mercredi 10 mars 2021

 

 

 

Le mystère des boules de feu vagabondes

 

 

Par Henry S. Galus

Paru dans FATE, Volume 5 n°2, n°26, février-mars 1952

Traduction : Michel GRANGER

 

 « Les soucoupes volantes sont-elles réelles ? »
 
Cette question a suscité la controverse dans tous les foyers des États-Unis, apportant 
des commentaires et des analyses des fossoyeurs aux généraux en passant par les experts
 en météorologie. Les esprits scientifiques cherchèrent dans les archives, en quête de 
quelque chose qui pourrait renforcer leurs croyances. Au cours de ce travail, certains
 peuvent tomber sur des histoires de « boules de feu vagabondes » qui ont fasciné et
 terrorisé les Européens à divers intervalles depuis 150 ans, au moins depuis les années 
1900. Ce mystère des « boules de feu vagabondes » était alors autant un sujet d’émer-
veillement et de discussion de tous les jours que les soucoupes volantes le sont 
aujourd’hui.
 La plupart des incidents inspirant une impression de peur se sont produits en France. 
A Marseille, en octobre 1898, une adolescente était assise à une table quand soudain 
une forme sphérique fonça dans la pièce, alla faire un pause dans un coin éloigné d’elle
 et graduellement se approcha en rasant le sol. La panique s’empara d’elle si bien qu’elle 
recula jusque contre le mur. La boule de feu la suivit, commençant à monter le long de 
son corps. Puis brusquement elle changea de cap, tourna plusieurs fois autour de la fille
 et se dirigea vers le plafond. La boule se jeta sur un trou de tuyau de poêle obturé par 
du papier, en brûla proprement tout le pourtour puis remonta dans la cheminée. 
Quelques minutes plus tard, un bruit fracassant se fit entendre du haut de la cheminée. 
Un événement similaire a été rapporté à Paris le 5 juillet 1852, dans l’atelier d’un tailleur
de la rue Saint-Jacques, près du Val de Grâce. Cette fois, la boule de feu rampa sur le 
rebord de la fenêtre pour entrer dans la pièce et s’approcha de l’homme dans une action
de progression au ras du sol. Horrifié, l’homme battit en retraite alors que le globe de 
lumière flamboyante montait à la hauteur de son visage. C’était trop pour lui. Le tailleur
s’effondra, évanoui. Un peu plus tard, il revint à lui pour entendre une formidable 
explosion au sommet de la boutique, qui dispersa des morceaux de briques de la 
cheminée sur les toits environnants. Preuve que la boule de feu s’était enfuie en 
remontant dans la cheminée, elle apparut à nouveau sous la forme d’un tampon de
 papier brûlé provenant du trou du tuyau de poêle.
Dans un des volumes publiés vers 1898 par l’Association française, M. Wander, un 
scientifique, écrit : « Une violente tempête s’est abattue sur la commune de Beugnon. 
Par hasard, il m’arriva de passer par là, dans une ferme où jouaient deux enfants 
d’environ 12 et 13 ans. J’ai vu ces enfants se mettre à l’abri de la pluie sous le toit 
d’une écurie, dans laquelle se trouvaient 25 bœufs. Dans la cour il y avait un peuplier.
 « Soudain, il est apparu un globe de feu, de la taille d’une pomme, près du sommet du
 peuplier. Nous l’avons vu qui descendait branche par branche, puis le long du tronc. 
Il continua sa course dans la cour très lentement, choisit son chemin et vint vers la
porte où se tenaient les enfants. L’un d’eux y porta la main. Immédiatement un terrible 
fracas secoua toute la ferme jusque dans ses fondations. Les enfants furent rejetés, 
indemnes, mais 11 des bœufs avaient été tués. »
 
Ce n’est pas la seule histoire qu’on raconte de vie humaine épargnée au milieu d’autres
 détruites et les gens en sont venus à croire que les sphères mystérieuses étaient  
des corps célestes capables de pitié pour l’homme ! Bien sûr, cette idée a été raillée par beaucoup
d’autres.
Dans la ville de Gray, le 7 juillet 1886, une boule lumineuse de 30 à 40 cm de diamètre sauta sur le coin d'une maison et en arracha tout le coin.Dans ce cas, contrairement à d'autres, la boule de feu ne s'est pas désintégrée après un seul acte de destruction. Elle a rebondi vers les escaliers extérieurs de la maison, écrasant les ardoises.
Pourtant, elle avait conservé sa forme, rampé au milieu d’un groupe de passants qui
s’étaient arrêtés pour regarder cet étrange spectacle. Ces personnes, dans un
même élan, s’enfuirent. L’objet pervers sembla les poursuivre temporairement ;
puis il disparut sans le moindre bruit. 
Mgr Grégoire de Tours, dans sa La Gloire des Confesseurs, a raconté une cérémonie de dédicace devant un oratoire qu’il avait construit. Prêtres, diacres et sous-diacres, officiers de la ville et citoyens furent témoins du phénomène en cette circonstance. Ils furent arrêtés dans leur chant de litanies quand une boule de feu brillante apparut au-dessus de leur tête. Celle-ci resta suspendue au-dessus d’eux pendant quelques minutes. « Ce globe de feu n’a fait aucun dommage et n’a rien brûlé », conclut le rapport.
Selon l’abbé Spallanzani, le 29 août 1791, une jeune paysanne se trouvait dans un champ
pendant un orage lorsqu’une boule de feu, inaperçue auparavant, atteignit ses pieds. 
Elle les « caressa », puis remonta dans ses vêtements, faisant gonfler ses jupons « comme
 une ombrelle ». Elle sortit alors par le milieu de son corsage, s’élança vers le haut et 
explosa dans les airs. Deux témoins coururent vers la jeune fille. Elle ne se plaignit mais
 d’aucune douleur. Un examen montra une légère irritation de la peau, allant de sa 
droite vers son sein gauche.
L’incident suivant apparaît dans Les Mémoires de DuBellay : « Le 3 mars 1557, Diane 
de France, fille illégitime d’Henri II, alors le Dauphin, épousa François de Montmo-
rency. Le soir de leur mariage, une flamme oscillante entra dans leur chambre par la 
fenêtre, dansa d’un coin à l’autre et finalement alla jusqu’au lit nuptial, où elle brûla 
les cheveux de la coiffure de Diane et sa tenue de nuit. Elle ne fit aucun autre mal. »
 Il y a peu ou pas de preuves scientifiques que ces boules de feu existent vraiment. Mais
 avant d’étiqueter ces histoires comme fabriquées dans le cadre de la superstition 
européenne, examinons l’histoire d’un Américain fiable, M. Laurence Roth, directeur 
de l’Observatoire de Blue Hill en 1903. Il était en visite à Paris le 4 septembre de cette
année-là. À 10 heures du soir, il se trouve qu’il regarde en direction de la tour Eiffel 
depuis le rond-point des Champs-Elysées. La tour fut soudainement frappée par des 
éclairs blancs ; simultanément, il aperçut une sphère enflammée qui descendait vers la 
deuxième plate-forme. Roth a affirmé que la boule mesurait environ un mètre de 
diamètre et qu’elle parcourut environ 100 mètres en quelques secondes avant de 
disparaître complètement.
Une étude attentive du sujet des boules de feu a conduit d’autres savants à conclure 
qu’elles devaient être quelque forme de foudre incomprise, parce qu’elles n’apparais-
saient pas systématiquement pendant les orages. Mais le récit de Roth a poussé les 
chercheurs à se gratter la tête. Les scientifiques comprenaient déjà que la foudre était 
de l’électricité atmosphérique, capable d’être acheminée en toute sécurité vers le sol 
par de simples tiges métalliques ou des structures métalliques. Dans le cas de la tour 
Eiffel, un contrôle effectué le lendemain par Roth a révélé qu’elle avait été frappée 
à deux reprises par la foudre qui avait sans aucun doute été mise à la terre 
instantanément. Pourquoi la boule de feu avait-elle indépendamment refusé l’attraction
 de l’acier de la tour ?
 Ce n’est pas le seul cas dans lequel les boules de feu ont ignoré les matières 
conductrices. Des flammes sphériques ont évité des cloches, des clochers et des fils
 télégraphiques même lorsqu’elles sont presque suffisamment proches pour les toucher.
 
Le Dr W. J. Humphreys rapporta en 1936 que les supposés témoins des boules de feu
étaient « sujets à des illusions d’optique ». Il a dit que l’éblouissement de la lumière 
d’un éclair était retenu dans la rétine de l’œil. Quand le globe oculaire d’une personne 
bougeait, il imaginait que la sphère se déplaçait devant lui, apparemment à quelques 
mètres. L’hypothèse scientifique est que le craquement qui suit les ébats d’une boule 
de feu est « probablement dû à un autre coup de foudre à proximité ».
 
Quelques années plus tôt à Hambourg, en Allemagne, un autre enquêteur, Walter 
Brand, a décidé de sonder, soigneusement et objectivement, 600 rapports de ce qu’il 
appelait « la foudre en boule ». Il a écarté de nombreux rapports comme des 
hallucinations - mais 215 rapports semblaient prouver la réalité des phénomènes.
Probablement aucun autre groupe aujourd’hui ne fait plus de recherches sur la foudre 
autre que la General Electric Company dans son observatoire de Pittsfield, Massachusetts.
 L’ingénieur Julius H. Hagenguth déclare : « Nous avons pris des milliers de 
photographies de la foudre mais nous devons encore en obtenir une de la foudre 
en boule. » Sur la base de sa propre expérience, Hagenguth n’a que du scepticisme 
quant à l’existence des boules de feu.
 
Si elles sont réelles ces boules de feu, sont-elles due à l’électricité ou à d’autres 
phénomènes atmosphériques non découverts ? Se produisent-elles uniquement 
par période dans le temps ? Est-ce que la même chose est peut-être vraie pour 
les soucoupes volantes ? Nous sommes tous capables de lister nos propres questions ; 
du moins beaucoup d’entre elles ! Une question pourrait bien être : « est-ce que tant 
de gens ont pu avoir eu tort ? »
 
 
 


 

dimanche 14 février 2021

Epidémies de bris de pare-brise 

 

Ou comment l’étrange peut s’insinuer dans la vie de tous les jours. Manifestation inexplicable ou épisode d’illusion collective ? A vous de choisir.

 

 Dans les années 1951-54 (1), donc il y a plus de 50 ans, une mystérieuse contagion frappa simultanément les deux continents; surtout l’Amérique du Nord et la Grande Bretagne, mais aussi l’Italie qui signala des faits similaires. Ce n’étaient pas les hommes, ni les femmes, qui étaient touchés mais... les vitres, les carreaux, les glaces et spécialement les pare-brise d’automobiles ; des milliers furent ainsi détériorés. Bien que conduisant invariablement à du verre brisé, le phénomène ne se déroula pas partout dans les mêmes circonstances. 

Le tireur fantôme du Surrey Sur la route de Portsmouth à Londres, dans une grande ligne droite bien dégagée de 2,5 km, entre Chobham et Esher, de mars 1951 à décembre 1953, près de 100 éclatements de pare-brise bizarres furent rapportés. La cause naturelle classique du caillou projeté par le véhicule d’en face fut écartée pour deux raisons : la chaussée était parfaitement lisse et les impacts avaient lieu principalement quand un seul engin empruntait cette section routière. Au contraire, le témoignage des victimes incita la gendarmerie locale à soupçonner quelque maniaque en mal de facétie balistique bien qu’aucun individu suspect n’ait jamais été repéré sur les bas-côtés fort bien aménagés au demeurant. 

D’autant que la plupart de ces incidents avaient lieu de jour. La casse, cependant, prit toujours la forme de l’action d’un projectile, personne ne pouvant dire au juste si le choc n’avait pas été précédé d’une détonation ou d’un flash ou bien si l’une et l’autre étaient consécutifs à l’explosion de la plaque de verre. Par miracle, aucun conducteur ne fut blessé. Ni, ce qui ajoute au mystère, aucun missile ne fut retrouvé : caillou, balle, boulette, bille, etc. 

Pendant des mois, Scotland Yard (excusez du peu) patrouilla sur les lieux, intervenant aussitôt qu’un nouveau cas se produisait, lâchant les chiens dans les fourrés, cherchant à localiser alentour la balle fantôme au cas où elle aurait rebondi. Devant l’impuissance à trouver un coupable, on parla de l’éventualité d’ondes de choc provoquées par les avions supersoniques. Mais pourquoi uniquement là ? Personne ne se hasarda à s’attacher à ce petit détail. Aux Etats-Unis, la force qui attaque le verre Dès juin 1952, un émule américain fit parler de lui en Illinois et en Indiana. Mais lui devait s’être équipé d’un efficace silencieux parce que nul ne fit état, là-bas, du moindre bruit venant s’ajouter à celui du verre cassé. De plus, les perforations étaient beaucoup plus petites, comme laissées par un fusil à air comprimé, mais trop petites même parfois. Quatre à cinq trous apparaissaient les uns à côté des autres comme si la carabine était à répétition. Ou, alors, plusieurs tireurs visaient la même cible. 

A Kokomo, ville proche d’Indianapolis, on dénombra plus de 70 plaintes dans la semaine du 24 septembre 1952, soit concernant des vitres de voitures en stationnement percées, soit des vitrines de magasins ayant subi le même sort. En fait, les événements prirent un tour nouveau lorsque 1500 pare-brise de véhicules en mouvement ou à l’arrêt furent criblés de petits trous à Bellingham, Etat de Washington, en avril 1954. Le magazine Life y consacra plusieurs colonnes et précisait que les victimes ne savaient même pas comment cela pouvait se produire. « Brusquement, des étoiles disgracieuses fleurissent sur les pare-brise des voitures... même celles de la police. » 

L’épidémie fut à son comble à Seattle où plusieurs centaines de vitres d’automobiles furent réduites en passoire dans la nuit du 13 au 14 avril 1954. Si c’était un vandale, il devait transporter sa provision de plomb dans une remorque et ne pas chômer de toute la nuit. Là encore, aucun projectile ne fut même une fois localisé. Le phénomène se déplaça ensuite vers l’Est en Ohio, Oregon, Michigan, Floride et plus loin encore. Une douzaine de ville jusqu’au Canada appelèrent l’attention sur des méfaits analogues. A Bromley, Kentucky, les orifices dans le verre variaient de la grosseur d’une tête d’épingle à quelques millimètres au maximum. Dans certains cas, il ne s’agissait même que de piqûres minuscules semblant évoluer comme si le verre était lentement « pénétré ». Une femme déclara avoir vu se produire le dommage dans son pare-brise alors même qu’elle le fixait. Elle décrivit le phénomène comme « le développement spontané d’une bulle dans le verre. » Des policiers américains du comté King, dans l’État de Washington, assistèrent à la multiplication des petits trous dans le pare-brise d’un camion de légumes qu’ils surveillaient. On était bien loin du canardeur insaisissable du Surrey. On parlait volontiers de « force mystérieuse inconnue et invisible, ennemie du verre... » 

Les « piqûres » se manifestaient même sur des véhicules enfermés au garage. Un avion volant de Portland à Salt Lake City eut aussi la vitre du cockpit troué… C’est la faute à la bombe ! N’ayant en aucun cas réussi à prendre sur le fait un des membres de cette bande présumée de vandales qui, s’étant concertés par dessus l’Atlantique, avaient décidé de faire la fortune des poseurs de pare-brise - on les imagina armés de petits marteaux s’adonnant rageusement à ce vilain saccage sans jamais en voir un seul - on se rabattit sur un bouc émissaire bateau à l’époque : la bombe H, dont les essais venaient d’avoir lieu dans le Pacifique.. 

La croyance populaire mit tout d’abord cela sur le compte d’une augmentation de la radioactivité dans l’atmosphère suite aux explosions atomiques. Devant les démentis officiels, on incrimina ensuite une éventuelle pluie radioactive, ce que sembla confirmer quelques mesures faites sur la poussière recueillie sur le toit sale d’automobiles dont les vitres avaient été détériorées. Les spécialistes du centre atomique d’Argonne rejetèrent cette hypothèse, arguant que les panneaux vitrés des serres, où des plantes sont cultivées sous gaz carbonique radioactif, auraient dû, depuis longtemps, être attaqués. Dont acte. 

A cause de cet argument de poids, on se tourna vers la possibilité selon laquelle la bombe aurait émis une substance « anti-verre » capable de transformer celui-ci en rien… c’est à dire en trou. En d’autres termes moins osés, quelque chose tombait du ciel qui perforait ainsi les pare-brise, rares vitres non disposées verticalement. La petite vérole du verre Les esprits s’échauffèrent activement autour de cette éventualité. Surtout qu’à Portland, en Oregon, il y eut une pluie de petites boules de 1 mm de diamètre, brillantes, couleur du plomb, ressemblant à de la cendre, et qui adhéraient aux pare-brise précisément. C’étaient elles, à n’en pas douter, qui rongeaient le verre. Présentant au microscope une structure cellulaire, on parla de micro-créatures extraterrestres mangeuses de verre ! Cette théorie fit long feu tout comme celle d’une maladie du verre - petite vérole, cancer. 

L’American Automobile Association avança que les dommages étaient dus à une réaction chimique entre le verre et quelque produit véhiculé par l’atmosphère. Le Professeur Henry J. Gomberg, de l’Université du Michigan, fit remarquer que seul l’acide fluorhydrique -l’acide le plus puissant qui existe - pouvait entamer le verre. Qu’à cela ne tienne ! Celui-ci, fabriqué par l’explosion de la bombe, devait avoir été apporté par les vents d’Est. Bonjour les dégâts pour les poumons des citoyens dont on ne s’inquiéta pas outre mesure. Et puis quoi encore ? L’imagination aidant - et la psychose s’installant - d’autres théories virent le jour depuis les défauts de fabrication du matériau vitrifiable, les anodines vibrations du sol, les changements de température faisant travailler le verre contraint, l’accumulation d’électricité statique avec la friction de l’air, les résidus de combustion des carburants des avions, les produits de nettoyage des stations-service, jusqu’aux œufs de puces des sables incorporés dans la silice utilisée pour la fabrication du verre et qui soudain éclosent (sic), en passant par le poltergeist... 

En fait, les opinions se partagèrent en deux camps : ceux qui pensèrent que les diverses explications n’étaient pas satisfaisantes et ceux pour lesquels il n’y avait pas d’explication puisque tout, selon eux, avait été « exagéré » par les médias et n’était que les préjudices normaux imputables à une circulation routière banale subitement tournée en mystères dans la tête des conducteurs par une publicité hystérique dans un climat de tension et d’anxiété. N’empêche que le New York Times du 24 avril 1921 avait déjà mentionné un cas semblable quand 2 500 pare-brise furent brisés à Londres sans cause apparente cette année-là. Et en août 1961, à Springfield, Massachusetts, pour la deuxième fois de l’année, une centaine d’habitants découvrirent au petit matin une des vitres de leur automobile toute fendillée. Il ne s’agissait pas des pare-brise mais de la lunette arrière... 

Une telle sélectivité et des déprédations qui ont du mal à s’expliquer par un processus hallucinatoire, n’est-ce pas ? 

 

Note : 1) Dans le livre de J. G. Dohmen, , « A identifier et Le cas Adamski », publié en 1972, on peut lire sur le sujet des cas similaires survenus en France en 1954. « Or, la vague de 1954 (d’ovnis) atteint une ampleur exceptionnelle et on a l’impression que, passé un certain seuil d’intensité, une vague d’OVNIs peut s’accompagner d’autres phénomènes déroutants et mystérieux n’ayant à première vue aucun rapport avec elle. Si l’hypothèse est exacte, alors c’est une toute autre vision des « soucoupes » qui se dessine car les phénomènes paranormaux mystérieux incriminés ne seraient alors que des conséquences de l’activité soucoupique. « Mais avant d’aller plus loin dans les hypothèses, voyons de plus près de quoi il s’agit. « Cancer du verre »

 « Le premier exemple de ces événements bizarres est ce qu’on appelait alors le « cancer du verre ». « En cette année 1954, en effet, il y eut une surprenante et inexplicable vague de bris de verres, sans causes apparentes. On surnommait fréquemment aussi le phénomène « cancer des pare-brise » mais il n’y avait pas que les pare-brise qui explosaient spontanément, puisque aussi des glaces latérales, verres à boire, bouteilles, compo¬tiers, etc. étaient concernés. « Lors de l’étude sur le rayonnement localisé, un cas avait été étudié faisant allusion à une « chaleur localisée » (a). 

« Dans cette relation, il est fait mention de l’explosion d’un pare-brise. On serait tenté, à la lecture de cet article, de faire le rapprochement entre la « soucoupe » et le bris du pare-brise. « Le fait est que ces bris inexplicables de verre sont fré¬quemment associés à un phénomène lumineux justement. Donc un rayonnement électromagnétique indiscutable. Voici un cas typique (b) : « Châteauneuf éclatement d’un pare-brise » « Vendredi, vers midi, M. Justin Creux, épicier à Viel¬manay, se rendait à Châteauneuf à bord de sa voiture de livraison. Il ne faisait pas une grande chaleur, la route était ombragée, pas de sable sur la chaussée et pas d’autres voitures en vue. 

« En arrivant à quelques centaines de mètres du bourg, au lieu dit Le Château, M. Creux, roulant à une cinquantaine de kilomètres à l’heure, fut soudain ébloui par une vive lueur et en même temps se produisait une forte détonation. Aveuglé par la vive clarté et par une pluie de parcelles de verre, il parvint cependant à arrêter sa voiture avant qu’elle n’aille se jeter contre un arbre. « M. Creux s’en tirait sans trop de mal : il n’avait qu’un petit éclat de verre dans l’œil gauche. Quant au pare-brise, il ne restait que quelques parcelles de verre tout autour. « L’avant de la voiture était jonché d’une couche de petits morceaux semblables à du gros sable transparent. « Le phénomène lumineux est-il cause ou conséquence de l’éclatement du pare-brise ? « Voici un autre cas (c) qui tendrait à montrer que décidément il y aurait une relation entre « soucoupe » et « cancer du verre ». « Une boule lumineuse dans un jardin à Saint-Souples. » « Un habitant de Saint-Souples, dans le Cambrésis, a reçu une curieuse visite dans la nuit de dimanche à lundi. « Réveillé par un claquement sec, le témoin dit : « J’ai cru tout d’abord à un incendie de l’immeuble en face, mais il s’agissait en fait d’une boule lumineuse qui montait vers le ciel. Une vitre de porte fut soufflée et le verre réduit en centaines de très petits morceaux était dispersé dans la pièce attenante. A l’endroit d’où venait de repartir l’engin, les légumes du jardin étaient tous couchés dans le même sens ; quelques-uns étaient déracinés, juste à l’endroit où s’était posée la boule. A part la vitre brisée que l’on peut s’expliquer par le déplacement d’air de l’appareil, aucun autre dégât n’a été fait à la propriété. » « Qu’en penser ? Déplacement d’air, comme semble le suggérer l’auteur de l’article ? A l’encontre de cette thèse, il faut préciser que les témoins du « cancer du verre » ne décrivent pratiquement jamais d’effet de souffle ou de déplacement d’air quelconque. « La boule lumineuse serait-elle alors la cause du phénomène ? Mais à cela il faut objecter que maintes autres manifestations de bris de verre sont survenues sans aucune apparition parallèle visuelle ou lumineuse. « Par exemple (d) : « Chaulgnes : pare-brisite » « La maladie du verre s’est-elle manifestée en notre commune ? Il y a tout lieu de le croire. « Le vendredi 25 à 16 heures, à l’auberge tenue par M. Frère, deux clients étaient tranquillement attablés discutant de choses et d’autres avec le patron de l’auberge, lorsque brusquement une détonation assez violente retentit et un verre dit incassable se réduisit en miettes sans cause apparente. Surpris, l’un des clients fit un geste assez brusque qui eut pour résultat de renverser les autres ustensiles qui se brisèrent en éclats bien ordinaires alors que le premier verre était entièrement réduit en poussière. « Qui pourrait donner l’explication de ce phénomène bizarre ? « Un cas typique entre autres. Point de phénomène lumineux noté mais par contre un phénomène auditif : une détonation. « Le « cancer du verre » peut prendre parfois une forme surprenante (e). 

« Est-ce un cas de cancer du pare-brise ? » « Dole. Un cas de cancer du pare-brise a été constaté dernièrement à Dole. Le titulaire d’une Panhard 54 a eu la surprise de trouver, un matin, dans son garage le pare-brise de sa voiture avec, au milieu, un rond de 10 centimètres de diamètre, tracé avec une régularité parfaite.

« On pense qu’il s’agit là d’un cas de pare-brisite et l’ensemble a été envoyé à l’usine pour étude ». 

 Références : 

a) Selon L’Indépendant du Louhannais (Louhans) du 3 juillet 1954. 

b) Tiré du Régional de Cosne (Cosne, Nièvre) daté du 3 juillet 1954, pages 2 et 4. 

c) Tiré de Nord-Matin de Lille du mercredi 6 octobre 1954, page 10. 

d) Selon l’hebdomadaire local de La Charité Le Charitois daté du 3 juillet 1954, page 3. 

e) Selon le quotidien Le Comtois de Besançon du 30 juillet 1954 en page 2. 


Publié (hors note) in COURRIER DE SAÔNE & LOIRE DIMANCHE du 18 octobre 1987.

samedi 18 juillet 2020

Charles Fort – Apôtre de l’Impossible.

Par Frederick Clouser
Publié dans FATE, Volume 1 Number 3, automne 1948.
Traduit par Michel GRANGER



Frederick Clouser est né le 25 mars 1909 à New
Bloomfield, Pennsylvanie. Il a servi quatre
années pendant la Seconde Guerre mondiale, dont
les deux dernières sur le territoire européen;
il a été récompensé de l’étoile de bronze pour
service méritoire. Il est employé comme
contrôleur du trafic à la Highway Planning
Division, Département des autoroutes de
Pennsylvanie. Ses principaux pôles d’intérêts
intellectuels sont la psychologie, la
parapsychologie et les diverses expériences
religieuses. Il a formulé l’hypothèse que la cause des taches de
naissance est la projection télépathique de l’état mental de la
mère au foetus ou à l’embryon. Il est membre de « Société
Fortéenne et de l’American Society for Psychical Research.


Les scientifiques l’ont ignoré - car ils ne pouvaient pas répondre à ses questions ! Il est devenu célèbre parce qu’il ne croyait en rien !
La frénésie de l’année dernière à propos des « soucoupes volantes » rappelle le travail d’un génie savant, Charles Fort, l’un des personnages les plus intéressants de son époque - ou, on peut le dire sans exagération, de tous les temps.

Le fonds de commerce de Charles Fort, c’était l’incompréhensible, l’exceptionnel, le paradoxal - des choses qui ne peuvent pas arriver mais qui se produisent. Des rapports sur des événements étranges que l’homme « occupé » est susceptible de reléguer pour une pensée future indéterminée, sinon d’oublier. Fort lui s’en souvenait et y réfléchissait. Une question si étrange que les « soucoupes volantes » avait retenu sa plus grande attention. Il avait débusqué des comptes rendus obscurs, entretenu de nombreuses correspondances, vérifié des dossiers de journaux, de magazines et des revues scientifiques pour trouver des rapports antérieurs sur des phénomènes similaires ou connexes. Et sur chaque explication facile avancée, il avait été méfiant.

C’est sa bizarrerie - ne pas se contenter d’un raisonnement désinvolte ou d’une explication - et un instinct de collectionneur comme celui d’une pie, qui l’ont amené à compiler un ensemble étonnant de preuves d’anomalies - des événements réels inconciliables avec la loi naturelle, incompris. Fantastiques à première vue, ces événements ne peuvent, pour la plupart, être considérés comme autres qu’authentiques compte tenu de l’attestation de leur répétition par plein de témoins très différents dans des lieux très éloignés. En résumé, les rejeter in totalité reviendrait à prendre position sur le fait qu’il existe une folie mondiale pour favoriser les canulars, dans la plupart des cas au grand désarroi des personnes qui les signalent.

Supposer que Fort était un excentrique ou un dilettante, avec un flair pour collecter au hasard des données sur l’extraordinaire, serait grossièrement le mal juger. Il a étudié, analysé, décortiqué, collationné, corrélé, synthétisé. Toujours et tout le temps, il argumentait et avec brio. Quand il apportait la contradiction, c’était toujours avec une pointe d’humour ; quand il exprimait ses propres hypothèses, il se moquait souvent de lui-même, car il se gardait plus ou moins un chemin de sortie, insistant toujours pour qu’on lui permette quelque réserve quand il était très probablement sur la mauvaise voie. Dans l’ensemble, son travail est manifestement
le produit d’une personnalité aux multiples talents. Ses quatre volumes publiés, totalisant plus de mille pages, avec un index combiné de plus de soixante pages, sont un monument au travail, à la pertinence, à l’audace, à la largeur de  la vision et au sens de l’humour équilibré de l’homme.

L’homme lui-même était presque aussi différent dans son apparence et ses habitudes que les choses qu’il écrivait. Grand, beau, plutôt lourd, avec une moustache brune hérissée donnant à son visage un masque un peu nietzschéen, il semblait un anachronisme dans ses vêtements contemporains ; comme si l’indisponibilité d’une tenue convenable l’avait forcé à faire des changements de fortune. Tiffany Thayer a remarqué après sa mort qu’il aurait dû être vêtu de cuir et d’anneaux, que sa résidence aurait dû être un château, que des personnages tels que Faust et Villon auraient dû être ses compagnons. À juste titre, il aurait pu être ajouté qu’il aurait dû avoir un blason - arborant un grand point d’interrogation. 

Quand il était enfant, par nature il classifiait, étudiait et classait chaque chose sur laquelle il pouvait mettre la main.

Alors qu’il était encore jeune, il s’est lancé dans l’écriture de romans. Année après année, histoire après histoire nées de son imagination, cela représentait quelques 3 500 000 mots selon sa propre estimation.

Ecrire des romans, décida-t-il finalement, n’était pas sa vocation. Il abandonna cela et commença une étude sérieuse des arts et des sciences. Celles-ci devinrent son principal intérêt - physique, chimie et astronomie en particulier. Il prit des notes - environ 25 000 ! - les classa dans un agencement de casiers spécialement construits couvrant le mur d’une pièce. Une fois, réfléchissant à la possibilité de leur destruction par le feu, il envisagea à moitié d’utiliser un matériau incombustible pour ses futures prises de notes.

Le cours de ses études scientifiques l’a amené à se demander pourquoi les énergies des hommes sont si absorbées par l’agitation mondaine ordinaire.

« Je suis émerveillé de voir, a-t-il dit, que n’importe qui puisse être satisfait d’être un romancier ou dirigeant du trust de l’acier ou un tailleur ou un gouverneur ou un nettoyeur de rue. »

En sondant en profondeur son sujet, il a développé le plan du travail de vie : il rassemblerait et classerait des notes sur les recherches qui avaient été faites et sur les conclusions qui avaient été tirées par rapport aux phénomènes connus. Puis, à la fin, pour arriver à des généralisations incontournables, il traquerait les accords et les thèses adverses. Le résultat fut 40 000 notes sous 1 300 rubriques !

La chose qui vraiment le stupéfia ce fut les variétés qu’il trouva concernant des événements réels qui, selon les règles des théories de base communément admises, n’auraient pas dû se produire du tout ! Il fut même abasourdi, malgré son habitude pour toutes sortes de phénomènes, habituels et inhabituels, comme le style littéraire de ses premiers écrits semble indiquer. Il est tendu, nerveux, pointu, souvent piquant comme une rapière, il a déjà le style d’un explorateur avec un pied au-dessus du seuil d’un monde jusqu’ici non connu et insoupçonné. Il avait touché quelque chose de vraiment gros et il le savait.

« Donnez-moi, écrit-il, le tronc d’un séquoia. Donnez-moi des pages de falaises de craie blanche pour écrire dessus. Agrandissez-moi des milliers de fois et remplacez mes immodesties impudiques par une mégalomanie titanesque - alors je pourrai écrire suffisamment sur nos sujets. »

Un jour, interrogé sur une description de lui-même, il a répondu: « Je ne suis qu’un écrivain. »

Un écrivain il l’était, sans aucun doute. Mais il était plus que cela. Si nous pensons correctement à la philosophie comme synthèse et aux philosophes comme troupes avancées dans le siège de la vérité, alors, en effet, il était philosophe. Il serait difficile de sous-estimer l’ampleur de sa pensée philosophique.

« De temps en temps, a déclaré un critique en lisant un de ses livres dans Vogue, vous découvrirez une idée colossale et peu après, vous serez envahi par une pointe de l’excitation cosmique de l’auteur, l’ivresse du plus grand sportif sur terre, telle une curiosité et une terreur que Christophe (Colomb) a dû ressentir lorsque ses navires ont laissé l’Espagne sous l’horizon. »

Les noms du cercle qui se sont rassemblés autour de lui se lisent comme un Who’s Who de l’intelligentsia américaine : Theodore Dreiser, Booth Tarkington, Alexander Woollcott, John Cowper Powys, Burton Rascoe, Ben Hecht, J. David Stern pour énumérer certains de ses sponsors originaux.

Dreiser l’a appelé « la figure littéraire la plus fascinante depuis Poe et l’un des esprits et des tempéraments les plus éminents du monde aujourd’hui ». Tarkington, dans son introduction à l’un des livres de Fort, a écrit que « les tremblements de terre les plus fous du monde ne sont que des agitations dans des théières par rapport à ce qui se passe dans les visions évoquées devant nous par M. Charles Fort. » Maynard Shipley a fait remarquer : « Lire Fort, c’est monter sur un comète.

Si le voyageur revient sur terre après le voyage, il trouvera, après que ses premiers étourdissements se seront dissipés, une émotion nouvelle et exaltante qui colorera et corrigera toutes ses futures lectures. » Ceux-ci l’admiraient sans réserve.

L’un des exemples les plus intéressants que l’on peut lire sur la méthode de C. Fort est son traitement du problème de la chute des poissons et des grenouilles en provenance du ciel. La réaction naturelle à ce genre de chose est que cela est impossible, bien que tout le monde soit prêt à se souvenir, au moins vaguement, d’avoir lu des comptes rendus sur le phénomène dans des reportages ou dans des articles de journaux tels « Etrange, n’est-ce pas ? » ou dans la rubrique : « Croyez-le ou non ».

Ripley parle un tel événement survenu dans la ville de Longreach, Queensland, Australie, en mars 1942, citant un correspondant qui avait ramassé des poissons vivants de 4 à 6 centimètres de long. L’explication habituelle, exprimée dans un court paragraphe, est - que les poissons ont été extraits d’un étang ou d’un lac par une trombe ou une tornade et ensuite abandonnés à Longreach, qui se trouvait être sur le chemin de la tempête.

Pour Fort, la question n’est pas aussi simple et facilement résolue. Son approche est unique. Passant en revue tous les faits disponibles ayant une quelconque relation avec le sujet, il évalue chaque fait par rapport aux autres, recherche des similitudes et des divergences, explore le phénomène dans ses ramifications les plus extrêmes.

Comme un chien avec un os, il travaille son sujet. Compte rendu après compte rendu, tirés tantôt de journaux et de magazines, tantôt de revues scientifiques ordinaires, il évalue les faits et pose des questions. Ainsi : De nombreux cas sont rapportés de la chute de grenouilles ; aucun cas de chute de têtards n’est signalé.

Pourquoi ? Un rapport enregistre une chute un certain jour à un certain endroit ; un rapport ultérieur enregistre une chute ultérieure exactement au même endroit. Si les créatures sont transportées par une tempête, comment expliquer la remarquable adresse du tir, une caractéristique difficilement attribuable aux tempêtes ? Si des poissons ou des grenouilles sont aspirés d’un étang ou d’un lac, pourquoi les poissons et les grenouilles ne tombent-ils pas parfois en même temps au même endroit ?

Pourquoi les débris du rivage, la boue et la végétation flottante ne tombent-ils pas avec les créatures ? Pourquoi atterrissent-ils vivants et indemnes, contrairement à tout ce que nous supposons connaître la vitesse accélératrice des corps qui tombent ?

Peut-être, après tout, avons-nous été juste un peu vite dans notre explication du ramassé à un endroit et déposé dans un autre endroit. Peut-être y a-t-il une autre explication à propos des stocks dans la localité à l’origine qui étaient simplement assemblés dans une sorte de convenance de poisson ou de grenouille. Mais il y aaussi le fait embarrassant qu’ils se trouvent parfois sur les toits des maisons, dans de vastes zones métropolitaines comme Londres, dans des endroits désertiques pas particulièrement poissonneux ou fréquentés par les grenouilles.

Fort continue donc, vous bombardant de temps en temps de données presque à la limite de l’épuisement. Il vous guide, il vous pousse dans une impasse, il vous tire à nouveau, il vous invite à suivre une autre direction. Parfois, vous pensez que vous l’avez attrapé : de la masse de matériel sur laquelle il commence son offensive, vous voyez suffisamment d’accord dans les détails factuels pour justifier une généralisation conventionnelle.
Mais voilà qu’ensuite, il présente une quantité égale de matériel démolissant votre généralisation.

Ne concluez pas de ce qui précède qu’il avait vraiment une vision académique des anecdotes. Son intérêt allait du plus insignifiant apparemment jusqu’au plus important. Comme le vrai scientifique qui fait preuve d’une impartialité absolue face aux faits, rien n’était trop petit, rien n’était trop grand pour les cribles et les dimensions de son esprit. Radiesthésie, stigmates, statues qui saignent, l’homme qui ne pouvait être pendu, les déplacements allégués dans le temps, l’apparition soudaine de nuées d’insectes, les bruits étranges dans le ciel et sous la terre, les grosses averses et les crues éclair et les phénomènes qui accompagnement les tremblements de terre et les phénomènes d’accompagnement, le problème de la communication interplanétaire, la nature de la lumière et de la gravitation, les tailles, les mouvements et les distances des corps célestes - tels étaient les sujets avec lesquels il se débattait.

La valeur de son travail réside dans sa qualité catalytique. Elle induit une réflexion - une réflexion globale - et cela doit déboucher sur un progrès. Il a dit, en effet, pour sa recherche :

« Vous l’admettrez, beaucoup de nous ne savons pas ; beaucoup, comme vous, devriez admettre si vous ne le faites pas, que nous pensons que nous savons que nous ne savons pas vraiment. Voici des récits de l’extraordinaire - des choses qui se sont produites en violation directe avec l’hypothèse selon laquelle elles sont impossibles.

Vous constaterez généralement que les rapports émanent de témoins compétents ; souvent, les sources sont vos propres publications spécialisées. Je suis bien conscient que de nombreux événements peuvent être « prouvés » comme impossibles. Mais je n’ai rien à voir avec la question de leur possibilité : je dis que ce sont des faits ! Comment allez-vous, en ne passant sous silence aucun détail, en n’ignorant aucun élément incompatible avec l’hypothèse préconçue, pouvoir en rendre compte ? »

Assez fréquemment, Fort a été qualifié d’ennemi de la science. Il ne l’était aucunement. Au scientisme, il était certainement hostile si nous limitions le terme à une prédilection fixe équivalant à une foi aveugle dans les suppositions, hypothèses, théories et dogmes « scientifiques ». Avec un esprit véritablement scientifique, celui
d’une acceptation temporaire, d’un évitement scrupuleux des diktats, il était en parfait accord.

Pour une personne ordinaire sans inclination scientifique particulière, la connaissance de son travail stimule une conscience discriminante contribuant beaucoup à rendre la vie aventureuse. Cela vous fait remarquer des choses que vous n’aviez pas vues auparavant, et une grande partie de ce que vous avez déjà remarqué apparaîtra sous un jour fascinant et différent.

Par exemple:
Chaque printemps et chaque automne, si l’on garde les oreilles ouvertes et regarde parfois en l’air, on entend les oies sauvages crier et on les voit voler dans le ciel.
D’une manière mystérieuse, elles semblent sentir qu’il y a un endroit éloigné où il y a de la chaleur et de la nourriture, et elles possèdent clairement un sens de l’orientation qui fait totalement défaut à l’homme. C’est la même chose avec de nombreux autres types d’oiseaux. Qu’est-ce qui les pousse à migrer et qu’est-ce qui les guide dans leur parcours ?

Une famille du coin présente un chat à une famille en visite d’une ville située à plus de cent kilomètres de distance. Le chat est mis dans une cage et emmené par la famille visiteuse à son retour. Peu de temps après l’arrivée du chat dans sa nouvelle maison, il disparaît. Plusieurs mois plus tard, il apparaît, endolori, ébouriffé et fatigué, dans sa maison d’origine. Comment a-t-il retrouvé son chemin ? (1)

Assis à un bureau, on regarde à travers la pièce un collègue. Ce dernier se détache de son absorption dans son travail, se retourne et renvoie le regard. Cela arrive très souvent. Est-ce simplement une coïncidence ou existe-t-il un lien de causalité ? Si une force étrange est présente ici, qu’est-ce que c’est ? Le mot  « télépathie » vient immédiatement à l’esprit. Mais qu’est-ce que la télépathie ? Beaucoup de choses s’expliquent à chaud en étant nommées ; ceci, en supposant que la télépathie est impliquée, en est un exemple (2). 


Comment les bâtisseurs des pyramides de l’ancienne Egypte 
savaient-ils le point central de la masse du monde ?

Un journal montre un schéma de la terre avec deux lignes entourant celle-ci, une longitudinale, une latitudinale, tracées à travers la Grande Pyramide d’Egypte. Les indications qui l’accompagnent disent que ces lignes divisent la surface terrestre de la Terre en quatre zones égales. La question est soulevée : les Égyptiens antiques, érigeant cette pyramide des milliers d’années avant que Colomb ne navigue vers le Nouveau Monde et ne soit arrivé sur place, ont-ils fait ça par pure coïncidence, malgré les énormes chances contre celle-ci, ou auraient-ils pu avoir une connaissance des masses terrestres de la terre que l’on ne pense généralement pas attribuables à une civilisation ancienne (3) ?

Il est rapporté, dans un compte-rendu de journal, une série d’incendies mystérieux dans la ferme d’habitation d’un certain William Hackler, près d’Odon, dans l’Indiana. A 8 heures du matin, un incendie se déclare d’un côté de la maison près d’une fenêtre à l’étage. Il n’y a pas de feu dans aucun poêle et la maison n’a pas de câblage électrique. Un peu plus tard, un feu se déclare dans du papier qui avait été placé entre les ressorts et le matelas d’un lit. Puis, successivement, un calendrier sur le mur s’enflamme, une salopette accrochée à une porte se met à flamber, un livre tiré d’un tiroir se met à cramer à l’intérieur même si la couverture reste intacte. . . Jusqu’à minuit, 28 incendies distincts, tous non justifiés, s’étaient déclarés dans cette maison ! (4) Pourquoi ?

Quelqu’un a un rêve fantastique. Il rêve qu’en descendant d’un bus sur la Place du Marché, il voit un coffre au trésor ouvert contenant des pièces sur le trottoir. Se rappelant le rêve le lendemain matin alors qu’il quitte son autobus sur la Place du Marché, il jette un coup d’oeil à l’endroit où il avait vu le coffre au trésor dans son rêve. Il y a un billet d’un dollar ! Coïncidence ? Quelles sont les chances, dans une vie, qu’un événement réel de ce genre se produise si étroitement lié à un rêve précédent ? Si ce n’est pas une coïncidence, c’est quoi ? Des exemples comme ceux-ci pourraient être cités presque à l’infini.

Il y a plus dans le ciel et la terre que nous en avons l’habitude de rêver à partir de nos petits systèmes de connaissance. Nous vivons dans un univers étrange et horrible.

Relever le défi de l’inconnu et du connu incomplet, repousser les frontières du savoir, telle est la vocation de la recherche. L’esprit fortéen nous ferait prendre conscience de notre ignorance et nous inciterait à apporter notre soutien à ceux qui tentent de le dissiper.

En reconnaissance du travail de Fort et afin de maintenir vivante l’idiosyncrasie du tempérament qui le motivait, la Fortean Society a été organisée en 1931, l’année avant sa mort. Poursuivant sans fanfare, elle vise à cultiver une vision large, à encourager la réflexion, à faire de la curiosité une habitude. C’est, selon ses propres mots, « une association internationale de philosophes - c’est-à-dire d’hommes et de femmes qui ne vivraient pas différemment s’il n’y avait pas de lois ; d’hommes et de femmes dont le comportement n’est pas une conséquence de réactions réflexes provoquées par le conditionnement, mais plutôt le résultat d’une certaine cogitation, ou d’une fantaisie mystique qui leur est propre. »

Étant une organisation dont le but est toujours sérieux et souvent profond, elle n’a ni le temps ni l’envie de jouer les rituels et les plaisanteries sociales. Les membres se sont cependant vus arborer un symbole - un grand point d’interrogation. C’est l’insigne de l’esprit vraiment émancipé et éclairé.

FIN

1 / Des expériences avec des pigeons voyageurs récemment menées par le professeur H. L. Yeagley du Pennsylvania State College indiquent que « l’instinct du homing » (retour à la maison) des animaux peut être dû à leur sensibilité à la force de Coriolis (un effet du spin terrestre) et au magnétisme terrestre. La façon dont ils sont capables de détecter différents degrés d’intensité de ces forces n’est pas encore connue.
2 / Faire en sorte que la personne que l’on regarde se retourne et nous renvoie son regard est pour la plupart des gens considéré non seulement comme possible mais banal. Le très hon. A. J. Balfour, M. P., F. R. S., dans son discours présidentiel devant la (British) Society for Psychical Research, rapporté dans Proceedings, S. P. R. » vol. X, pp. 9, 10, a déclaré: « J’ai constamment rencontré des gens qui vous disent que, sans qu’ils en soient conscients apparemment, et cela étant beaucoup plus étrange qu’une observation sur le temps qu’il va faire, que par l’exercice de leur volonté, ils peuvent inciter n’importe proche d’eux à se retourner et à les regarder. »
3 / Mystère de la grande pyramide (Egypte): Extrait de la chronique « Strange As it Seems » de John Hix, Harrisburg Telegraph, 5 mai 1937.
4 / Exemple d’incendies mystérieux dans une maison de ferme. Publicité officielle dans « Collier’s », 19 avril 1941, de la Travelers Insurance Co., Hartford, Colin.

Ce texte a été publié dans la revue FATE, Volume 1 Number 3, automne 1948, pages 36 à 44.

samedi 18 avril 2020

LES MUTILATIONS DES BOVINS ET LES COUPABLES PRESUMES : UNE PERSPECTIVE PSYCHOLOGIQUE


VALDEZ et Peter JORDAN.


Peter A. Jordan (MUFON 1983 UFO SYMPOSIUM PROCEEDINGS UFOs : A Scientific Challenge, les 1,2 et 3 juillet 1983).

ABSTRACT 
À partir de la fin des années 60 et jusque dans les années 70, les rapports de mutilations de bovins aux États-Unis ont atteint des proportions épidémiques. La spéculation sur le sujet, allant du super-prosaïque (prédateurs) au super-exotique (extraterrestres), a atteint une intensité inquiétante, les théories de plusieurs chercheurs semblant, à certains moments, étrangement extravagantes et obsessionnelles. Dans cette présentation, une tentative est faite pour relier les découvertes de la théorie cognitive et sociale au problème des mutilations. Il est suggéré que la perception commune des décès de bovins comme anormale est, dans une large mesure, une fonction des cognitions, des contributions mentales apportées à un niveau inconscient dans la lutte pour comprendre l’événement de stimulation.


INTRODUCTION
Aux fins de cette présentation, il serait, je pense, utile de noter brièvement les affirmations centrales entourant le phénomène de mutilation. Il s’agirait notamment des éléments suivants :
1) l’observation selon laquelle, depuis environ 1967, plus de 10 000 animaux (principalement des vaches) sont morts de façon bizarre et «contre nature» aux États-Unis (principalement dans les régions à l’ouest du Mississippi) ainsi que dans divers certaines parties du Canada, de l’Europe et de l’Amérique du Sud ;
2) des rapports selon lesquels les animaux présentent généralement des blessures qui semblent être de nature « chirurgicale », avec une ablation des organes sensoriels, tels que la langue et les yeux, ainsi que les organes sexuels et le rectum, sont souvent produits ;
3) l’affirmation selon laquelle de grandes quantités de sang et / ou de cerveau et de liquide céphalo-rachidien semblent avoir été drainées de la carcasse ;
4) l’observation que des preuves physiques, telles que des traces de pneus ou des empreintes de pas, près de la carcasse, sont souvent mystérieusement absentes ;
5) la perception d’un lien possible entre les événements de mutilation et l’apparition occasionnelle soit d’hélicoptères volant à basse altitude (référence 1), de boules de lumière silencieuses et luminescentes, soit de gros objets en forme de cigare, à proximité de sites de découverte et  près du moment des mutilations ;
6) l’observation que les prédateurs et les charognards locaux évitent constamment les carcasses mutilées ;
7) l’affirmation selon laquelle les carcasses sont souvent retrouvées avec de longues « ecchymoses » autour de leur poitrine comme si, selon les mots des policiers, les corps avaient été « transportés ou soulevés avec des sangles » ;
8) les allégations de mesures inhabituelles de radioactivité à proximité de carcasses mutilées ;
9) les allégations d’échec répété par des chiens de garde (beaucoup sont considérés comme vicieux et bien à portée de voix des sites de mutilation) de venir sur les lieux pendant la période de l’événement ;
et 10) l’observation que les carcasses de mutilation souffrent de taux de détérioration anormaux (soit excessivement lents soit excessivement rapides).

Par déférence pour ceux qui peuvent facilement être embarrassés, je m’abstiendrai de consacrer un temps précieux à rendre un autre compte rendu de la tristement célèbre affaire Snippy, sauf pour dire que cet incident particulier, aussi isolé soit-il, semble avoir cristallisé une grande partie du climat social dans lequel la plupart des cas ultérieurs avaient incubés. (Référence 2). Psychologiquement, je pense qu’il est juste de dire que l’incident de Snippy a servi de prototype du phénomène et a établi les conditions - certainement dans cette partie du sud-ouest - pour son évolution historique.

Ce qui ne doit pas être oublié est, bien sûr, que, malgré toutes les déclarations scientifiques contraires, le propriétaire de Snippy, ainsi que les résidents locaux, ont persisté dans leur croyance que l’animal était devenu la proie de « forces surnaturelles », citant un grand nombre d’« OVNIS » repérés dans la région juste avant la mort du cheval. Les chercheurs qui ont examiné la question ont observé dans quelle mesure les éleveurs voisins étaient en fait résistants aux explications conventionnelles, préférant à la prédation naturelle, canulars, etc., les quelques cas où les chercheurs « n’en savaient en quelque sorte plus que ce qu’ils disaient ». Curieusement, cette attitude paranoïaque envers le phénomène est, j’ai remarqué, devenue plutôt à la mode ; en effet, on est justifié de considérer ce domaine de la recherche dans un certain sens, comme « maudit ». Qu’un tel fort affect puisse influencer le processus d’organisation mentale, je ne pense pas que quiconque puisse le contester, mais, franchement, ce n’est qu’après avoir été personnellement « infecté » que la puissance de ce principe s’est manifesté à moi. Quand on devient aussi intime avec la dynamique de groupe de la recherche sur les mutilations comme je l’ai fait, il ne semble plus étonnant que l’on ne puisse pas rester longtemps à l’abri des pressions subtiles du conformisme.

Dulce, Nouveau Mexique : une étude de terrain
Les premiers signes de ma propre infection psychologique se sont manifestés en juin 1979. Un article, publié dans un magazine UFO populaire, devint ma première exposition au sujet et décrivait, en termes assez sobres, la mort assez mystérieuse et inexpliquée de bovins à Dulce, une petite ville coincée dans l’extrême nord-ouest du Nouveau-Mexique. Intrigué, j’ai contacté un officier de la police d’État de cette ville pour en savoir plus sur les circonstances entourant les diverses anomalies mentionnées dans l’article. Tout ce qui est contenu dans l’article a été confirmé. On m’a dit, en fait, que l’article n’avait raconté qu’une partie de l’histoire et que ce que j’avais lu n’était que la «pointe de l’iceberg».
Ce n’est qu’en août 1980, cependant, que j’ai eu l’occasion de visiter Dulce et de recueillir des données de première main sur les activités de mutilation récurrentes qui y sont signalées. Science Digest a aidé à financer la recherche, qui, je l’espérais, constituerait la base d’un article de fond pour le magazine. (Mais il s’est avéré que l’article n’a jamais été imprimé, Science Digest ayant trouvé le sujet - comme tant d’autres publications - inconfortablement ambigu).
Une grande partie de mon temps au Nouveau-Mexique a été passée en compagnie de la police de l’État du Nouveau-Mexique, qui m’a gentiment escorté dans les coins de la ville où divers phénomènes aériens avaient été observés, y compris les hélicoptères presque complètement silencieux qui semblent jouer un tel rôle omniprésent dans l’histoire des mutilations. J’ai également eu l’occasion de passer plusieurs heures avec Manuel Gomez et son fils Edmund. Selon la police, la famille Gomez avait subi des mutilations presque incessantes, ayant perdu six de ses vaches depuis 1976. Au cours de mon enquête prolongée sur les allégations de Gomez, j’ai rapidement pris conscience du fait que les mutilations présumées semblaient faire partie d’un constellation d’anomalies, allant de « menaces » téléphoniques anonymes et très sinistres à l’observation d’une « pierre tombale rougeoyante » située sur la propriété. De janvier à juin 1979, m’a-t-on dit également, le mystère s’est obscurci lorsque 20 têtes de génisses de 2 et 3 ans ont soudainement développé un « effet de tremblante » particulier, comme on pourrait le constater avec une condition connue sous le nom de « titubation aveugle » [vache folle ?] (bien que Gomez soit certain qu’il n’y avait pas de locoweed dans son pâturage à cette époque). Aucun de ces animaux, d’après ce que j’ai appris, n’avait survécu à l’attaque, qui, selon Gomez et la police, les avait complètement déconcertés. Manuel Gomez a également rappelé un autre événement quelque peu étrange. En 1976, la nuit même de la première mutilation, le chiot Doberman de 9 mois de Gomez a disparu et n’a jamais été retrouvé. Gomez m’a dit qu’il avait été suggéré que l’animal avait peut-être été tué par des coyotes, bien qu’il ne trouve pas cela une explication acceptable.

Grâce à mes entretiens avec d’autres personnes qui avaient directement ou indirectement participé à la recherche sur les cas Gomez, j’ai rencontré un éventail éblouissant d’affirmations supplémentaires. J’ai appris qu’il y avait eu des mesures de radiations inhabituelles observées près des carcasses, que le foie de vaches aurait pu être exposés à des radiations micro-ondes, que des échantillons de poils prélevés dans le troupeau de Gomez devenaient phosphorescents lorsqu’ils étaient placés sous la lumière ultraviolette, que des paillettes furent trouvées dispersées dans le ranch Gomez, qu’il y avait une utilisation de la « chirurgie au laser » dans l’ablation des organes reproducteurs des vaches, que des enquêteurs étaient sous écoute électronique, qu’il y avait des prédictions de mutilations humaines dans la région, que la présence de certains « médicaments » avaient été détectés dans la circulation sanguine des carcasses mutilées, que des « interférences » radio existaient avec les OVNIS (constatées près du ranch Gomez par la police), et que d’étranges « marques » sur le sol avaient été trouvées près de certains des animaux morts.

Je dois avouer qu’à l’époque où j’ai été instruit de ces étonnantes affirmations, pas le moindre soupçon de leur validité ne s’est glissé dans ma pensée. De tout ce qu’on m’avait dit, en fait, il ne semblait guère y avoir de raison de ne pas croire que toutes les interprétations faites à propos du phénomène étaient saines. Après tout, qui étais-je? Un éleveur expérimenté? Un policier aguerri? Pour quels motifs pouvais-je présumer remettre en question les perceptions de ces personnes? Je n’avais ni l’envie ni « l’expertise » pour douter. En vérité - même si je n’avais pas la capacité de m’en rendre compte à ce moment-là - l’infection avait pris une emprise pernicieuse sur moi et elle ne lâchait pas.

Échapper à l’incertitude
Après être rentré chez moi suite à mon voyage au Nouveau-Mexique, je me suis lancé dans un projet qui, je l’espérais, pourrait m’aider à avoir un accès plus direct aux agents responsables de ce qui se cachaient derrière le phénomène des mutilations. À cette fin, j’ai enrôlé l’aide de quatre médiums avec qui j’avais beaucoup travaillé dans mes recherches en parapsychologie - qui, je dois le souligner, avaient à juste titre mérité mon respect. Peu de documents d’information ont été fournis, et chaque médium a été invité à « psychométriser » plusieurs dizaines de photographies (diapositives) concernant le phénomène de Gomez. Les résultats de cette petite expérience ont été publiés dans une monographie intitulée « Glimpses Through A Looking Glass » et, bien qu’ils ne soient pas acceptables comme preuve de quoi que ce soit, ils étaient, je dois dire, intrigants. Pris ensemble, les informations ont démontré ce qui était une uniformité d’opinion la plus remarquable, suggérant que les mutilations de Gomez provenaient d’une opération massive et secrète parrainée par des organismes paramilitaires ou gouvernementaux. (Référence 3) Indépendamment de la façon dont cette vue était palpable, rejeter le consensus comme une coïncidence était quelque chose contre quoi j’ai lutté avec tout mon pouvoir pour résister. Et, comme la découverte de corrélations entre les données de recherche disponibles sur le sujet et les lectures individuelles a été faite, j’ai vu les marques claires d’une conspiration pratiquement partout où je regardais. Mes médiums semblaient marquer des « succès » destinés à confirmer cette sombre suspicion. Qu’est-ce que c’était que ces choses que je trouvais si scandaleusement convaincantes? Quelques exemples, peut-être, peuvent être nécessaires avant de comprendre la «sensibilité» de l’attitude que je suis venu à épouser :

1) Le psychique Ron Mangravite mentionne, dans sa « lecture », l’injection d’un citrate. L’officier de police de l’État du Nouveau-Mexique, Gabe Valdez, a vérifié que l’acide citrique (un agent tranquillisant) avait été découvert dans le corps d’un des taureaux mutilés de Gomez.
2) R. M. décrit son image de l’animal « soulevé ». Comme mentionné précédemment, des ecchymoses, prétendument faites par des sangles ou des cordes, sont fréquemment notées autour de la zone de la poitrine des animaux mutilés; les vaches Gomez, selon Valdez, ne font pas exception.
3) La psychique Elisabeth Lerner implique la Compagnie Hobart dans les mutilations. La recherche indique que Hobart fabrique des trancheuses à viande industrielles vendues principalement aux supermarchés et aux bouchers.
4) E. L. prétend que les bovins mutilés sont marqués à l’avance à des « fins expérimentales ». Le spécialiste de l’électronique à la retraite de Sandia Labs, Howard Burgess, a découvert des « taches » lumineuses et fluorescentes le long de l’arrière des jeunes génisses du troupeau de Gomez, qui n’apparaissaient que lorsqu’elles étaient éclairées par une lumière ultraviolette et contenaient un pourcentage inhabituel de potassium et de magnésium.
Comme vous pouvez le voir, la situation était devenue plutôt effrayante.

Pour un sceptique, un tel résultat expérimental est susceptible de créer un certain inconfort; pour moi, cela semblait pire que ça. Cependant, j’ai envisagé la possibilité d’une erreur d’échantillonnage et j’ai commencé à rechercher d’autres éléments sensibles et à voir si les résultats seraient sensiblement différents. Ils ne l’ont pas été. En fait, le contenu de la deuxième série de lectures ressemblait à celui des originaux non seulement sur le plan thématique et conceptuel, mais, dans une certaine mesure, littéralement! Les noms d’individus particuliers, certains bien connus du domaine public, d’autres non, sont devenus récurrents. On observerait ce même type de répétition à l’égard de certaines firmes pharmaceutiques, comme Eli Lilly et Hoffman La Roche. Si vous m’aviez rencontré pendant cette période, vous auriez trouvé le sentiment d’excitation que j’ai ressenti pendant tout cela assez déconcertant. C’était analogue à avoir pris un Rubic’s Cube, tordu ses pièces environ quelques dizaines de fois et avoir été choqué de constater que le puzzle avait été résolu. Un tel sentiment d’accomplissement a cependant une façon très particulière de déformer la perspective générale de la réalité. Le danger est que l’on commence à contribuer davantage au phénomène que ce que le phénomène a à offrir.

Illusions cognitives
Il peut vous paraître à ce stade que j’étais prêt à admettre qu’il n’y avait même pas un soupçon de mystère entourant toute l’affaire des mutilations. Ce n’est pas le cas. Cependant, je suis enclin à considérer le vaste pourcentage des allégations de mutilation comme largement faux, avec seulement un sous-ensemble provisoire digne d’un intérêt sérieux. Les mutilations Dulce, dont j’ai parlé, semblent mériter un tel statut préférentiel. Certains événements canadiens peuvent également entrer dans cette catégorie, bien que la rareté des données mises à disposition par les chercheurs canadiens ne nous donne guère confiance en la matière.
Il ne faut cependant pas interpréter ces remarques comme signifiant que je souhaite plaider en faveur d’une sorte de tolérance insensée pour décider si un mystère de profonde dimension scientifique est posé par l’une ou la totalité des mutilations potentiellement authentiques documentées jusqu’à présent. Aussi décevant que cela puisse paraître - du moins du point de vue des sciences naturelles - l’étude des mutilations du bétail ne vaut même pas un bâillement. Le fait est que, une fois débarrassé de ses fondements psychologiques lourds, le mystère tout entier perd son attrait, devenant impuissant et ennuyeux.

Mais comment, devons-nous nous demander, une mascarade aussi colorée aurait-elle pu être conçue? À quoi pourrions-nous attribuer l’efficacité de cette magnifique illusion?
Bien que je ne prétende pas avoir autre chose qu’une compréhension imparfaite de ce que les forces de motivation ont pu inciter les éleveurs, les policiers, les vétérinaires et les chercheurs indépendants à perpétuer un si grand nombre de fausses allégations, je pense qu’il est possible de découvrir ces propriétés mentales particulières auxquelles ces réclamations peuvent en grande partie devoir leur existence.

Ce sont vraiment les psychologues de la Gestalt qui ont observé pour la première fois que la perception humaine, à son niveau le plus fondamental, est fonction de lois d’organisation distinctes. L’une de ces lois est celle de la simplicité, selon laquelle un modèle de stimulus est vu de telle manière que la structure résultante est aussi simple que possible. Un triangle chevauchant un rectangle, par exemple, est généralement perçu comme tel et non comme une figure compliquée à onze côtés. La perception de choses similaires étant groupées ensemble est encore un autre principe de la Gestalt, tout comme celle de trouver des choses proches les unes des autres apparaissant comme si elles étaient groupées ensemble. Dans mon étude des données de mutilation, j’ai trouvé ces principes qui s’expriment maintes et maintes fois. Comme beaucoup d’entre nous le savent, par exemple, il existe une grande variabilité entre les cas en ce qui concerne les organes manquants. Pourtant, de nombreux soi-disant « experts » affirment fréquemment que ce n’est pas le cas et que les organes cibles sont souvent les mêmes. D’un point de vue « économique », la perception des experts a un sens cognitif et elle devient donc dominante. De même, un éleveur souffrant de la mort d’un bovin sur ses terres, et à proximité d’un autre ranch sur lequel une mort similaire s’est produite (qu’elle soit d’origine humaine ou non), percevra sans aucun doute ces deux événements indépendants comme faisant partie d’un concept plus large de regroupement. Cette tendance découle de la notion de Gestalt selon laquelle des choses similaires seront perçues comme appartenant à la même chose; trouver les événements spatialement contigus amplifie encore l’effet.

Nous ne devons en aucun cas considérer cela comme une justification de la faute de ceux qui ont signalé (et fait un rapport sur) les mutilations. Ces schémas de traitement mental sont, je vous l’assure, partagés par l’humanité en général et ne doivent pas être confondus avec des formes conscientes de tromperie humaine. L’ignorance de ces principes, cependant, peut certainement conduire aux formes les plus graves de tromperie de soi, comme le montrera une étude de la crédulité humaine à travers l’histoire.

Afin de comprendre la pertinence de la psychologie de la Gestalt pour le phénomène de mutilation, il est nécessaire d’apprendre à apprécier la mesure dans laquelle le système perceptuel se défend contre ce qui est communément appelé « surcharge cognitive ». Je ne prendrai pas la peine de vous faire parcourir la littérature expérimentale sur cette question, mais je vous dirai qu’il existe des preuves accablantes pour une sorte d’« attention sélective » à ces détails de l’expérience que nous considérons comme les plus saillants. Les dangers de ce processus sont, bien entendu, tout à fait évidents, bien que la fonction adaptative de ce filtre sélectif pour garder « les deux rames dans l’eau », pour ainsi dire, est quelque chose que nous devons toujours garder à l’esprit. En raison des limites alors imposées à nous par notre propre évolution biologique de la conscience perceptive, les généralisations de stimulus sont inévitables, car on cherchera le moyen le plus pratique de trier les données entrantes de l’environnement externe. Les stéréotypes - dont les mutilations dites « classiques » (c’est-à-dire induites par l’homme) peuvent être un exemple - deviennent ainsi des catégories de tri des événements en fonction de leur appartenance à des groupes particuliers et ont donc une utilité fonctionnelle pour simplifier et organiser des informations complexes. Que les stéréotypes sont notoirement inexacts, je suis certain que tout le monde ici dans ce public serait d’accord. Mais, comme nous le savons également, cette connaissance n’entrave nullement leur utilisation.

En étendant cet argument un peu plus loin, nous ne devrions donc pas être surpris d’apprendre que la compréhension d’un événement (anormal ou autre) est synonyme d’intégrer les caractéristiques de cet événement dans un « schéma » stéréotypé, un processus constructif qui, de toutes les indications, se produit au moment de l’encodage. (Référence 4) En 1973, deux psychologues, J.D. Bransford et M.K. Johnson, a mené une étude dans laquelle un groupe de sujets a été invité à lire une histoire intitulée « Regardez une marche pour la paix depuis le quarantième étage », qui décrivait une vue d’en haut, par en-dessus, de loin. Cependant, cette phrase plutôt étrange était insérée dans l’histoire: « L’atterrissage a été doux et, heureusement, l’atmosphère était telle qu’aucune combinaison spéciale ne devait être portée. » Peu de sujets ont rapporté cette phrase lorsqu’on leur a demandé de se souvenir autant de l’histoire que possible. D’un autre côté, lorsque la même histoire a été donnée à un autre groupe de sujets, mais cette fois avec un nouveau titre, « Un voyage dans l’espace vers une planète habitée », plus de la moitié ont pu se rappeler une idée de la phrase clé. Le fait que le matériel critique ait été rappelé dépendait donc de son adéquation à un titre donné. Le titre, on peut raisonnablement le déduire, a incité les sujets à activer un schéma de connaissances donné; si la phrase ne correspondait pas au schéma, il était difficile de l’encoder.

Le soutien de ces résultats expérimentaux est facilement obtenu en ce qui concerne la structuration sémantique des théories de la mutilation. Ceux pour qui la théorie extraterrestre est la plus appropriée, par exemple, sont ceux qui, à ce que j’ai toujours constaté comme une tendance à assimiler les données sur les mutilations à cette catégorie particulière de compréhension, trahissent cependant de graves omissions dans leur récit des événements historiques. En examinant la littérature sur le sujet des mutilations, par exemple, la présence présumée de médicaments tranquillisants dans la circulation sanguine de certaines carcasses mutilées est rarement reconnue, en particulier si l’auteur est résolument en faveur de la vision extraterrestre. Cependant, aucune de ces omissions n’est mise en évidence par les interprétations fournies par les partisans des théories cultistes ou du complot, bien que les individus, appartenant à ces deux dernières catégories, se révèlent non moins vulnérables aux distorsions cognitives, choisissant d’ignorer d’autres aspects du phénomène qui sont manifestement « incongruents » avec la structure de leur propre système de croyances.

Outre l’omission, cependant, d’autres types d’erreurs accommodantes peuvent être trouvés dans les théories de la mutilation, les plus courantes et souvent les plus frappantes étant celles attribuables au processus de rationalisation. Les chercheurs en mutilation ayant un parti pris pour l’hypothèse extraterrestre, par exemple, insistent souvent sur le fait que de nombreux hélicoptères aperçus près des sites de mutilation sont, en fait, des « OVNI exotiques déguisés ». Les amateurs de complot, d’autre part, trouvent cela absurde et souscrivent à une notion bien différente. Pour eux, les hélicoptères sont des engins militaires ultramodernes « déguisés » en ovnis extraterrestres. Dans les deux cas, une représentation prototypique du phénomène ou du schéma guide dynamiquement les interprétations individuelles vers l’auto-cohérence et la compréhensibilité.

La persistance de la croyance
Si, en effet, le phénomène de mutilation peut être expliqué par référence aux concepts et idées psychologiques que je vous ai demandé de considérer, pourquoi, nous devons nous demander, suis-je le seul à penser qu’il en est ainsi ? Pourquoi tant de gens persistent-ils à croire que quelque chose de diabolique se passe, sur la base de ce qui s’est avéré être des informations incroyablement peu fiables ? Je n’en suis pas sûr, mais je soupçonne que cela a beaucoup à voir avec l’engagement. Dans les années 1950, vous vous souvenez peut-être, Leon Festinger et Stanley Shactner, deux psychologues sociaux, ont mené leur célèbre étude de Marion Keech, une femme au foyer de banlieue qui prétendait avoir pris contact avec des êtres extraterrestres de la planète « Clarion » prédisant qu’une terrible inondation va engloutir la Californie à une certaine date future. (Référence 5) Keech a également affirmé que ceux qui acceptaient la vérité de la prophétie et se rassembleraient chez elle cette nuit fatidique seraient escortés en toute sécurité au large de la planète dans une soucoupe volante. Un certain nombre de personnes sont finalement arrivés à la maison cette nuit-là et ont attendu patiemment l’arrivée des extraterrestres. Ils ne sont jamais venus. Mais, pendant le séjour du groupe, Mme Keech a annoncé qu’elle avait reçu un autre message. Les extraterrestres semblaient avoir été tellement impressionnés par la force de la conviction du groupe qu’ils avaient décidé de sauver la Californie des inondations. Cette nouvelle a été accueillie avec une énorme joie. Ce que Festinger et Shactner ont trouvé si incroyable, cependant, c’est que les membres de ce groupe sont devenus plus attachés à leur croyance dans les extraterrestres et ont par la suite cherché les médias et activement fait du prosélytisme. Sur la base de ces observations, ils décrivent cinq conditions dans lesquelles ils s’attendent à trouver un engagement accru résultant de preuves non confirmatives :

1. La croyance doit être maintenue avec une profonde conviction et doit avoir une certaine influence sur le comportement du croyant (la rendant ainsi observable en partie).
2. La personne doit avoir, en raison de sa croyance, pris une mesure presque irrévocable (par exemple, un engagement public).
3. La croyance doit être telle que les événements réels peuvent clairement réfuter la croyance.
4. Les événements « déconfirmants » doivent être reconnus par le croyant.
5. Le croyant individuel doit avoir un soutien social après la « déconfirmation ».

Festinger et al, ont suggéré que, sans soutien social, peu de personnes soutiendraient une croyance face à de solides preuves de déconfirmation. De même, les éleveurs et les fonctionnaires de police des communautés rurales très unies, soumis aux efforts de démystification des enquêteurs et des chercheurs indépendants, jugeraient nécessaire de se regrouper afin de lutter contre ce qu’ils pourraient percevoir comme une conspiration officielle. Ce n’est que de cette manière que la croyance non confirmée pourra être maintenue.

Dans un rapport de 297 pages publié en juin 1980 par l’ancien agent du FBI Kenneth Rommel, on constate que, sur 90 mutilations signalées au New Mexique comme « classiques » entre février 1975 et mai 1979, 77% étaient explicables sur la base des « preuves disponibles ». Vingt-cinq autres cas (enquêtés personnellement par Rommel et son équipe spéciale) ont également été examinés : les animaux, a conclu Rommel, sont tous morts de « causes naturelles ». (Référence 6) En lisant le rapport de Rommel, on est tout simplement étonné de constater de telles disparités flagrantes entre les observations physiologiques des éleveurs et celles des vétérinaires.

Les rapports d’autopsie officiels des universités et des cliniques, qui ont soumis des tissus d’animaux prétendument mutilés dans les États du Colorado, du Texas, de la Louisiane, du Montana, de l’Oklahoma, du Kansas et du Nouveau-Mexique à analyse, indiquent sans ambiguïté que des animaux tels que les coyotes et les blaireaux sont les coupables - l’étirement des tissus animaux produits par la production de gaz post-mortem et l’autolyse donnant souvent aux bords dentelés d’une morsure « l’apparence de coupures au couteau ». Pourtant, les éleveurs se moquent de ces découvertes et insistent sur le fait que les incisions « chirurgicales » présentes pour les cas dits « classiques » ne peuvent en aucun cas être confondues avec le découpage de chair familier normalement effectué par les prédateurs et les charognards.
Comme je l’ai dit plus tôt, j’ai également trouvé inconcevable que des éleveurs expérimentés commettent des erreurs aussi ridicules, jusqu’à ce que je commence à regarder la situation un peu plus objectivement. Ce que j’ai vite découvert, c’est que les éleveurs et les policiers, à un certain moment, ne percevaient plus les événements, mais plutôt leur perception de ces événements. La structure des croyances était devenue tellement abstraite qu’elle avait perdu sa connexion avec le monde et, en fait, était devenue auto-alimentatrice. Essentiellement, en tant que groupe, les éleveurs et les fonctionnaires de police ajustaient leurs perceptions afin de se mettre en conformité. Aussi bizarre que cela puisse être, je n’ai pu trouver aucune autre solution plausible.

Conclusion
Dans un certain sens, je regrette que les choses se soient passées comme elles l’ont fait. Au début, en tant que personne qui débordait d’étonnement aux yeux écarquillés, j’étais sûr que j’étais sur quelque chose qui était vraiment mystifiant et important. Je me souviens d’avoir partagé ces pensées avec Jacques Vallée qui, lui aussi, semblait ressentir quelque chose de tout à fait phénoménal. Son livre, « Messengers of Deception », était considéré - en contraste frappant avec beaucoup d’autres – comme l’une des plus importantes contributions jamais apportées à la compréhension psychologique de certaines caractéristiques du problème OVNI. À bien des égards, je le crois toujours.

Récemment, je discutais de mes recherches sur les mutilations avec une personne qui était curieuse de ses implications pour la recherche sur les ovnis en général. Il m’a dit que comme quelqu’un qui avait lui-même enquêté sur des cas d’OVNIS, il était intéressé par les « données » et rien d’autre. Les théories, a-t-il dit, ne lui étaient d’aucune utilité, il y avait trop d’informations nécessaires avant qu’une théorie quelconque puisse être envisagée. Je lui ai demandé ce qu’il entendait par « données » et il en a énuméré une demi-douzaine ou plus qui, selon lui, convenaient à cette fin. Il a mentionné les mesures de radiations, les traces au sol, les effets physiologiques, les perturbations électromagnétiques, toutes ces choses qu’il considérait comme « irréfutables ». Mais ensuite il a dit quelque chose que, franchement, je ne m’attendais pas. Il a dit que s’il pouvait seulement éloigner l’observateur humain, il était sûr qu’il n’y aurait plus autant. « Comment ? » ai-je demandé. « Parce qu’alors, a-t-il dit, « nous serions en mesure de dire s’il se passe vraiment quelque chose, et ça changerait tout. » »

Références :
1 - Adams, Tom and Massey, Gary. "Mystery Helicopters and Animal Mutilations: Exploring A Connection." Paper presented April 20th, 1979, Albuquerque, New Mexico.
2- Saunders, David R. and Harkins, Roger R. “A Shaggy Horse Story" (Chapter 16), from UFOs? Yes! Ohio: World Publishing Company, 1968.
3- Jordan, Peter A. "Glimpses Through A Looking Glass: Four Psychics and Their Readings On The Subject Of Unexplained Cattle Mutilations." 1979. Private publication.
4- Bransford, J.D. and Johnson, M.K. "Considerations of Some Problems of Comprehension." In W.G. Chase (ed.), Visual Information Processing. New York: Academic Press, 1973.
5- Festinger, Leon, et al. When Prophecy Fails: A Social and Psychological Study of A Modern Group that Predicted the Destruction of the World. New York: Harper & Row, 1966.
6- Rommel, Kenneth M. Operation Animal Mutilation. Report of the District Attorney First Judicial District State of New Mexico. Criminal Justice Department, Grant #79-D-5-2-S, June, 1980.


Cette période de confinement m’a donné le temps de traduire ce texte de Peter A. Jordan publié en 1983. J’avais été en contact avec lui à l’époque au sujet des mystérieuses mutilations de bétail signalées en Amérique et mon travail avait abouti aux deux livres :

- Le grand Carnage, paru chez Vertiges/Carrère en 1986,
- Mutilations de bétail en Amérique et ailleurs…, paru aux éditions JMG en 2003.

A l’époque, sa thèse n’était pas la mienne. Mais ma position a évolué depuis et aujourd’hui, en 2020, je pense qu’il avait raison à 80 %.