mercredi 27 novembre 2019

Un ovni récalcitrant



S’il est une preuve photographique, une seule, en faveur de la réalité des ovnis, c’est bien celle-là ! Et pourtant, elle ne saurait constituer un argument irrécusable.


Car, « ce cas est la parfaite illustration du fait que lorsqu’on veut établir l’authenticité de quelque chose d’extraordinaire, il n’est pas suffisant d’avoir des photos claires et plusieurs témoins » (B. Maccabee).


En Oregon, le 11 mai 1950
A 19 h 45, le soleil n’est pas encore couché à McMinnville, lorsque Mrs Trent, revenant de la cage à lapins qu’elle vient d’approvisionner, voit, dans le ciel, un objet volant suspect.

Aussitôt, elle crie en direction de son mari qui est à l’intérieur de la maison ; celui-ci comprend l’importance du moment, s’empare d’un appareil photo, accourt à toutes jambes et réalise deux clichés presque coup sur coup. Voilà les résultats agrandis selon G. Heard (1).


Spécimen ovni idéal
Sur le premier cliché, l’engin volant se montre par la tranche sous la forme classique d’une assiette renversée dont le fond s’orne d’une tourelle cylindrique. Sur le second, il est visible par en-dessous de forme circulaire ou ovoïde, couleur bronze, visible au delà du coin du garage.

Selon les canons soucoupiques, il s’agit de l’archétype standard de la meilleure espèce.

Aucune trace de supercherie
Les meilleurs spécialistes en matière de trucage photo se sont penchés sur ces clichés. Non pas, hélas, sur les négatifs « perdus » par le magazine LIFE, qui les reproduisit dans son numéro de juin 1950. D’où une carence incontournable.

Des analyses par le Ground Saucer Watch (Guetteur d’ovnis au sol), dénonciateur de nombreuses mystifications à l’aide de techniques dérivées du traitement d’images mises au point par la NASA - digitalisation, pixelisation, etc - ne firent apparaître, cependant, aucun lien de sustentation.

En effet, vous l’avez certainement remarqué, l’ovni apparaît sous deux lignes téléphoniques, ce qui incita les sceptiques à penser qu’il pouvait s’agir trivialement d’une maquette suspendue aux fils, tant l’image était belle. Trop belle!


Témoins crédibles
L’ufologue américain Bruce Maccabee (1942->) entreprit une étude très poussée de ces photos, effectuant des mesures photométriques, densitométriques pour les ombres et d’autres analyses. C’est ainsi que la distance de l’objet à l’observateur fut évaluée à plus d’un kilomètre.

La psychologie des témoins aussi milite en faveur de l’authenticité. Ils n’ont jamais touché un dollar pour la reproduction des clichés, n’ont jamais montré, selon Bruce qui  interviewa les Trent 26 ans après l’incident, la moindre tendance à la distorsion de l’information.

Conclusions
Ces deux photos noir et blanc, réalisées il y a plus de 40 ans par un Américain manifestement au-dessus de tous soupçons, sont-elles garantes de l’existence des ovnis ?

Hélas non, comme le confirme Bruce dans la citation du début de ce texte. Malgré les analyses photographiques, les tests psychologiques subis par les témoins, des questions, parfois inattendues, subsistent : pourquoi seulement deux clichés alors qu’il restait encore de la pellicule ? Pourquoi M. Trent a-t-il attendu 3 jours pour terminer le film et faire procéder au développement ? Pourquoi pas d’autres témoins alors que Mrs Trent en était à sa troisième observation ?

Ainsi peut-on conclure qu’aucune photo, aussi nette soit-elle, ne pourra jamais prouver quoi que ce soit de tangible vis à vis des ovnis ; si ce n’est, chez ceux qui l’examineront, le scepticisme pour les uns et la candeur pour les autres.

Entre les deux mon cœur balance...

1/ Gerald Heard, Les Soucoupes volantes, De quelles planètes viennent-elles ? Qui les pilote ?, Pierre Horay & Editions de Flore, 1951.














Ce texte fut publié dans DIMANCHE SAÔNE & LOIRE du  12 avril 1992 avec la photo du haut.

Je lui ai consacré d’autres chroniques qui en disent plus que je reproduirai ici un jour.
M.G.

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