mercredi 13 décembre 2017

Les pêcheurs « pêchés » de Pascagoula



Voilà un cas d’enlèvement présumé de deux Américains par des créatures « supposément » venues d’ailleurs (leur apparence très particulière plaide dans le sens qu’elles viennent de très loin, en effet) que les ufologues anglo-saxons classent comme le plus fameux après celui du couple Hill.

C. Hickson et C. Parker en 1973
Il a pour théâtre, à l’automne 1973, une petite ville du Mississipi (100 000 âmes), située à 160 km au nord-est de la Nouvelle-Orléans et traversée par la rivière qui lui donne son nom : Pascagoula Deux individus, Charles Hickson, 42 ans, et Calvin Parker, 19, employés au chantier naval voisin de F. B. Walker & Sons (le premier comme contremaître, le second comme ouvrier ; ils sont compagnons de chambrée depuis seulement 15 jours et Charles est un ami du père de Calvin), sont occupés, le soir du jeudi 11 octobre, à jouir, assis sur un ponton, de leur passion commune : la pêche à la ligne depuis le bord de la rivière. C’est là qu’ils viennent régulièrement, depuis leur domicile de Gauthier, se divertir pendant une petite heure après souper et, ce jour-là, ils vont y vivre, un épisode ahurissant : eux-mêmes « pêchés » comme des poissons  depuis une machine volante occupée par trois petites créatures ressemblant à des momies… !

Il est autour de 21 heures (ni l’un ni l’autre n’a de montre) et ils pêchent tranquillement ; le temps est clément comme souvent en cette saison dans la région au Nord du Golfe du Mexique. Ils se sont postés dans une zone désaffectée d’un autre chantier naval abandonné là où ils ont déjà pris plusieurs fois du poisson ; mais aujourd’hui ça ne mord guère ; comme la nuit tombe, le jeune Calvin qui n’a attrapé qu’une grenouille (!) suggère d’arrêter les frais et de regagner bercail. Charles, lui gratifié de deux poissons-chats, qui vient juste d’avoir une touche et retire sa ligne (ils pêchent au moulinet), veut continuer encore un peu et se retourne pour prendre une nouvelle crevette (appât prisé par les poissons-chats) dans la boîte derrière lui ; tout à coup, suite à une sorte de sifflement,  il se fige de la peur… A une trentaine de mètres de l’endroit où ils se trouvent, il vient de voir une espèce d’engin volant qui s’approche…

Le récit reproduit ici provient du manuscrit rédigé dans un cahier à spirales par Charles suite à cette expérience, souvenirs conscients mais aussi récupérés lors de séances de régressions hypnotiques (en 1973 et 1975-76), et reproduit dans un livre publié en 1983. 

« Je ne peux en croire mes yeux. Qu’est-ce que c’est que cela ? D’où ça peut bien venir ? Aucun bruit de moteur seulement une lumière bleue pulsante ou une lumière tournante. L’engin s’arrête à moins d’un mètre du sol. Comment est-il contrôlé ? Pas d’ailes. Je ne connais pas ce type d’engin. Quelqu’un est-il à bord ?

 «  Sa forme est celle d’un ballon de rugby (football américain) épointé d’un côté avec un dôme au-dessus percé de deux hublots… (comme un œuf aplati sera une comparaison utilisée). Sa taille : 10 m de long sur 3 de haut. »

Charles se décrit inquiet et curieux ; il poursuit : «  Je pense que personne ne peut être préparé à ce qui va suivre. Une ouverture se profile à l’extrémité tournée vers nous. La lumière s’éteint. Ce que nous voyons de l’intérieur est brillant et flamboyant. J’en ai encore la chair de poule aujourd’hui quand je pense aux trois choses qui apparaissent à travers l’ouverture. Par l’expression du visage de Calvin, je sais que je ne suis pas seul à voir ça. Je tremble de peur tandis que Calvin crie. Et moi je lance : « Bon Dieu, qu’est-ce qu’ils veulent, qu’est-ce qu’ils vont faire…

« Comme pour répondre à ma question, ils sortent (la hauteur des créatures est estimée à 1,60 m) par l’ouverture tout en restant au même niveau au-dessus du sol. Et ils s’avancent en glissant. S’ils avaient été plus humains, ça m’aurait moins choqué. Leur tête semble posée directement sur leurs épaules. Pas de cou. A l’avant de la tête sort une sorte de nez de 5 cm de long. Et de chaque côté, à la place des oreilles, il y a quelque chose qui ressemble à ce nez (oreilles rétractiles ?). Directement sous le nez devant, il y a une fente qui peut faire office de bouche. Les bras sont à peu près comme des bras humains en plus longs ; les mains ressemblent à des mitaines avec le pouce collé (il parlera aussi de « griffes »). Les jambes restent collées ensemble et les pieds rappellent des pieds d’éléphants. Ils devraient avoir des yeux mais la zone au dessus du nez est si ridée que je ne peux le préciser (tout leur corps est ainsi plissé de bas en haut et ils ont une allure plus mécanique que humaine, comme des robots).

« Deux d’entre eux (de couleur grisâtre) viennent me saisir aux bras, un de chaque côté -  un seul pour Calvin - et ils nous entraînent en flottant, [ce sont des détails révélés seulement en 1976 par régression hypnotique]. Brusquement, je ressens une douleur aigue à mon bras gauche mais ça passe rapidement. Je suis sans défense. Je ne peux plus bouger. Toutes mes sensations m’ont abandonné… »

Charles racontera qu’« à l’intérieur, la lumière est aveuglante mais qu’il n’a pas distingué de fixations pour les sources lumineuses. Pas de chaise au sol, rien. Pas d’instruments de bord, pas de hublots bien qu’ils soient visibles du dehors. Charles, comme paralysé, voit quelque chose, sorti de la paroi, qui lui tourne autour : « comme un œil ». « C’est relié à rien ». L’œil s’approche de lui jusqu’à 20 cm. Il essaie de fermer les yeux. En vain. « Pourvu qu’ils ne nous empêchent pas de respirer, pense-t-il, sinon nous sommes foutus. S’ils nous balancent dans la rivière, on croira que nous nous sommes noyés accidentellement. » Les créatures elles-mêmes n’ont pas communiqué si ce n’est qu’au moment de leur disparition, Charles a entendu dans sa tête une voix qui disait : « Nous sommes pacifiques. Nous ne vous voulons pas de mal. » Il lui a semblé qu’ils sont restés une heure dans le vaisseau. En tout cas : « Ça m’a semblé une éternité ».

Il n’a pas de souvenir (même sous hypnose) pour dire comment ils ont été ramenés à leur point de départ. Brusquement Charles a repris contact avec le sol. Calvin aussi et il paraissait terrorisé ; Charles rapportera qu’il avait lu sur les traits de Calvin une expression qu’il n’avait plus revue depuis son retour de Corée en 1952.

Le sifflement s’est fait entendre, les lumières bleu flashantes ont recommencé et l’engin volant a disparu à la vue des pêcheurs.

Ils rengainent leurs lignes, rejoignent leur voiture et boivent un peu de whisky pour se remettre de leurs émotions mais aussi pour décider quoi faire suite à cette incroyable rencontre. Preuve du choc traumatique qu’ils ont subi (surtout Calvin qui paraît « sonné »), ils atteignent un établissement de restauration rapide et utilisent le téléphone payant pour appeler la base militaire de l’Air Force Keesler, à Biloxi (50 km de là). Ne les prenant pas très au sérieux, ils s’entendent répondre de s’adresser au bureau du shérif local, du comté Jackson. Ils l’appellent et sont invités à venir raconter leur histoire. Ils arrivent vers 23 h. Au début le shérif croit avoir affaire à deux hommes ivres ! L’alcootest est négatif et le shérif certifie que les deux hommes n’étaient sous l’emprise d’aucune drogue ;  l’interrogatoire va durer deux heures.

Le shérif, méfiant, décide même de les laisser un moment dans une cellule ; c’est là que leurs propos seront enregistrés à leur insu : ils parlent de leur aventure et on entend même Calvin prier ! Rien ne vient donc jeter le doute sur cette histoire : ils l’ont bien vécue. Leur inquiétude et leur état de confusion sont patents. Calvin est décrit comme au bord de la crise d’hystérie.

Par la suite, ce dernier souffrira de troubles nerveux et quittera le chantier naval pour rentrer dans son lieu d’origine (comté Jones) ; il sera hospitalisé trois semaines après l’incident.

« Je n’ai jamais vu ça de ma vie », répétait C. Hickson.

Le lendemain, les deux hommes libérés, malgré une nuit de sommeil extrêmement courte, sont à leur poste de travail. Ils ne veulent pas que leur affaire se médiatise mais en parlent quand même à un ami qui dessine pour la première fois ce à quoi ressemblaient les trois créatures à partir de leurs descriptions.

Mais c’est du côté du shérif que va s’effectuer la fuite (ils en sont surpris et ennuyés) : il les appelle pour leur demander de revenir à son bureau afin de parler de l’affaire et de rencontrer des journalistes. Mais ils y trouveront aussi un attorney (homme de loi, en Amérique) qui n’est autre que le beau-frère du patron du chantier naval, lequel a été alerté.

C’est ainsi qu’ils se voient proposer de subir le test du polygraphe : le détecteur de mensonge. Ils passeront ce test avec succès le 30 octobre dans une agence de détectives à la Nouvelle Orléans. Le shérif témoignera en faveur des deux pêcheurs : « Ils sont sincères. S'ils avaient inventé tout cela, ils devraient être à Hollywood ».

De leur côté, les deux témoins sont demandeurs d’un test de radiation pour vérifier s’ils n’ont pas été soumis à un rayonnement dangereux pour eux. Cette mesure ne se fera pas à l’hôpital de la ville qui n’en a pas les moyens mais à la base de l’Air Force à Biloxi, 8 jours après la rencontre, et le résultat en sera négatif.

C’est aussi là que les deux hommes subiront un interrogatoire digne d’un film d’espionnage par le personnel de santé et de sécurité de la base.

Côté association ufologique sur le coup, c’est l’APRO (Aerial Phenomena Research Organization) qui, à l’époque, couvre le territoire ; elle délègue un professeur de l’Université de Californie pour faire l’enquête. Il reçoit la visite 36 heures après l’incident (le samedi) du fameux astronome et ufologue J. Allen Hynek qui rencontre lui aussi Charles et Calvin. Le professeur californien est déjà de ceux qui préconisent, en pareil cas, des séances de régression hypnotique pour « réveiller » des souvenirs de l’expérience enfouis dans l’inconscient des témoins et ne pouvant pas être volontairement remémorés. Ainsi, sont ajoutés les détails concernant l’intérieur du vaisseau. Mais ils ne révèlent rien de très sensationnel.

Hynek, suite à sa visite, déclarera entre autre : « Ces deux hommes ne sont pas fous. Ils ont manifesté sous hypnose des sentiments de terreur parfaitement impossibles à simuler. Il s'est passé ici quelque chose qui dépasse notre entendement ».

D’autres expériences de régression hypnotiques eurent lieu en 1975 (février à mai) sous la direction d’un hypnothérapeute de Détroit. Elles n’apportèrent pas grand-chose de nouveau et en tout cas rien sur l’examen médical sur une table des deux hommes qui, révélé par certain médias, fut dénoncé comme une invention de toutes pièces. Elles montrèrent que les témoignages étaient très consistants entre eux.

L’affaire eut un retentissement considérable en Amérique et les deux hommes bénéficièrent même d’une brève période de célébrité internationale.

Un livre publié en 1983 sur l’expérience des deux pêcheurs de Pascagoula par un professeur de collège qui les avait interviewés prolongea un temps leur renommée. Quand j’ai acheté ce livre en 1987 qui nécessita trois éditions à cause de son succès, C. Hickson m’avait écrit personnellement être intéressé par le phénomène ovni en France et prêt à venir en Europe pour donner une conférence, tous frais payés. Preuve, s’il était besoin que la thèse selon laquelle toute cette histoire avait été montée pour faire de l’argent ne tient pas debout.

Aucun indice de canular ne vint jamais mettre un épilogue à cette bizarre affaire ; interrogatoire, hypnose, la sincérité des deux hommes ne put être mise en doute si ce n’est qu’ils racontaient, comme beaucoup d’autres victimes d’une telle rencontre, une incroyable histoire : des créatures affublées de pinces venues du ciel pour les capturer et les faire monter à bord de leur engin ! Personne n’a pu dire si cet engin s’était déplacé avec eux dedans.

La dernière fois que j’ai entendu parler de Charlie, c’est en 2004 (1) ; s’il vit encore, il doit avoir près de 80 ans.

William Mendez, le professeur co-auteur du livre avec Charles, énumérait les explications sous forme d’interrogations qui peuvent s’appliquer à cet enlèvement présumé (donc à tous les autres ?) :

1/ Hickson et Parker ont tout inventé : sont-ils des menteurs ? Réponse : non, car il y a leur accent de sincérité, leur détresse émotionnelle, notamment à leur arrivée chez le shérif. Par ailleurs, il y a le test du détecteur de mensonge négatif !

2/ ont-ils été victimes d’une imposture, d’une farce ? Difficile de simuler ce qu’ils ont vu et cela aurait nécessité des moyens disproportionnés au piètre résultat : affoler deux malheureux pêcheurs de poissons-chats. Pourquoi avoir choisi un lieu si inaccessible pour cette mascarade, juste au bout d’un chemin boueux ? Par ailleurs les préparatifs pour cette imposture élaborée propre à créer une telle illusion n’aurait pas pu passer inaperçue des environs relativement fréquentés (pont routier, pont ferroviaire).

3/ confusion avec un engin secret (voir ci-dessous les possibilités de confusion).

4/ les deux hommes ont-ils eu une hallucination ? Du type partagé appelé « folie à deux » ou trois ? Les psychologues qui les ont examinés ont rejeté cette hypothèse car les deux témoins n’étaient pas particulièrement psychotiques pour être la proie d’un tel développement hallucinatoire. Et puis, normalement, ce type d’expérience n’implique pas de fausses sensations telle celle de voir des choses qui, en fait, ne sont pas présentes.

5/ s’agit-il d’une expérience « au-delà de la science », une interaction dimensionnelle, une projection psychique pouvant être regardée comme quelque chose de paranormal ? Il y aurait ainsi d’autres réalités coexistant avec la nôtre et où, dans certains cas, on pourrait entrer en interrelation.

6/ Hickson et Parker ont-ils été enlevés par des créatures ET venue sur terre en vaisseau spatial ? Etaient-ils les éclaireurs de la vague d’ovnis de 1973 en Amérique ? Une vague qui figure dans les annales ufologiques avec plus de 500 cas recensés. Certains objets observés auraient pu passer pour l’œuf aplati décrit pat Hickson et Parker.

L’auteur jugeait que finalement l’hypothèse 6 était la plus plausible et nous n’avons aucun élément concret pour le contredire.

Quant à l’hypothèse numéro 5, elle peut être aussi avancée pour la globalité du phénomène ovni mais, depuis plus de 60 ans, aucun cas n’en est venu confirmer le bien-fondé. Il s’agit de remplacer un mystère par un autre, sans plus.


Arguments pour et contre et possibilités de confusion.

Pour : la déclaration de A. J. Hynek, venu interroger les témoins 36 heures après l’incident : «  Ça ne fait aucun doute dans mon esprit que ces hommes ont vécu une expérience très terrifiante. En tout cas, ils ne doivent pas être ridiculisés. Protégez-les plutôt ! »

Contre : pendant longtemps, le fait pour un témoin d’ovni de récidiver en prétendant avoir observé le même engin plusieurs fois était considéré comme un point négatif à mettre à son crédit. Ce n’est plus le cas depuis que ces enlèvements présumés sont considérés avec sérieux, la victime affirmant souvent avoir ainsi été suivie durant de longues périodes de sa vie. C. Hickson prétendit avoir revu l’engin de 1973 en 1974, notamment au cours d’une partie de chasse à l’écureuil ; il fit état de « messages » télépathiques reçus par lui de ses occupants et usa de la formule classique mais quelque peu prétentieuse : « ils m’ont dit que j’étais choisi ».

Confusion : Les deux pêcheurs ont-ils été confrontés sans le savoir à un nouveau type d’engin volant ? Il en a été question. Mais lequel ? L’hypothèse envisagée selon laquelle l’objet aperçu aurait pu être un engin secret expérimental américain ou soviétique a été rejetée car il aurait dû être particulièrement révolutionnaire pour être capable de se poser sur une zone de sable entourée de vieux rafiots rouillés et d’épaves d’automobiles. Et, depuis 37 ans, cet appareil à la maniabilité supérieure n’aurait jamais été divulgué par ses inventeurs ! Difficile à admettre.

(1) La mort de C. Hickson a été annoncée en 2011 ; il avait effectivement 80 ans.



Publié dans LE MONDE DE L’INCONNU, n°347, décembre 2010-janvier 2011.













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