« Implants »
dits extraterrestres
Une preuve directe
des enlèvements ?
Tous les
congrès ufologiques de l'année 1996 - Sheffield, San Marin, Greensboro, Lyon...
- ont donné la part belle à cette annonce stupéfiante : des opérations
chirurgicales, menées sur des victimes alléguées de rapts E.T. (on les appelle
les « abductés »), auraient enfin entériné le caractère objectif de
ces kidnappings...
« Le 19 août 1995, dans mon cabinet de
Camarillo, Californie, j'ai procédé à deux interventions chirurgicales gratuites
qui m'ont permis de récupérer, sur une femme et un homme, trois objets peut-être destinés à transmettre
des messages directement au cerveau ». Ainsi s'exprimait le Dr Roger K.
Leir*, devant une assistance d'ufologues britanniques médusés. Et de fournir
des détails.
Les
interventions
« Les patients, persuadés d'avoir été les
victimes d'extraterrestres qui leur ont enfoui sous la peau quelque chose
visant à contrôler leur comportement, étaient localement anesthésiés, l'une au
gros orteil gauche et l'autre à la main. En plus, ils étaient sous l'influence
d'un hypnotiseur qualifié, Derrel Sims, de Houston, Texas.
« Les corps étrangers avaient été situés aux
rayons X et caractérisés comme hautement magnétiques à l'aide d'un gaussmètre.
Cela me permit rapidement de les atteindre au scalpel.
« Quand je tentai de les extraire, les
patients sursautèrent vivement comme si les objets étaient directement
connectés à leur système nerveux. La première intervention dura une heure et la
seconde un peu moins. Tout se passa sans problème. »
La forme
des implants
Le premier objet récupéré était en forme d'étoile
de ½ cm sur ½ cm; le second de la taille d'une graine de cantaloup en possédait
aussi la forme ; le troisième était presque identique au deuxième.
Tous étaient recouverts d'une membrane très dure, inattaquable au scalpel, ressemblant assez à de la céramique (on a parlé aussi de kératine, ce qui n'est pas tout à fait la même chose). Aucune cicatrice n'était là pour témoigner de leur introduction dans le corps des « abductés ». Sous lumière ultraviolette, les « implants » scintillaient en vert fluorescent.
Envoyés à Houston, les membranes dites de coagulum protéiné furent séchées et retirées, révélant un noyau noir et brillant. Tout le monde attend avec impatience le résultat des analyses - chimiques, électriques, microscopiques - qui seraient en cours dans un laboratoire « de réputation mondiale », mais tout cela prend beaucoup de temps remarque perfidement le « méphistophélès » de l'ufologie américaine, Philip J Klass qui a qualifié ces prétendus enlèvements de « jeu dangereux » (1).
Autres cas
Cela n'a pas empêché le Dr Leir de
recommencer la même opération (ils seraient des centaines à attendre une telle
intervention), toujours aussi bénévolement malgré le risque encouru et le fait
que, professionnellement, cela va lui faire grand tort. Sa mise au ban de la
profession ne semble pas le préoccuper outre mesure.
En effet, le 18 mai dernier, il a débarrassé
d'autres « abductés » de ces particules
dans lesquelles il ne veut pas reconnaître des kystes : deux femmes au mollet
et un homme à la mâchoire inférieure. Il s'agissait pour les unes de nodules de composition indéterminée (Dr
Leir) et pour l'autre, d'un petit disque
plat de 3 mm
de diamètre.
Cela porte à une trentaine le nombre de tels
« implants » récupérés à ce jour, tous aussi mystérieux.
La boîte
de Pandore
Mr Sims fit sensation à la journée consacrée aux
« abductions », à Sheffield, en avril dernier, en exhibant une boîte
contenant plusieurs de ces capteurs
biométalliques prétendument destinés à la surveillance des êtres humains
par les entités extraterrestres qui visitent la terre ; par exemple, ces
dispositifs miniaturisés, que beaucoup de nous posséderaient sans le savoir,
serviraient à nous garder sous contrôle,
nous pister un peu à la manière dont nous baguons
certains animaux sauvages afin de connaître leurs déplacements, leurs habitudes
et de les retrouver, le cas échéant. Ces diverses sondes furent retirées de l'œil,
de l'oreille, de l'abdomen, de testicules et du septum de diverses personnes
persécutées par ces intrus à notre monde.
L'une d'elles aurait même été expulsée du nez d'un
« abducté » lors d'un éternuement particulièrement violent !
Potentiellement
E.T.
« Si l'origine extraterrestre de ces puces est confirmée, cela aura des répercussions mondiales, écrivait le
périodique allemand Magazin 2000,
accréditant l'idée que l'on en serait au deuxième stade de la colonisation de la Terre par les étrangers implanteurs.
« Ces « implants » ouvrent un
nouveau chapitre de recherche sérieuse à partir des rencontres possibles avec
d'autres intelligences », pouvait-on lire dans une revue spécialisée
anglo-saxonne.
Il est vrai que si ces inserts se révélaient d'une nature impossible à concilier avec ce
qui se fait sur terre, l'ufologie tout entière en tirerait le bénéfice qu'elle
attend depuis si longtemps. La preuve de l'intervention des extraterrestres non
pas dans le ciel mais en nous, ce serait le monde à l'envers ! Mais quand cela
a-t-il commencé ?
Historique du phénomène
L'extraction récente de plusieurs
« implants » du corps de gens, qui prétendent que ces objets leur ont été placés là par des
créatures étrangères à notre monde, a suscité un grand tapage médiatique. C'est
l'aboutissement d'une chasse aux « implants » engagée voilà plus de
dix ans et qui prouverait, selon certains, que nous sommes sous contrôle de quelqu'un.
Budd Hopkins, ancien artiste peintre et grand
gourou abductionniste, révélait, en
1988, dans son livre « Enlèvements extraterrestres » (2), que des
radios (images de résonance magnétique = IRM) avaient prouvé la présence, chez
quatre individus, d'étranges billes placées près du nerf optique. Leur
position, névralgique, semblait en exclure la récupération chirurgicale sans
faire encourir aux sujets un risque inconsidéré.
Le cas de
Richard Price
Cet « abducté » fait remonter son
expérience à 1955, dans une région boisée près du cimetière de Troy, dans
l'état américain de New York. Sa vie, jusqu'en 1989, fut certes difficile - il
parle d'un cauchemar permanent - mais c'est 34 ans après sa rencontre qu'il constata que l'implant,
qu'on lui avait placé dans le pénis, devenait protubérant. A peine deux mois
plus tard, l'objet sort de sa peau ; il en ressent comme un choc électrique.
Ce grain
à base de carbone à 90 %, affublé de trois petits crochets, s'inscrit au nombre
des artefacts dont la collection déjà
fournie pourrait faire basculer la thèse fantasmagorique des enlèvements
extraterrestres en faveur de la robotisation subreptice de l'humanité.
D'autres « abductés » que je vous ai
déjà présentés, Linda Napolitano alias Cortile, John R. Salter, se disent aussi
implantés.
Des hommes
et des femmes
La même année, en 1989, un objet est localisé aux
rayons X dans la jambe d'un « abducté » de 37 ans du Sud de la Californie. On l'en
débarrasse chirurgicalement et selon Cheryl Fernandez, radiologiste: il pouvait s'agir, bien sûr, d'un vulgaire
morceau de verre, mais sa surface paraissait anormale.
Une « abductée » canadienne des années 60,
se plaignant d'entendre des signaux en morse dans sa tête et ayant subi une IRM
montrant quelque chose, fut opérée en 1989 à l'hôpital de Newmarket, en
Ontario. On la délivra ainsi d'un petit cylindre de 1 mm de diamètre fait
d'aluminium de titane et de silicium.
Une femme du Texas, ayant fait, une nuit, un rêve
au cours duquel de bizarres créatures l'avaient tripotée, se réveilla avec une
violente irritation oculaire. Se frottant la paupière, elle en vit tomber une
particule grosse comme un grain de moutarde. Là aussi la présence de titane et
de silicium fut jugée comme surprenante.
Les cas de
W. Strieber
Whitley Strieber, auteur américain de best-sellers
tels que Wolfen, eut une période « abductive » en 1987. Dans son
livre Communion (3), il décrivait
avec un réel talent de conteur la réminiscence qui lui faisait dire qu'il
pouvait avoir été « implanté ». J'eus
la nette impression d'avoir dans la narine gauche quelque chose que l'on
glissait doucement dans mon nez. Le lendemain, il souffrit de saignements
de nez.
Strieber, écœuré par certaines pratiques
ufologiques, disparut de la scène pendant quelques années mais sa présence à
Sheffield, en avril dernier, prouve qu'il n'a pas rompu avec ses visiteurs. Le Dr Leir s'est
même offert de l'opérer pour récupérer son implant.
A l'été 1989, la fondation créée grâce aux droits
d'auteurs de Strieber faisait état de scanners IRM montrant des anomalies
compatibles avec ce que laisse supposer les expériences « abductives »
de quatre individus. Le diagnostic médical parlait plutôt de polypes nasaux ou de taches sur la
glande pituitaire, mais personne jusque là ne pouvait dire exactement ce que
c'était.
Au tour
des médecins
A la conférence tenue au MIT (Massachusetts
Institute of Technology) du 13 au 17 juin 1992 - le MIT n'avalisait pas, de la
sorte, le phénomène des abductions, il louait sa salle - dont le compte-rendu (4)
ne fait pas moins de 683 pages, le sujet des « implants » fut
largement abordé avec la bénédiction du Dr David E. Pritchard,
docteur ès sciences en physique.
On précisa qu'ils étaient placés dans différentes
parties du corps : par exemple, Alice, se plaignant de douleurs à la tête, a
une grande tache blanche près de l'os principal du nez. Colette a deux opacités sur le lobe gauche de la
pituitaire. Susan, une australienne, ayant subi une radio aux rayons X chez un
dentiste, révéla une anomalie apparente.
Des grosseurs suspectes furent
localisées à l'hypothalamus et la glande pinéale d'autres kidnappés.
La caution
de John E. Mack
Il manquait au phénomène des abductions - et aux « implants »
par là même - le label scientifique qui le consacrerait. Celui-ci est venu en
1994, d'un professeur de psychiatrie de Harvard, le Dr John E Mack,
auréolé d'un prix Pulitzer.
Dans une étude sans précédent (il interrogea plus
de 100 « abductés »), il cite au moins 7 « implants »
possibles qui vont de la pastille noire à quelque chose qu'une petite fille de
9 ans a senti bouger dans sa tête
lors d'une chute aux barres horizontales, en passant par ce qui ressemble à une
petite gomme sortie de l'oreille d'une quadragénaire.
Et d'évoquer avec émotion le jour où M. Mack lui-même
à tenu dans ses mains un petit objet
filiforme d'une longueur d'un centimètre apporté à lui par une patiente « abductée ».
Cet objet arrivait-il tout droit d'un univers
extraterrestre ? C'est là tout le problème qui entoure ces histoires d'« implants ».
Qu'en penser en
définitive ?
Je propose d'appliquer aux faits incontournables
désormais le principe suivant : ce n'est qu'en tout dernier ressort, quand
toutes les autres explications possibles ont échoué, qu'on peut se tourner vers
l'explication extraterrestre et seulement à ce moment là. A moins, bien sûr,
qu'une analyse corrobore la fantastique hypothèse. Mais pour l'instant, il n'y
en a pas et toutes les solutions triviales ne sont pas épuisées, comme nous
l'allons voir.
Que du
naturel ?
Hormis les récits des « implantés »
encore sujets à caution, y a-t-il eu quelque chose de déterminé sur ces
granules, extraits chirurgicalement ou auto-expulsés, qui puisse en exclure
l'origine terrestre, voire naturelle ? Rien, à ma connaissance. Les analyses à
ce jour disponibles n'interdisent aucunement une origine quelconque voire même
artificielle mais totalement pragmatique. Le corps humain produit maintes concrétions
auxquelles certains « implants » n'ont aucune difficulté à s'identifier.
Il s'agit même parfois de sphéroïdes
pouvant manifester des propriétés magnétiques, comme l'ont montré trois
zoologues de l'Université de Manchester. Nous ne nous étendrons pas plus
longuement sur cette éventualité qui tend à faire passer les
« abductés » pour des mythomanes, des stigmatisés de l'intérieur, en
quelque sorte. Trop de liens affectifs nous relient à nos amis américains pour
ainsi les juger.
Comme des
taureaux
Une autre piste à suivre est celle participant
d'un contrôle mental collectif profondément ancré dans les esprits Outre
Atlantique. L'image du taureau chargeant, arrêté net par un savant, en blouse
blanche, qui enfonce simplement un bouton sur un boîtier qu'il tient à la main,
ne cesse de hanter une partie de la population nord-américaine.
L'homme s'appelait José Delgado et travaillait à
l'Université de Yale. Pour ajouter du spectaculaire, cela se passait dans une
arène, à Madrid. Suite à sa fameuse expérience, Delgado déclarait, en 1966,
qu'elle prouvait que les humains
pouvaient être contrôlés comme des robots par des boutons-poussoirs.
Le spectre
orwellien
Si Delgado implanta de petites électrodes dans la
tête de chats, de singes et même d'un taureau, officiellement il ne s'exerça
pas sur l'homme. Mais quelques-uns de ses collègues ne s'en privèrent pas tel
le Dr John Lilly, précurseur, qui, dès 1953, inventa les sondes
cérébrales. Le Dr Antoine, de Paris, devint un de ses disciples.
Robert G. Heath, de l'Université Tulane, plaça des
électrodes dans la tête de 125 sujets pour combattre leurs tendances
homosexuelles. Le docteur Joseph Myers, de la NSA (National Security Agency) proposa, en 1973,
d'« implanter » tous les détenus américains. Cette mesure fut même
évoquée pour chaque enfant né en territoire américain afin de mettre un terme à
la notion d'enfants perdus !
On peut comprendre que le peuple américain vive
dans la hantise d'être « implanté » depuis plus de 40 ans, d'autant
qu'il a d'autres raisons légitimes de se méfier.
Recherches
clandestines
Sous couvert d'opérations d'espionnage secrètes, la CIA américaine manifesta, au
temps de la guerre froide, un intérêt flagrant pour les techniques de contrôle
de l'esprit à distance. L'assassin du Président Kennedy, Lee Harley Oswald fut
soupçonné d'avoir un « implant » dans le sinus mastoïdien, le rapport
d'autopsie mentionnant une petite cicatrice. Le sous-projet 94 du sinistre
projet MKULTRA fut bien consacré, on le sait aujourd'hui, à cette question de
mainmise sociale sur le comportement humain grâce à des électrodes cervicales
judicieusement placées.
Un rapprochement évident a été fait entre
l'expérience de temps manquant des « abductés »
et le projet intitulé Electronic
Dissolution of Memory (suppression de la mémoire par voie électronique).
Pour se convaincre de l'ampleur du phénomène, il n'est que de lire Operation Mind Control, de Walter H.
Bowart, présent dans toutes les bonnes bibliothèques municipales. Pas étonnant
que de telles révélations laissent des séquelles...
Et puis, ultime éventualité qui annihilerait tout
recours à ces fameux extraterrestres « abducteurs » désireux de
contrôler l'humanité, il y a aussi la méprise, pure et simple, dont nous ne
sommes pas malheureusement à l'abri.
Un fâcheux
impair
Par exemple, c'est en 1986 que la prestigieuse
revue Nature fit état d'une étrange découverte détectée dans
une préparation de chromosome humain durant une procédure médicale ; il
s'agissait d'un objet quadrillé minuscule ressemblant à une grille de mots croisés fragmentée, donc
à apparence carrément artificielle, mélangé à l'échantillon tissulaire soumis à
examen.
Les ufologues eurent beau jeu de s'emparer de
l'affaire en affirmant qu'enfin on avait la preuve physique de microcircuits
imprimés (chips) introduits jusque
dans nos chromosomes.
Mais ils furent vite déconfits lorsque des
collègues des auteurs de l'article de Nature montrèrent qu'il
s'agissait d'un fragment de terre diatomée (algues unicellulaires) qui avait
migré de la tétine de caoutchouc de la pipette Pasteur ayant servi à la
préparation et qui, emprisonné entre deux plaques pour observation au
microscope, notamment avec des bulles d'air qui simulaient des raies
perpendiculaires, donnait cette apparence.
Messieurs les « abductionnistes », de
grâce ne recommençons pas l'histoire des mots croisés chromosomiques. Sachez,
cependant, qu'une grande partie de nos rêves d'antan est entre vos mains.
Références :
1/
Philip J. Klass, UFO Abductions, A
dangerous Game, Prometheus Books, 1989.
2/
Budd Hopkins, Enlèvements E.T.s, les
témoins parlent, Editions du Rocher, 1995. Publié initialement à New York
en 1981.
3/
Whitley Strieber, Communion, Editions J’ai Lu, 1988. Publié initialement en
1987.
4/ A. Pritchard et al, Alien Discussions, North Cambridge
Press, Cambridge, Massachusetts, 1994.
Publié sous le titre Implants extraterrestres tout d’abord en 3 fois dans DIMANCHE S. & L. (24/11/1996 et 1 et 8/12/1996) et
globalement dans UFOMANIA, n°14-15,
mars 1997.
* Au moment de la publication de ce texte, le
livre de R.K. Leir, The Aliens and the
Scalpel, n’était pas encore publié. Il le sera en 1998. Ni, bien sûr sa
traduction française qui ne le sera qu’en 2003.
Hélas, la lecture de ce livre, ne m’incita pas à
allouer plus de crédit que ça à cette affaire des « implants » dits extraterrestres.
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