mercredi 27 novembre 2019

La chronique des Chupacabras



« Et voilà les chupacabras ! », titrais-je en ce journal, le 30 juin 1996. Depuis, les manifestations de ce monstre cryptozoologique (il ne correspond à rien de connu) ibérico-américain, dit « tueur de chèvre », ont été nombreuses, surtout depuis mai dernier où d’étonnantes révélations ont été faites à son endroit qui permettent de jeter quelque lumière sur sa réalité.

 

Tout d’abord, il a encore étendu son champ d’action de l’île de Porto-Rico vers le Mexique, le Guatemala, l’Argentine, le Chili… C’est là qu’en la ville de Calama, en juin dernier, après un raid où il laissa jonchant le sol des douzaines de chèvres, poules, lapins et autres animaux « complètement exsangues et non dévorés », on parla encore d’une capture – les deux spécimens emportés aux Etats Unis en 1996 n’étaient qu’une « rumeur » - avec mise sous bonne garde de l’animal dans un baraquement de l’armée en l’attente d’experts de la NASA (sic) ! Une femme, ayant été confrontée à l’animal, aurait même reçu de lui le message télépathique : « Ne crie pas à l’aide ». « Le chupacabras n’est-il pas un animal, mais une entité pensante ? », s’interrogeait un respectable médecin.


En juin, un journaliste lançait la nouvelle : les chupacabras attaquent les humains ! Quatre femmes, projetées au sol et subjuguées télépathiquement. Le journal La Estrella de Loa, du 31 juillet, citait le cas de trois écoliers qui, rentrant chez eux à 19 h, avaient fait l’effrayante rencontre d’une de ces créatures vue en lévitation à 30 cm au-dessus du sol : haute de 1,5 m, elle avait de grands yeux jaunes et un pelage gris foncé mais ne s’était pas montrée agressive.

Une femme de Juarez, au Nicaragua, racontait en septembre dernier avoir été mordue au cou par une créature ressemblant à une chauve souris géante.  En fait, elle avoua plus tard avoir inventé cette histoire pour détourner les soupçons de son rustre mari à l’encontre de son amant.

Mais l’animal mythique n’était pas là uniquement pour fournir des alibis à des femmes infidèles. En juin, un exemplaire a même été abattu et photographié…

 Un chupacabras mort photographié

 

C’est sur la ferme de San Lorenzo, dans la petite ville nicaraguaïenne de Tolapa, que l’animal a été tué, selon le journal El Nuevo Diario. « Vendredi, quelque chose est venu semer la terreur dans les enclos, a déclaré le fermier. J’ai tiré plusieurs coups de feu jusqu’à ce que la chose disparaisse dans la nuit ».

Le commis de ferme retrouvera les restes de l’animal, deux jours plus tard, les ayant repérés grâce à un vol circulaire de vautours au-dessus de la carcasse ; en état de décomposition avancée, comme on le voit ici sur la photo ils furent filmés et transportés au département de biologie de l’université locale pour y être étudiés afin de statuer sur leur origine autochtone ou non. A partir de là, les spéculations allèrent bon train. Une zoologiste notait que la bête avait des griffes surmontées de ce qui peut s’apparenter à des « ongles » très haut placés, des crocs surdimensionnés, un emplacement oculaire très important par rapport à la taille de la tête et des protubérances sur les vertèbres hautes « comme la dorsale d’un crocodile ». Un vétérinaire, quant à lui, pensait que « la créature pourrait être un hybride de plusieurs espèces, créé en laboratoire par des manipulations d’ingénierie génétique ». Ce qui n’empêchait pas les universitaires de conclure, après deux jours seulement d’examen, qu’il s’agissait tout simplement d’un chien sauvage ! La dépouille, renvoyée à son propriétaire, suscitait de sa part cette exclamation : « Ce n’est plus mon suceur de sang de chèvres ! »


Publié dans DIMANCHE Saône & Loire du 19 novembre 2000.

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