Les extraterrestres sont-ils sourds et
muets ?
Les extraterrestres, dont il s’avère de plus en plus qu’ils doivent
être nombreux si l’on en croit le nombre grandissant d’exoplanètes (1)
découvertes par les astronomes, restent sourds à toutes nos tentatives de
contact. Qu’en déduire ?
En 1950, le grand physicien Enrico
Fermi doucha l'enthousiasme de ses collègues entichés de la thèse d'une vie extraterrestre
(E.T.) intelligente partout déployée en soulignant la situation paradoxale, qui
prévalait déjà : « Si les E.T. sont si nombreux autour de nous pourquoi
restent-ils cachés ? »
Un demi-siècle plus tard, cette
interrogation se fait encore plus criante. Au point que l’idée que l’humanité
soit une singularité de la
Création regagne du terrain. L’homme serait seul dans
l’Univers ! Quelle désespérante éventualité ! Avant d’en arriver à
cette extrémité, il faut épuiser toutes les autres alternatives. Heureusement,
il en reste encore.
Les échecs des
écoutes SETI
C’est l'Américain
Frank Drake qui le premier, dès le 11 avril 1960, à 6 heures du matin, braqua
vers la voûte céleste la grande oreille du radiotélescope de Greenbank,
nouvellement équipé d'une antenne réceptrice d'un diamètre de 45 mètres . Son but :
voir si les deux chercheurs de
l’Université Cornell, G. Cocconi et P. Morrison, ont eu raison d’écrire, en
1959, dans la prestigieuse revue Nature :
« La présence de signaux interstellaires est totalement consistante avec
tout ce que nous savons et, si des signaux sont présents, le moyen de les
détecter est entre nos mains ».
Drake veut passer à l’acte. Il lance le projet Ozma, du nom d’un pays imaginaire Oz inventé par L. F. Baum dans un livre pour enfants. C’est la
naissance de SETI, acronyme de Search for Extraterrestrial Intelligence
(Recherche d’une intelligence extraterrestre).
Mais rien ne vient concrétiser cette écoute si ce n’est cette alerte
du fameux signal WOW capté, le 15
août 1977, par la Grande Oreille de
l’observatoire radio de l’Etat de l’Ohio pointé vers la constellation du
Sagittaire. Son nom provient du mot écrit ce jour-là sur l’enregistrement en
face du pic de voltage d’une durée de 37 secondes, par le préposé
d’astreinte : amplitude 30 fois supérieure au bruit de fond ! Hélas
toutes les autres écoutes postérieures en cette même direction n’ont plus rien
donné.
Malgré
l’entrée en lice de la NASA , en 1983, le
projet SENTINEL, le projet META/SETI (de Mega Channel ET Array), l’aide de Steven Spielberg, l’opération SERENDIP la bien nommée (2), le
programme SETI/MOP (pour Microwave Observing Project) de 1990, la
cérémonie de relance qui marque le 500ème anniversaire (12 octobre
1992) de la découverte du nouveau monde par C. Colomb, en 1994, le congrès
américain n’accorde qu’un seul million sur les 14 demandés « pour clore
dignement le projet » (sic) ! SETI
doit se tourner vers les fonds privés. Microsoft,
Hewlett Packard, Intel, les géants de l’informatique le soutiennent mais ce n’est
pas suffisant. En 1997 le SETI Institute
en association avec la SETI League fait appel
aux bénévoles pour traiter ses données. C’est la naissance du projet SETI@Home où les possesseurs d’ordinateurs peuvent
laisser leur machine branchée pour trier les signaux reçus par les antennes SETI, en décalé. A ce qu’on nous dit, les
signaux candidats s’accumulent mais
aucun d’eux ne répond au critère de répétition imposé par les pontes du SETI pour avoir une chance d’être
artificiel. Aucun sauf un !
Le scoop de SETI@Home
Un signal
extraterrestre intelligent a enfin été capté ! Cette nouvelle est tombée
en septembre 2004 dans l’indifférence la plus totale entre les jeux olympiques
et la prise des otages à Bagdad !
Elle a été lancée
par la revue scientifique britannique New
Scientist ! Après examen, il ne s’agit, hélas, nullement d’un signal capté récemment mais d’un
épiphénomène détecté par la moulinette informatique du projet SETI@Home : la recherche des extraterrestres à
domicile !
Lancée il y a sept ans, cette initiative a consisté à confier, après
enregistrement préalable, l’analyse des signaux captés par le grand
radiotélescope d’Arecibo, à Porto Rico, à des millions de propriétaires de PC
(ordinateurs personnels) mettant à disposition leur bécane lorsqu’ils ne s’en
servent pas. Il suffit, pour eux, de laisser la machine branchée et, lorsque
l’économiseur d’écran se met en marche, il active en même temps le logiciel de
décryptage du bruit de fond de l’écoute du ciel et en isole les pics qui en
sortent. Des techniques statistiques se chargent de dire si ce pic est
imputable à des phénomènes connus ou non : objets astronomiques ou autre
artefact.
Or, en
l’occurrence, un gaussien
barycentriquement corrigé (c’est le terme employé pour cet éventuel message
extraterrestre !) a donc été détecté dans les enregistrements de ce qu’a
capté Arecibo en février 2004, lorsqu’il visait une région du ciel, située
entre les constellations du Poisson et du Bélier, dans un « trou » où
il n’y a rien à moins de 1000 années lumière !
Ce qui place ce
signal parmi les meilleurs candidats
(il y en aurait eu déjà près de 200 !), c’est qu’il s’est produit trois
fois (temps de réception = une minute au total !), les autres,
généralement, ne s’étant pas répétés. Trois fois, tel que détecté par trois
ordinateurs du réseau SETI@Home dont un en
Allemagne, à Nuremberg, et un autre dans le Wisconsin.
Comme si déjà
cette technique indirecte ne douchait pas suffisamment notre enthousiasme, il
fut ajouté par ailleurs, que le signal était faible, que, bien qu’utilisant la
longueur d’onde de l’hydrogène, il dérivait
rapidement et que, si une planète en était la source, celle-ci, compte
tenu de la fréquence de cette dérive devait tourner sur elle-même, 40 fois plus
vite que la Terre !
Si des extraterrestres nous ont fait signe ainsi il y a 10 siècles et s’ils
comptent les jours comme nous, cela fait 40 x 1000 années à eux qu’ils se sont
manifestés. 40 000 ans. De quoi leur avoir laissé largement le temps de
succomber au tournis - sont-ils de la race des derviches ? - infligé à
leur métabolisme par leur planète en rotation vive.
Pas de
panique !
L’annonce du New Scientist a donc fait long
feu ! Pas de panique du style Guerre
des mondes d’Orson Welles à l’échelle planétaire, comme on le redoutait,
pas un effondrement de toutes nos valeurs, pas une remise en question de notre statut, si ce n’est la réélection d’un
Maître du Monde qui veut abolir la théorie de l’évolution de Darwin dans les
livres scolaires… Bref pas un énorme chamboulement.
Pourtant, pour éviter
ce cataclysme culturel, un code de
conduite avait été écrit en 1985, peaufiné à Breighton en 1987 et, enfin,
une déclaration de principe avait été
rédigée et publiée en avril 1989 disant que quiconque détectera quelque chose
devra aussitôt en référer aux autorités, la communauté scientifique en
l'occurrence, surtout pas au public. Il faudra, dans tous les cas, que le signal
ET potentiel soit examiné par un panel d’astronomes indépendants avant d’être
divulgué.
Un délai de 10 ans
était même avancé entre la détection du signal
et le jour où nous en serions avisés après qu'il eût reçu le label de la
crédibilité scientifique à travers diverses consultations internationales
appropriées, et ceci mené dans le plus grand secret pour ne pas susciter la
suspicion de l'homme de la rue.
La validation devait se faire sous l'égide
des plus hautes instances en la matière, à savoir l'Académie Internationale
d'Astronomie et la IAU International commission, lesquelles devront trouver
le moyen adéquat de répandre la nouvelle en évitant ses conséquences présumées…
Tout cela semble d’une autre époque. Aucune de ces procédures n’a été appliquée
en septembre dernier. D’où peut-être la relégation dans les oubliettes d’un
appel E.T. ?
Le mystère de notre solitude reste entier
L'absence de preuve des extra-terrestres dans le ciel est-elle la
preuve de leur absence ? Sont-ils désintéressés par le contact. Le redoutent-ils ? Sont-ils des créatures sourdes et
muettes ? Car depuis les débuts de la radio et de la télévision, il y a
des signaux qui se sont échappés de la
Terre à plus de 50 années lumière et ce qui a dû nous
signaler à l’attention de toute civilisation écoutante jusqu'à cette distance. S’il y en a !
Le style de vie de toutes les civilisations E. T. conduit-elle
infailliblement à des sociétés contemplatives tournées sur leur nombril et non
vers autrui ? Les aspirations des extraterrestres sont-elles si
différentes des nôtres que nous avons des difficultés à les comprendre ?
Ont-ils tous abandonné la technologie pour se tourner vers la méditation, la
philosophie et l’art abstrait ?
Avant de conclure dans ce sens, posons-nous plutôt la question de
savoir pourquoi toutes ces créatures supérieures à nous auraient décidé de nous
boycotter voire de nous laisser dans l'expectative de notre isolement
universel.
L'éventualité la plus souvent avancée par les contempteurs du
paradoxe de Fermi est celle de la mise en quarantaine de l'humanité. Pour une
raison non encore élucidée, que l'on aime à penser bonne à notre endroit, les
E.T., conscients de notre présence et même de nos capacités intrinsèques (QI)
ont-ils décidé de ne pas nous fréquenter ? Pour un laps de temps déterminé ou
éternellement ? Qu'est-ce qui peut les pousser à un tel ostracisme à notre
égard ? Le fait, maintes fois constaté à notre échelle de l'effet nocif du
mixage de deux civilisations arrivées à des stades par trop différents ?
Combien de tribus autochtones d'Afrique ou d'Australie ont sombré dans la
décrépitude suite à leur ouverture sur le monde occidental porteur d'armes
meurtrières et de Coca Cola ?
Mais la contamination culturelle, agrémentée du choc psychologique
que créeraient de Grands Frères du Cosmos superintelligents
et, peut-être, en forme de poulpes à gros yeux globuleux, possède bien d'autres
alternatives.
Sommes-nous infestés par quelque chose dont nous ne soupçonnons même
pas les effets répulsif vis-à-vis des nos congénères cosmiques ? Sommes-nous
atteints d'une dangereuse maladie contagieuse que les E.T. redoutent d'attraper.
Le cancer ? Le SIDA ?
Et il y a bien pire. Par exemple la mortalité est une maladie qui
fait des ravages sur Terre. Les E.T. sont-ils immortels, eux ? Ou bien la
bêtise largement répandue quelles que soient les ethnies et les couches
sociales ? L'orgueil est aussi un virus dévastateur typiquement humain à nous
inculqué et la perspective de le partager peut rendre nos Supérieurs reluctants à voisiner avec nous. Toutes
ces tares, qui rendraient l'homme inapte, pour toujours, à entrer au sein du
club des civilisations galactiques intercommunicantes
(le Club Galactique de Ronald N.
Bracewell) depuis des lustres - c'est la théorie de la plupart des
exobiologistes, les spécialistes en ce domaine - vouent-elles derechef tout
programme SETI quel qu’il soit à un échec
absolu ? C’est là que l’énigme des ovnis pourrait percer un trou dans la
cuirasse de tout ce bel édifice conduisant à notre isolement.
Une autre supposition, pour justifier la complète indifférence des
E.T. à notre égard, est qu'ils ne nous portent, qui sait ?, pas plus d'intérêt
que nous n'en témoignons vis-à-vis des fourmis. Le saut d'intelligence entre
eux et nous peut être aussi incommensurable que celui qui existe entre nous et
les insectes dont nous partageons la laborieuse industrie sur Terre. Dans ce
cas, qu'auraient-ils à gagner à se signaler à notre grossière et rudimentaire
attention ? Que des piqûres !
Sur la foi d'un tel raisonnement, certains s'insurgent qu'en tentant
de repérer les E.T., lesquels ne le souhaitent manifestement pas, nous nous
attirerons leurs foudres. Et, poursuivant l'analogie, de quel effroyable humaniticide sont-t-ils susceptibles
d'user pour nous empêcher définitivement d'enfreindre la loi du silence dans
laquelle ils nous ont enfermés ? En tout cas, voilà une question qui reste
pendante et l’obtention d’une réponse devrait être au cœur des objectifs du 21ème
siècle.
Notes :
1/ Planètes
extérieures à notre système solaire.
2/ La
sérendipité, c’est le processus de découverte par hasard !
Publié
dans UFOMANIA, n° 42, février 2005
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