facilement de prouver que cette émission provenait de la Terre. Décidément, le projet SETI était entre de bonnes mains : l’ennui, ce sont les 50 années de silence qui ont suivi.

Est-ce à dire que devant l’avalanche de critiques qui les ont submergé depuis quelques mois après 50 ans d’échec, les responsables de SETI tentent de sauver les meubles (maintenir l’intérêt des mécènes), Drake reconnaissant que la fondation SETI s’épuise et que le financement devient difficile ; il serait dommage que cela se fasse au détriment du cadre déontologique qui avait été soigneusement et laborieusement édicté afin qu’on échappe aux élucubrations de quelques spécialistes, fussent-ils auréolés comme l’est aujourd’hui F. Drake.

Moi j’y vois au contraire une réaction pathétique d’un passionné déçu ! Un ufologue déçu se risquerait-il d’aller jusque-là en déclarant qu’une petite fraction des ovnis pourrait être extraterrestres ? Il aurait honte d’enfoncer une telle porte ouverte.

Combien d’ufologues – non des moindres et même des directeurs du GE(I)PAN sensés représenter la plus haute autorité en la matière (7) - se sont prononcés dans le sens que certains ovnis sont d’origine ET sans aucunement être écouté par la communauté scientifique ? Voilà l’initiateur du SETI ravalé à la même enseigne d’une parole jugée sans importance.

Alors qu’on ferait mieux de se dire que le SETI étant dans une impasse, il faudrait peut-être passer à ses alternatives qui sont nombreuses et ne datent pas toutes d’aujourd’hui.

D’autant que certaines se basent précisément sur des visions théoriques du Soviétique N. S. Kardashev (1932->), dont le chef Sholomitskii G. B. (1939-1999) était vertement tancé par J. Heidmann pour son communiqué de presse à l’agence Tass (affaire CTA 102), disant que les astronomes soviétiques avaient observé des signaux pouvant provenir d’intelligences extra-terrestres. Quelle différence avec les soupçons de Drake ?


La première alternative au SETI, ancienne et largement oubliée, que je voudrais aborder aujourd’hui concerne la possibilité de systèmes biologiques d’échange d’information. A mon avis, elle n’a pas reçu l’attention qu’elle mérite.

Microbes intergalactiques

Qu’est-ce qui distingue fondamentalement la Terre des autres planètes du système solaire, si ce n’est la vie, laquelle n’a cessé de proliférer depuis la nuit des temps ? Cette vie, si foisonnante, si diversifiée, ne recèle-t-elle pas en son sein la preuve que des extraterrestres existent dans le cosmos ? Et ce, non pas uniquement en invoquant la règle de la multiplicité somme toute non démontrée.

Cette fascinante éventualité d’un marquage extérieur (comme une bague à la patte d’un oiseau), inséré au cœur même de la matière vivante, a été avancée, en 1978, par deux savants japonais, H. Yokoo et T. Oshima. Ceux-ci spéculaient qu’une civilisation plus avancée que la nôtre pouvait avoir préparé, dans ses laboratoires, un agent biologique transportant une information encodée.

Pas un monstre type alien beaucoup trop encombrant à véhiculer, mais plutôt un microorganisme (bactérie, virus, prion…) capable de propager, au niveau des composants de son noyau cellulaire à base d’acide désoxyribonucléique (ADN), un message biologique artificiel ».

Et de porter leur recherche d’un tel cheval de Troie microscopique là où, justement, il a le plus de chance de s’être adapté et avoir survécu depuis des millions d’années, c’est à dire parmi les virus les plus communs connus sur Terre, ceux qui infectent, précisément, la bactérie présente dans nos intestins. Ainsi, des millions de gens seraient, sans le savoir, porteurs du message répliqué des extraterrestres !

Passant de la spéculation à l’acte, les deux Japonais exposaient, dans la prestigieuse revue Icarus, leur étude d’un virus candidat, le PhiX174, lequel se reproduit de lui-même sans l’aide directe d’autres espèces vivantes.

Grâce à une méthode de décodage assez complexe, ils avaient construit des dessins réalisés à partir des séquences de nucléotides du virus en question dans lesquels ils n’avaient pas reconnu l’arrangement régulier qu’ils cherchaient. Mais ce premier essai infructueux devait être considéré comme un galop en vue de futurs efforts semblables.

En clair, d’autres collègues devaient s’engager dans cette même voie qui constituait, à leurs yeux, une prometteuse alternative au SETI classique, présentant un nombre certain d’avantages sur les tentatives de captation de messages radio en provenance du cosmos : le message biologique, s’il existe, doit être clair, permanent, indubitable…

Vous pensez bien qu’une telle proposition avait retenu toute mon attention au temps où elle fut émise et, depuis 20 ans, j’ai donc recueilli tous les indices disponibles susceptibles de voir évoluer le projet. Peu nombreux, malheureusement, semblent les spécialistes qui ont emboîté le pas aux pionniers nippons.

En 1989, V. Shcherbak, de l’Université de Moscou, annonça bien avoir remarqué un arrangement de gabarits génétiques de la matière vivante dont l’ordre correspond au nombre de protons et de neutrons qui en composent les atomes. Un tel arrangement ne peut être le fruit du hasard et indique plutôt un code numérique transportant des informations en provenance d’une vie intelligente ailleurs dans l’Univers. Mais on en est resté là.

Deux ans plus tard, Joe Davis, du Centre d’Etudes visuelles avancées du Massachusetts Institute of Technology (M.I.T), lançait un projet nommé Micro-Venus qui, lui, visait, non plus à déchiffrer un message, mais à en envoyer un. Le réseau esquissé de digits binaires, choisi comme dessin, représentait les organes génitaux féminins !

Les 100 millions de copies de ce message (une courte séquence d’ADN) synthétisés par un généticien de Harvard, stockés dans une fiole, n’ont jamais, à ma connaissance, été lâchés dans l’atmosphère. Aujourd’hui, nous nous contentons juste d’en parler, déclarait J. Davis.

Mais cette réalisation peut bien avoir été effectuée par une autre civilisation extraterrestre moins timide que la nôtre. Et ainsi de telles bactéries porteuses d’un message ET, ayant traversé l’espace sous forme sporulée, ont peut-être atteint la Terre il y a des millions d’années, se mêlant à la vie primaire qui existait déjà. C’est pourquoi l’idée des deux médecins-biologistes japonais mériterait d’être réactivée.

Elle relève d’un concept d’ailleurs déjà ancien selon lequel des microorganismes attachés aux grains de poussière cosmique peuvent diffuser à travers l’espace et rencontrer un milieu favorable pour s’y implanter et proliférer.

 Il s’agit de la théorie de la « panspermie », suggérée au début du siècle par le prix Nobel suédois Svante Arrhénius (1859-1927) ; selon lui, c’était la vie qui était arrivée, par hasard, sur Terre en cet équipage ! Les Américain F. Crick et L. Orgel, dans les années 1970, reprirent à leur compte cette hypothèse mais en soulignant qu’il n’y avait aucun obstacle technique à ce que cette panspermie ait été dirigée vers la Terre intentionnellement. En d’autres termes, nous ne serions pas le fruit d’une évolution extrêmement peu probable, mais, au contraire, quelqu’un aurait décidé de peupler la Terre de l’Humanité : une théorie qui ouvre le champ à des développements sur lesquels il vaudrait le coup de revenir.

Je voudrais maintenant passer à un autre type d’alternative au SETI, elle aussi ne datant pas d’hier, mais qui a été réactivée par les déboires actuels du SETI dit classique.

La recherche des signatures d’archéologie interstellaire
Avons-nous aujourd’hui les moyens techniques, comme nous venions juste de les acquérir dans les années 1960 pour capter les signaux électromagnétiques éventuellement artificiels, de discerner à distance les indices de présence de civilisations extraterrestres ?

Oui, répondent les spécialistes qui veulent voir dans cette recherche de la signature d’artefacts archéologiques à l’échelle cosmique, une riche variante de celle de l’écoute aujourd’hui dans l’impasse. Ainsi, le SSIA pourrait se substituer au SETI traditionnel ou, tout au moins, venir en complément.

Evoquons brièvement ici trois possibilités de détections qui ont été développées en 2010 dans le Journal of British Interplanetary Society par Richard A. Carrigan (8) Jr, du laboratoire national Fermi de Batavia, Illinois.

Tout d’abord, repérer la présence de constituants non naturels ou synthétiques dans l’atmosphère des exoplanètes (extérieures au système solaire). Plus de 500 exoplanètes ont été découvertes à ce jour et, grâce au satellite Corot lancé en 2007 par la France et ses partenaires, on devrait pouvoir doubler ce nombre avant longtemps avec la technique consistant à détecter la petite réduction lumineuse que provoque le passage (transit) de la planète devant son étoile.

Au surplus, la mesure du comportement spectral du système planète-étoile lors de ce transit a déjà permis la détection d’atmosphère au moins autour de 2 exoplanètes : Osiris b (présence d’hydrogène, carbone et oxygène) et HD 189733b (méthane, eau et dioxyde de carbone), située à 63 années-lumière.

Or on sait que l’oxygène constitue un marqueur de processus biogénique (vie) et le CO2 aussi, dont la fraction sur Terre a augmenté de 35 % depuis 1832 à cause de l’industrialisation, même si on peut concevoir un processus naturel produisant le même résultat.

La détection de fréon, par exemple, pourrait indiquer aussi la présence d’êtres intelligents qui, comme nous, se sont laissé séduire par les propriétés des fameux CFC (chlorofluorocarbures) comme réfrigérants.

Un autre type de signature spectrale stellaire, précisément proposée initialement par F. Drake en 1965, est le salage stellaire ; notamment au moyen d’espèces nucléaires à courte durée de vie. Plus précisément, Drake avait même suggéré le technétium dont quelques milliers de tonnes expédiés en orbite autour d’une étoile voisine de notre Soleil pourraient être repéré en tant que disque sombre depuis une forte distance. D’autant que cet élément constitue un déchet de nos centrales nucléaires qui en ont produit une centaine de tonnes depuis 60 à 70 ans et dont on serait heureux de se débarrasser. On ferait ainsi d’une pierre deux coups ! Eliminer nos déchets nucléaires et nous signaler à l’attention de nos Frères du Cosmos.

Une autre possibilité de signatures archéologiques interstellaires est basée sur l’idée formulée depuis 1960 que toute civilisation intelligente confrontée à l’accroissement du rayonnement infrarouge de son propre soleil pourrait y faire face en constituant un bouclier thermique autour de cette étoile destiné à, ainsi, protéger sa planète. Selon F .J. Dyson (1923->), l’inventeur de ce concept dès 1960, toute civilisation à durée de vie longue serait ainsi contraint à enfermer son Soleil dans ces sphères formées soit de plaques de silicium, soit de panneaux solaires, soit de nanotubes de carbone. Il y voyait aussi un moyen de récupérer toute l’énergie d’une étoile à des fins industrielles.

 Une observation dans l’infrarouge de telles sphères réverbératrices, opaques vers l’extérieur, devrait être possible ; pire, elle a peut-être même déjà été faite ! En effet, on s’est aperçu que la cartographie infrarouge du ciel effectuée par le télescope spatial IRAS de janvier à novembre 1983 fournissait déjà des données dans ce sens.

C’est ainsi que R. A. Carrigan lui-même, en 2009, reprenant des données de Kardashev (2000) a tenté de repérer des sphères de Dyson candidates à partir des données filtrées du télescope spatial hors de service depuis près de 20 ans. En fait, c’est le trop grand nombre des candidats possibles (11 000 sur un échantillon de 250 000 sources) qui a abrégé cette recherche, nombre d’étoiles naturelles avec des nuages de poussières associés à la mort des étoiles produisant le même effet, à savoir un spectre dit froid. Il est peu probable, à partir de ce qu’on sait aujourd’hui, que des civilisations capables de construire des sphères de Dyson [type II (9) selon l’échelle de Kardashev], soient d’ailleurs toutes désireuses de communiquer avec nous. Et en tentant de les localiser on peut s’exposer à des réactions non souhaitées ; je vous laisse deviner lesquelles.

Mais les sphères de Dyson ne sont pas les seules solutions possibles pour pallier au refroidissement et rougissement d’une étoile qui s’accompagneraient d’une augmentation du rayon stellaire au point que la planète habitée pourrait en venir à être engloutie par son soleil.

Une civilisation de type II, voire III, confrontée à ce problème pourrait avoir pris des dispositions visant à contrecarrer ce processus de transformation de son Soleil en géante rouge.

On entre là dans le cadre d’une véritable ingénierie stellaire consistant à agir directement sur l’étoile ; par exemple, en agissant sur son noyau en le brassant avec les couches extérieures. Des possibilités de ce genre de rajeunissement artificiel de soleil ont déjà été étudiées notamment par M. Beech (10), en 2008, consistant en l’envoi d’un grand nombre de bombes atomiques à la surface du soleil (plusieurs millions !). Une autre possibilité citée est de précipiter la planète Mercure sur le Soleil mais d’aucuns pensent que cela pourrait avoir l’effet inverse : accroissement de la luminosité.

Quoi qu’il en soit, une telle opération, pas facile à réaliser au demeurant, fournirait certainement des signatures repérables de très loin qui signaleraient à distance la présence de civilisations de haut niveau technologique.

Pire, de telles opérations d’astro-ingénierie ont été envisagées à l’échelle galactique (réservées à des civilisations de type III) avec des signatures qualifiées de galaxies noires et de bulles de Fermi.

J’arrête là : on voit combien les discussions sont ouvertes pour la détection possible d’une autre vie extraterrestre que la nôtre et combien restrictive a été l’idée presque exclusivement reprise depuis 50 ans par les média : celle d’un hypothétique coup de projecteur venu d’ailleurs, certes séduisant, mais si lamentablement anthropomorphique.

Conclusion : le SETI, c’est fini ?
Alors que je prépare ce texte me parvient la nouvelle de l’agence AFP (27 avril 2011) selon laquelle les Etats-Unis s’apprêteraient à arrêter toutes les écoutes d’éventuelles civilisations extraterrestres. Et ce, faute de fonds, les budgets destinés à ces écoutes ayant été coupés par mesure d’économie.

En fait, à ce que j’en sais, cela concerne seulement (11) l’arrêt du fonctionnement de la première série des 42 premiers télescopes (sur un total de 350) du projet Allen, lui aussi initié par F. Drake (décidément le pionnier du SETI n’est pas épargné même dans ses propositions de reconversion) ; situés dans le nord-est de la Californie, à près de 500 km au nord de San Francisco, cette batterie de radiotélescopes est considérée comme le principal outil de détection de possibles communications extraterrestres.

On a parlé de mise en hibernation temporaire en l’attente de jours meilleurs. Qui permettrait surtout de trouver des généreux donateurs puisque cette recherche, assimilée à celle de l’existence du Père Noël, a vu ses fonds publics supprimés par le Sénat américain il y a plus de 15 ans.

Un dernier mot cependant : si le SETI nouvelle formule (SSIA) s’implique dans la recherche de signatures galactiques, voire transgalactiques, pourquoi est-il si frileux à envisager la possibilité que des civilisations capables d’envelopper toutes les étoiles de leur galaxie au moyen d’une gigantesque sphère de Dyson n’auraient-ils pas résolu le problème du voyage interstellaire transluminique pour venir nous narguer depuis un peu plus d’un demi-siècle ? C’est la question en tous les cas à laquelle l’ufologie demeure et reste suspendue…

Notes et références :

1/ Granger, Michel, OVNI ou SETI, faut-il choisir ?, UFOMANIA n°59, juin 2009.

2/ Tarter, Donald E., SETI and MEDIA : Views from Inside and Out, Acta Astronautica, Volume 26, N°3/4, 1992. Il s’agissait de mesurer, au travers des membres du SETI international, l’importance perçue du programme, sa crédibilité et l’attitude à adopter vis-à-vis de l’information en cas d’annonce d’une découverte. En clair, comment informer le public au cas où le SETI enregistrerait un succès dans son objectif, à savoir la détection d’une preuve tangible que nous ne sommes pas les seules créatures intelligentes de l’Univers.

3/Jean Heidmann, Intelligences extra-terrestres, Editions Odile Jacob, Sciences, 1992.

4/ A l’époque (1963), N Kardashev, avait suggéré que ces radiosources non identifiées pouvaient être la manifestation de civilisations de type II ou III, selon son échelle.

5/ Ciel & Espace, SETI : le point sur les écoutes extraterrestres, n°488, janvier 2011.

6/ F. Drake ne fait pas son âge sur les photos produites dont une est parue dans la revue du paranormal FACTEUR X il y a plus de 10 ans !

7/ Je ne parle pas des derniers en date qui ne sont que des cadres du CNES auxquels ont a proposé un job peinard de préparation à la retraite.

8/ Carrigan, Richard A. Jr, Starry Messages : Searching For Signatures of Interstellar Archeology, Journal of BIS (British Interplenetary Society), Volume 63, pp. 90-103, 2010.

9/ L’humanité sur Terre, actuellement, est de type I moins dans ce sens qu’elle est bien loin d’exploiter TOUTE l’énergie solaire qui atteint sa surface ; les civilisations type I à part entière n’ont aucune nécessité de risquer leur survie en usant du nucléaire pour leur production d’électricité !

10/ Beech, M., Rejuvenating the Sun and Avoiding Other Global Catastrophes, Springer, New York, 2008.

11/ La mission Kepler, lancée en 2009 et managée mais non financée intégralement par la NASA, de chasse aux exoplanètes par un télescope photomètre spécial satellisé ne serait pas touchée.




Publié dans UFOMANIA, n° 67, été 2011

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire