lundi 6 février 2017

Les mystérieux hommes en noir (HEN)


Persécuteurs de témoins d’ovnis, suborneurs d’enquêteurs, intimidateurs fantômes, ils font partie intégrante du folklore ufologique.

Ils en constituent une facette obscure, inquiétante, souvent absurde, toujours renouvelée.

Avant de nous poser les sempiternelles questions : Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Qui les commandite ?, tentons tout d’abord de remonter aux sources du mythe, au moins dans sa version moderne digne des films hollywoodiens de série B des années 1950.

Historique et racines de la légende

L’épisode de l’île Maury.
C’est le 21 juillet 1947 qu’un certain Dahl, à bord du patrouilleur du port de Tacoma, dans le détroit de Puget, observe en l’air, au-dessus de l’eau, à une hauteur évaluée à 600 m, six machines volantes, ressemblant à « des chambres à air géantes », munies de hublots, dont cinq tournent lentement autour de la sixième. Cette dernière semble en difficulté. Elle descend bas et une explosion la secoue ; quelque chose tombe en mer: comme du métal fondu qui provoque l’évaporation de l’eau sous forme de vapeur.

Les six chambres à air volantes reprennent alors de l’altitude et s’éloignent rapidement.

Il faut croire que la comparaison « pneumatique » fut moins bien reçue que l’image « soucoupique », immortalisée trois jours plus tard par K. Arnold (voir ci-contre le dessin qu’en firent J. Lob & R. Gigi dans leur « Les apparitions OVNI », Dargaud, 1979). M. Dahl restera, cependant, dans les annales, comme le premier témoin d’objet volant non identifié à s’entendre intimer au silence sur ce qu’il avait vu « par un mystérieux homme en noir qui l’avait contacté », quelque temps après son observation.

Le cas Bender
Mais la légende des hommes en noir (HEN) a réellement commencé en septembre 1953, lorsque Albert K. Bender (1921-2016), fondateur d’un des premiers fan-club en faveur des ovnis (l’International Flying Saucer Bureau), décide, brusquement, de mettre un terme à ses activités ufologiques, pour retourner à ses passions premières : la musique classique et les sciences occultes.

Ce soudain revirement, aussi inexpliqué que regrettable dans la mesure où Bender se disait prêt à dévoiler le secret de l’origine des ovnis, fut annoncé comme consécutif à la visite de « trois hommes en costume sombre », dont les arguments dissuasifs quant à la poursuite de ses investigations incitèrent l’ufologue à « laisser tomber ».

Les « silenceurs »
En clair, suite à cette « rencontre », Bender en aurait perdu le dormir et le manger, terrorisé par les menaces de la troïka ou bien traumatisé par les conséquences de la révélation à lui faite, pour le futur de l’humanité ! Fut-il, de la sorte, réduit au silence ou décida-t-il lui-même de se taire ? Les avis sont partagés sur cette question.

Dans un cas comme dans l’autre, le résultat fut atteint : la vérité sur les ovnis ne fut jamais révélée. Les sinistres HEN faisaient leur entrée dans la mythologie moderne.

Ils sont parmi nous
Et, comme l’énigme des ovnis perdure depuis 50 ans, ce ne peut être, n’est-ce pas, qu’à cause de l’incessante pression de ces sinistres HEN sur tous ceux qui approchent de trop près la solution du mystère ! Pour, de cette façon, maintenir le secret et par-delà les années et les nombreuses observations insolites, ils doivent être omniprésents et omniscients. Aussi sont-ils devenus les principaux « empêcheurs de comprendre », toujours prompts à accourir sur les lieux sous couvert de divers organismes para-officiels et suivant un rituel qui obéit à certaines règles bien établies, même si toujours un détail apporte sa touche d’originalité.

Rencontre-type
La personne appelée à être confrontée aux HEN voit un ovni, par exemple, en fermant les volets de sa maison, à la tombée de la nuit. Elle téléphone le fait à la police et se voit éconduire poliment, comme c’est trop souvent malheureusement le cas. Mais, à peine a-t-elle raccroché qu’elle reçoit un appel d’un soi-disant enquêteur qui lui demande s’il peut venir pour lui parler.

Encore sous le choc de son observation, sans défiance et plutôt troublé, le témoin acquiesce. A peine a-t-il reposé le combiné téléphonique qu’un bruit lui parvient de sa porte d’entrée. Quelqu’un sonne. Un coup d’œil à la fenêtre lui montre une grosse limousine sedan noire stationnée devant le trottoir. Les HEN sont arrivés incroyablement vite et à une époque où le téléphone de voiture n’est pas encore inventé !

Trois individus vêtus de sombre sont introduits; débute alors l’interrogatoire...

A quoi ils ressemblent
Apparus subitement, comme par enchantement, dans l’intimité du témoin - personne n’étant sensé connaître l’expérience ovni ou paranormale récemment vécue par ce dernier - les HEN se révèlent bientôt sous leur jour le plus négatif.

Toujours intervenant par trois - trois hommes, rarement deux plus une femme - leur physique et leur allure ne laissent pas d’intriguer, voire même d’inquiéter, tant ils correspondent à l’archétype même de l’antipathie personnifiée.

Un bizarre accoutrement
Leur tenue, tout d’abord frappante, est voyante autant que ténébreuse ; elle est à la base de leur réputation : veston noir, pantalon noir, chapeau noir profondément enfoncé, souliers noirs à semelles épaisses, « intactes », chaussettes noires, cravate noire... et chemise d’un blanc immaculé parfaitement amidonnée. Leurs vêtements, en effet, sont toujours impeccablement propres et bien repassés mais, très fréquemment, ils sont totalement passés de mode.

Les HEN portent aussi souvent des grosses lunettes de soleil, pas de bagues ni de montres.

Physique ingrat
« Grands, corpulents, longs en torse et bas sur pieds, bruns de peau même en plein hiver, visage de type oriental avec des yeux remontant vers les tempes, ils ont généralement les cheveux en brosse. » Du moins c’est ce qui ressort de ce qu’on peut apercevoir de leur physionomie à travers leur habillement la plupart du temps assez fourni, même quand il fait chaud.

Un teint hâlé, mat, leur a valu un certain nombre de noms d’oiseaux tels gitans, indiens, apaches, faces jaunes, lapons...

Leur âge est estimé dans la fourchette de 30 à 40 ans.

Une variante les décrit comme chauves, sans sourcils, à la skinhead avant l’heure ; mais cela constitue plutôt une exception.

Leurs yeux, encore leurs yeux, ne clignent jamais et luisent comme des ampoules électriques (Bender) ou sont dits « flamboyants ». Leur lobe d’oreilles, parfois pointues vers le haut, a été vu carré (!) et leur bouche sans lèvres rappelle une fente rectangulaire (sic).

Attitude guindée
Leur maintien n’a rien de naturel, c’est le moins que l’on puisse dire. Uniformément peu ou pas souriants, ils sont raides dans leurs mouvements, froids dans leurs échanges, cérémonieux, hiératiques dans leur conduite.

Leur langage mal articulé (on a parlé de télépathie) est suranné, hésitant, en tout cas très inamical et marqué presque toujours d’un accent fortement prononcé. Leur respiration est sifflante, comme s’ils étaient essoufflés. Quand ils marchent, ils claudiquent à la manière de quelqu’un qui possède une jambe plus grande que l’autre ou bien comme si leurs hanches « étaient montées sur pivot ». Parfois, ils chancellent.

Des robots téléguidés ?
Ce comportement peu « biologique » (cas Hopkins) a fait penser que ce sont des robots ou mieux des cyborgs. Certains connaissent des défaillances subites « comme s’ils manquaient momentanément d’énergie ». L’un d’eux aurait même traîné derrière lui, sortant de son long manteau, un fil électrique terminé par une prise !

Ils se déplacent en parfaite synchronisation tous les trois à la manière des « participants à un exercice militaire ». Plus bizarre encore, certains d’entre eux ne laissent aucune trace même dans la boue (sic). Les chats font le gros dos à leur approche, les chiens hurlent à la mort.

Drôles de moyens de transport     
Leur véhicule de prédilection pour se déplacer a fait aussi leur réputation. Ils ont un goût marqué pour les grosses conduites intérieures du type limousine, avec trois places à l’avant ; mais pas des modèles du dernier salon, loin s’en faut ! Plutôt des pièces de collection, parfaitement entretenues et rutilantes, datant d’une époque où la compacité n’existait pas et où ailes et chromes s’offraient beaucoup de volume.

Cadillac, Buick, Dodge, Jaguar sont leurs marques préférées, mais on les a vus aussi débarquer d’une Ford, de Rolls Royce et même de Volkswagen.

Leurs sombres desseins
Une fois mis en présence du témoin, toujours seul faut-il le souligner, leurs intentions ne transparaissent pas dès l’abord. Sans rien lui demander, ils semblent appréhender la personnalité du témoin aussi bien que s’ils le fréquentaient de longue date. A partir de là, on a suggéré qu’ils avaient le pouvoir de lire dans les esprits.

Quant à l’expérience qui motive leur venue, elle est aussi parfaitement connue des HEN, dans ses moindres détails. Au point qu’on a pensé qu’ils en étaient eux-mêmes les instigateurs !

Quand ils communiquent entre eux, ils baragouinent en une langue que rarement le témoin comprend. D’où l’idée que ce sont des étrangers.

- Taisez-vous sur cette affaire et n’en parlez plus ! Telle est en substance la sommation qu’ils colportent.

La « visite » proprement dite
Les voilà donc à pied d’oeuvre, en face du témoin, dans leur bizarre accoutrement de croque-morts élégants mais déphasés, trio surgi de nulle part et abhorré de tous ceux qui redoutent leur venue.

Que veulent-ils au juste ?
- Silence sur ce que vous savez !
- Oubliez tout ce que vous avez découvert sur les ovnis, sinon...

Voilà le message colporté par les HEN, maintes fois répété, mais différemment formulé selon les circonstances Cela va des conseils distillés sur un ton quasi paternel, aux tentatives d’intimidation plus précises, jusqu’aux menaces à peine perlées mettant en cause le bien-être du témoin, de sa famille, de sa région... et du Monde tout entier !

Des nuances pour le moins bizarres, n’est-ce pas et qui ont eu tendance à se diversifier depuis que les HEN ont élargi leur champ d’action aux témoins variés d’événements extraordinaires ? Comme si cette sombre milice, en multipliant ses interventions, avait, elle-même, du mal, à s’adapter à son évolution.
           
Leur mission
Ils viennent, tout d’abord, pour écouter le récit de leur hôte. Or, ce dernier, impressionné par leur mine patibulaire et encore sous le coup de l’émotion de son expérience, est naturellement enclin à se confier à des tiers. Ils profitent donc de cette situation de faiblesse psychologique, surtout qu’ils s’abritent souvent derrière quelque organisme officiel de sécurité du pays impliqué, ou bien une agence d’espionnage ou encore un bureau de détective.

Si jamais une preuve photographique du phénomène qui a occasionné leur venue existe, ils veulent la récupérer coûte que coûte. Et si, par malheur, une telle pièce à conviction est exhibée imprudemment en leur présence, ils la confisquent illico presto. Et il n’y a plus grand espoir de la voir restituée un jour. C’est ainsi que Jean Claude Bourret, en 1974, mit sur le compte des HEN un détournement de documents ufologiques destinés à France Inter.

Des hommes très secrets
Si les HEN ne répugnent pas à donner des noms, exhiber des cartes d’identité et de fonction ou des documents militaires, il s’avère vite que tout est bidon. Une vérification ultérieure conduira immanquablement à une impasse, faute d’une donnée indispensable soigneusement occultée.

Le numéro minéralogique de leur automobile si caractéristique n’est généralement pas attribué selon le service des immatriculations, ce qui a fait dire qu’ils ont accès aux banques de données des administrations, inaccessibles au commun des mortels.

Les seules preuves de leur existence que nous ayons sont quelques photos les montrant, de loin, en faction sous une porte cochère et une récente vidéo (1992) d’une FEN (femme en noir) filmée dans une automobile aux vitres teintées !

Plus bêtes que méchants !
Leur sens de l’humour est totalement inexistant ou alors inaccessible au témoin. Ils semblent à peu près normaux jusqu’à ce qu’une grosse bévue vienne alerter leur interlocuteur. Comme, par exemple, sucer un cigare par l’extrémité même qu’ils viennent d’allumer (sic).

Ce décalage apparent par rapport à la réalité est une dominante remarquée de leur complexe personnalité.

Jamais il n’a été constaté, à ma connaissance qu’un HEN avait fait du mal à quelqu’un, nonobstant quelques plaintes de charge délibérée en voiture ou autrement ; pas un seul accident réel n’a été provoqué par l’un d’eux. Il n’empêche qu’on a pu dire qu’ils furent probablement à l’origine de la mort suspecte de plusieurs ufologues renommés dont les suicides ou maladies foudroyantes ont prêté à jaser. Mais il faut être prudent sur cette question.

Leur départ
Comme ils sont venus, ils disparaissent mystérieusement. Evanouis dans la nuit, dématérialisés au coin de la rue, téléportés vers un ailleurs indéterminé ?

Laissant le témoin dans un état de désarroi total, de confusion mentale - maux de tête à répétition - voire de nausées car, parfois aussi, il a été rapporté qu’ils dégageaient une drôle d’odeur, même désagréable ! Bender, après sa rencontre avec les trois infâmes HEN qui le persuadèrent d’abandonner ses activités ufologiques, fut décrit « comme lobotomisé ». On a parlé de lavage de cerveau induit psychiquement par les HEN.

Fréquemment, ils laissent derrière eux divers phénomènes curieux comme une activité poltergeist, un téléphone qui se détraque, des machines en panne...

Leur nationalité
Les HEN, presque toujours vus comme des étrangers dans la région où ils sévissent, ont été décrits, certes, surtout aux Etats Unis, mais aussi en Angleterre, au Mexique, en Suède, Espagne, Australie, Afrique du Sud, en Italie, en Angleterre. La France ne semble pas très touchée par le phénomène, selon J. L. Degaudenzi.

Malgré des interventions dénombrées par centaines depuis près de 50 ans, malgré les indices de leur identité qu’ils ont bien voulu laisser à profusion, aucun homme en noir n’est jamais venu, hélas, comparaître à la barre d’un quelconque tribunal pour répondre des accusations de harcèlement, de terrorisme ou même, simplement, de trouble de l’ordre public.

C’est donc à partir de témoignages humains uniquement (on-dit, allégations, narrations, relations, opinion, rumeur, etc.) qu’on a tenté de les identifier. La tâche n’est pas aisée comme on va le voir.

Qui sont-ils ?
Quand ils s’immiscèrent dans l’ufologie naissante, affublés d’uniformes rappelant ceux de l’US Air Force, exhibant volontiers des pièces officielles garantes de leur affiliation gouvernementale ou bien se réclamant d’un bureau si secret qu’ils ne pouvaient en donner le nom (sic), l’idée s’imposa qu’ils étaient d’obscurs fonctionnaires, issus d’une non moins ténébreuse agence du type F.B.I. ou C.I.A., engagés dans une vaste conspiration du silence (Keyhoe).

Police secrète ?
Ou bien des policiers aux cartes d’assermentation falsifiées, comme ce fut vérifié à plusieurs reprises ?

Malgré les démentis très nets du colonel George P. Freeman, porte-parole du Pentagone pour le projet Livre Bleu (« Ces hommes ne sont reliés, en aucune manière, à la force aérienne, ce sont des imposteurs »), d’aucuns, encore aujourd’hui, obnubilés par l’idée du black-out gouvernemental, voient en eux les tontons macoutes de l’ufologie.

L’ennui, pour asseoir cette théorie de la première heure, c’est qu’ils paraissent moins intéressés par le récit du témoin que par leur propre rôle de persuasion visant à le convaincre que tout cela a une origine bassement terrestre. Bizarre, très bizarre !

Un concept dépassé
Le stéréotype de l’officier fédéral américain en mission secrète fit long feu quand les enquêtes privées, menées sur le compte des HEN, n’aboutirent à rien, quand aucun scandale n’éclata, quand personne ne revendiqua la moindre intervention, quand personne ne se fit épingler...

Qu’une telle politique de secret ait pu survivre à 50 ans de dissimulation est une insulte à la démocratie libérale pratiquée et prônée par les Etats Unis d’Amérique. Aussi la thèse des agents de l’ombre, pourchassant de leurs ignobles assiduités les témoins d’ovnis fraîchement traumatisés par leur observation, tomba en désuétude et n’est plus en vogue qu’auprès d’une minorité de paranos ou de nostalgiques (C. Fuller ou W. Moore).

Zone d’influence élargie.
Cette théorie purement nationaliste fut d’ailleurs infirmée par les HEN eux-mêmes lorsqu’on les vit étendre le champ de leurs interventions bien au-delà du territoire américain, en Europe, en Afrique, enfin à presque toute l’étendue de la Terre.

La thèse de la conspiration yankee se mua de la sorte en une conspiration mondiale massive dont le chantre fut le regretté Frank Edwards (1908-1967 - sa disparition prématurée alimenta même la rumeur). Les années 1970 virent le point culminant de l’état de guerre froide entre les deux blocs capitaliste et communiste. A la réflexion, ces lugubres HEN avaient bien des allures d’espions russes !

Ce fut l’époque où les HEN furent assimilés à des terroristes venus de l’Est et même parfois accusés d’avoir participés à l’assassinat de Robert Kennedy...

Là encore, la persistance des visites des HEN, toujours vus, jamais pris, vint mettre un terme à cette nouvelle théorie à la mode.

La thèse extraterrestre
En désespoir de cause, on en vint à la solution qui résout tous les mystères : celle des extraterrestres. Puisqu’ils sont si étroitement connectés au phénomène ovni, les HEN ne sont-ils pas eux-mêmes des pilotes de soucoupe volantes, désireux de rattraper le coup après une démonstration céleste quelque peu ostentatoire. Que n’y avait-on pas pensé plus tôt !

Ainsi étaient évacuées toutes les bizarreries dont seulement quelques articles inscrits au catalogue ont été cités ici.

Existe-t-il une mafia interplanétaire dont le but est de couvrir toute trace des activités ovnis ? Ou bien une police galactique qui veille à ce que d’éventuels vilains ET, dangereux pour notre civilisation, ne se mêlent des affaires de la Terre ? Une telle question, incubée dans des esprits acquis, ne pouvait que séduire. Elle eut son heure de gloire, appuyée par certaines anecdotes telles que celle d’une grosse Cadillac conduite par un HEN qui décolla d’une autoroute et disparut aux yeux d’un couple témoin ébahi, une nuit de 1976, au Minnesota.

Une réponse intermédiaire
Mais, encore une fois, les faits vinrent infliger un démenti à cette interprétation interventionniste venue d’ailleurs. En effet, les HEN ont du mal à s’insérer dans la théorie extraterrestre. Ils ne portent pas de combinaison spatiale, respirent notre air - certes parfois avec difficulté mais sans vraiment défaillir, n’ont pas de gros yeux globuleux, ni de bras multiples, pas même une apparence insectoïde, sauf quelques anomalies physiques (souvenez-vous des oreilles)...

Bref, ils ont toutes les caractéristiques des terriens, y compris leurs défauts et leurs carences (aucun ne vole !). Ils sont donc d’origine terrestre, n’en déplaise à certains.

On vit alors naître un amalgame espions/ET, précurseur des tendances actuelles, mettant en scène des agents du gouvernement d’une civilisation non humaine basée sur Terre (Keel), ou bien des sbires à la solde d’entités ET déjà installées parmi nous, à notre insu ?

Ou, plutôt, que sont-ils ?
Pas des gangsters, pas des barbouzes communistes, ni des étrangers venus d’ailleurs, même installés chez nous, alors qui ... ou plutôt quoi ?

La « corporéité » des HEN est, en définitive, fortement sujette à caution et le phénomène à eux associé souvent baptisé de « syndrome » leur ôte une grande partie de leur matérialité.

Ceci, malgré les nombreux témoignages qui donnent bien comme vivants, physiques, tangibles, faits de chair et de sang, ces sombres personnages endimanchés et évanescents. Car, ils sont trop insaisissables pour être d’une honnête consistance. D’où l’idée de les reléguer dans une dimension différente.

Habitants d’un autre réalité ?
Au cours d’expériences visant à l’expansion de la conscience, Carlos Castaneda, anthropologue à l’Université de Californie, pénétra, à plusieurs reprises, dans ce qu’il appelle « un état spirituel de réalité non ordinaire ». Il y fut confronté à toutes sortes d’entités bizarres : un coyote parlant, par exemple, une sorcière en forme de vache. Alors pourquoi les HEN ne viendraient-ils pas de là, eux aussi ?

Selon C. Castaneda (1925-1998), cela n’a rien à voir avec les hallucinations; c’est le produit de l’objectivation de « forces », dites « alliées du sorcier », qui peuvent prendre la forme et la taille qu’elles veulent, mais que l’on ne peut apercevoir qu’avec l’oeil intérieur. Il n’empêche que ces « créatures » ne sauraient exercer aucune influence directe sur les affaires de l’humanité. Bonne ou mauvaise.

Les « caméléon » de l’ufologie
C’est Aimé Michel (1919-1992) qui, en son temps, souligna l’aspect « mimétique » des HEN. Ils nous miment, nous imitent et s’adaptent à l’air du temps, nonobstant quelques petits anachronismes patents.
 
John Keel (1960-2009) reprit cette idée en suggérant que les HEN « jouent » avec nous en adoptant les formes et les attitudes que nous voulons bien leur donner, par-delà notre inconscient. « Ce sont des gens réels mais des sortes de fantômes », écrit-il. « Dans la nature, pleins d’animaux se camouflent ainsi pour passer inaperçus, dans le but de coexister avec les autres espèces, dangereuses pour eux ».

Dans ce contexte, les HEN seraient d’authentiques entités « ultraterrestres ». Inoffensives ou...


Emanations sataniques ?
Le caractère plutôt hostile des HEN a poussé certains ésotéristes à leur allouer un caractère nettement diabolique.

On trouverait même leur trace déjà dans la Bible, en tant qu’« Esprits du Mal qui habitent les espaces célestes » (sic), Épître aux Ephésiens 6,12). L’affiliation avec le Diable des HEN a-t-elle ainsi fait couler beaucoup d’encre. Satan lui-même n’a-t-il pas été souvent décrit vêtu de noir ?

Ces HEN, d’obédience démoniaque, « parahumaines » dirions-nous aujourd’hui, seraient des croque-mitaines, des loups-garous, des pères fouettards, jouant le même rôle que le Malin en théologie ; ils constitueraient un des volets, certes grotesque, des innombrables entités mythologiques qui prennent diverses apparences à travers les traditions mondiales.

Les HEN auraient été créés par l’Enfer et refaçonnés dans leur forme actuelle par Hollywood.

Entités jungiennes ?
Une autre hypothèse plus parapsychique veut les voir plutôt comme la pensée matérialisée de nos vieux démons, la forme objectivée de la peur collective, de la hantise de Big Brother, de l’invasion subreptice de la vie privée (Steiger)?

Ainsi, ces HEN jungiens auraient-ils toujours été présents, tout au long de l’histoire de l’humanité, projetés en dehors de nous par nos propres préoccupations, nos angoisses. On trouve, en effet, dans de nombreuses traditions, mention d’entités qui, déguisées à la mode du temps, pourraient parfaitement camper l’archétype de l’HEN. Ces larves, à l’américaine, seraient dès lors les équivalents folkloriques modernes du Vardogr norvégien, des Trolls suédois, du Tivish irlandais, du Marbal juif, du Doppelganger teuton. Des gardiens du temple réputés menacer ceux qui étudient et qui se trouvent, de par leurs connaissances, sur le point de lever le voile d’Isis (Maeterlinck).

Formes « tulpoïdes » ?
Dans le contexte de la tradition tibétaine, les HEN ne seraient que des « tulpas », c’est à dire des créations psychiques holographiques en trois dimensions personnifiant nos craintes les plus secrètes, et engendrées par celles-ci, en un singulier processus « agrégatif » issu de l’inconscient collectif (Jung). Une sorte de catharsis au niveau profond et vital (Mill).

Sont-ils des émissaires de « Shambhala », une ville spirituelle située quelque part dans les montagnes de l’Himalaya (refuge de la grande Fraternité Blanche), capables d’apparaître et de disparaître sans traces et de réaliser des prodiges surnaturels ? Sont-ils des Frères de l’Ombre de la tradition assaisonnés à la sauce du 20ème siècle?

Sont-ils des ectoplasmes produits par de complexes distorsions de l’espace et du temps (Keel) ? La réponse n’est pas, hélas, disponible.

Un mythe moderne
Ainsi, les HEN, hâtivement, vus comme des brutes épaisses, se révèlent-ils une manifestation particulière des fameux égrégores de la Sainte Trinité, rendus bien anodins par ce travestissement ridicule et désuet que leur a imposé la période de la guerre froide. Des frégolis, champions de l’escamotage, devenus ridicules et inactifs à cause des progrès de la psychologie et de la psychanalyse. Tel est leur peu enviable destinée dont on peut, cependant, s’étonner de la persistance.

Une vision réductionniste qui ne laisse pas, en tout cas, de me rendre songeur, moi, le boudé des HEN que je suis. En effet, je n’en ai rencontré aucun, nulle part et pourtant j’ai pas mal bourlingué même en Amérique du Nord. Pour qu’ils me négligent à ce point, je dois graviter bien loin de la Vérité... Heureusement, j’ai quelques témoignages de deuxième main.

« Ils sont toujours là... »
Tel est l’avis éclairé de mon bon ami Ray Keller, de Hilmar, Californie, exprimé en 1990 dans la publication de son association OSIRIS (Outer Space International Research and Investigation Society) à laquelle j’adhère depuis toujours.

A preuve, en 1986, un couple d’habitants de Hamilton, en Ohio, prétendirent en avoir rencontré plusieurs.

En 1992, un professeur de New York fut confronté, selon lui, à un HEN tandis qu’il lisait tranquillement à la bibliothèque de l’Université de Pennsylvanie. « C’était un grand maigre, pâlichon, de plus d’un mètre 85, tout vêtu de noir. Essayant d’engager la conversation et se heurtant à la réticence de son vis-à-vis, ce sinistre individu s’écria : - Les ovnis sont le phénomène le plus important de ce siècle... et vous n’êtes pas intéressé !

Ma grande amie américaine, Cosette Willoughby, 74 ans, en a vu deux fois dans sa vie ! Mon ami, Howard Kaufman, de Woodland Hills, Californie, lui aussi en a rencontré un qu’il assimile à un « ami extraterrestre »...

Si d’aventure, vous en avez vous-même rencontrés, n’hésitez pas à me faire signe.


Bibliographie :
Gray Barker, They Knew too Much about Flying Saucers, 1956.



Timothy Green Beckley, MIB, Aliens among us, 1956.
David M. Jacobs, UFO controversy in America, 1975.John A. Keel, The Mothman Prophecies, 1975.

Probe the Unknown, juillet 1975.







P. Schneyder, OVNI. Premier bilan, 1983.





Hilary Evans, Visions, Apparitions, Alien visitors, 1984.
Fortean Times, N° 50, été 1988.
Les mystérieux hommes en noir
UFO UNIVERSE, novembre 1988.
UFO Times, N° 10, novembre 1990.
MAGONIA, n°40, août 1991.
UFO Encounters, Vol. 1 N°1, 1992.
Bulletin of Anomalous Experiences, Vol. 3, N°3, juin 1992.
ELSEWHEN, N°15, 1993.
Etrangetés & Mystères, N° 13, juillet 1994.



Texte publié en 5 fois dans Dimanche Saône & Loire entre le 5 mars et le 9 avril 1995 et republié étoffé dans le n°6 de La Revue de l’ALEPI (Association Louhannaise d'étude des Phénomènes Inexpliqués), d’octobre 1995.









dimanche 29 janvier 2017

A propos des informations douteuses sur les ovnis



Malgré les titres de certains journaux spécialisés qui annoncent leur « retour » (sinon, ils sont en effet condamnés à disparaître faute de « matière première »), d’autres n’hésitant pas à prédire (sic) « que 1988 sera l’année des ovnis » (arguments : opposition de la planète Mars, taches solaires, etc.), dans une tentative désespérée d’influer sur le phénomène (certains pensent que ça marche), les cieux demeurent résolument vides depuis 5 ans. Si c’est le creux de la dernière « vague », celle-ci prend désormais une allure de morne plaine...

Les quelques cas récents
Certes, je sais bien que des rapports d’observations continuent à être signalés par-ci, par-là. Mais pour 1985, le Computer UFO Network de Seattle n’indiquait-il pas, pour le monde entier, 218 ovnis seulement ? Une misère ! Les rares témoignages collectés sont-ils, en revanche, plus solides, mieux décrits ? Plus fiables en quelque sorte, si bien qu’ils pourraient largement compenser la diminution dramatique du nombre, dont on dit que 90% ressortissent manifestement à des phénomènes naturels ?

Malheureusement, je ne crois pas que ce soit le cas et je le déplore. Les « Lumières inexplicables » de Belleville, dans le Wisconsin, qui agitent beaucoup les milieux ufologiques américains actuellement - eux-mêmes plutôt occupés aux nombreuses histoires de « contactés » - n’ont rien de particulièrement probant et il en est de même pour celles de Corydon, au Kentucky. Quant à l’objet métallique qui a atterri en Floride, en juin dernier, je manque de détails.

Je n’oublie pas non plus la voiture téléportée près d’Udine (canular ?) en Italie, l’ovi de Shangai en août (morceau de glace ou rentrée de satellite ?). Ni l’ovni de Birmingham, en septembre (attendons d’en savoir plus), ni l’objet en forme de globe lumineux vu au dessus des collines Adélaïde, dans le sud de l’Australie (c’est si loin)... J’espère que tous ces cas ne tourneront pas court comme le fameux « gros porteur », qui a suivi un avion cargo des Japan Air Lines, en décembre 1986, et que le pilote a décrit « grand comme deux porte-avions mis bout à bout » ; à ce sujet, on parle de plus en plus d’une simple confusion avec la planète Jupiter...

Le seul rayon de soleil venu récemment éclairer cette désertification ufologique émane du NORAD qui aurait admis que, en 20 ans, 10 millions d’observations « non corrélées » ont été collectées par son personnel. Mais cela demande confirmation. Le plus important « œil au beurre noir ne vient-il pas d’être infligé à la face de l’ufologie » (B. Greenwood) avec la preuve que le document Majestic 12 sur les crashes d’ovnis pourrait bien être un faux ?

Le GEIPAN révèle aux Américains
Cette « raréfaction » d’ovnis n’empêche pas certains journaux de continuer cependant de signaler des cas bien souvent spectaculaires mais, la plupart du temps invérifiables. C’est le cas notamment de deux hebdomadaires américains à grand tirage tels que National Enquirer et Weekly World News.

Leurs scoops tirent souvent leurs sources des pays de l’Est, ce qui décourage toute initiative de contre-enquête, ne serait-ce qu’à cause de la barrière de la langue. Mais quand l’information est dite en provenance de France, on ne peut pas s’empêcher d’avoir un haut-le-corps. En effet, aujourd’hui, ici, nous sommes quasiment privés de tout renseignement ufologique... à part ce valeureux LDLN auquel je souhaite, soit dit en passant, la plus longue vie possible... bien que certains textes polémiques publiés depuis quelque temps n’aient, à mon avis, rien à apporter à notre « cause » commune à tous.

C’est dans le numéro du 2 décembre 1986 du National Enquirer que je suis tombé sur ce titre ronflant : Sensationnel : les ovnis existent réellement ! Fort bien, me suis-je dit, voilà qui n’est pas nouveau. Est-ce tout simplement un remake des propos du Major Kehoe (frappé de mutisme mais non décédé) ? Mais quelle fut ma surprise en continuant ma lecture. Devinez qui était allé porter la bonne parole en Amérique ? Je vous Le donne en mille ! Le GEPAN. Notre GEPAN national ! Lui, toujours si discret dans ses rapports avec les médias français et oh combien avec les ufologues, venait de lancer cette bombe Outre Atlantique à l’Ici Paris local : « Les ovnis existent. La preuve, ils sont réels ! »

Une fois l’état de stupeur estompé, j’ai lu la suite. C’était une sorte d’interview de Monsieur Velasco en personne qui parlait « des meilleurs cas ovni » parmi les quelques 1600 rapports (!) sur lesquels le GEPAN s’est penché depuis 12 ans, aux frais des contribuables français. Et le responsable actuel du GEPAN (il n’y a plus de « directeur ») ne trouvait rien de mieux que d’aller faire ses révélations chez nos cousins d’Amérique, comme si les Français étaient indignes, eux, de savoir qu’une partie de leurs impôts a été utilisée pour démontrer la « réalité » des ovnis : à savoir qu’ils ne sont ni des hallucinations, ni quelque stimulus visuel faussement interprété et mis en fermentation par l’ego mal équilibré des témoins, ni une invention de l’imagination, des médias, ni une manifestation du gaz des marais...

Dans une lettre à M.Velasco du 10 février 1987, je lui fis part de ma vive réprobation devant une telle désinvolture vis à vis du public français qui, décidément, méritait mieux. Mais avant d’examiner sa réponse, voyons les cinq cas qui, selon lui, l’autorisent à se prononcer en faveur de la « réalité » des ovnis.

Les preuves françaises
C’est tout d’abord un incident survenu en novembre 1982 et qui vit un petit engin en forme de dôme atterrir dans l’arrière-cour d’un chercheur réputé en cancérologie. « L’engin s’arrêta à environ trois mètres de lui et demeura stationnaire à 1,50 mètre au-dessus du sol du jardin, pendant 20 minutes. Puis il repartit aussi silencieusement qu’il était venu, laissant l’herbe en dessous dressée comme si elle avait été soumise à un champ électrique » (sic).

Cela, les enquêteurs du GEPAN le constatèrent le lendemain même, ainsi qu’une grosse plante à fleurs desséchée complètement, « suggérant, elle aussi, que l’ovni avait dégagé une énorme force de type électrique »(resic).

Certes, il s’agit, malgré un léger décalage de date, de l’atterrissage qui a donné lieu à la note technique n° 17 du GEPAN , intitulée « L’Amarante ». Mais ce bref résumé, servi aux Américains, est-il le reflet fidèle du document français ? Je vous le demande.

Le deuxième cas cité par M. Velasco date « d’un an plus tôt environ ». Et il touche à un « incident similaire ». Cette fois, un ovni bruyant se posa dans la cour d’un maçon, à Cannes. « L’homme entendit un sifflement et vit alors un étrange engin en forme de soucoupe, brillant intensément et flottant bruyamment en l’air en direction de quelques pins voisins. Il avait environ 2,5 m de diamètre et 1,30 de haut. Soudain, il changea brusquement de cap et s’en alla atterrir avec un bruit sourd à environ 30 mètres du témoin. Trente seconde plus tard, il décollait toujours avec le même sifflement ».

A un mois de là, les enquêteurs du GEPAN constatèrent une zone circulaire calcinée sur le sol de la cour. Selon leur expérience (?), l’effet était le même que celui produit par un puissant champ magnétique.

Cet autre atterrissage d’ovni, résumé de façon si lapidaire par le National Enquirer, est manifestement le fameux cas de Trans, près de Draguignan et qui a fait l’objet de la note technique GEPAN N°16. Mais là encore, le raccourci est saisissant et on y escamote précisément le résultat fondamental des analyses effectuées par l’INRA sur les végétaux prélevés sur place qui ont, à l’instar du témoin, accusé un évident « traumatisme ».

Dans l’article américain, il est fait ensuite allusion à une autre mystérieuse rencontre effectuée par un livreur, près de Toulouse. « Un grand objet orange en forme de cigare était apparu dans le ciel à environ 600 mètres devant le camion et s’était rapproché jusqu’à moins de 10 mètres, juste au dessus. »

Soudain, le moteur avait calé. Le conducteur, effrayé, sortit du véhicule et observa l’objet volant orange amorcer un virage et disparaître au dessus des arbres. Mais quand il fut remonté dans le camion, le moteur refusa de tourner.
Un membre du GEPAN, qualifié en mécanique, aurait examiné le problème sans rien trouver d’anormal. Et pourtant, il ne put, lui non plus, l’amener à démarrer, ce qui se fit sans difficulté deux jours après. « Un de nos cas les plus bizarres », aurait reconnu M. Velasco.

Tout comme celui qui survint en 1978, dans un petit village de la région Rhône-Alpes. Là, une adolescente de 13 ans repéra un ovni sphérique posé au sol « avec la forme d’un homme en combinaison argentée se tenant tout près ». « L’extra-terrestre, si c’en était un, demeura immobile derrière l’engin. Dans un état de panique totale, l’enfant tourna bride et s’enfuit. »

Quand la gendarmerie vint sur les lieux, le lendemain, « ils trouvèrent à l’endroit exact mentionné par la fillette, une zone herbeuse aplatie de 2,5 à 3 mètres de diamètre, avec absolument aucune trace y conduisant ».

A la fin de l’article en question, venait un des exemples les plus étonnants étudié par le GEPAN et datant de 1964 (à cette époque le GEPAN n’existait pas). Près de la ville de Cussac, deux enfants ont aperçu un groupe de jeunes extra-terrestres. « Les gosses virent un étrange engin couleur argent et de forme sphérique posé à environ 50 mètres. Jouant autour, il y avait quatre extra-terrestres miniatures en combinaison alu qu’ils prirent pour des enfants. « Pendant plusieurs minutes, ils observèrent les E.T. batifolant jusqu’à ce que trois d’entre eux remontent dans l’engin par un trou pratiqué dans un des flancs.

« Il décolla mais un E.T. miniature était resté au sol. Quand l’engin eut atteint une altitude de 6 mètres, l’E.T. soudain sauta en l’air et sembla disparaître directement à travers la paroi du vaisseau. Nous ne pouvons dire si c’était une famille E.T. en visite sur Terre - ou expliquer comment l’un aurait ouvert une brèche dans la paroi métallique de l’ovni. « Mais c’est un exemple très fort de ce que d’étranges choses se produisent sur cette planète et nous espérons, qu’en enregistrant de tels événements, on prouvera l’existence des ovnis et des E.T. une bonne fois pour toute.. »

On croit rêver. De telles anecdotes citées par le GEPAN. De telles résolutions dans la bouche de M. Velasco. Etait-ce un canular ? Je penchais pour cette hypothèse.

La réponse du GEPAN
J’écrivis donc à M. Velasco en m’étonnant « de n’avoir rien lu de semblable dans la presse française ». Mais peut-être étais-je mal informé ? Et j’ajoutais : « Je vous serais extrêmement reconnaissant de bien vouloir me dire si vous êtes d’accord avec ce qui est écrit dans le National Enquirer. »

Je reçu une réponse à l’en-tête du CNES (ref 87-162) où le responsable du GEPAN me remerciait de bien lui avoir fait parvenir l’article du National Enquirer. Il leur avait effectivement accordé une interview un an plus tôt, mais malheureusement - et il paraît que c’est la règle générale - « il ne lui avait pas été possible de vérifier le contenu et la véracité de ce qui est rapporté ».

Et de continuer textuellement: « De ce fait même (la non vérification de la conformité de l’interview), si vous êtes certain de ne pas avoir dévié de la réserve habituelle, vous ne pouvez empêcher un journaliste d’interpréter vos pensées et de présenter des phrases sorties du contexte. En l’occurrence c’est le cas et notamment sur ce qui touche à la présence d’êtres extra-terrestres et leur évidence dans le cas des UFOs. Le seul point sur lequel il y a quelque chose d’intéressant c’est le fait de dire que nous sommes en présence dans quelques cas particuliers de phénomènes non identifiables pour lesquels notre compréhension des choses nous empêche d’apporter une opinion claire sur la nature du phénomène appréhendé.

« Alors de ce fait on peut effectivement dire qu’il existe réellement des phénomènes inexplicables c’est une réalité mais qu’il ne faut surtout pas généraliser et attribuer, parce qu’on ne comprend pas, une identité extra-terrestre à ces phénomènes physiques ».

Voilà donc que la langue de bois reprenait le dessus tout simplement parce qu’un Français « intéressé au problème des ovnis et phénomènes connexes » (cf. ma Lettre), demandait à être informé.

J’admets que Patrick Wilkins, reporter au National Enquirer, et que M. Velasco avait dû rencontrer puisqu’il était le signataire de l’article, j’admets, dis-je, qu’il puisse avoir déformé les propos de notre porte-parole ; mais la vocation du journal National Enquirer n’est pas de publier de beaux textes de rhétorique. C’est un journal à sensation et tout le monde le sait, même M. Velasco, lequel devait pertinemment s’attendre aux « libertés » qui ne manqueraient d’être prises par rapport aux informations données.

Pour ma part, je remarque deux choses dans le texte de P. Wilkins relatif au GEPAN. Tout d’abord, une large place est donnée aux paroles mêmes de M. Velasco qui sont citées entre guillemets (j’ai gardé la même formule dans ma traduction). Par ailleurs, j’ai dénombré pas moins de neuf « dit M. Velasco ». C’est tout à fait inhabituel et même plutôt surprenant.

J’en resterai là sur le GEPAN au National Enquirer (dont, soit encore dit en passant, ce n’était pas le premier entretien), pour passer au « groupe des savants français pour la vérité sur les ovnis ».

Des Français parlent au Weekly World News
Depuis 5 à 6 ans, le National Enquirer a un concurrent sérieux dans le style France-Dimanche : c’est l’hebdomadaire Weekly World News, qui dépend d’ailleurs du même groupe de presse.

Or, à trois mois d’intervalle, j’y ai trouvé deux références à « un groupe de scientifiques français pour la vérité sur les ovnis » que j’ai du mal à situer dans la sphère ufologique de notre pays. Même M. Veillith ne semble pas connaître son existence. J’espère qu’un abonné de LDLN pourra me renseigner, d’autant que, préparant un livre sur les crashes d’ovnis (ou les cas prétendus tels), j’aimerais en savoir plus sur ce que mentionne brièvement le WWN, sous couvert de révélations françaises.

En effet, les deux références en question touchent à ce sujet sulfureux des ovnis accidentés et de leurs passagers tués ou blessés.

La première parle de l’écrasement d’un ovni en flammes en Chine Centrale. Pas de date, mais cela semble récent. Et c’est Jacques Pretet, président du groupe français en question basé à Paris, qui prétend avoir obtenu l’information de sources militaires locales. Selon lui, la survie des E.T., gravement brûlés mais pas morts, est considérée comme un enjeu mondial par MM. Reagan et Gorbatchev.

« Je sais cela de source autorisée, aurait affirmé M. Pretet : des ambassadeurs américains, russes et d’au moins cinq autres régions du monde se rencontreront avec les Chinois à Genève avant un mois » ( Le WW News est du 16 Juin 1987).

Et d’ajouter que « si la description des E.T. figurant dans les documents chinois est exacte, ces créatures seraient les mêmes que les 9 autres qui furent retirées de l’épave d’un vaisseau spatial crashé en Union Soviétique en 1985 ».

Suivent quelques indications sur la morphologie des E.T. et M. Pretet termine en évoquant un « black-out » organisé autour de ce crash chinois.

Dans son numéro du 22 septembre dernier, le Weekly World News revenait sur le sujet, faisant état des allégations d’un expert en ovni parisien, M. Henri Degois, annoncé cette fois encore comme président d’un groupe de surveillance et constitué de scientifiques voulant la vérité sur les rapports d’ovnis.

Il était question, cette fois, de la récupération des corps de six E.T., venus de l’espace, dans les débris de leur vaisseau stellaire, emprisonné dans un bloc de glace découvert près du sommet d’un des pics de l’Himalaya... Degois faisait lui aussi allusion à une conspiration du silence des gouvernements concernés (népalais et américain) pour garder cette terrible nouvelle secrète « de peur de causer une panique mondiale si tous ces faits étaient rendus publics. Et il décrivait les E.T. comme mesurant 90 cm de haut, possédant une tête et des yeux « plus gros que la normale » avec des petits membres paraissant chétifs.

« Cela semblerait suggérer que les E.T. étaient en une espèce de mission exploratoire sur la Terre quand ils se sont écrasé », aurait encore dit M. Degois. Mais comme les corps sont très bien conservés dans la glace, on ne peut dire si le naufrage a eu lieu il y a 10 ou 10 000 ans.

Un rapport complet sur cet incident devait être disponible avant Noël 1987. Je n’en ai eu aucune connaissance. Si certains lecteurs de LDLN en savent plus, je leur serais reconnaissant de bien vouloir me contacter.

Un dernier mot pour signaler que le W.W. News ne répond pas aux demandes de complément d’information adressées à leurs reporters depuis la France. J’en ai fait hélas plusieurs foislL’expérience.


(1) Note généreusement dispensée aux amateurs français pour la modique somme de 20 F mais attention. Il n’est fourni aucune facture. J’ai eu beau réclamer, je n’ai jamais rien reçu. Etrange attitude, d’autant que j’avais payé la collection entière.




Texte jamais publié et soumis à publication à la revue ufologique française Lumières dans la Nuit (M. R. Veillith) le 12 décembre 1987. Aucune réponse ne m’étant parvenue, le 28 janvier 1988, j’écrivais cette lettre :

Chalon, 28/01/1988

Cher Monsieur Veillith,
Je reçois ce jour le dernier numéro de LDLN et n’y trouvant pas
 l’article que je vous ai confié en décembre, j’aimerais savoir le sort que vous lui avez réservé.
Une seule inquiétude en ce qui concerne la revue : l’agressivité de
 certains auteurs vis-à-vis de ceux qui ne pensent pas comme eux au sujet de l’origine des ovnis.
Celle-ci est toujours mystérieuse, n’est-ce pas ? Et pourquoi  exclure telle
 ou telle hypothèse ? Je pense que votre revue doit être ouverte à toutes les opinions.
Bien à vous.

Michel Granger

Finalement, jamais je n’obtins la moindre réponse d’autant que Mr Veillith (1920-2009) prit sa retraite en septembre 1988 et  vendit la revue à son successeur. Apparemment, il oublia dans le « package » les articles à lui soumis. Ai-je fait les frais d’un concours de circonstances ? Ou bien d’une censure déguisée ? A partir de ce jour, je cessai mon abonnement à la revue.

A noter qu’avant cette soumission d’article j’avais eu des échanges très courtois avec M. Veillith suite à l’achat d’un stock de vieux numéros de la revue quand celle-ci n’était pas centrée sur les ovnis. Comme en témoigne une lettre de lui adressée à moi le 10 septembre 1985.

La revue avait publié deux lettres de ma part :
-     LDLN de septembre-octobre 1985 sur les anomalies lunaires et spatiales
-     LDLN de mai-juin 1986 sur Uri Geller !



Une partie de ce texte a été incorporée dans l’article : GE(I)PAN : les motifs de déception d’un ufologue amateur, UFOMANIA, n° 62, printemps 2010.