A propos des
« cheveux d’ange »
Quand passent les ovnis
silencieusement par-dessus nos têtes, rares sont ceux qui laissent d’autre
trace que le témoignage visuel d’un observateur ainsi survolé. Or, de nos
jours, le témoignage humain est très galvaudé, voire discrédité. Il y a eu trop
de confusions, de distorsions, de méprises… A preuve ces hublots décrits en 2002 pour ce qui n’était qu’une météorite !
Aussi lorsque
quelque chose de tangible est rattaché à l’observation d’un ovni, il faut s’y
raccrocher comme un mauvais nageur à un tronc flottant. C’est justement le cas
du phénomène curieux de retombée de cheveux
d’ange, lequel a été, à maintes reprises, associé aux évolutions d’ovnis
surtout dans le passé mais il y a eu quelques cas depuis 1996.
Un exemple célèbre est celui de d’Oloron, en décembre
1952, lorsqu’un cylindre long, étroit et incliné à 45 degrés, se déplaçant en
ligne droite au-dessus d’un nuage floconneux de forme étrange et précédé de boules
informes qualifiées de soucoupes,
laissa derrière lui une traînée blanchâtre qui tombait vers le sol en se désagrégeant. Pendant quelques heures, il y en eut des paquets accrochés aux arbres,
aux fils téléphoniques, sur le toit des maisons. Même chose au Texas, en
1973, en Pennsylvanie, en 1981, à Quirindi, en Australie, en 1998, à
Sacramento, Californie, en 1999.
Charles Fort, dans son fameux Livre des Damnés (1941), y fait référence en tant que pluie de substance soyeuse (1) signalant,
par exemple, un cas enregistré le 16 octobre 1883, à Montussan, Gironde, cité
dans la revue La Nature , et faisant
état de substance laineuse se présentant
sous forme de blocs de la grosseur du poing qui tombèrent sur le sol.
Une étude récente effectuée en 2001 par Brian Boldman et
publiée par l’organe du CUFOS [Centre
d’études des ovnis fondé par J. A. Hynek (2)], l’International UFO Reporter, de l’automne 2001, s’attache à nous
livrer le résultats d’une utile investigation sur 215 cas de chutes de cheveux
d’ange, dont 57 % furent concomitants au repérage d’ovnis entre 1947 et l’an
2000.
On y trouve mentionné que les annales du phénomène
comptent 255 cas entre les années 679 et 2001.
Fragment datant de 1999 récupéré à Sacramento, grossissement 60 (reproduit par B. Boldman). |
Blanche, grise,
argent ou translucide,
ce sont les couleurs qui ont été données à cette substance tombée du ciel. Les constantes de sa description et de ses
propriétés ont largement contribué à en asseoir la réalité. Des filaments très
fins, comparés à des fils de soie et aux toiles d’araignées. Et en quantité
telle que plusieurs kilomètres carrés du sol en furent parfois recouverts bien que
la chute ait toujours été rapportée pendant
un temps limité.
En octobre 1954, près de Vienne, dans l’Isère, un objet
non identifié par certains, et qualifié d’avion du type Stratojet par d’autres, fut suivi de la chute lente de paquets de
fils blanchâtres, doux au toucher, qui se volatilisaient rapidement, selon Paris-Presse du 21 octobre 1954.
Il y a là, en effet, une caractéristique particulière du
phénomène : c’est son aptitude à se
sublimer : la masse filandreuse, cotonneuse, solide recueillie
disparaît progressivement comme si son état passait directement en phase
gazeuse sans intermédiaire liquide.
C’est justement cette propriété à se volatiliser plus ou
moins rapidement (recensée dans 40 % des cas) qui a amené à rejeter
l’explication la plus simple de l’origine des cheveux d’ange atmosphériques, à
savoir celle des fils de la Vierge ou gossamer ; certaines populations de
jeunes araignées, pour échapper à la prédation ou à la surpopulation, auraient
trouvé le moyen de sécréter des fils
d’albumine qui, à partir d’un certain volume et compte tenu de leur légèreté,
s’envoleraient avec elles à grande altitude et sur de grandes distances pour
aller retomber en un autre endroit plus propice à leur survie. Un peu comme
nous ferons en quittant notre planète quand elle deviendra inhospitalière,
c’est à dire dans pas longtemps. Or la soie des araignées, faite d’aminoacides,
n’a justement aucune propension à la sublimation.
Comme le notait à ce propos Jean Senelier, en 1978, nos cravates n’ont pas tendance à l’évaporation, n’est-ce
pas ?
De même, les quelques analyses effectuées sur des
prélèvements de cheveux d’ange associés à l’apparition d’ovnis ne permettent
pas de les assimiler à des toiles d’araignées même si une partie des divergences
peut être attribuée à une contamination
de l’échantillon lors de sa récupération au sol. En 1969, à St Louis, Missouri,
lorsqu'une vaste région fut recouverte de filaments de cheveux d’ange d’aspect
classique, seulement une seule araignée fut identifiée, ce qui corrobora une
présence fortuite après l’obtention des résultats d’une analyse concluant à un matériau fibreux non protéinique. Des
analyses récentes conduisirent (Californie, 1999) à exclure définitivement les
toiles d’araignées dont la composition chimique est la même que celle du bombyx
à l’état de ver et qui est aujourd’hui parfaitement bien connue.
Le phénomène possède aussi la particularité d’être
saisonnier, les cas recensés montrant que le mois de prédilection est octobre
(d’où le nom parfois employé de neige
d’octobre) qui regroupe plus de 45 pourcents des observations, novembre 18
et les autres mois moins de 6 pourcents avec une préférence pour les mois d’été
(mai à septembre).
Mais alors que sont donc ces fameux cheveux d’ange que les témoins d’ovnis rapportent
régulièrement ? Certes, depuis 30 ans, ils ont tendance à diminuer, mais
on en relate encore plusieurs exemples par an dans le monde.
D’autres théories ont été avancées pour apporter une
solution à l’énigme (foudre globulaire attirant des débris organiques par son
champ magnétique). Le lieutenant Jean Plantier (3) avait avancé l’hypothèse que
ce puisse être « un produit de polymérisation entre l’azote et l’oxygène
de l’air atmosphérique » (NxOy) provoqué par
ionisation sous l’effet de champs magnétiques colossaux générés par le système
de propulsion des ovnis. Certaines mesures positives de radioactivité sur des
échantillons recueillis dans l’Etat de New York, en 1955, jetèrent la suspicion
d’un résidu de tests nucléaires secrets. Les cheveux d’ange furent aussi
assimilés à diverses fibres naturelles et à des résidus industriels rejetés
clandestinement. Les pilotes des ovnis consomment-ils de la barbe à papa ?
On parla même de déchets déversés par les visiteurs
étrangers ; comme les décharges de latrines que les avions larguent en vol
et qui retombent sur nos têtes sous formes de blocs de glace plus ou moins
colorés et nauséabonds. Dans ce cas, ce seraient des déjections
d’extraterrestres… Mais pourquoi surtout en octobre ? Est-ce en ce mois là
qu’ils fêtent notre incompétence à les détecter ? En tout cas pas tous les
ans si l’on s’en réfère à l’état présent où l’ufologie française s’apprête à
fêter avec nostalgie la vague de 1954, l’année record, en passant dans l’étude
du CUFOS, tant en ce qui concerne le
nombre d’ovnis observés (1000) que de cas rapportés de cheveux d’ange (60).
L’étude de B. Boldman passe trop rapidement sur une tentative de corrélation
entre les observations d’humanoïdes lors des vagues de 1954, en France, et
celle de 1973, aux Etats Unis, à mois constant qui demande pour le moins un
approfondissement car ce qui en est dit (corrélation positive) est beaucoup
trop succinct.
Pour en revenir aux cheveux d’ange, l’étude en question,
qui conclut à une corrélation entre les chutes de cheveux d’ange et les vagues
d’ovnis, souligne que ce résultat ne prouve pas un processus de cause à effet, mais que le phénomène fait partie
intégrante du phénomène ovni. Car, en effet, la courbe de fréquence des
observations d’ovnis établie par Larry Hatch présente un singulier parallélisme
avec celle des cas signalés de cheveux d’ange, surtout jusqu’en 1983, il est
vrai.
L’auteur ajoute, sibyllin, que si la thèse des fils de la Vierge est exacte il faut en inférer que les
rapports d’ovnis et même les vagues sont stimulées par le nombre d’araignées
transportées dans le ciel ! Le danger des corrélations est qu’on peut leur
faire dire n’importe quoi, hélas ! Je préfère donc m’en remettre encore
aujourd'hui à ce qu’en disait J. Clark (et éditeur de l’International UFO Reporter), en 1998, dans sa monumentale
encyclopédie des ovnis : La nature
du phénomène des cheveux d’ange demeure un mystère. Je pense que c’est
beaucoup plus prudent...
Note et
références :
1/ Voir la traduction française par Robert
Benayoun publiée en par Eric Losfeld, Le Terrain Vague, en 1967 disponible
gratuitement sur Internet : http://www.pdfarchive.info/pdf/F/Fo/Fort_Charles_-_Le_livres_des_damnes.pdf
Cette traduction est pour moi préférable à une autre,
plus récente, dite « inédite » de Claude Bugnon, parue chez Joey
Cornu, en 2007.
2/ Bien que plus opérationnel depuis mars 2012, le site
du CUFOS (http://www.cufos.org/) existe encore et permet
diverses consultations d’archives. La totalité des numéros de l’International UFO Reporter est
disponible sur CDROM moyennant 100 dollars.
3/ Auteur de La
propulsion des Soucoupes Volantes par action directe sur l’atome, collection
Etudes, Editions MAME, 1955. Il en parlait comme une mousse sous forme de laine de verre rapidement déliquescente.
Et en donnait 3 exemples : à Florence, Italie, le 28 octobre 1954
(mystérieuse fumée blanche qui tombe à terre) ; à Tarbes et à Lourdes dans
la nuit du 11 septembre 1950 sans décrire le phénomène et à Gaillac, le 27
octobre 1952 (chute de laine de verre).
Publié
dans UFOMANIA
Magazine, N° 39, Printemps 2004.
En Italie, Sébastiano Pernice est "le spécialiste" des "cheveux d'anges": http://ovni91.canalblog.com/archives/2015/10/02/32717323.html
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