vendredi 10 novembre 2017

L’héritage des extra-terrestres
Ou panorama de la médiumnité moderne


Le 1er mai 1974, j’écrivais à M. Gallet, directeur littéraire chez Albin Michel et responsable de la collection « Les chemins de l’Impossible » : « J’accumule en ce moment la documentation pour un prochain ouvrage dans lequel je m’attaquerai au phénomène psi et l’ESP. Il s’agira de : Le Legs des Extra-terrestres. »

Après quelques échanges téléphoniques intermédiaires, le 22 mars 1976, soit deux ans plus tard, M. Gallet me répondait : « Le nouvel ouvrage que vous m’annoncez « Le Legs des Extra-terrestres » me paraît intéressant. »

Et le 22 septembre 1976 : « Ce que vous m’annoncez me fait attendre avec un vif intérêt votre nouvel ouvrage : « Le Legs des Extra-terrestres ».

Le contrat d’édition était signé le 16 décembre 1976, sous ce titre.

Dans une lettre datée du 14 janvier 1977, M. Gallet me disait : « Le legs des ET (je crois que L’héritage des ET serait un meilleur titre) est repoussé à la rentrée… » Ceci à cause, en partie, de la parution de « Des Sous-dieux au Surhomme » sorti en juillet 1977.

La sortie de « L’héritage des Extra-terrestres » se fit donc le 3 novembre 1977.



Voilà la préface de ce livre :

L’Homme possède en lui des qualités qui ne ressortissent guère à sa nature autochtone. L’Homme semble courir après des facultés perdues dont il sent les potentialités sous-jacentes et dont il sait inconsciemment la transcendance. D’où cette incessante aspiration à se surpasser, à mettre en défaut les critères carrés de la science par des faits dits « paranormaux », inexplicables dans les schèmes actuels du matérialisme vieillissant. La magie et la religion n’entretenant plus aucune espèce d’engouement, il incombe aux disciplines psychiques de prendre le relais et, comme le soutient le docteur J.-B. Rhine, de non seulement conduire l’humanité à une « meilleure compréhension de l’homme », mais de « sauver la spiritualité ». Le monde moderne tend à assimiler l’être humain à une mécanique bien huilée, dont les rouages sont bien connus, dénués de tout mystère dans un milieu qui fait de moins en moins de part à l’individualité. Les statistiques appliquées aux réactions humaines cherchent à définir un archétype et ne portent aucune sorte d’intérêt aux singularités qui, dès lors, disparaissent et sont escamotées.

Une classe d’individus se situe en marge de la société : ce sont les médiums. C’est à eux que revient le devoir d’« émanciper l’humanité » prétend Peter Maddock, cofondateur de l’Institut de parascience. Non contents de graviter autour d’un public crédule qui leur assure, sinon la fortune, tout au moins des subsides plus que suffisants (on apprend qu’en Angleterre, un médium gagne au minimum 000 F par mois !), certains « ténors » en la matière forcent les portes des universités pour faire valoir leurs compétences et les faire authentifier par les nouveaux inquisiteurs de notre siècle : les scientifiques. Et contre toute attente, ces derniers se laissent prendre au jeu, abandonnant leurs occupations solennelles et sérieuses pour se livrer à des investigations honteuses des différents aspects de la médiumnité. Cet intérêt subit est une preuve manifeste du malaise qui s’installe au sein de certaines disciplines scientifiques.
Les facilités pécuniaires accordées aux médiums, leur accès à une célébrité certes toute relative mais qui peut flatter les esprits primaires, attirent dans leur sillage une horde de faux prophètes, simulateurs invétérés qui hantent la parapsychologie de leurs personnalités équivoques. Et ces opportunistes, peu soucieux de l’avancement d’une parascience à laquelle ils ne croient même pas, font souvent preuve d’une telle dextérité dans la supercherie qu’ils accèdent, grâce à leurs prodiges « plus vrais que nature », aux premiers rangs de la science psychique.

Après Terriens ou Extra-terrestres ? (1) et Extra-terrestres en exil ! (2), voici donc maintenant l’Héritage des Extra-terrestres, qui s’attache à décrire des exemples récents du paranormal humain, tout en essayant de dénoncer certaines manifestations de la « mafia psychique », selon l’expression de Lamar Keene. Celle-ci, dont le budget aux U.S.A. se chiffre en millions de dollars (!), s’appuie sur la crédulité innée de l’homme, tout en disposant de toutes les subtilités actuelles de la technique de pointe : miniaturisation, électronique, etc. Cette « mafia » laisse dès lors planer sur tout exploit, si extraordinaire soit-il, un doute désagréable qui risque de gangrener à mort la parapsychologie, ou alors d’en faire une « science orpheline ».

Suivant une tendance à la mode, nous ne voulons pas enfin nous transformer en démystificateurs ; nous laissons cette tâche souvent indigne à quelques auteurs qui y prennent un évident plaisir, disproportionné à l’œuvre de salubrité publique derrière laquelle ils se retranchent. Notre unique intention est de distraire en informant ceux qui le désirent des dernières énigmes du paranormal. En tant que membre de plusieurs sociétés dont la vocation est d’étudier l’étrange, nous voulons faire profiter nos lecteurs de ce vaste réseau de documentation et des informations qui nous parviennent des quatre coins du monde.

Telle est notre seule vocation.

(1) Terriens ou Extra-terrestres ? Michel Granger, Albin Michel, 1973.
(2) Extra-terrestres en exil ! Michel Granger, Albin Michel, 1975.

Et voilà sa table des matières.






Et je terminais ce livre par cette postface appelant une suite qui ne viendra que 40 ans plus tard (3).

Nous voici donc parvenus au terme de notre survol des phénomènes récents de la médiumnité physique. Comme nous le laissions entendre, il ne s’agit point des restes d’une époque périmée, mais les faits relatés dépassent par bien des aspects les prodiges enfantés par ce siècle naissant. La chasse à la fraude est aujourd’hui menée rondement et l’observateur dispose de maints instruments, plus sûrs que l’œil humain, pour en garantir l’authenticité. Les phénomènes qui résistent donc à la critique n’en sont que plus merveilleux et prennent là, à l’échelle humaine, leur pleine dimension ; tout accrédite que les facultés dont d’aucuns sont légataires, leur viennent d’un monde où les critères physiologiques des créatures pensantes sont tout autres que sur notre Terre.

Tous ces exploits, tous ces miracles inhérents à la face cachée de l’homme, n’en sont cependant pas moins humains ; gageons qu’ils ne disparaîtront qu’avec l’extinction de l’espèce. Le docteur Stanley Dean, professeur de psychiatrie à l’université de Floride à Miami, n’écrit-il pas, dans son livre Psychiatry and Mysticism : « En tant que savant qui connaît la médecine et la psychiatrie et qui a étudié les phénomènes psychiques depuis des années, je peux formuler la conclusion à savoir que l’homme préhistorique utilisait l’E.S.P. et d’autres pouvoirs paranormaux pour survivre dans un monde aussi rude qu’il nous est impossible de l’imaginer [...]. Ce que nous appelons aujourd’hui faculté extra-sensorielle était régulièrement employé par l’homme des cavernes et faisait partie intégrante de son salut. Il usait du radar psychique, lequel le préparait à éviter et contrecarrer les dangers imminents. Je pense qu’il a dû faire montre de suggestion pour se guérir lui-même. » Cette persistance de caractères psychiques dans l’homme moderne nous permet de donner rendez-vous à nos lecteurs pour d’autres recueils de faits paranormaux qui ne cessent de se produire, même à l’heure où nous écrivons ces lignes. Néanmoins, comme il n’y a pas pour un auteur de joie plus grande que celle d’apprendre qu’il est lu, autrement que par les relevés de compte de son éditeur, c’est-à-dire par le contact direct, nous prions instamment ceux qui ont quelques commentaires à faire sur nos ouvrages passés, ceux qui ont des suggestions pour parfaire les prochains et surtout ceux qui ont été témoins de manifestations paranormales et désirent nous en faire part, de ne pas hésiter à nous écrire par l’entremise de notre maison d’édition. Résidant définitivement en France, nous leur répondrons, qu’ils s’arment de patience.

Sur ces souhaits sincères, prenons congé...

Le 4 octobre 1976.


(3) Cette « suite », si elle voit le jour – pour l’instant, elle ne fait qu’encombrer mon ordinateur -, prendra la forme de trois gros volumes bourrés de notes et de références. Cette monstrueuse compilation commencée en l’an 2000 concerne l’histoire (je l’ai intitulée « La Saga ») de l’ectoplasme depuis son apparition jusqu’à nos jours. L’ectoplasme, cette mystérieuse substance « psychique », qui ne cessa, depuis sa première apparition, en 1871, à alimenter la controverse : matière spirituelle ou bien illusion ? En 2006, je me suis rendu en Angleterre où j’ai eu le privilège de voir le phénomène tel que produit par un médium physique encore en activité. Cette expérience m’incite donc à penser à sa réalité. C’est pourquoi je me suis imposé ce gros travail d’examen de presque tous ces témoignages qui constituent un impressionnant dossier en sa faveur même si la preuve définitive de son existence n’a encore pu être apportée.


Dans La Revue des Soucoupes Volantes n°3 du 1er trimestre 1978, son éditeur Michel Moutet donnait cette critique de mon livre « L’Héritage des extra-terrestres ».

Dans la première partie de son livre, l’au-
teur nous conte les mésaventures de la « superstar-
psychique » (vous aurez aisément reconnu
l’inénarrable Uri Geller). Malgré un faisceau
 de faits particulièrement accablants, il reste
difficile de déterminer avec certitude si notre
 « tordeur de cuillères » est un prestidigitateur
ou un authentique « phénomène ».
Dans la seconde partie de l’ouvrage,
Michel Granger poursuit sa quête du paranor-
mal en s’intéressant à la médiumnité sous tou-
tes ses formes. Des ectoplasmes modernes aux
 « poltergeist » et aux dématérialisations, l’au-
teur nous démontre que tous ces phénomènes
 que l’on croyait l’apanage du XIXème siècle
 sont bien vivants à notre époque… et tout
aussi inexpliqués.
Michel Granger se présente ici comme le
« journaliste mondain » des phénomènes psi.
Tous les « potins » du monde parapsychologi-
que nous sont dévoilés avec un humour qui –
reconnaissons-le – manque cruellement dans
 les ouvrages de ses confrères.
Son unique conviction est que tous les
phénomènes étranges sont « naturels », que ces
pouvoirs sont inscrits dans nos gènes, qu’ils
nous ont été légués par nos « lointains ancêtres
extra-terrestres ». L’auteur a développé ce
point de vue dans d’autres de ses ouvrages,
 mais il nous apparaît que c’est une autre évi-
dence qui se dégage à la lecture de ce livre.
Nous avons nettement l’impression que la mo-
de actuelle qui tend à considérer que seuls les
« scientifiques » (plus ils ont de diplômes,
mieux c’est, et surtout s’ils sont spécialistes
 des lasers) sont seuls habilités à étudier et à
porter un jugement sur les faits paranormaux,
conduit à une impasse dans l’étude de ces
faits. Nous ne prendrons qu’un exemple ana-
logique : trouveriez-vous normal qu’on de-
mande à un chanteur célèbre d’étudier le lan-
gage » des dauphins ?


Edition en italien (1979)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire