mercredi 16 mars 2016

John A. Keel : chantre des « ultraterrestres »


L’Américain John A. Keel est mort récemment (2009) ; selon certains, il a révolutionné la vision classique des ovnis ! Pour d’autres, il l’a obscurcie.

Dès 1970, en effet, il a soutenu une thèse alternative à celle selon laquelle les ovnis sont des « vaisseaux d’explorateurs ou des voyageurs spatiaux » : hypothèse extraterrestre (H.E.T.); pour lui, ils ne sont pas extraterrestres mais « ultraterrestres » !

Une affirmation qui, hélas, déplace le phénomène du physique vers le « paraphysique », lui permettant ainsi d’échapper à une explication scientifique et rationnelle.




 « La Terre n’est pas habitée, elle est infestée. »
 J. A. Keel, Disneyland of the Gods (1988)


John Alva Kiehle (1930-2009), alias John A. Keel (son nom de plume), après plusieurs fausses alertes quant à l’annonce de sa disparition (il était souvent malade et souffrait depuis longtemps du cœur et de diabète), est décédé le 3 juillet dernier ; à ce que l’on en sait, il a vécu ses derniers instants de lucidité, seul à seul, en son appartement de Manhattan, à New York, dans de tristes conditions hélas dévolues à beaucoup de ses semblables par le système de santé américain !




                                                           Photos de J. Keel, selon FATE.

Il avait 17 ans lors de la fameuse observation de K. Arnold (1915-1984) qui, en 1947, depuis son avion, à l’Ouest des Etats-Unis, vit cette escadrille d’ovnis ricochant sur les sommets des monts Cascades, inaugurant l’ère de l’ufologie moderne.

Dès cette date, le phénomène l’intéresse puisqu’il nous révèle (1) avoir participé au premier congrès ufologique tenu en 1948 à New York, dans la 14ème rue, avec une trentaine de personnes !

Après avoir commis un premier livre (2) de jeunesse qui n’augurait guère de son œuvre future, ni dans le sujet, ni dans l’esprit, J. Keel, journaliste (il ne cessa de revendiquer cette qualité de « reporter », refusant celles de scientifique (scientist), de philosophe ou de théologien et celle d’ufologue, préférant celle de « démonologue ») (3), commença à se signaler à l’attention du milieu ufologique (4) dans les années 1960 avec quelques articles sur la question des ovnis dans les magazines à grand tirage tels que Saga ou Play Boy.

Jusqu’en 1966, l’hypothèse extraterrestre lui paraissait la plus acceptable, nous dit-il (5a), mais ses expériences des années 1964-68 (vague américaine) vont le changer, lui et son opinion.

« J’ai abandonné l’hypothèse extraterrestre en 1967 lorsque mes enquêtes sur la question ont révélé un étonnant recouvrement entre les phénomènes psychiques et les ovnis… »

Dix ans plus tard, il persistait en écrivant : « les ovnis ne semblent pas du tout faire partie d’un système intergalactique lointain mais sont étroitement reliés à l’humanité et à la Terre elle-même. »

Si les ovnis ne viennent pas de l’espace, d’où viennent-ils alors ?

Réponse de 1988 : « de quelque part d’autre dans notre existence ! Ce quelque part doit être difficile à définir (elusive), signifiant aussi bien une hypothétique 4ème dimension que d’autres plans des traditions psychiques » (5d).

Par delà ce raccourci un peu sec sur 20 ans, en relisant l’œuvre  (6) de J. Keel, essentiellement ses 4 livres (5) traitant des ovnis en général (7), j’ai essayé, si c’est possible, de saisir sa pensée et de dissiper quelques malentendus. Une lourde tâche.

Hypothèse paranormale ou « paraphysique » ?

Dès la parution de son premier livre ufologique en 1970, on catalogua J. Keel parmi les auteurs défenseurs d’une origine purement parapsychologique des ovnis. Et ce, à cause de sa prétention de rattacher le phénomène à manifestations terrestres et non à des visiteurs célestes.

René Fouéré (1904-1990), dans la revue Phénomènes Spatiaux, écrivait (8) : «Quelques auteurs tels J. Keel écartent l’interprétation extraterrestre en matière de soucoupes volantes pour se rabattre sur une explication ne faisant appel qu’à des phénomènes paranormaux d’origine purement terrestre ». Et d’ajouter en tant que partisan de l’H.E.T. : « Nous n’entendons pas les suivre dans cette voie ».

En fait, J. Keel, en circonscrivant la source des ovnis à la Terre, n’en imputait pas obligatoirement l’origine à l’homme lui-même, ce qui en trompa plusieurs.

Dans ces 4 livres ufologiques non traduits en français (ce qui a pu contribuer à la confusion), il ne prétend jamais que certains êtres humains auraient la faculté de faire apparaître des ovnis (9), comme une école française minoritaire le soutiendra dans les années 1975 et fera des émules 10 ans plus tard en Amérique.

Mais il affirme cependant, toujours un brin provocateur : « la supposition parapsychologique peut être plus solide que la spéculation ufologique (spatiale) » !

La pensée « keelienne » n’est pas facile à cerner (même après relecture) tant son habileté à jouer avec les mots, à user de propos allusifs, son utilisation abondante des formules : peut-être que.., il semble que…, etc.), d’affirmations gratuites, de boutades…, fut grande et certainement garante de son succès.

« J’attaque l’ignorance abyssale de l’homme », écrivait-il (5b) sans ciller et ajoutait « s’efforcer comme un forcené de se cacher cette ignorance à lui-même ! » 

Peut-on se demander, sans ternir sa mémoire, s’il ne s’ingénia pas quelque peu à jouer avec ses lecteurs ? Par exemple, en soufflant le froid (5b) : « Peu parmi nous sommes capables de pensée abstraite » ! Puis le chaud : « Vous en savez plus sur les ovnis que l’US Air Force. » (5d)

N’alla-t-il pas même jusqu’à en nier l’existence du phénomène ovni, comme dans ce passage : « une grande part de la tradition ovni est subjective et nombre d’événements prétendument liés aux ovnis sont en fait les produits d’un processus complexe hallucinatoire » (1bis).

Au risque de passer pour un partisan de l’hypothèse psychosociale ou pour un incroyant en affirmant qu’« une large part du phénomène ovni est de la fabulation » !

Ce même « processus » aurait, selon lui, tout aussi bien « stimulé », il y a des siècles, les croyances religieuses, les contes de fées et les systèmes de croyance occultes. Le voilà folkloriste.

En fait, il était tout ça en même temps !

Pour lui, le phénomène ovni n’était pas purement scientifique mais théologique et philosophique (5a) ; ses exégètes trouvèrent les sources de son inspiration dans la littérature occultiste.

Les ovnis sont-ils « éthériques » ?

En fait, J. Keel ne fait aucun mystère du fait qu’il reprend les théories du docteur occultiste Meade N. Layne (1883-1951), fondateur de la « Boderland Science Research Foundation » basée en Californie (10), pour qui les ovnis sont des entités surnaturelles prenant différentes formes en provenance du royaume « éthérique » ; depuis 1945, ce dernier prônait qu’un monde « éthérique » coexiste avec le nôtre et l’interpénètre, entrées et sorties se faisant par l’entremise de la dualité : matérialisation/dématérialisation (11).

Dès leurs premières apparitions, M. N. Layne assimile les ovnis à des « vaisseaux venus de l’Ether », pilotés par des Ethériens.

J. Keel ne fera que perpétuer et développer cette théorie en y changeant les noms [les « ultraterrestres » remplaçant les « Ethériens » et le « superspectre », l’Ether (12)] et en en élargissant son champ d’application.

Ses qualités narratives feront le reste et lui assureront le succès que l’on sait, J. Clark, pas forcément de son avis loin de là, le reconnaissant « comme une figure de l’ufologie la plus influente et la plus sujette à controverse ».

Raison de plus pour le soumettre à une critique sévère, ce que je ne priverai pas au moins dans les domaines de ma compétence : la physique énergétique et le spectre électromagnétique qui sont d’ailleurs les deux piliers de sa thèse.

Opération « Cheval de Troie »

C’est par cette image gréco-épique si évocatrice que, dès 1970, J. Keel qualifie le phénomène ovni dans son premier livre ufologique (5a) : une « opération » interne et non venue du dehors, sous laquelle se cache une intention hostile vis-à-vis de l’Humanité et dont les responsables ont un but ultime : conquérir l’espèce humaine de l’intérieur !

« Nos cieux ont été remplis de ces « chevaux de Troie » à travers toute l’Histoire », écrit-il. Il en serait venu à cette hypothèse au terme de 4 ans d’étude poussée du phénomène – des milliers d’enquêtes en personne (sic), plus de 200 interviewes de contactés et après avoir recueilli plus de 100 cas de « temps comprimé » (manquant), précise-t-il au cours de laquelle lui-même aurait vu un ovni.

Et les chevaux de Troie ne se manifestent pas seulement en phénomènes célestes (ovni) !

Il ouvre ainsi le champ à toutes sortes d’observations inexpliquées : faits fortéens - Keel était un admirateur de C. Fort [1874-1932]), manifestations parapsychologiques [poltergeiste, doubles (doppelgänger), spiritisme (13)], monstres et autres phénomènes paranormaux (combustions spontanées humaines, rencontres diverses dont celles des fameux hommes en noirs (MIB) pour lesquels on le donne, à tort ?, comme l’ « inventeur », pannes de courant, « humming », moteurs qui calent, disparitions (Vol 19, Mary Céleste etc.), transportations, etc., bref toutes les « anomalies », allant jusqu’aux miracles religieux !

C’est ce qu’on appelle ratisser large : tout est mis dans le même sac et constitue un méli-mélo propre à dissoudre le phénomène ovni dans le paranormal en tant que phénomène d’origine purement terrestre.

Il faut croire que les idées de J. Keel formulées dès 1970 tombaient à pic dans l’esprit de certains ufologues, déçus (déjà !) par l’hermétisme apparent de la logique de prise de contact E.T. qui se faisait jour après 25 ans d’attente ; beaucoup aujourd’hui, après 60 ans, l’ont rejoint sans toujours bien discerner sa pensée.

Ce sont des exemples de ces phénomènes hétéroclites (souvent les mêmes, d’ailleurs) qui constituent le fonds de commerce de sa discussion, répétée à l’infini sous des formes légèrement différences entre 1970 et 2000.

Cet effet de « leitmotiv » est certainement aussi amplifié par le fait qu’au moins deux de ses livres sont des assemblages d’articles qu’il a écrit ailleurs (5c et 14).

La traduction d’un seul de ses livres cités en 5/ aurait suffi à faire connaître sa théorie en France autrement que par fans interposés et souvent abusés. Et aussi évité qu’on nous serve aujourd’hui des resucées – voire presque des plagiats – de cette thèse vieille de plus de 65 ans.

Voyons maintenant les deux chevaux de bataille (pas de Troie ceux-là !) sur lesquels J. Keel a bâti sa théorie : le « superspectre » et les « ultraterrestres ».

Le « superspectre »

A l’époque où J. Keel présente sa théorie comme une alternative à l’H.E.T (1970-75), il a deux « dadas » : l’équivalence théorique entre la matière et l’énergie (5a) et le spectre électromagnétique (5c et 15) qu’il n’hésite pas à prolonger à ses deux extrémités pour finalement les faire se rejoindre dans ce qu’il appelle le « superspectre » [c’est en fait l’Ether à la sauce Keel), d’un côté, au-delà de la super-énergie (?), et de l’autre au-delà du champ gravitationnel en passant par l’E.S.P. (perception extrasensorielle (16)], laquelle permettrait de « se régler » (5c) (tune) sur le « superspectre » (?) grâce à la médiumnité.

« Ce que j’appelle le superspectre, c’est un spectre d’énergie qui se tient en dehors du spectre électromagnétique normal. » (5c)

Néanmoins, « le phénomène ovni est électromagnétique » (5a), écrit-il, ce qui permet d’expliquer (17) son incroyable « flexibilité », son invisibilité.



Le schéma fantaisiste du « superspectre » selon J. Keel.

« Dans le superspectre, deux choses peuvent occuper la même place en même temps.» (5c)
 « Les soucoupes volantes ne viennent pas de quelque civilisation type Buck Rogers présente sur une quelconque planète, ils sont nos voisins de palier, faisant partie d’un autre continuum espace/temps où la vie, la matière et l’énergie sont radicalement différentes des nôtre s» (5a).

« C’est quand elles abaissent leur fréquence (?) qu’elles entrent à l’état solide (matérialisation) et peuvent laisser des traces au sol. Elles ont besoin de quelques atomes de notre monde à partir d’un avion, d’une auto ! » (5a)

La seule méthode pour se couper du « superspectre », la trépanation (5c) !

L’explication de ces matérialisations (ovnis, fantômes) données par J. Keel est que « l’énergie du superspectre (énergie pure ?) est amenée dans notre réalité, notre continuum espace-temps, et est changée en matière atomique (5c) » par changement des fréquences ??

Et de gloser sur l’équivalence masse/énergie [« puisque l’énergie est le constituant-clé de l’univers » (5c)] pour dénoncer un monde d’illusion et d’autres plans d’existence. Comme si cette équivalence einsteinienne permettait de passer de l’une à l’autre par simple « manipulation » alors qu’il s’agit d’un simple concept inaccessible sans de gros moyens techniques ; or, les ovnis sont plutôt réputés pour leur discrétion ! Pas de « boom » supersonique (5c) !

Qu’à cela ne tienne !

 « Le changement de fréquence produit des rayons gamma et UV dangereux » (5a) [ces « matérialisations composées d’énergie électromagnétique pure irradient aussi des doses massives de rayons X » (5b)], d’où l’irradiation des témoins d’ovnis qui développent des leucémies.

 « Ces lumières sont des « boules » (bundles) d’énergie animées et intelligentes traversant l’étendue du superspectre » (5c).

« Ils (les ovnis) traversent l’espace instantanément » (5c).

Autre variante : « Notre petite planète semble faire l’objet d’une expérience menée par des forces ou des entités interpénétrantes depuis quelque autre continuum espace/temps. »

Ainsi, « les ovnis sont plutôt des intrusions temporaires dans notre réalité… »

On voit que cette matérialisation douce d’une énergie hypothétique sert à J. Keel à écrire de belles phrases et à résoudre moult énigmes ; l’ennui, c’est que ses fondements théoriques sont totalement inexistants !

Mais cela permet quand même à J. Keel de surfer sur la vague de la « métamorphose » (transmogrification) qui est un autre de ses thèmes favoris.

Les ovnis peuvent faire n’importe quoi !

« Les ovnis n’existent pas en tant qu’objets tangibles manufacturés. Ils ne semblent rien d’autre que des métamorphoses » (5a).  Cet aspect semble fasciner J. Keel qui l’exploite sans retenue.

Plutôt que de croire à l’H.E.T., plutôt que penser que tous les témoins font erreur ou mentent, il pense que ces objets à multiples facettes existent comme des « métamorphoses temporaires en forme de disques, de cigares… »

Des « objets mous », des « omnis » !

« Des masses d’énergie apparemment très plastiques capables de prendre différentes formes » (5c). 

« Ces masses plastiques d’énergie forment le noyau du phénomène ovni, existent en dehors de notre temps et passent à travers notre dimension occasionnellement » (5c). 

« Etant détachées de notre réalité, elles ne sont pas affectées par les lois naturelles qui nous régentent. La gravitation n’exerce sur elles aucune réelle influence ? Elles ne défient pas mécaniquement la pesanteur. Elles l’ignorent » (5c). 

Elles peuvent se mouvoir dans le passé, le présent (pas l’avenir ?). Elles sont extradimensionnelles (5c), pas extraterrestres.

On voit que J. Keel n’est pas chiche de son explication : les ovnis viennent-ils du « superspectre », d’une autre dimension, d’une autre réalité, d’un autre temps, etc. ?

Difficile de ne pas avoir un peu raison même si rien n’en accrédite le moindre ancrage dans la science actuelle.

Mais qui est-ce qui produit tout cela ?

Une super-Intelligence aux intentions démoniaque ?

Selon J. Keel, c’est primairement « une grande Intelligence » omnipotente (est-ce le Dieu au sommet du « superspectre » ?) qui « guide » le phénomène ovni puisqu’il semble bien être « contrôlé » et possède la capacité de manipuler l’énergie, l’espace et le temps. C’est elle qui « contrôle les fréquences » !

Elle est « malicieuse et a un grand sens de l’humour » (5c).  (J. Keel aussi). Elle organise un « canular cosmique » (5a) (cosmic hoax).

Ceux qui ont retenu ça ont vu dans la théorie de Keel celle des démons. « Une vraie théorie diabolique prendra forme autour du superspectre », écrit-il (5c). « Les manifestations ovnis semblent être des variations seulement mineures du phénomène démonologique d’antan » (5a). Cette théorie ultime diabolique est symbolisée par cette « 8ème tour » (5c) qualifiée d’imaginaire !

Selon lui, les « contactés » sont assimilables (5b et 5c) aux « possédés ».

Ultimement, il écrit : « Le diable est apparemment plus généreux que Dieu » (5c).

 « Un autre monde d’énergie intelligente est entremêlé avec le nôtre et est parfaitement conscient de nous tandis que nous sommes vaguement conscients de lui. Il a une vue claire de notre avenir » (5c).

Mais « nous n’avons jamais vu les « maîtres » de cette Intelligence, seulement les esclaves » (5c). Les fameux « ultraterrestres » responsable de la basse besogne à notre niveau (périphérie terrestre).

Les « ultraterrestres », qui sont-ils ?

Il faut attendre la page 91 de son premier livre (5a) pour voir, pour la première fois, le terme « ultraterrestres » (U.T.) qu’il substitue aux « Ethériens ».

Il leur met sur le dos de multiples fonctions.

Ce sont eux qui par ruse produiraient ces leurres (18) destinés à masquer les vrais ovnis et permettre que la thèse du ridicule prévale !

Ce sont eux qui, décrits comme des non-humains comme dans la Bible, « cultivent les croyances et créent de nouvelles manifestations pour les accréditer ». Allusion aux ovnis qui adoptent (eux aussi ils ont le don de la métamorphose) des formes calquées sur la technologie du temps.

Des U.T. manipulateurs, notamment vis-à-vis des êtres humains ! Il y a les bons, et les mauvais. Ils jouent avec nous pour nous « mésinformer ». Ainsi (5b), « sont-ils nos bienfaiteurs et nos ennemis ; ils nous éduquent et nous tourmentent ; ils nous observent et nous surveillent par delà nos civilisations ».

Les « ultraterrestres » « nous aiment » (5a) ou bien « semblent » cacher une intention hostile… Ils s’expriment à travers les contactés « comme s’ils voulaient nous conduire dans un prochain âge des ténèbres et de superstion » (5a).

Comme des acteurs cabotins, ils adorent assumer le rôle et adopter le nom de l’ancienne mythologie (5b) !

Les « ultraterrestres », dont la psychologie (!) est bien connue dans le folklore magique de l’Europe du Nord et les légendes anciennes de Rome, Grèce et de l’Inde. Malheureusement, tout cela est enfoui sous une obscure terminologie (5a).

Hitler, sur qui s’interroge J. Keel quant à sa présence vivant sur Vénus (5c), aurait eu connaissance des U.T. et auraient tenté de communiquer avec eux (5a). Les Américains et les Anglais aussi !!

L’étude de ces U.T. en incombe aux historiens, philosophes, psychiatre, théologiens, les scientifiques pouvant y apporter une contribution (5a).

M’étant laissé dire (ah l’aide de google et d’Internet si sujette à caution !) que J. Keel, dans « Our Haunted Planet » « avait discuté la possibilité que les « ultraterrestres » ne soient pas des « visiteurs » mais « une civilisation avancée terrestre », ce qui nous ramènerait sur un terrain plus solide, j’ai donc vérifié….

Les « ultraterrestres » sont-ils terrestres ?

C’est dans son deuxième paru (5b), en effet, que J. Keel envisage « que la Terre a deux histoires, celle enseignée à l’école et l’autre, la réelle ».

« Pendant que les hommes des cavernes, écrit-il, en bavaient pour inventer le feu sur cette planète, existait une civilisation développée d’êtres intelligents qui furent les constructeurs des cités de pierre ». « Ces bâtisseurs sont oubliés ».

Et de dérouler les classiques arguments avancés en faveur de la thèse que « nous ne sommes pas les premiers », si chère à mon regretté ami australien Andrew Tomas (1907-2001) : tout y passe, lesdits « artefacts », les monuments colossaux, les pétroglyphes précolombiens, l’Atlantide, le déluge avec citation de E. von Däniken, I. Velikovsky (1895-1979), et les auteurs du « Matin des Magiciens ».

Si J. Keel affirme expressément que « l’homme moderne est le descendant (19) des survivants de quelque civilisation antérieure à la nôtre qui a existé, il y a quelques milliers, voire millions d’années », qui n’a aucun lien biologique direct avec les animaux inférieurs (antidarwinisme), désolé, mais je ne trouve pas un mot dans ces 70 pages (5b) des ultraterrestres ! Mais je peux me tromper.

C’est bien plus loin dans ce livre (5b) qu’il parle pour la première fois d’ « ultraterrestres » dont un groupe inférieur aurait pris possession de la Terre et ainsi, piégés, « incapables de remonter l’échelle électromagnétique (?) et de rejoindre leur monde éthérique, seraient revenus à la condition animale mais intelligente » !

Ayant pris l’apparence humaine, ils se seraient croisés avec les « mortels » (les premiers ne l’auraient pas été ?), pour donner une descendance.

Est-ce ainsi que certains « ultraterrestres » seraient terrestres ? J’avoue qu’on s’y perd un peu !

Selon J. Keel, plus de 2 millions de ces descendants vivent parmi nous !

D’où viennent alors les U.T. ?

Au terme d’un long passage (5b) sur divers signaux captés depuis le début du 20ème siècle et sur la radioastronomie (remplissage hors sujet ?), on pourrait penser que ces U.T. sont au contraire bien extraterrestres.

D’autant que J. Keel insinue que plusieurs de ces signaux captés « sentent à plein nez l’œuvre malicieuse de nos U.T. » !

Ainsi, y aurait-il des purs U. T. et des « sous-U.T. » : « Les « entités » ainsi produites n’ont pas leur propre esprit, elles sont stupides, perdues. Elles se promènent dans notre dimension, comme des fantômes, des « lutins », inoffensifs jusqu’à ce qu’ils trouvent un « croyant » (5c). Alors, ils se nourrissent de ses émotions et créent des manifestations.

Ainsi la chaîne est-elle complétée entre l’Intelligence et les hommes qui sont aussi « des robots biochimiques » (5c) !

La Terre est donc une sorte de « ferme » [idée forte volée à C. Fort pour qui la Terre « appartient à quelqu’un » (5c)] peuplée d’une multitude de créatures protéiformes et indéfinies.

Pourquoi sont-ils là ?

La question est posée plusieurs fois dans l’œuvre de J. Keel. Soit elle reste sans réponse, soit la réponse est très évasive : les U.T. ont besoin, ont nécessité de communiquer avec nous (5b et 5c).

Une autre réponse, plus douteuse encore, est celle formulée dans le dernier livre (5d) de J. Keel où il dit que la Terre a toujours été un « Disneyland pour les dieux » et affirme que les U.T. « ont besoin d’une énorme quantité de sang animal ou humain » et en les qualifiants de « vampires de l’espace » (5d), les mettant en rapport avec le phénomène connexe de mutilations de bovins, de moutons, de chiens et de chevaux (il ne parle pas des cas humains).

Fait inquiétant selon J. Keel : « les U.T. sont aptes à manipuler les êtres humains » (5c). « Il y a manifestement une sorte d’intelligence derrière toutes ces manifestations ». Ils manipulent nos peurs, nos croyances.

Mais quelles sont les preuves alléguées pour avancer un tel scénario confus et foisonnant ?

Manque de preuves

J. Keel s’attache très peu à fournir des preuves à ses dires sinon en citant quelques anecdotes sensées y remédier.

Il fonctionne comme un poseur de questions ; selon lui, c’est son rôle de journaliste de faire cela pas de proposer des réponses.

Personnellement, j’ai du mal à accepter cette démarche surtout quand quelqu’un parle de ce qu’il ne connaît pas.

Et qui pourrait parler de ce « superspectre » en connaissance de cause puisqu’il est illusion pure ? J. Keel n’est pas un scientifique, n’en déplaise à P. Lagrange, et il assène quelques « énormités » (20) ; justement sur ces longueurs d’ondes fantaisistes dont il invente les unités (notamment pour la précognition) et sur le processus de matérialisation « par manipulation de la fréquence » qui montrent qu’on ne peut le suivre partout, les yeux fermés ! Il s’égare et nous avec.

Aux objections « physiciennes » concernant la liberté qu’il prend avec l’orthodoxie scientifique, il répond : « Nous manquons de la technologie nécessaire pour prouver cela ».

Où donc J. Keel a pu généraliser les faits suivants (trois pris au hasard parmi une véritable « foultitude ») à l’appui de sa thèse :

- des ondes de chaleur sont radiées par les ovnis et accompagnent les apparitions fantomatiques (5c) (c’est plutôt l’inverse – vent froid – pour ces dernières) ;

-    les petits hommes observés sont entourés d’un halo (5c) bleu vert ;

-    la curieuse tendance des ovnis à stationner au dessus des édifices funéraires et des hôpitaux ???
.
Suivant sa propre méthode, il semble aussi prendre pour acquis les découvertes contestées de chercheurs (21) en marge.

Quant à la science orthodoxe : « elle néglige tout cela » ; « l’astronomie se trompe depuis longtemps ; tout est faux de ce qu’on dit de l’Univers » (5b).

Comme « Dieu est au sommet du superspectre (5c), au point possible le plus haut du spectre de fréquence » les énergies qui y correspondent, si elles existent ( ?), peuvent transcender le temps et ainsi « avoir une connaissance totale des événements humains et même des vies humaines individuelles « (passé, destin). »

Autre « dada » keelien, le côté « prophétique » de certaines manifestations liées aux ovnis.

Le phénomène actuel (1975 ?) d’ « illumination en masse des gens » [il y en aurait  - et aura – de plus en plus (5c)] et le déclin des religions serait, selon lui, en rapport avec une prise de « conscience cosmique ».

Il attendait la réapparition du Christ (22) ou bien la fin du monde pour 1999 (5d) (la panique universelle prédite par lui n’a pas eu lieu), tel que prédit par Nostradamus !

Malgré ces affirmations sans preuves, ces questions sans réponses, ces prévisions sans résultats, J. Keel fut l’auteur de pertinentes remarques sur le phénomène ovni.

Pertinentes remarques

Bien sûr qu’il y a autour de nous une réalité beaucoup plus large que ce que nous pouvons voir ou sentir (5d) ; mais si les ovnis appartiennent à cette réalité élargie, il convient de le démontrer. Ce que n’a su faire J. Keel, ni aucun de ses disciples.

« Les ovnis ne nous ont donné aucune information sur la vie sur d’autres planètes mais ont fourni maintes vérités sur nous-mêmes » (5c). Voilà en effet, une vérité qui mérite d’être citée.

« Quelle civilisation inconnue s’astreindrait à un tel effort de fabriquer des milliers de types différents d’ovnis et de les envoyer tous au-dessus de notre planète » ? Idem.

Le côté « réflectif » des ovnis, en ce sens que les manifestations observées semblent être délibérément adaptées et ajustées aux croyances individuelles et attitudes mentales des témoins, est finement traité par J. Keel dans le cadre de sa thèse infondée. « Ils peuvent nous faire voir ce qu’ils veulent, nous faire se souvenir de ce qu’ils souhaitent » (5a).

De même, le fait que les chercheurs en ufologie qui se focalisent sur un aspect, une théorie particulière, et se retrouvent inondés par ce qui paraît des rapports crédibles venant appuyer, voire corroborer, leur théorie est pleine de bon sens. Question : lui-même n’en aurait-il pas été la plus grande victime ?

Attention, stipule-t-il, à la fin de son premier livre, « il serait dangereux d’exclure la possibilité qu’un petit résidu d’observations (ovnis) puisse être réel car cela nous expose à une invasion d’êtres d’un autre monde ». C’est précisément ceux-là qui m’intéressent !

La remarque selon laquelle les « pulsations » de certains ovnis entreraient en résonance avec le témoin (5c) lequel, soit passerait en transe hypnotique s’il est doté d’une propension aux expériences « psi », soit hallucinerait, me semble aussi digne d’être approfondie.

Quant à ses autres remarques : observations d’ovnis surtout les mercredis, les 24 de mois (23), les synchronicités et autres facteurs de coïncidences (les Juifs verraient peu d’ovnis par rapport aux autres !) entre ovnis et phénomènes connexes, difficile de les corroborer.

Qu’en conclure ?

Que la thèse « paraphysique » de J. Keel, basée sur d’hypothétiques « ultraterrestres » pour expliquer le phénomène ovni, me semble bien loin de constituer une alternative crédible à l’H.E.T.

Que, malheureusement pour lui, les deux piliers de sa théorie, le « superspectre » et les « ultraterrestres » (24) n’ont, depuis 40 ans, pas enregistré le moindre soupçon d’indice de vérification. Alors que tout le monde s’accorde à dire que le cosmos pullule d’extraterrestres et que la voie lactée compte plus de mille milliards d’exoplanètes !

Que les visions « keeliennes » sont fascinantes mais demeurent en 2009 encore au stade des spéculations gratuites.

Par ailleurs, en voulant élargir la problématique ovni aux phénomènes paranormaux en général, J. Keel l’a fait entrer dans le fourre-tout du paranormal où il côtoie, entassés pêle-mêle, le pire comme le meilleur…

Avec le danger de l’avènement d’un occultisme ufologique qui a pris le pas sur les observations et les enquêtes de terrain pour relever les traces et les témoignages à chaud. Ces derniers se font plutôt aujourd’hui « en chambre » avec les cas allégués d’abduction.

L’ufologie a ainsi perdu son ancrage dans son temps (ère spatiale) et dans sa réalité (phénomène soucoupe) pour aller rejoindre une toute petite place dans le large échantillonnage du paranormal.

On nous dit que les idées de J. Keel ont largement séduit ; pas d’ailleurs surtout en Amérique. En France, elles auraient rallié toute une catégorie d’ufologues sans d’ailleurs être très précisément connues directement! Une belle performance alors.

Mais peut-être cependant pas autant que J. Keel voulait bien s’en vanter ; car il n’hésitait pas à écrire : « Mes découvertes furent très impopulaires à l’époque (aux USA), mais dans les années qui suivirent la plupart des enquêteurs européens (lesquels ?), et nombre des scientifiques américains impliqués dans le sujet (je n’en vois qu’un), ont vérifié (?) et accepté mes conclusions ».

Et de citer J. Vallée, A. Michel (1919-1992) et G. Creighton (1908-2003) qui ont abandonné l’H.E.T., pour regarder en direction (sic) « de la réalité alternée et du concept interdimensionnel » (5d) (peu abordés d’ailleurs par J. Keel), ce qui est loin de constituer un grand nombre et une grosse part de l’ufologie mondiale.

Une tendance à l’exagération – relevée tout au long de ses écrits - à la mesure du personnage qui peut expliquer son aigreur qu’on nous dit grande au cours de ses dernières années.

J. Keel a eu le mérite d’offrir une échappatoire aux frustrations de l’explication extraterrestre. On peut s’en réjouir ou bien le déplorer.

Personnellement, je penche plutôt vers la seconde possibilité.

J. Keel fut le champion de l’ambiguïté : celle qui permet de faire croire qu’on a tout compris sans vraiment en expliciter ce qu’on entend par là !

Du grand art mais dans la déception, car rendre le mystère inaccessible, c’est ouvrir la Boîte à Pandore (son Cheval de Troie) à tous les excès notamment à ceux visant à l’évacuer mais aussi à le caricaturer (25).


Notes et références :

1/ Dans le numéro 500 du magazine américain « FATE » (novembre 1991) où il tint une chronique régulière intitulée « Beyond the Know » (Au-delà du connu) jusqu’en 2000 (1bis), J. Keel révèle qu’il voulait écrire un livre (1ter) sur l’histoire de Maury Island sans indiquer à quelle date.

Cette affaire rocambolesque fut qualifiée par E. J. Ruppelt (1923-1960) de la plus sale tromperie de l’histoire des ovnis (à cause de la mort de deux officiers de l’armée de l’air américaine au cours de l’enquête) ; il s’agissait d’un soi-disant témoignage (filmé ?) d’une observation d’ovnis avec chute de fragments de matériau (comme de la lave) et ce, un peu plus d’un mois avant l’observation de Arnold !

Malgré la confession des témoins disant qu’ils avaient voulu faire une « farce », la légende continua : en particulier, K. Arnold persista à croire qu’ils avaient dit la vérité.

J. Keel, lui aussi, mais dans un contexte particulier ; il écrivait en 1987 que les témoins avaient assisté à un déversement illégal de déchets radioactifs conduits par des avions cargos du service de la Commission à l’énergie atomique américaine ; en 1991, il parlait de ce cas comme « du plus important relatif aux ovnis des temps modernes » !

1bis/ Il serait bon que quelqu’un examine de près ces chroniques mensuelles où doit se trouver la quintessence de la pensée de Keel, pour voir si l’évolution constatée en 1988 a continué son chemin. Je m’y attellerai peut-être un jour.

1ter/ Selon J. Keel, aucun éditeur ne fut intéressé à publier le livre (non écrit ?) qu’il proposait sur cette affaire à cause de sa non intelligibilité pour ceux qui n’étaient pas familiers avec les écrits de Arnold et Raymond A. Palmer et dotés d’une connaissance poussée de la physique nucléaire !

J. Keel était imbu de connaissances scientifiques qu’il n’avait pas. Ses doctorats honorifiques (Ph. D.) dont il s’affublait en archéologie et en erpétologie (science des reptiles et des amphibiens !) ne peuvent faire illusion et je ne vois pas comment P. Lagrange peut écrire que sa théorie avait quelque légitimité scientifique (4).

Une ébauche très succincte de ce livre parut dans l’ouvrage collectif : UFO’s 1947-1987 ; The 40-year Search for an Explanation, en 1987 [Son titre : « The Maury Island Caper » (La farce de l’Île Maury)] : elle était précédée d’un préliminaire parlant de l’implication de J. Keel dans les ovnis avec une intéressante sélection de citations.

Ray Palmer (1910-1977) fut l’éditeur de la revue de science fiction Amazing Stories et de FATE (non fiction) dont le premier numéro parut au printemps 1948.

2/ Keel, John A., Jadoo, W. H. Allen, Londres, 1958. Traduit par Jean Rosenthal et publié en français par Buchet/Chastel-Corrêa, Paris, 1958.


Il s’agissait d’un ouvrage autobiographique du journaliste spécialisé dans les magazines pour hommes que J. Keel était à l’époque ; il y racontait son voyage, de 1951 à 1954, en Afrique et en Asie, parti d’Allemagne où il faisait partie du contingent de l’armée américaine.

Sur un ton qui révélait à la plus totale incrédulité, il y déballait les trucages de la magie africaine et des légendes mystiques de l’Orient : « trucs » de la vision « radiographique », les yeux bandés, « tour » de la corde suspendue dans le ciel, des fakirs « pelotes d’épingles », du serpent à deux têtes, les « procédés » de la marche sur l’eau, des enterrés – et immergés - vivants, de la chasse au yéti (homme des neiges de l’Himalaya dont il trouva la trace) et des apparitions dites « tulpas » qu’il attribue (sic) « sans doute à une forme d’autosuggestion ».

L’humour était déjà là, pas la croyance !

Mais peut-être la notion de « pensées-formes » du Tibet l’a-t-il influencé pour élaborer sa thèse des « ultraterrestres » ?

3/ J. Keel était aussi poète, auteur de pièces de théâtre, de scénarios TV : un véritable écrivain.

4/ Dans la préface de la traduction française du livre de J. Keel : The Mothman Prophecies, par Benjamin Legrand, publié sous le titre : La Prophétie des Ombres, Presses du Châtelet, Paris, 2002, Pierre Lagrange précise que « Jadoo » était passé inaperçu des ufologues ; et pour cause : il ne parlait aucunement d’ovnis !

« The Mothman Prophecies » fut publié en Amérique en 1975 par Saturday Review Press/E. P. Dutton & CO., INC., New York.

5/ Keel, John A :

a Why UFOs ; Operation Trojan Horse, G. P. Putnam’s Sons, 1970. Manor Books INC., New York, 1976.


b Our Haunted Planet, Fawcett Publications, Greenwich, Connecticut, 1971.


c The Eight Tower ; The Cosmic Force Behind All Religious, Occult and UFO Phenomena, Saturday Review Press/E. P. Dutton & CO., INC., New York, 1975.


Ce livre exploite surtout la notion de « superspectre » mais ce mot a dû être jugé comme dissuasif pour être utilisé dans le titre qui avec cette « Huitième Tour » emprunte à la tour de Babel, selon Hérodote.

d Disneyland of the Gods ; An Investigation into Psychic Phenomena and the Outer Limits of Human Perception, Amok Press, New York, 1988.



6/ La revue ufologique britannique Flying Saucer Review ouvrit aussi largement ses pages aux écrits de J. Keel entre 1966 et 1971.

7/ Ajoutons-y le seul livre « ufologique » de John Keel traduit en français référencé en 4/.


8/ Phénomènes Spatiaux, n° 24, 2ème trimestre 1970, page 25.

A noter qu’aucun des 3 livres de J. Keel parus pendant la période du G.E.P.A. ne fit l’objet d’une présentation dans cette revue.

9/ Par contre, pour les « contacts » et de rencontres rapprochées du 3ème type sont bien assimilées à des communications « psi ». Et J. Keel écrit qu’il faut se concentrer sur les expériences des contactés et les organisations ufologiques ont eu tort de prendre les « abductions » pour des mensonges.

A ce propos, suivi sur toute la ligne, il a dû mourir en paix !

Il serait en personne entré en communication avec des entités elles-mêmes et aurait conversé avec elles pendant des heures…9bis/ Lui-même révèle avoir été volontairement testé par le fameux parapsychologue Carl Osis de la « Parapsychological Foundation »; « mes pouvoirs ESP étaient très peu fiables », reconnaît-il.

9bis/ J. Keel fut-il ainsi la victime consentante (?) d’une communication du type MIB, les fameux hommes en noirs sur lesquels il s’appesantit ?

10/ J’ai été abonné à la revue « Journal of Boderland Research » publiée par cette association entre 1974 et 1992. Je me suis fatigué des théories fumeuses dont elle était remplie. Apparemment, elle existe encore aujourd’hui.

11/ En 1958, Trevor James soutint la même thèse dans le livre : They live in the Sky, New Age Publishing CO. Los Angeles, Californie. Pour lui, les éthériens étaient des amibes spatiales. Il en avait photographié.


12/ L’ « Ether », ce fameux fluide hypothétique cher à Platon (427-348 av. J.-C.), objet de dispute de I. Newton (1642-1727) à A. Einstein (1879-1955), jamais découvert mais « redécouvert » par P. Dirac (1902-1984) et L. de Broglie (1892-1987) pour sombrer définitivement ensuite ; il fut adopté (et adapté) par les occultistes qui en rendirent le sens confus et en déformèrent les fondements. Ceux-ci lui accordent différents niveaux de réalité et le tiennent pour un fluide qui s’écoule dans les espaces ouverts à l’intérieur, entre, et autour de toutes les particules de matière. Loin de l’interprétation de Layne et Keel.

Qui veut tout savoir sur l’Ether doit se procurer le livre : « Conceptions of Ether : Studies in the History of Ether Theories 1740-1900, par Cantor G. N. & Hodge, M. J. S., publié par Cambridge University Press en 1981. 

13/ Ainsi accole-t-il à la date-clé du 24 juin 1947 (observation de K. Arnold), qui « fixa un nouveau cadre de référence pour les ovnis », celle du 31 mars 1848, reconnue comme celle de la naissance du spiritisme avec les sœurs Fox qu’il classe cependant parmi les tricheuses. « Le spiritisme est juste un autre moyen de communication entre les ultraterrestres et nous-mêmes » (5a). Il compare ainsi la communication avec les morts (y compris la transcommunication !) avec l’H.E.T. « pour donner une explication naturelle coûte que coûte » ! Ratissant plus large, il lorgne vers les matérialisations d’êtres et d’objets (apports) qui se produisent dans les cabinets spirites (5c).

Certains « ufonautes se comportent comme des fantômes transparents » : ils volent, ils glissent… ; c’est la preuve qu’ils ne sont pas faits de substance « normale ». D’ectoplasme, alors ? Il ne prononce le nom qu’une fois mais à plusieurs reprises, il parle des « élémentals de type humain qui se matérialisent en séances et sont identiques aux ufonautes ».

« Quelques ovnis seraient des voyageurs astraux ! »

J. Keel affirme ne pas être spirite lui-même mais il a assisté à quelques séances en tant que « railleur et incrédule ». Il met en avant ici sa qualité de « magicien amateur » ;

14/ Keel, John A., Strange Creatures from Time and Space, Fawcett Publications, Greenwich, Connecticut, 1970.


15/ A noter que le spectre électromagnétique est parfaitement connu et borné par les scientifiques. On ne peut ainsi le faire déborder pour récupérer tous les phénomènes dits inexplicables et surtout le « boucler » à ses deux extrémités – hautes fréquences/ultra basses fréquences. Cela relève encore aujourd’hui en 2009 de la plus haute fantaisie. Ou alors, cela se fera suite à une révolution paradigmatique, J. Keel recevra le prix Nobel de physique !

Par contre, ce qui n’est pas borné, c’est l’imagination humaine.

J. Keel, au gré de son propos, assimile alternativement le « superspectre » à l’inconscient collectif de C. G Jung (1875-1961) et au monstre cosmique des Chinois (5c) ! L’un et l’autre étant tout aussi spéculatifs.

16/ Par ailleurs, rien n’indique que les faits parapsychologiques soient électromagnétiques ; les multiples tentatives pour mettre en évidence un tel support pour la télépathie ont toutes échoué ; la télépathie, qui sous-entend une communication de cerveau à cerveau, a fait l’objet de nombreuses études  qui n’ont jamais apporté l’évidence de la moindre onde électromagnétique émise par le cerveau laquelle pourrait lui servir de support de transmission.

17/ Tout en reconnaissant que le simple magnétisme ne peut faire caler un moteur à explosion d’un véhicule sans affecter violemment les passagers !

18/ J. Keel fut aussi le premier à traiter de « leurres » certaines manifestations plus ou moins paranormales destinées à détourner l’attention (comme l’inventeur secret sévissant lors de l’épisode des « airships » en Amérique). Cette idée a fait son chemin chez certains.

19/ J. Keel assimile (5b) nommément Adam à un « ultraterrestre ».

20/ « Enormités » pas seulement scientifiques mais historiques. Pour lui, il n’y a aucune preuve que Gutenberg a existé ! C’était une entourloupe de « cranks », ces allumés, ces excentriques qu’il aimait tant vilipender.

21/ J. Keel fut aussi un grand admirateur de Wilhelm. Reich (1897-1955) auquel il emprunte, pour étayer sa thèse, l’invention d’un champ de force de haute fréquence appelé « énergie d’orgone » et le fait que le psychiatre allemand « suspecta que les ovnis usaient de cette énergie comme moyen de propulsion ». A noter que cette énergie biophysique n’a jamais été démontrée officiellement, ni dans les hautes fréquences, ni ailleurs.

22/ Le Christ n’est pas reparu comme prévu par J. Keel ; le Christ dont l’ « ascension » est assimilée à une abduction » (5c) ! En 1975, nous étions proches de la fin du cycle cosmique (5c).Il n’y a pas eu une apparition de « l’Age Noir » (encore que ?) ; par contre la prédiction que la moitié des gens seraient sans emploi (5c) en l’an 2000 était prémonitoire puisque c’est presque la réalité pour les jeunes sans diplôme en France !

23/ Le 24ème jour du mois serait aussi, selon J. Keel, un jour privilégié pour la mort des grands noms de l’ufologie !

Quant à l’existence de l’« effet du mercredi », il a été testé par l’ufologue américain David Saunders  sur 7000 cas rassemblés par le CUFOS (Center for UFO Studies) et s’est révélé nul ; pourtant, J. Keel pensait qu’il pouvait donner du sens à son idée des U.T. ?

24/ Et je suis bien placé pour affirmer cela si l’on reste dans l’optique « keelienne » : à savoir que les entités qui pilotent les ovnis sont les mêmes que celles qui se manifestent dans les cabinets spirites.

25/ Par exemple avec les outrances de l’ufologie dite « aliéniste » : Petits Gris, EBE, etc.

Publié dans UFOMANIA n°59, décembre 2009.











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