samedi 21 janvier 2017


Terriens ou extra-terrestres ?
Ou merveilles et mystères de la nature humaine


Ecrit à Montréal, entre mai 1971 et février 1972, ce livre fut soumis, le 15 juin 1972, à deux éditeurs seulement : ALBIN MICHEL et LAFFONT.

C’est Francis Mazière (1924-1994) qui m’en accusa réception pour LAFFONT et Robert Sabatier (1923-2012) pour ALBIN MICHEL. Livre « beaucoup trop gros » pour F. Mazière, « énorme », selon Georges H. Gallet (1902-1995), directeur littéraire d’A.M.

Comme pour le livre précédent (L’Alchimie), et bien que M. Mazière soit « extrêmement intéressé par ma position concernant les traces du phénomène céleste ou ET décelable dans la génétique » et malgré un certain « remaniement » demandé (24 juillet 1972) et envisagé « sous la forme souhaitée » (7 août 1972), ce fut le 12 février 1973 (date de mes 30 ans !) que je signai le contrat pour une publication partielle (première partie) chez ALBIN MICHEL, dans la collection « Les Chemin de l’Impossible ».

Ce fut M. Gallet qui suggéra, en août 1972, que la partie supprimée pourrait faire l’objet d’un autre ouvrage. Ce qui fut fait avec : Extra-terrestres en exil.


Dans ce livre, je développais la thèse selon laquelle si, tel que stipulé dans la Bible, « les filles des hommes s’étaient unies aux fils de Dieu » (Genèse VI, 1, 2 et VI, 4, date fixée de l’opération à moins de 24 000 ans), il avait dû en résulter des descendants possédant des gènes de ces « étrangers » et, compte tenu des croisements successifs, chacun de nous devrait avoir dans son ADN une part plus ou moins grande de ce patrimoine génétique « extérieur », selon son degré de la filiation !

Et de rechercher dans certaines capacités humaines non orthodoxes (pas forcément paranormales), l’expression de ces gènes d’extraterrestres : depuis les cas de parthénogenèse humaine jusqu'aux sujets victimes du syndrome de Münchhausen, en passant par les centenaires, les gens doués de synesthésie, les génies, les somnambules, les hallucinés, etc.

 





 









































Je terminais le livre par les deux paragraphes donnés ci-dessous.

Mais auparavant, je voudrais reproduire (la photocopie de l’époque s’est affadie ne permettant plus une lecture possible), la fiche d’un lecteur appointé par l’éditeur dont les initiales étaient non identifiables (un triangle) :

Genre: Essais sur les phénomènes supranormaux de la nature humaine.

ANALYSE DE L'OUVRAGE.
Partant d'une hypothèse bien connue, à savoir que des extraterrestres, particulièrement doués, sont venus sur notre planète et ont permis en s'accouplant avec des humains de faire sortir la créature humaine de sa condition animale et appuyant ses dires sur des constatations archéologiques et l'étude de la Bible, ou des mythologies, l'auteur a construit son essai sur les différentes formes que prennent les phénomènes supranormaux de l'homme, non seulement sur le plan de la biologie, mais aussi sur celui de l'esprit. Commentant de nombreux exemples sur des cas extraordinaires, l'auteur étudie successivement quelques grands principes qui permettent à l'homme d'être résolument optimiste sur les chances qui lui ont été donné par la nature. Génétique, parthénogénèse, longévité qui permet le recul de la mort et peut être un jour l'immortalité, expériences diverses du refroidissement du corps, les phénomènes sensoriels, ceux du sommeil et du rêve, la psychosomatie, l'hypnose, la télépathie, l'insensibilité, les médiums, la lévitation, les revenais, le vampirisme, les spirites, les transmissions de pensée, les hallucination, la perception du passé, du futur et de l'au-delà, tels sont grosso-modo les grands thèmes abordés.

CRITIQUE.
Partant d'une hypothèse qui est encore bien aléatoire et pour le moment à l'opposé de la science, l'auteur s'en écarte en fait très vite pour faire un portrait de l'homme se distinguant de l'animal non seulement par son intelligence mais par un certain nombre de phénomènes qui l'habitent et de pouvoirs extraordinaires qui se révèlent dans quelques cas et lui sont propres au sein de la création.
C'est un excellent manuscrit parce qu'il ne pêche pas par hystérie, par affirmations indémontrables, et par excès de crédulité comme c'est le cas habituellement pour ce genre d'ouvrage. Peu enclin à tirer des conclusions définitives, l'auteur se contente de constater en médecin en en curieux des phénomènes humains qui sont inexplicables par la science. Ses exemples sont bien choisis, bien racontés, commentés sobrement, mais avec vivacité et quelquefois de l'humour. Toute cette anthologie du mystère ne cherche pas à épater gratuitement et ne s'embarrasse jamais de termes difficiles ou d'un langage d'initié. Certes on sent bien que c'est là un travail de compilation (et l'auteur cite honnêtement ses sources de renseignements), mais il remet à leur place bien des interprétations hâtives sur le supranormal humain, ne conteste pas qu'il est des phénomènes dus au simple hasard ou à l'escroquerie à la crédulité publique.
De ce manuscrit se dégage un portrait optimiste de l'homme, tant sur le plan psychique que sur le plan spirituel, et une synthèse de tous les chemins de l'impossible. C'est publiable.

Une autre fiche signée F. Ethuin, elle, a résisté au temps.


Revenons aux deux derniers paragraphes du livre :

Normal ou paranormal ?
Avant de brosser un tableau circonstancié des opérations profondes dont furent peut-être l'objet involontaire quelques cobayes humains il y a 24 millénaires, nous voudrions faire acte apologique en ce qui a trait à l'ostracisme certain que nous avons adopté pour le contenu de cet ouvrage. Nous sommes conscient du fait que notre tri a été arbitraire et qu'il nous aurait été loisible de fonder la thèse que nous voulions développer sur ce qu'on appelle la paranormalité. Nous nous réservons d'ailleurs l'opportunité de tenter de nouveau l'expérience avec de tout autres matériaux pour lesquels nous aurons l'embarras du choix. Donc premièrement nous n'avons pas péché par omission, que cela soit bien entendu.

Il est pourtant très difficile, avec nos connaissances actuelles, de maintenir une frontière rigide entre le normal et le paranormal. Prenons quelques exemples : pendant près de deux millénaires, le cas de la Vierge Marie a été considéré comme miraculeux. Et aujourd'hui, il semble qu'une faible, mais cependant palpable, proportion des accouchements puisse être imputée à un tel mode de reproduction. Les résurrections sont devenues tellement banales qu'elles n'intéressent pratiquement plus personne. L'immortalité est là qui attend son tour. La science du XXIème siècle naissant est en train de tuer la paranormalité en la grignotant à la manière d'une souris qui s'attaque dans un grenier aux œuvres d'Homère. Si une personne entend des voix qui lui bourdonnent dans la tête, un examen des prothèses qu'elle contient peut expliquer tout cela. Les supports de la mémoire récemment dévoilés ouvrent des horizons nouveaux sur le problème des génies, des visionnaires et des illuminés. La majorité des phénomènes de « poltergeist » ont été solutionnés en faisant appel à la ventriloquie et aux effets de sol. Les maisons dites hantées ont été trouvées précisément aux points de jonction des différentes lignes sismiques et magnétiques. Similairement au miraculeux, le paranormal rentre dans le rang des faits rares mais explicables selon les critères du savoir traditionnel. Il ne faudrait pas malgré tout croire que notre option a été dictée par un excès de confiance et que nous la fondons sur la conjecture qu'à plus ou moins brève échéance le paranormal disparaîtra de notre langage. Cette opinion adoptée par de nombreux hommes de science n’est pas la nôtre.

Au contraire, nous sommes persuadé que certaines actions humaines continueront de résister à ce flot d'interprétations, à cette source perpétuelle de solutions drainées par le flux des nouvelles théories où s'amalgament conceptions premières et dérivations saugrenues. Ce sentiment rejoint opportunément l'idée directrice de ce livre qui se proposait de redécouvrir les traces du croisement céleste dans l'homme de toutes les époques puisqu'une loi fondamentale de la génétique, celle de l'hérédité, non seulement autorise mais oblige à admettre ces résurgences.
           
La personne, touchée par un écho en provenance constamment réfléchie mais pourtant tangible d'un passé vingt-quatre fois millénaire, pourra rester à prédominance humaine et c'est justement à travers elle que nous avons voulu cerner la vérité. Ce sera peut-être l'enfant-loup, le « centenaire et demi », l'individu sensible au P.T.C., l'aveugle « voyant », le dément génial, l'halluciné, etc., tous examinés avec bienveillance par la science et la médecine. La cause de cet intérêt est que, malgré une certaine transcendance, ces êtres sont des hommes qu'on a trop tendance à assimiler à des morbides, alors qu'ils sont pratiquement le contraire. Néanmoins, en ce qui les concerne, ils sont intégrés, ils sont admis. Donc, il fait bon parler d'eux entre hommes du monde, ils sont des curiosités en quelque sorte.

Il est toutefois une autre classe de personnages à laquelle nous avons fait allusion à la fin de notre première partie qui avait pour but de nous définir grossièrement comme « médiums », c'est-à-dire comme fils des fils de Dieu. Il est certain qu'eux, dans la mesure où ils sont honnêtes (et il y en eu), peuvent se prévaloir d'une parenté beaucoup plus prononcée avec le Ciel. Là-dessus, nous avons donné les raisons qui les ont éliminés de notre propos. Sans y revenir, par certains côtés de notre ouvrage, nous avons effleuré cette qualité presque universellement admise qu'est l'E.S.P. (extra sensory perception). Robert Amadou a dit d'elle que « le phénomène E.S.P. ne se rattache à aucun caractère morphologique, physiologique, racial ou autre, identifié chez l'homme ». Son étude aujourd'hui en cours réunit une troupe de savants dont l'un des derniers colloques a eu lieu en juin 1969. L. J. Bendit, qui a rédigé une thèse sur le sujet, s'est posé la question : « Est-ce le vestige de quelque élément atrophié et devenu biologiquement inutile ou une fonction qui devrait se développer pari-passu avec le reste de l'esprit, à partir de quelque racine archaïque et protopathique, en une forme épicritique appelée à servir un but téléologique ? » (L. J. BANDIT, Connaissance paranormale, 1951). Et il n'a pas pu y répondre. Se pourrait-il tout simplement que ce soient les deux à la fois et que nous possédions dans la moitié apparemment inutile de nos neurones cérébraux une potentialité intellectuelle divine qui avait été programmée pour s'imposer inéluctablement et que des contingences externes et purement animales ont oblitérée au point de n'en laisser transparaître que des bribes qui nous donnent l'illusion de débris ? Mais cette transcendance divine était-elle si grande que même dévoilée en partie elle serait encore susceptible de placer ceux qui en bénéficient nettement au-dessus de leurs infortunés contemporains ? A l'étude des résultats récents de la parapsychologie, nous avons ressenti un peu comme si nous gardions le souvenir d'un vague pouvoir mis en nous artificiellement et digéré par notre instinct terrestre.

Au lieu d'ergoter sur des pouvoirs encore mal testés, nous avons pris sur nous de chercher notre essence non pas sur la perception extra-sensorielle, non pas sur la fonction Psi, non pas sur la clairvoyance, non pas sur l'ectoplasmie dont nous ne rejetons pas la réalité bien au contraire, mais sur les fondements solides de la biologie, de la psychologie et en utilisant comme tremplin les résultats de l'hypnotisme scientifique. Notre pensée première est que la nature est souveraine et que c'est elle qui régit tous ces grands dogmes dont la flèche ascendante du temps et l'augmentation de l'entropie d'un système font partie intégrante. Or, cette nature nous a habitués à une parcimonie sélective qui fait loi. L'inutile, c'est l'artificiel. En connaissance de cause, il peut sembler indécent que la médecine actuelle soulève chez l'être humain des défectuosités non naturelles, donc par définition artificielles. Par ce type de raisonnement, nous pensons ne pas nous être trop écarté des normes conventionnelles.

En conclusion, nous avons été amené à supputer que la grande faute des siècles révolus consiste à ne pas avoir reconnu dans l'homme une créature hybridée par la raison et d'avoir persisté à lui allouer une filiation purement animale. Nous sommes au seuil de la grande confrontation de la vie terrestre et du cosmos. A défaut de s'appuyer sur la perception extra-sensorielle, qui tant qu'elle n'aura pas fait une entrée fracassante dans les sciences humaines (mais cela ne saurait tarder) ne devra se contenter que d'un scepticisme intéressé, nous sommes fondé à penser que l'hypnotisme, tel qu'exploité aujourd'hui, est peut-être le moyen unique de mettre au jour notre virtualité psychique et de l'actualiser jusqu'au sublime qui seul est à même de trancher le dilemme : Terriens ou Extra-terrestres ?...

Conclusion

Courte reconstitution de l'opération
d'amendement dont furent l'objet
quelques créatures humaines,
il y a moins de 24 000 ans, en Eden.

Les préliminaires à la Grande Expérience étaient enfin terminés. Les cataclysmes avaient fait place au calme : les mers s'étaient replacées et apaisées, les turbulences atmosphériques étaient rentrées dans les proportions d'une planète viable. Par surcroît, de nombreuses espèces animales avaient survécu, ce qui était un indice favorable pour le Projet dont on pouvait ainsi supputer la durabilité. Non, tout ce qui avait été entrepris ne s'était pas révélé vain et l'on parvenait enfin à pied d'œuvre. Les prélèvements s'étaient fait fort d'établir une échelle d'aptitude à l'implantation et certes le choix, par certains côtés, pouvait sembler bien aléatoire. Il n'en était rien ! L'infaillibilité d'élection était un dogme inhérent à la Force intelligente venue d'En Haut. Donc il n'y avait lieu que de s'étonner que ces créatures à l'aspect minable, à la peau lisse et au corps disgracieux eussent été proclamées élite incontestable de la galaxie. Puisqu'il en était ainsi, on pratiquerait quand même un semblant de sélection pour les échantillons destinés à la Grande Expérience, car ceux qui avaient servi à l'analyse n'avaient pas survécu. Ce qui fut fait. Les mâles les plus grands, les plus robustes affluèrent bientôt aux portes du Camp répondant à la Force irrépressible qui avait envahi leur grossier intellect. Ces êtres sous l'effet de cet appel mystérieux qui annihilait leur volonté laissaient filtrer d'entre leurs cils la lueur d'un regard indiciblement affolé. Leur instinct les avertissait que quelque chose d'immense allait se produire et qu'ils n'y seraient pas étrangers.

En premier lieu, il fallut inculquer au niveau cellulaire des qualités transcendantes susceptibles de se transmettre de génération en génération. Pour cela, une correction chromosomique s'imposait, où retouches de noyaux et manipulations génétiques ont dû jouer un rôle certain. Le problème ardu à résoudre consistait à induire artificiellement des mutations favorables capables d'intégrer dans le code génétique de nouvelles programmations sans trop perturber celui qui préexistait. A cet effet, il est probable que l'hypersensibilité au froid de la nature terrestre, songeons que nous sommes constitués majoritairement d'eau à plus de 80 %, a été exploitée à bon escient pour provoquer une reproduction parthénogénétique, qui, au stade expérimental, permet une étude sans souillure du phénomène de reproduction. La focalisation des rayons cosmiques a peut-être été d'un secours réel. Au surplus, cette amélioration du patrimoine cellulaire a très bien pu être tentée directement in vivo par une technique que nous ne sommes pas encore en mesure d'envisager. Il est hautement probable que c'est lors de cette opération fondamentale, menée de main de maître, que nous avons hérité inopinément d'attributs et de sensibilités nettement en dehors des limites imposées par notre monde originel. D'autre part, l'origine de certains surplus, inutiles jusqu'à plus ample informé, décidés au tréfonds de notre organisme peut être légitimement imputée à cette séance on ne peut mieux réussie dans l'optique du plus pur eugénisme. Il a pu en résulter malgré tout certains points de friction qui, à la longue, ont détraqué toute la machine et donné naissance à des malformations profondes dont l'archéiropodie est un exemple parmi tant d'autres. Comme il était vite apparu que l'homme hybride ne pourrait s'imposer qu'en exhibant une notion par rapport au Temps différente de celle de l'homme autochtone, il fallut trouver un subterfuge pour inscrire dans les chaînons chromosomiques une loi de plus faible vieillissement, soit par accroissement de la résistance générale, soit en ralentissant artificiellement le rythme du métabolisme basal dont l'effet immédiat devait être une prolongation systématique de la durée de l'existence.

Nanties de ces propriétés transcendantes, ces cellules ont-elles été duplicatées, gardant chacune d'elles gravés dans leurs séquences géniques des pouvoirs dont certains, étouffés dans l'œuf, ne nous sont même pas parvenus ? En tout cas, il est né une espèce hybride, obéissant à une loi de similitude positive par rapport à l'apparence corporelle de la créature humaine et bénéficiant d'une potentialité spirituelle qui, en fait, encore aujourd'hui ne peut être circonscrite. A ce niveau, il faut opter entre deux alternatives. Si la cérébralisation a suivi un cours naturel, directement dicté par le microcosme cellulaire, quelques millénaires de maturation ont été nécessaires pour voir naître les fils de Dieu dont parle la Bible. Par contre, la cérébralisation a pu être activée par des processus dont l'expérience du biologiste Zamenhof, qui, en administrant un extrait d'hormone hypophysaire à des têtards, a multiplié le nombre de leurs cellules cervicales par 2,26, donne une vague idée. Hybrides conditionnés organiquement et conceptuellement, ces « fils de Dieu » à enveloppe terrestre ont probablement été minutieusement testés, analysés et « corrigés » afin de leur conférer stabilité et perfection totale. Il faut reconnaître à ce stade que la mission a été prodigieusement menée à bien puisque encore de nos jours les milieux spécialisés rejettent toute éventualité qui tend à établir que nous ne sommes pas des êtres de race pure.

Il est bon ici de conjecturer sur le mode de « dégagement animique » adopté par l'Intelligence qui décida de nous faire bénéficier de son excellence. Au fil de notre propos, nous avons été amenés à faire appel à différentes possibilités, ce qui prouve qu'en ce domaine il est difficile de trancher. Dans un souci méritoire de ménagement, il a été jugé que si l'être hybride prenait conscience trop rapidement des pouvoirs illimités qui lui avaient été conférés en un laps de temps relativement faible, il y aurait risque d'en faire « un apprenti sorcier » incompétent à promouvoir sa nouvelle nature et risque patent d'autodestruction. Comme la raison prévalait en toutes choses en Eden, il a dû être décrété un vaste programme de révélation progressive, soit inéluctable, soit sous l'impulsion directe d'une source mère dont nous continuons à subir les velléités. Cela intégrerait les génies dont la matière grise desquels s'ouvrirait à la réalité d'un cran assurant une impulsion toujours renouvelée et contrôlée de l'aptitude au savoir. Par la même occasion, il serait peut-être idoine de croire qu'une imprégnation progressive non prévue serait responsable de la montée actuelle de l'intellectualisme dont il est prévisible qu'elle saura activer notre initiation.

Se fondant sur le genre d'opérations dont nous venons de donner un bref aperçu, il dut y avoir pratiquement à coup sûr un régime bannissant toute notion de douleur afin de ne pas rendre à ce vaste parc opératoire une allure de champ de concentration.

Naquit ainsi une race artificiellement promue au rang de maîtresse incontestée de la planète Terre. Hélas ! des dissensions bientôt s'introduisirent, témoignant réellement du degré de complexité de l'entreprise. L'esprit de révolte se mit à gronder et qui sait si l'Intelligence céleste, tout imbue de sa puissance qu'elle croyait omnipotente, ne prit pas trop à la légère le trait caractériel purement terrestre qui pousse toute créature de chez nous à retrouver sa liberté. En tout cas, il y eut évasion et dispersement puis finalement réintégration à la masse. La mince tentative d'extermination échoua, ce qui laisserait supposer qu'en Eden, Yahvé avait beaucoup payé de sa personne pour réaliser son plan. Et son expérience ne fut peut-être en fait qu'un essai d'incarnation à pôles en nombre fini qui, aujourd'hui, tend vers l'infini. Saurons-nous un jour si la réunion de toutes les forces psychiques dispersées sur la Terre ne constitue pas la partie de l'Intelligence suprême de l'Univers qui nous fut laissée en gage il y a plus de 10 000 ans ?





Poche J'ai Lu 1973.
Traduction en espagnol (1975).

Traduction en portugais (1977).


Poche en espagnol (1978)

Poche en espagnol (1986).

jeudi 12 janvier 2017

Le mystère des « échos retardés »



Le mystère des « échos à long retard » (E.L.R.) apparut quasiment simultanément dès les premières expériences de transmission radio longue distance, dans les années 20 du siècle dernier.


Il est intéressant, selon moi, de les examiner comme des indices qui pourraient accréditer l’idée que des extraterrestres, autres êtres pensants que nous-mêmes vivant ailleurs dans l’univers, auraient tenté un jour, en les provoquant, de faire un test sur notre capacité d’intelligence. Histoire de détecter notre niveau intellectuel!

Hélas, il se pourrait bien que nous ayons été bel et bien recalés à l’examen.


C'est en juillet 1927 qu'un jeune radioamateur norvégien, Jorgen Hals, en essayant d'intercepter sur son poste à ondes courtes des messages en provenance d'une station radio hollandaise, signala qu'il enregistrait des « échos » inexplicables.

Professeur C. Strömer
 Aussitôt, il en parle au Professeur Carl Strömer (1874-1957), de l'Université de Oslo, qui vérifie le phénomène et s'étonne du fait que des signaux, émis les uns après les autres (toutes les 5 secondes dans le cas précis), même s'ils rebondissent sur un obstacle céleste, ne mettent pas toujours le même temps pour en revenir. Car, en effet, les « échos » ne sont pas réguliers et leur retard varie de 3 à 30 secondes.

Aucune explication d'échos classiques n'est satisfaisante, à moins de supposer que le miroir réfléchissant se situe entre 500 000 et 5 millions de kilomètres et se déplace entre ces bornes à une vitesse quasi infinie. A titre indicatif, une répercussion radio sur la Lune induit un écho décalé de 2,5 secondes.

De plus, les échos norvégiens qu'on corrobore en 1928 à Oslo, Londres et Eindhoven, ont une autre caractéristique absurde: ils ne s'atténuent pas avec le retard. C'est même le contraire qu'on constate.

B. Van Der Pol
Tous ces problèmes n'empêchent pas le Professeur C. Strömer et son collègue B. Van Der Pol (1889-1959) de publier la théorie lénifiante selon laquelle c'est un phénomène naturel qui crée les échos, à savoir des courants de particules chargées, soumis à l'influence du champ magnétique terrestre (?).
Et, bien qu'observés encore en 1929 par des Français en Indochine, lesquels constatent une cessation complète des E.L.R. durant une éclipse de Soleil et par O. G. Villard, de l'Université américaine Stanford en 1932, le mystère est oublié pendant plus de 30 ans.

Un break de trois décennies
Jusqu'en 1960, date à laquelle la question de la vie extra-terrestre devint d'une brûlante actualité avec le démarrage de la conquête spatiale.

C'est alors que l'illustre Professeur R.N. Bracewell (1921-2007), de Stanford, lui aussi, exhumant le rapport de Strömer sur les E.L.R., suggéra audacieusement que ce pouvait être une sonde interstellaire stationnaire présente quelque part dans le système solaire qui était responsable des échos. Elle aurait été mise là par une civilisation lointaine pour contrôler les signes d'intelligence sur la Terre.

Sans égard à la notoriété de son auteur, cette hypothèse ne souleva pas l'enthousiasme de la communauté scientifique. Il fallut qu'un Ecossais, Duncan Lunan, astronome (amateur ?) et écrivain de science-fiction (!), prenne l'idée de Bracewell au sérieux, qu'il affirme avoir décodé le message des E.L.R. et qu'il vienne exposer ses résultats devant les membres médusés de la Société Interplanétaire Britannique (BIS), pour secouer la somnolence des esprits.

L'interprétation du message était résumée en ces termes: « Je viens de l'Etoile Epsilon du Bouvier, à 103 années lumière de votre planète autour de laquelle je tourne depuis 13 000 ans. Répondez ! »

Malgré son côté exceptionnel - n'était ce pas l'annonce du premier contact avec une civilisation extra-terrestre ? - cette traduction du message des E.L.R., selon D. Lunan, parut « très convaincante » à beaucoup d'astronomes. C'est que D. Lunan avait fait un travail remarquable et ingénieux de décryptage à partir des séquences de retard des échos de 1928-29. Elles lui avaient permis de reconstituer la carte stellaire de la constellation du Bouvier.
Et il concluait que c'était de là que venait la sonde émettrice d'échos et qu'elle faisait partie d'une flottille d'engins similaires, envoyés vers « des soleils prometteurs », afin d'y chercher une preuve de vie et surtout un « nouvel habitat », la planète d'origine devenant inhospitalière du fait d'un soleil défaillant.

La proposition de Duncan Lunan (1) était de reproduire les séquences d'échos sur Terre « et la sonde, reconnaissant le code, se mettra à communiquer véritablement avec nous ». Il s'agissait ni plus ni moins que de répondre au S.O.S. d'une civilisation E.T. en détresse.

Plusieurs prétextes s'opposèrent à ce projet.

Tout d'abord, il n'est pas certain que la population terrienne aurait pris le risque de réagir à un tel appel au secours. Ensuite, parce que les données astronomiques de l’époque infirmèrent que la distance à la Terre d'Epsilon du Bouvier, pierre angulaire des diagrammes de Lunan, était bien de 103 années lumières. On trouva 203 ! Et aujourd’hui, on la situe à 209,75.

De plus, des chercheurs indépendants prenant pour bases d'autres séquences de E.L.R. trouvèrent, qui une carte de la constellation du Lion située à l'opposé du ciel (Ilyev), qui aucune carte céleste du tout (Lawton), ce qui redonna de la vigueur aux partisans de l'explication naturelle.

Et on en resta là. Le hasard avait bien servi le petit astronome écossais ou plutôt « trop d'imprécisions et de degrés de liberté », terme édulcoré pour dire qu'il s'était fourvoyé.

Et les E.L.R. étaient dus, comme on l'avait subodoré, à des ricochets sur des nuages de gaz fortement ionisés de la basse atmosphère qui se comportent comme de « gigantesques tubes ampli radio ».

Certaines mauvaises langues trouvèrent curieux, tout de même, que si les E.L.R. étaient si naturels que cela, on envoie copie du rapport final d'étude de Crawford/Sears & Bruce (2) à tout l'état-major des armées américaines et au ministère de la Défense nationale.

De toute façon, il n'y avait donc plus à s'étonner des E.L.R., même si 92 radioamateurs les mentionnèrent entre 1968 et 1971. Quant à la sonde, soit elle n'existait que dans l'imagination de Duncan Lunan, soit elle attend toujours notre réponse, croyant que la Terre est peuplée de créatures obtuses et myopes puisqu'elles regardent si loin en négligeant une évidence rapprochée (3).

Pour en savoir plus :

1/ Duncan Lunan, A l’écoute des galaxies, Les énigmes de l’Univers, Robert Laffont, 1976.

 A noter qu’un curriculum vitae de Duncan Alasdair Lunan datant de 2007 (lui-même est encore en vie étant né en 1945), qu’on peut trouver sur Internet, ne donne même pas la référence de ses écrits sur le message E.L.R. qu’il avait prétendu avoir décodé.

Il faudrait se procurer une « revisitation » de cette affaire qu’il a effectuée dans le numéro de mars 1998 de Analog Science Fiction and Fact, volume 118 n°3, titré : « Epsilon Boötis Revisited », ce que je m’apprête à faire à la date de la remise à jour de ce texte. Depuis, ce travail été effectué avec l’aide de D. A. Lunan lui-même et publié dans LE MONDE DE L’INCONNU de février-mars 2011 (n° 48). Cette revue est encore disponible à l’achat version papier sur http://www.zepresse.fr.

2/ F. W. Crawford, D. M. Sears, R. L. Bruce, « Possible observations and mechanism of very long delayed radio echoes », Journal of Geophysical. Research, section A = Space Physics, vol. 75, no. 34, pages 7326 à 7332, décembre 1970.

3/ Ce constat n’est-il pas applicable au phénomène ovni ?      



Publié in LE COURRIER DE SAÔNE & LOIRE DIMANCHE du 25 mai 1986.


Dernière remise à jour le 4 janvier 2010.

lundi 9 janvier 2017

KLEE, l’indicatif TV revenu de nulle part




« Les civilisations avancées de l'espace utiliseront un jour les signaux de télévision pour contacter l'humanité », prédisait, en 1975, le grand astronome et astrophysicien américain de l'Université Stanford, le Dr Ronald N. Bracewell (1).

Et d'ajouter: « A mon avis le message nous sera envoyé par l'entremise de la télévision parce qu'il est plus aisé d'échanger des idées par des signes et des images. Ce seront probablement des signaux géométriques que les extra-terrestres enverront comme test pour savoir s'il existe de la vie intelligente sur la Terre ».

L'ennui, chez les scientifiques, fussent-ils aussi illustres que le Dr Bracewell (1921-2007), c'est qu'ils sont certes les champions en matière de prospective technologique et les maîtres dans le domaine de la futurologie à long terme, mais ils demeurent bassement anthropomorphiques dès qu'il s'agit d'imaginer des comportements, des intentions, des lignes de conduite émanant d'intelligences autres que la nôtre.

Dans le cas précis qui nous occupe, il est question de déterminer quelle forme pourrait prendre le message que des êtres « étrangers » auraient décidé de transmettre par le biais de la télévision. Et là l'idée de l'astronome américain, à savoir un message formé d' « images géométriques », paraît simpliste pour ne pas dire naïve.

Beaucoup plus grisante est la démarche qui consiste à se demander comment « ils » interféreraient avec nos propres émissions pour se signaler à notre attention sans déclencher la vague de panique si souvent redoutée.

Cette manière de raisonner est d'autant plus féconde qu'elle permet d'envisager que de tels messages aient pu déjà nous parvenir sans que quiconque, sur Terre, ne les ait reconnus comme tels !

Plutôt que d'ajouter foi à quelques relations peu crédibles selon lesquelles des entités étrangères seraient apparues sur des postes TV isolés et y auraient transmis un message - le cas se serait produit, selon le St Petersburg Times du 28 Novembre 1977, à Southampton (Grande Bretagne), penchons-nous ici sur le cas d'une anomalie TV observée autour des années soixante, oubliée depuis, mais qui pourrait constituer la manifestation du message tant attendu et pas assez explicite pour emporter la conviction des spécialistes.

Du Texas à l’Angleterre
Voici les faits, en un premier temps. Jusqu'en 1950, il y avait à Houston, Texas (USA) une station de télévision dont la marque d'identification était constituée par le sigle de 4 lettres: KLEE.

C'est sur le même principe que nos trois chaînes TV françaises sont désignées respectivement par TF1, A2, FR3 et autre M6. Comme il est coutume, pendant les périodes creuses ou la station ne diffusait aucune émission (2), elle transmettait tout de même une mire destinée aux réglages que doivent nécessairement effectuer les professionnels en dehors des heures de programmes. Ainsi, la mire de la station comportait-elle, en grosses lettres sur l'écran, l'inscription KLEE TV.

En juillet 1950, la station texane fut revendue à un groupe concurrent qui la débaptisa en « KPRC TV ». Automatiquement, la mire marquée « KLEE TV » fut remplacée et alors, selon toute logique, elle n'aurait plus dû jamais réapparaître en direct ou autrement sur aucun appareil récepteur de télévision et ceci au Texas, certes, mais aussi ailleurs, à plus forte raison.

Or, justement de façon tout à fait imprévue - voire impossible - des images de cette mire furent captées plusieurs années plus tard, non seulement dans la banlieue de Houston, mais dans des lieux aussi éloignés que le Wisconsin, le Connecticut, le New Jersey, l'état de New York et même en Angleterre !

C'est ainsi que des particuliers tels que Charles W. Batley de Londres, H. C. Taylor de Morecambe, Lancashire, spécialiste des réceptions TV longue distance et des professionnels de l'Atlantic Electronics Ltd de Lancaster, signalèrent le fait à plusieurs reprises à l'automne 1953 et au début de 1954.

Une photo du signal parasite
Et des photos d'écrans affichant le sigle « KLEE TV » furent même envoyées à Paul Huhndorff, ingénieur en chef à la KPRC.
Pas de doute, bien qu'ayant subi certaines distorsions, les lettres étaient tout à fait reconnaissables et leur disposition correspondait exactement à celle qu'elles occupaient sur la mire de KLEE transmise jusqu'en 1950 et qui n'avait plus été diffusée depuis plus de 3 ans!

Le phénomène continua à être rapporté pendant plusieurs mois... même des années puisqu'en février 1962, une téléspectatrice de Millwaukee (Wisconsin) vit apparaître sur son écran la fameuse inscription KLEE TV.

Mrs Rosella Rose, c’était son nom (!), relata : « C'était le matin, entre 7 et 7 h 30, avant de partir au travail, je tentais de capter une émission sur ma télé. Soudain, sur l'écran, apparut l'inscription KLEE TV. Or, je n'avais jamais entendu parler de cette station et je ne savais pas d'où cela pouvait provenir. L'image clignota plusieurs fois et disparut ».

Un « différé » de plus de 11 ans totalement incompréhensible. Une « absurdité technique selon les techniciens britanniques de la BBC et ce, à plus d'un titre.

Absurdité technique ?
Tentons d'expliquer simplement pourquoi la réception différée d'un signal de télévision sur ainsi plusieurs années, et à une telle distance de l'émetteur, peut constituer « une des plus étranges énigmes des temps modernes » ; une « impossibilité technologique », surtout à une époque où aucun satellite de communication n'était officiellement installé dans le ciel et où les liaisons transatlantiques étaient laborieuses.

Tout d'abord, la nature même des ondes TV dites de hautes fréquences (longueur 1 à 10 m, fréquence 30 à 300 mégahertz selon les pays) exclut complètement l'éventualité d'un « signal vagabond » ricochant sur les couches supérieures de l'atmosphère; l'hypothèse évoquée d'un train d'onde errant à réflexion multiple est donc une utopie.

Les ondes TV se propagent, en effet, en ligne droite et traversent normalement l'atmosphère, s'échappant directement dans l'espace, si bien que, compte tenu de la rotondité de la terre, il a fallu les rabattre vers le sol afin d'atteindre et « arroser » une plus vaste zone ; comme, ainsi, au delà de l'horizon optique le champ décroît très vite, on a dû disposer sur le territoire visé de hautes antennes relais pour augmenter la portée de la diffusion et, plus tard, placer des satellites en orbites destinés au même effet. En 1950, il n'y en avait pas que je sache.

Qui n'a pas, par ailleurs, remarqué que les ondes porteuses de TV ont un champ de transmission extrêmement limité et qui n'en a jamais pâti (3), à l’époque héroïque des premières réceptions TV, en suivant un film où les images étaient désagréablement déformées ?

Bien que les ondes TV soient plus pénétrantes que les ondes radio -lesquelles ont de plus grandes longueurs d'onde -, elles butent sur les obstacles matériels solides, créant de véritables « zones d'ombre ». C'est bien connu. Et la propagation indirecte par réflexion, peu importante au demeurant, ne peut pas être exploitée techniquement, sauf cas particuliers, à cause des effets d'échos ou de distorsion. C'est pourquoi les relais sont de complexes systèmes récepteurs- réémetteurs et non pas de simples miroirs réfléchissants.

Quant à la réflexion des signaux TV sur les couches gazeuses de l'ionosphère, elle ne se produit pratiquement pas, contrairement à celle des ondes radio qui, elles rebondissent dessus et peuvent ainsi faire le tour de la Terre plusieurs fois de suite, provoquant de la sorte des messages « errants ». Ce type de phénomène de ricochet est donc totalement exclu en télévision.

De la sorte, les ondes TV traversent la coquille gazeuse de l'atmosphère terrestre et se perdent alors dans l'espace. C’est ainsi qu’on a pu dire que d’éventuels extraterrestres sont avisés de nos programmes de télé depuis plus d’un demi-siècle.

Pour expliquer le retour incongru du signal KLEE TV, on a bien émis l'hypothèse que les ondes porteuses avaient pu être renvoyées vers la Terre dans des conditions atmosphériques particulières. De l'avis des experts, c'est possible mais peu probable.

De cette manière, justifierait-on par des circonstances climatiques exceptionnelles que le fameux sigle eût pu être réceptionné à une distance aussi lointaine du point d'émission que l'Angleterre ? Difficile déjà à admettre.

Problème du décalage
Mais le mystère reste entier pour ce qui est du « décalage temporel » enregistré entre le moment de la dernière diffusion (1950) et celui de la première « réception impossible » en 1953 ! Car une autre propriété des ondes TV, c'est qu'elles se propagent à une vitesse proche de celle de la lumière ; donc, même si elles subissaient des réflexions successives autour du globe terrestre - et les chances en sont naturellement infinitésimales, on l’a vu -, elles seraient captées avec un retard qui ne saurait excéder quelques dixièmes de seconde !

Par conséquent, que le dernier signal KLEE TV ait pu errer entre ciel et terre de façon captive, pendant trois ans et même plus, répercuté alternativement au sol et sur les couches supérieures de l'atmosphère comme une mouche enfermée dans une bouteille, relève de la pure utopie ou plutôt de la plus grande stupidité. D'ailleurs, si par extraordinaire cela s'était produit, la mire aurait dû être régulièrement interceptée entre 1950 et 1954 ; or, elle ne l'a pas été... Ce retour à l'envoyeur fortuit après tant de déviations aurait dû aussi générer des déformations telles qu’elles auraient rendu la mire non identifiable.

Une autre conjecture avancée en la circonstance pour solutionner le problème posé est que les ondes TV porteuses du fameux message KLEE TV aient traversé l'ionosphère (comme toute onde TV qui se respecte), se soient échappées dans l'espace normalement et réfléchies accidentellement sur « un corps céleste inconnu » propice à cela, situé à quelques années lumière de distance de la Terre. On peut toutefois et on doit se demander lequel. Et là les réponses ne se bousculent pas au portillon.

A propos de KLEE, un ingénieur de la BBC (British Broadcasting Corporation) déclarait : « Il est physiquement impossible que ces ondes de télévision soient allées rebondir par hasard sur quelque obstacle céleste situé à une si grande distance. Nous sommes confrontés à un phénomène qui défie complètement nos connaissances actuelles sur les transmissions TV ».

Autre impossibilité !
Mais il y avait pire que cela pour inscrire cette énigme au livre de l'amphigourique. Car, quand bien même la réflexion aurait eu lieu sur un corps inconnu de l'espace, il était de surcroît hors de question à l'époque que, émis par une station TV américaine, le message puisse être capté et rendu « télévisuellement » directement par un appareil récepteur britannique puisque les deux pays n'utilisaient pas le même système de transmission.

Les caractéristiques techniques des images transmises par l'un et l'autre des pays étaient totalement incompatibles : polarité, balayage horizontal et vertical (nombre de lignes), fréquence, amplitude de modulation, etc. Même aujourd'hui, lorsque des émissions américaines en direct sont relayées par satellite pour être diffusées sur le continent européen, cela nécessite une opération intermédiaire effectuée par un convertisseur électronique pour les rendre compatibles et intelligibles à nos appareils européens. La tendance actuelle (4) est à la vente de postes TV qui fonctionnent selon les deux systèmes (PAL et SECAM) mais, en 1955, ils n'étaient pas encore inventés !

Restait alors la seule solution admissible cadrant réellement avec les faits qui semblent indubitablement établis, à savoir dernière émission du sigle KLEE TV en juillet 1950 et réception à partir de 1953 dans différentes régions de la planète : la récupération par « quelqu'un » du signal KLEE pendant la durée de son émission, son enregistrement, son stockage quelque part pendant plusieurs années et sa réémission en différé, reconverti ou non. Mais dans quel but et par qui ?

Telles sont les questions clés sur lesquelles repose désormais le mystère. Deux possibilités ont été évoquées: les plaisantins et le contact extra-terrestre.

Canular ?
La première - et c'est malheureusement celle à laquelle s’arrêtèrent les autorités, bien embarrassées par cette histoire - ne voit dans l'affaire du message retardé qu'une farce de radio-TV amateur isolé ou non.

Le fait que la réception pirate signalée à Milwaukee ait eu lieu à peu près à la date où les stations TV non professionnelles - locales dirions-nous aujourd'hui - obtenaient l'autorisation d'utiliser les ultra-hautes fréquences (UHF) pour leurs diffusions aux USA, a largement conforté cette idée.

Une diapositive de la mire KLEE TV avait-elle été gardée en souvenir par un opérateur, TV amateur à ses heures, et n'avait-il rien trouvé de plus intelligent que de la réémettre histoire d'enflammer les imaginations de ses contemporains ? La malignité humaine, certes, n'a pas de limites et personne ne peut savoir où elle va se loger. Mais dans ce cas, le jeu en valait-il la chandelle ?

D’autre part, l’idée d’un seul bouc émissaire a été contestée parce qu’il a fallu disposer d'un matériel fort onéreux pour réussir cette tromperie et on voit mal ce qu'elle a pu rapporter à son auteur ; on a parlé d’un groupe anglais (non identifié) qui, à l'époque, aurait tenté ainsi de faire homologuer l'invention d'un système (lequel ?) de transmission TV longue distance. Sinon la satisfaction de constater avec quel sérieux l'affaire fut considérée par les meilleurs spécialistes anglo-saxons en matière de détection de signaux suspects en provenance de l'espace. Surtout s’il s’agissait d'une pub pour la marque KLEE… NEX) !

Il y avait, en effet, encore une autre hypothèse pour expliquer la réception différée du sigle KLEE TV et elle est directement en rapport avec les déclarations de R. Bracewell, rapportées ci-dessus mais fut traitée beaucoup plus confidentiellement.

 Message extraterrestre ?
N'est-ce pas excitant de penser que ce « message TV impossible » ait pu constituer le test psychologique d'intelligence évoqué par l'astronome américain ?

En tout cas, il dénoterait une subtilité de jugement sans égale à celle qui consisterait à nous envoyer « des signaux géométriques » en guise d'examen probatoire de mesure de notre QI. L'absurdité d'un tel retour décalé dans le temps et l'espace, selon les lois communes de la transmission d'images sans fil, serait franchement un moyen génial de jauger le niveau de nos capacités mentales. Ce raisonnement pourrait paraître gratuit si l'on ne savait pas qu'à l'époque où le message KLEE TV fut reçu en Grande Bretagne, un enquêteur américain important fut dépêché sur les lieux.

C'était le Dr Frank Drake, de l'observatoire astronomique de Green Bank et fondateur du projet OZMA, une des premières tentatives élaborées par les Etats Unis dans le dessein de détecter les signaux intelligents émanant de l'espace.

 Le Dr Drake, à l'époque reconnu comme le plus grand expert du monde sur ces questions de contacts interstellaires, fut l'hôte ni plus ni moins du ministère britannique de la Défense. Pour parler, en autre, du mystère KLEE ?

Finalement, le rapport de Frank Drake sur cette affaire, autant qu'on puisse en savoir, conclut à la mystification en une variante de ce qui a été indiqué plus haut. Selon Drake, les auteurs de cette farce seraient « deux hommes d'affaires anglais qui auraient voulu faire croire que les images TV pouvaient traverser l'Atlantique ». A quelle fin ? Cela n'a pas hélas été divulgué.

Bien entendu, jamais personne ne fut informé des éléments qui avaient amené F. Drake (5) à conclure dans ce sens.

De son côté, le projet OZMA fut ajourné sans aucun résultat positif. D'autres opérations similaires furent lancées et elles avortèrent toutes. Le projet SETI - search for extraterrestrial intelligence = recherche d'intelligences extra-terrestres - est toujours en cours, n'ayant encore rien donné à ce jour (2009). Il est de plus en plus contesté dans sa forme plutôt que dans son principe : les extraterrestres ne seraient pas forcément des accrocs de la communication électromagnétique !

N'avons-nous pas reconnu le message contenu implicitement dans le retour vers la Terre de la mire KLEE TV ? Les responsables de cet écho insolite - mais pas unique - basés à quelques années lumière de la Terre, ont-ils placé trop haut la barre d'intelligence susceptible de retenir leur attention (périphrase qui peut cacher des intentions plus inquiétantes) et ainsi, en ont-ils conclu que notre planète est encore sans intérêt pour eux, les créatures y vivant étant incapables d’identifier et de déchiffrer la signification de leur subtil appel ?

C'est une éventualité cocasse qui me plaît énormément et que j'aimerais voir envisager avec le plus grand sérieux même si celle-ci heurte quelque peu notre orgueil d'Homo Sapiens...
                                                          

Notes et références :
1/ Auteur, notamment, de The Galactic Club ; Intelligent Life in Outer Space, Stanford Alumni Association, Stanford, Californie, 1974.

2/ Les chaînes de l’an 2000 diffusent aujourd’hui tant de programmes enregistrés et de rediffusions que l’on ne voit plus guère les « mires ».

3/ Je parle d’un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître ! Quand, par exemple, mon père devait se rendre au fond du jardin de la maison familiale pour modifier l’orientation de l’antenne TV afin que nous puissions continuer à suivre une émission !!

4/ Dans les années 1990.

5/ Frank Drake, consacre 5 pages à l’affaire KLEE dans le chapitre 12 qu’il a écrit pour le livre collectif UFO A Scientific Debate, édité par C. Sagan et T. Page, aux Cornell University Press, Ithaca et Londres, en 1972.

Chapitre sur les « capacités et les limitations des témoins » (sic) des phénomènes ovnis et similaires ! A noter qu’il omet de mentionner son implication personnelle dans l’affaire, ce qui dénote une mentalité disons assez équivoque.






Paru initialement in LE MONDE INCONNU, N°82, avril 1987 (mensuel disparu en 1993).   

Republié en abrégé dans DIMANCHE SAÔNE & LOIRE, 29 juillet 1990.

Dernière mise à jour le 3 décembre 2009.