lundi 14 mars 2016

La fin du « rêve ufologique » ?


Ce « rêve », certes un peu prétentieux, qui voulait voir, en l’apparition céleste subite en 1947 (cas Arnold) d’objets volants non identifiés (ovnis = ufos) d’un genre nouveau, des engins spatiaux (1) dépêchés jusqu’à nous par une civilisation étrangère avancée… curieuse, itinérante, sinon conquérante !
Un rêve révolu ?

Qu’est-ce qui peut ainsi m’inciter à un constat aussi amer vis-à-vis d’une idée qui enchanta toute notre jeunesse, nous de la génération qui étions quasiment nés avec ? Ce serait bien trop long à exposer ici. Mais puisqu’on me le permet encore, voici simplement trois raisons de mon désenchantement : la banalisation du phénomène (Outre Atlantique), sa confiscation (en France) et sa complexification en général.



Tout d’abord, il faut bien l’avouer une fois pour toutes : le phénomène ovni n’a pas tenu ses promesses ; du moins celles que, par anthropomorphisme ou ethnocentrisme à la Lévi-Strauss, nous attendions de lui ; à savoir, au terme de quelques manœuvres liminaires aériennes, une prise de contact effective au sol avec nous accompagnée de déclarations d’intention claires et nettes.

Après une période qui semblait indiquer que les choses se précisaient – vagues d’atterrissages des années 1950-60, cas spectaculaires des années 1980, exhortations à une étude scientifique des années 1995-2000  – les objets en question se sont, semble-t-il, détournés de nous comme des abeilles qui cessent de fréquenter un massif de fleurs dont ils ont épuisé le suc.

Les observations d’ovnis se sont grandement raréfiées, notamment en France. Le bilan ufologique français actuel est en effet un des plus pauvres du monde tant quantativement que qualitativement : cas moins nombreux (2) et moins « signifiants ».

Cette désertion (défiance ?) des ovnis au-dessus de notre territoire national est-elle une réalité ou bien provient-elle d’un effet de « filtre » ? Les incursions dans le ciel français ne seraient pas signalées, ayant cessé d’intéresser la population. La question mérite de se poser légitimement au vu de ce qui se passe aux Etats-Unis.

Le désintérêt des médias US

Ces dernières années, l’ufologie américaine s’est vue confrontée à un paradoxe troublant : les observations d’ufos, comme on les appelle là-bas, seraient encore très nombreuses tandis que les articles de presse les signalant ont diminué de façon drastique ; au point d’obliger à s’interrompre le plus grand réseau de collecte de coupures de journaux relatives aux ovnis (le UFO Newsclipping Service) qui, œuvrait depuis 42 ans ; 15 pages format A3 remplies mensuellement de façon régulière ; pour le dernier numéro paru en août  2011, 6 péniblement.

La concurrence d’Internet a été avancée pour expliquer cette désaffection des médias traditionnels américains pour le phénomène « ufo » ; mais le dernier éditeur de l’UFONS, David Marler, avait bien ouvert ses pages aux « publications en ligne » : sans réussir à les remplir.

C’est aussi bien la diminution des témoignages intéressants qui a tari cette source écrite de l’ufologie populaire américaine.

Cette cessation de l’UFONS, organe d’information ufologique, a été suivie par celle, en avril 2012, de l’International UFO Reporter et la fermeture (3) du CUFOS, le centre pour l’étude des ovnis fondé en 1976 par le fameux.
J. Allen Hynek.

Plus de sources : plus rien à étudier, c’était fatal. L’article Wikipedia sur le CUFOS semble figé en l’état comme si l’équipage avait quitté le navire sans la moindre justification  que quelques mots laconiques dans le dernier numéro !

Nouveau coup dur, tout dernièrement (novembre 2012), une des dernières figures de l’ufologie US, James W. Moseley, dit le « Commandant Suprême », vient de mourir.

Il est vrai qu’il n’était pas apprécié de tous pour sa légendaire impertinence vis-à-vis de la cause ovni, ce qui l’amena à s’aliéner une grande partie des ufologues. Il jetait néanmoins chaque mois dans son Saucer Smear (difficile à traduire), style fanzine rétro de 4 pages dédié (sic) « aux plus hauts principes du journalisme ufologique », un regard critique, désinfectant  et salutaire, sur la chronique de l’ufologie américaine.

Dans le dernier numéro de sa revue (20 septembre 2012), il affirmait continuer à « garder la Foi » (?) en annonçant sa radiothérapie… Etait-ce la foi en l’existence des ovnis (4) ou la foi en Dieu devant lequel il était hélas appelé à comparaître bien trop vite à 81 ans (date de sa mort, 16 novembre).

Enfin, voilà qu’on apprend le décès du vétéran ufologue George Fawcett, 83 ans, avec lequel j’avais échangé, il y a bien longtemps déjà.

Avec toutes ces morts et ces disparitions de publications généralistes et spécialisées, que reste-t-il en Amérique du Nord comme associations ufologiques ? Uniquement le MUFON : le « réseau UFO partagé » avec désormais tous les inconvénients inhérent à une position unique et dominante qui se serait déjà manifestée hors frontières.

Danger hégémonique ou marginalisation ?

Dernièrement, une visite à Paris, impulsée par un groupuscule d’ufologues français privés, du président actuel du MUFON a fait grand bruit (5). Certains y ont vu un rapprochement mais d’autres une démarche « conquérante », un danger de colonisation… La rencontre, à cette occasion avec le Directeur actuel du GEIPAN n’a pas apaisé les inquiétudes…

Pour ma part, je pense qu’il n’y a rien à craindre d’une telle rencontre MUFON/GEIPAN, au contraire ; les deux institutions ont tout à gagner de collaborer car elles constituent deux points de vue de l’ufologie tellement différents : ufologie privatisée aux USA constituée de membres enthousiastes qui y croient encore (6), versus ufologie publique en France, frileuse, timorée, qui n’y a jamais cru !

Comme ironisait le regretté J. Moseley dans son dernier Saucer Smear à propos de la convention 2012 du MUFON tenue à Cincinnati, sur les 3 000 ufologues membres dont l’association est composée, il y a « au moins 4 000 points de vue légèrement différents ! » Le légèrement s’appliquant sur le fait que le MUFON privilégie l’hypothèse exogène pour ne pas dire extraterrestre (HET, 8) à toutes les autres sans pour autant n’y point apporter des nuances.

Le risque pour le MUFON  est plutôt, selon moi, interne à l’Amérique : se voir marginalisé par la presse, voire décrédibilisé par les officiels au point de chercher des appuis officiels en Europe. Car l’affirmation donnée ci-dessus que de nombreux ovnis sont encore observés en Amérique est une information intra-MUFON non vérifiable sauf en passant par le MUFON. Et l’absence de répercussions dans les médias ne laisse pas d’indiquer le peu de crédit que les journalistes accordent aux informations émanant du MUFON !

Le MUFON ne parle-t-il pas de 8 000 cas d’ovnis signalés en 2012 ! Mais comme il n’y a plus en Amérique d’organisme officiel de comptabilisation depuis les enquêtes négatives  des années 1970 (d’où le côté symbolique de « la main tendue » au GEIPAN), ce sont exclusivement des cas dits « domestiques » qui sont enregistrés, c'est-à-dire émanant bruts de quelque quidam ayant fait une observation bizarre (8) dans le ciel avec toutes les sources de confusion que cela permet, observation signalée aux représentants locaux du MUFON.

Et le critère d’efficacité des collaborateurs du MUFON (800 enquêteurs) semble simpliste : il est basé sur un signalement rapide aux instances centralisées de l’institution (72 h) et une enquête rapide (3 mois) pour un classement dans une des catégories : tromperie, identifié, inconnu ; cela n’incite guère  à la confiance car si les représentants de chaque Etat sont classés à l’aune de leur diligence à boucler leur enquête sur le terrain, quelle accréditation ont-ils pour se prononcer à part le blanc-seing du MUFON ? C’est là où le bât blesse. On y reviendra.

Le « noyautage » du phénomène en France

En France, c’est le GEIPAN qui est en position dominante ufologiquement parlant : un organisme dit d’Etat dont nous devrions nous enorgueillir, la question ovni étant en de bonnes mains. J’ai déjà en ces pages exposé mes motifs de déception (9) vis-à-vis du GEPAN ou SEPRA. Mais que dire depuis que le sigle est venu s’enrichir du « I » de l’information ? Comme si informer pouvait suffire à tarir la soif de savoir ! Il faut aussi chercher à comprendre.

Que dire de ces 20 % des cas d’ovnis signalés qui ne trouvent pas d’explication par les causes naturelles ? De peur d’une quelconque remontrance du CNES dont il est sous la tutelle, le GEIPAN ne se prononce pas.

Ces PAN D dont on nous rabat les oreilles, personne, semble-t-il, au GEIPAN n’est chargé d’en faire une synthèse à partir de laquelle des hypothèses seraient avancées quant à leurs causes, hypothèses soumises ensuite à vérification et validation.

C’est comme ça que procède la science. Et là, le GEIPAN semble inapte à mettre en œuvre une démarche scientifique à partir des données qu’il accumule. Est-ce un constat d’échec ou une fuite de responsabilités ? Le GEIPAN nous doit des comptes, et pas seulement l’accès à l’information brute, aseptisée, puisque toujours vidée des impressions du témoin vu comme un enregistreur et non pas comme un senseur.

Ah ! Comme ça pas de discussion sur l’interaction du cerveau avec une réalité physique inconnue, à la base d'un témoignage. Y a-t-il un enregistrement de ces données subjectives dans une base parallèle mais non disponible ? Quelqu’un est-il chargé de les examiner ? En tout cas le public n’en est pas informé.

Ce que semble refuser de voir le GEIPAN, c’est que la question ufologique n’est pas seulement un empilement de données brutes expurgées comme ces rapports de gendarmerie mais c’est une problématique et c’est sur ça que nous l’attendons.

Or, soit par une volonté délibérée, soit par incompétence (à mon avis il y a des deux), aucune analyse globale des cas enregistrés inexpliqués n’est entreprise pour en dégager une théorie explicative à part le travail en amont de détection des possibilités de confusion. Et là encore, on n’en est qu’à 2009.

Le GEIPAN, c’est comme si l’on continuait d’observer le lever du soleil à l’Ouest et son coucher à l’Est sans oser dire que la Terre tourne autour du soleil : il en est au stade pré-galiléen de l’ufologie !

Plus grave, le GEIPAN a instauré auprès de ses collaborateurs privés bénévoles et recrutés parmi les ufologues de bonne volonté (ils les appellent IPN, les assimilant à des poutres de fer) une sorte d’omerta qui va jusqu’à l’exclusion en cas de non respect de la consigne de silence : une pratique d’allégeance digne des heures noires de l’Union Soviétique. Cela a d’ailleurs provoqué quelques clashes.

La seule voix autorisée à parler des ovnis en France serait celle du GEIPAN, lequel refuse de se prononcer sur les causes du phénomène sauf si ce sont des lanternes thaïlandaises ou des lasers de fêtes foraines ! Je ne suis pas sûr que lors de l’entrevue entre les chefs du GEIPAN et du MUFON cette question de fond de liberté d’expression ait bien été abordée. Le GEIPAN ne compte tout de même pas museler l’ufologie américaine ! Les divergences sur le sujet entre les deux institutions ne peuvent échapper qu’aux deux représentants frais émoulus dans leurs postes de directeurs respectifs.

Au-delà de la photo parue dans le UFO Journal du MUFON de février 2013 immortalisant l’instant symbolique où, je cite, « pour la première fois, une agence gouvernementale (GEIPAN) a donné la main (sic) à une organisation privée dans l’intention d’une coopération » en matière d’ufologie, et des réticences qui se sont manifestées, à mon avis, il n’y a pas de souci de ce côté-là. Le MUFON n’a pas la réputation d’être particulièrement favorable aux thèses socio-psychologiques et fantasmatiques qui menaceraient l’essence même de l’ufologie en tant que science d’observation, comme l’astronomie, pour l’enfermer dans le champ des sciences pathologiques : affabulation, hallucinations, etc.., vers lesquelles le GEIPAN incline aujourd’hui.

Les politiques du GEIPAN et du MUFON sont aussi différentes que leurs structures (10) : d’un côté 800 enquêteurs pro-HET et de l’autre 20 intervenants de terrain  (réduits de 100 à 20 en 2013) bridés et condamnés à enquêter mais surtout pas à s’exprimer !

Ne me suis-je pas laissé dire – oh la honte ! – que, pour le GEIPAN, le « problème » c’est plus les ufologues que les ovnis ?

Le MUFON compte-t-il gagner en crédibilité avec un organisme officiel qui lui manque en son pays ? Constater que le GEIPAN ne contredit pas ses thèses est facile puisque le GEIPAN a consigne de ne pas se mouiller. Pour le reste ?

Les déclarations du Président du MUFON répercutées dans le dernier UFOMANIA dans lesquelles perlent quelques intentions d’exclusion pour les indésirables (notion inconnue jusque-là au sein de l’institution réputée pour sa tempérance) laisse présager une belle empoignade.

Entre la lenteur du GEIPAN, sa langue de bois et le dynamisme superficiel du MUFON, les deux méthodes contribuent hélas tout autant, selon moi, à décrédibiliser l’ufologie et à l’enfermer dans la zone des pseudosciences !

Passons maintenant à la troisième raison qui, selon moi, a fortement contribué à mettre à mal notre cher rêve ufologique.

La complexification du phénomène par les théoriciens

C’est au début des années 1970 que, déjà décontenancés, "désenchantés" par quelque chose qu’ils ne comprenaient pas (cet attentisme à ne pas vouloir afficher véritablement la couleur) et trouvaient trop étrange pour correspondre à une visite extraterrestre, certains ufologues jusqu’alors partisans de l’HET s’en détournèrent pour envisager d’autres causes possibles (11).

En 1983, au symposium du MUFON précisément, J. A. Hynek (12) énuméra les raisons de ce mouvement vers d’autres horizons conceptuels.
1/ Echec des systèmes de surveillance pour détecter les ovnis « entrants et sortants » ;
2/ Considérations gravitationnelles et atmosphériques ;
3/ Considérations statistiques ;
4/ Comportement absurde et évasif des ovnis et de leurs occupants ;
5/ Isolement du phénomène dans l’espace et dans le temps (effet chat du Cheshire) ;
6/ Indignité des ovnis (engins trop petits pour contenir un équipage de la taille des créatures décrites).

On voit déjà qu’au moins la moitié de ces raisons (2 + 3 + 4 + 6) se fondaient sur les rapports de rencontres du 3ème type – devenues aujourd’hui abductions – très sujettes au subjectivisme du récit du témoin et présentant très peu, pour ne pas dire aucune preuve matérielle ni grand rapport avec les ovnis (13).

En 1969, Aimé Michel, comme défenseur de l’HET, affirmait dans la Flying Saucer Review (novembre) que « non seulement, il n’y avait rien dans ces absurdités qui devrait nous surprendre mais qu’au contraire, il avait toujours pensé que celles-ci étaient inévitables si on acceptait l’origine extraterrestre du phénomène ».

Mais d’autres auteurs-ufologues étaient séduits par des thèses beaucoup plus exotiques sur lesquelles ils allaient édifier un véritable fond de commerce.

Reprenant à leur compte des élucubrations occultistes passées quasiment inaperçues (14) et enfourchant les délires des grands contactés (Adamski, Van Tassel, etc.), deux auteurs allaient s’engouffrer dans cette brèche laissée vacante par notre incapacité à comprendre : J. Keel (15) et J. Vallée.

Plus par leur talent stylistique que par une approche scientifique délibérément délaissée, ils allaient jeter la confusion sur un sujet qui n’avait pas besoin de cela.

Dans son troisième livre, Passport to Magonia, publié en anglais en 1969, J. Vallée abandonnait l’HET qu’il avait chérie jusque là pour se tourner vers les légendes et les traditions religieuses ; il assimilait les extraterrestres ni plus ni moins qu’aux habitants de la Magonie, pays mythologique et magique du folklore de la France médiévale, où sont décrites des apparitions bizarres dont il s’attachait à tirer des connexions avec celles des ovnis.

Le titre adopté en français (1972) (pour ne pas effaroucher les lecteurs ?) fut : Chroniques des apparitions extraterrestres, du folklore aux soucoupes volantes.

Jerome Clark, ufologue américain d’un calibre au moins équivalent à celui de Vallée, écrit dans son encyclopédie (16) que ce livre eut « un petit impact sur le grand public mais une influence immense sur l’ufologie ».

En fait, ces vues nouvelles assaisonnant l’ovni à la sauce folklorique, pour ne pas dire chimérique, fascinèrent les ufologues désarçonnés et impatients au point qu’ils ne virent pas sur le coup (moi avec, je dois bien l’admettre qui lut avec délectation tous les livres de J. Vallée jusqu’au jour où j’ai réalisé qu’il nous menait  en bateau, comme un auteur de science fiction qu’il fut d’ailleurs, et que cette thèse fumeuse consistait en fait à expliquer quelque chose d’inconnu par autre chose de tout aussi inconnu et ainsi à engager l’ufologie dans une impasse invérifiable et anti-scientifique.

Pire, J. Vallée, en persistant dans ses divagations que le succès de ses livres lui permit de largement disséminer dans le milieu ufologique, avait ouvert les vannes à un déferlement de théories plus ou moins imaginaires qui allaient littéralement submerger toutes les approches rationnelles du phénomène.

D’ailleurs lui-même avec son Collège Invisible et son « système de contrôle (17) » comme responsable du phénomène ovni alimenta les vues conspirationnistes (on nous cache la vérité !) et libéra ensuite la théorie paranoïde des hommes en noir et autres idées qui allaient marginaliser scientifiquement  et donner la part belle aux sceptiques.

Que J. Vallée ne soit pas conscient qu’il a préparé ainsi le terrain à la thèse socio-psychologique est plutôt surprenant  (18). Vivrait-il dans sa bulle ? L’ovni, sorti de son contexte externe physique, se trouvait désobjectivé (contesté en tant qu’objet matériel) et ravalé à une image générée intérieurement ; il devenait donc aussi subjectif qu’un rêve ou une hallucination, une apparition fantomatique, le fruit d’une réalité virtuelle. Du coup, pour expliquer le phénomène, on pouvait facilement se passer de l’ovni en tant que tel, ce que firent les partisans de thèse socio-psychologique et du paranormal (on parla de paraufologie (19) .

En tout cas, cette complexification à outrance du phénomène, pour moi, a contribué aussi largement à tuer « le rêve ufologique ».

Mais il est temps de passer  à la seule possibilité qui reste, selon moi, de rallumer la flamme : l’étude scientifique du phénomène ovni.

Pas assez de science !

C’est en 1997 que des intentions marquées pour une étude scientifique des ovnis se sont manifestées, notamment lors du fameux colloque de Pocantico (20).

Il en avait résulté un livre écrit par P. Sturrock, professeur américain de physique appliquée de renom et intéressé aux ovnis depuis de longues années. Pour lui, la résolution de l’énigme des ovnis ne saurait passer sans une étude scientifique digne de ce nom.

Dans les pages de remerciements de son livre (21) écrites en juin 1999, P. Sturrock exprimait ce souhait : « J’espère que ce livre incitera davantage de scientifiques à étudier le sujet, à développer leurs propres idées et à les vérifier grâce à des recherches indépendantes.

« C’est, je crois notre meilleure chance – notre seule chance peut-être – d’arriver enfin à résoudre pleinement ce problème posé par tous les événements en relation avec les ovnis à travers le monde, qui n’ont cessé d’être rapportés depuis plus de 50 ans. »

Or, qu’en est-il aujourd’hui 15 ans plus tard ? L’ufologie n’est toujours pas une discipline scientifique académique.

L’impulsion des années 1997-2000 ne semble avoir généré aucune vocation ufologique dans les rangs des prestigieuses universités américaines où le sujet reste tabou.

Certes, certains membres du MUFON sont de formation scientifique mais, à part quelques individualités, ils brillent par leur absence dans les pages du Journal of Scientific Exploration que P. Sturrock indiquait justement (il l’avait créé lui-même) comme organe adéquat pour s’exprimer sur le problème ovni.

Malgré quelques déclarations d’intention récentes, à ma connaissance, l’appel aux scientifiques comme cri de ralliement du MUFON m’a échappé qui cherche surtout les bonnes volontés.

Je dirais même que le MUFON semble s’appauvrir en membres ayant un haut bagage scientifique (22) au fil des années.

Côté GEIPAN : que fait donc le panel de scientifiques qu’on nous dit attaché au GEIPAN et qui n’osent même pas afficher leur nom ? Qui, au CNES, ne trouve rien de mieux que de placer à la tête de cet organisme des préretraités dans des disciplines les plus éloignées des sciences physiques et sociales (électronique, informatique, logistique, etc.) ? Le maigre budget alloué n’est-il pas consenti à fonds perdu ?

Faire des apparitions médiatiques pour débiter  des platitudes sur une question sans réponse ne suffit pas pour justifier un titre de « groupe d’études ».

A ma connaissance, le dernier représentant du GEIPAN à s’être exprimé et avoir formulé des idées sur les causes du phénomène ovni est J. J. Velasco ; or il a été vite « remercié ».

Bref, tout porte à croire que l’espoir de voir résolue bientôt l’énigme des ovnis est bien utopique compte tenu de la fatigue des médias à y porter intérêt, de l’incompétence des rares commissions officielles et du bruit de fond qui a été installé autour.
Or l’incompréhension du phénomène ne devrait pas être vue comme une des raisons de s’en désintéresser, au contraire. Comme le disait si bien il y a 40 ans le regretté René Fouéré, cette « incompréhension » est peut-être       justement la preuve que l’origine n’en est pas terrestre comme fruit d’une autre intelligence (d’un cerveau différent que l’humain) ? Et ce n’est pas pour moi une raison valable pour la ravaler au rang des fantasmes trop humains.


Notes et références :

1/ « Engins spatiaux » est un terme générique qui ne s’appliquait pas forcément à des machines volantes faites « de tôles et de boulons » comme on l’a résumé sommairement : l’avance technologique des expéditeurs les ayant certainement amené à remplacer ces matériaux et systèmes de fixation par des innovations moins rudimentaires.
En tout cas, c’est bien en 1947 que le qualificatif « soucoupique » a été jugé comme approprié et non avant, même si d’autres choses apparaissaient déjà dans le ciel. Et la métaphore vaisselière est bien une invention récente.

2/ Pour janvier 2013, les statistiques du MUFON font état de 527 cas aux USA pour 1 en France ! Pour février : 381 et aucun en France ! On voit  que les correspondants internationaux du MUFON font bien leur travail !
Quant au GEIPAN, leur compteur est bloqué à juillet 2012 ! Ce que n’a pas dû comprendre un journaliste méridional peu sérieux qui, dernièrement, annonçait la réception de 1600 témoignages  pour le mois de février dernier alors qu’il s’agit du total des cas publiés sur le site !

3/ Par la même occasion plus de publication du Journal of UFO Studies, le seul journal ufologique « à référés ».

4/ J. Moseley se ralliait à la thèse interdimensionnelle : les ovnis viendraient, non pas de l’espace, mais d’une autre dimension spatio-temporelle, ce qui en quelque sorte  revient au même ! Sauf que l’espace, on connaît. Quant à la 4ème dimension…

5/ A noter que je n’étais pas à cette réunion du 11 janvier 2013. Tout ce que j’en rapporte ici provient du numéro 72 d’UFOMANIA et de l’UFO Journal du MUFON de février 2013.

6/ Dans son éditorial de l’UFO Journal de mars 2013, le directeur de l’association n’écrit-il pas que le MUFON « est reconnu comme le leader mondial dans l’investigation scientifique de phénomène UFO pour le bénéfice de l’humanité » ! Rien que cela.

7/ Voir mon article sur l’HET dans UFOMANIA n°58, mars 2009. 

8/ 31 % en février sont des lumières style étoile ou boules de feu et 15 % seulement ont une forme discoïdale !

9/ Michel Granger : "GE(I)PAN : les motifs de déception d’un ufologue amateur", UFOMANIA, n° 62, printemps 2010.

10/ Différentes aussi leurs prises en compte de ce qu’on appelle ovni  ou ufo : le MUFON annonce 10 % de cas inexpliqués, le GEIPAN : 20. Simple au double ! Appelle-t-on ovni en Amérique quelque chose qu’en France on ne signale même pas à la gendarmerie ? Cela ramènerait le bilan 2012 du MUFON à 4000 cas. C’est encore beaucoup par rapport à un chiffre ici, en France, qui sera publié probablement dans plusieurs années (on en est actuellement à 2009 !). Une source privée donne un peu plus de 300. Combien ont été enquêtés par le GEIPAN ? On le saura dans 3 ou 4 ans.

11/ Michel Granger, Les alternatives à l’HET, UFOMANIA N°69, hiver 2012.

12/ Voilà qu’un article récent du Skeptical Inquirer (janvier-février 2013) lui conteste le titre d’ufologue sincère!

13/ A noter qu’un temps, le MUFON refusa de prendre en compte les abductions dans un contexte ufologique.

14/ Théories dérivées des thèses de l’occultiste autrichien R. Steiner (1861-1925) selon lesquelles les ovnis ne peuvent être que des élémentals : les esprits de la nature.

15/ Je ne reviendrai pas sur les ultraterrestres de J. Keel dont j’ai montré l’immatérialité et le caractère purement spéculatif dans Ufomania n° 59, décembre 2009.

16/ Jerome Clark, The UFO Encyclopedia, Detroit (Michigan), Omnigraphiccs, Inc., 1998.

17/ Ce système de contrôle a été comparé à l’absurde et irréel superspectre de Keel.

18/ D’autant qu’il n’a pu manquer de lire l’encyclopédie (1998) de J. Clarke où il est écrit textuellement « Jacques Vallée, bien que non jungien, sera le premier ufologue à jeter les fondations pour ce qui allait devenir connu comme l’hypothèse socio-psychologique ».

19/ Je crois avoir montré dans le Bulletin Métapsychique n° 7 (novembre 2010) que les principales observations mises à l’actif de la production paranormale des ovnis pouvaient facilement s’expliquer par des confusions.

20/ Voir mon article : Michel Granger, La science et les ovnis, UFOMANIA n° 27, septembre 2000.

21/ Peter A. Sturrock : La Science face à l’Enigme des ovnis, Presses du Châtelet, 1999. Dire que J. Vallée, dans la partie consacrée aux "cas matériels" de ce livre, s’exprimait sur la radiance lumineuse des ovnis et les traces physiques avec échantillons matériels : lui le colporteur des idées sur les elfes et l’inconscient collectif…

22/ On peut, en effet, constater un déclin dans le nombre de scientifiques qui adhèrent au MUFON en relevant ces chiffres publiés dans les rapports du symposium annuel de l’association :


1983
1998
2008
ABC
71
220
120
% Ph. D.
64
58
12,5

ABC : effectif du bureau scientifique consultatif du MUFON ; % Ph. D : pourcentage de détenteurs d’un doctorat.

Constat :
o             le nombre des experts scientifiques du MUFON a baissé de moitié en 10 ans ! Peut-être comme le nombre d’adhérents d’ailleurs (?).
o             le MUFON est de moins en moins scientifique.

Comme membre du MUFON depuis 1989, je fus inscrit de longues années comme expert-conseil (consultant) en chimie dans le staff de ces consultants. Aucune sollicitation ne me fut jamais faite. De deux choses l’une : ou bien la constitution d’un panel d’experts par le MUFON était du bidon, ou bien aucun cas de traces ou altérations chimiques ne fut jamais constaté sur les sites d’atterrissage ovni américains.


Texte publié dans la revue UFOMANIA Magazine de, n° 74, printemps 2013.







2 commentaires:

  1. A propos de "noyautage" du GEIPAN, laissons la parole à Thibault Canuti qui était présent au 7ème Congrès d'Ovni Languedoc (22/10/16): https://www.youtube.com/watch?v=OJCD_ecF3Y4

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    1. Bonjour,

      Merci pour vos divers commentaires très utiles qui, j'espère ne seront pas les derniers.
      Merci de m'indiquer le speech de Thibault CANUTI lors d'une récente conférence sur l'historique du GE(I)PAN. J'avoue ne pas avoir tout écouté mais j'en tire la leçon suivante: j'ai bien fait de cesser d'assister à ce genre de conférences depuis de nombreuses années (dernière pour moi avec Jimmy Guieu). Monsieur Canuti, dont j'ai lu et apprécié les livres, devrait se cantonner à cet exercice écrit tant sa prestation orale "lue" laisse à désirer.
      Pour ce qui est des mutilations de bétail, je sais bien qu'on trouvera toujours un cas isolé pour dire que cela n'est pas fini. En tout cas, en Amérique,les quelques cas annuels relevés aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec la vague des années 1970/80. Ils confirment au contraire qu'il y a bien eu quelque chose d'"autre" à cette époque qui n'est plus à l'oeuvre aujourd'hui. Et cette constatation devrait pouvoir permettre d'émettre des hypothèses sur ce qui s'est passé initialement.

      Je profite moi aussi de l'occasion pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de fin d'année et vous transmettre mes plus cordiales salutations. A bientôt.

      Michel GRANGER

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