Un Snippy japonais ?
Mes amis nippons sont inquiets :
leurs troupeaux d’animaux domestiques sont-ils sous la menace d’un terrible
fléau mutilatoire ?
Un certain rapprochement les incite à
la crainte.
Vous
vous souvenez tous de la pathétique histoire de Snippy, ce petit cheval hongre
du Colorado qui, en septembre 1967, fut retrouvé inexplicablement égorgé,
exsangue, éviscéré et décérébralisé ?
Je lui avais consacré ma chronique de l’Etrange du Courrier de Saône et Loire
Dimanche, le 25 janvier 1987.
Il
avait été question d’ériger un monument à son effigie dans la vallée San Luis,
sur le ranch King, là où était tombé le premier martyr de ces insaisissables
mutilateurs qui, par la suite, firent plus de 10 000 victimes en Amérique.
Le grand carnage
Dans
le livre, publié en 1986 et rapidement épuisé, que j’ai consacré à ce cruel
mystère, je signalais que de tels actes de barbarie étaient quasiment réservés
aux prairies du Middle West. Rien en France, en tout cas, qui puisse rappeler
même de loin des atrocités de ce type. Et, à ce jour, on peut encore se
demander pourquoi tout en se demandant pourquoi.
Le
Japon, lui aussi, n’avait rien à déplorer de semblable jusqu’en août 1989.
Snippy bovin
Le 31 de ce mois-là, dans la région de
Hayase à 15 kilomètres
au sud de Takkatown, le corps d’une vache de race noire fut découvert avec la
mamelle soigneusement découpée en rond, comme cela fut décrit des milliers de
fois aux Etats-Unis. Il lui manquait aussi une oreille et le bout de la langue,
en un scénario classique qui fait froid dans le dos. Pas une goutte de sang ne
semblait s’être échappée de ces horribles blessures.
Ovni
tueur ?
La photo, reproduite ici, m’a été
fournie gracieusement par Shinichiro Namiki, sympathique directeur de la Société Japonaise des Phénomènes Spatiaux. Inutile de
préciser que tout comme pour le pauvre Snippy, on a évoqué les méfaits d’un
ovni ou plus précisément des occupants présumés de celui-ci. D’autant que des
lumières ont filé dans le ciel en direction de la ferme la nuit-même de l’incident.
Mais là-bas comme ailleurs, aucune connexion solide mutilations/ovnis n’a été
clairement établie si bien que je n’ai eu aucun scrupule à m’adresser à mon ami
de longue date – on s’est connu au Canada, il y a plus de 20 ans – Takashi pour
lui demander ce qu’il pense de ce Snippy bovin japonais.
L’avis
d’un spécialiste
Le Dr Makita est professeur
d’anatomie vétérinaire à l’université de Yamaguchi. Son épouse Sunnie, à ce que
j’en sais, excelle dans la préparation des tomates farcies depuis qu’une famille
de jeunes Français lui en a communiqué la recette dans les années 1970…
La première impression de Takashi,
quand il a pris connaissance de la mutilation de Hayase, est qu’elle a pu être
l’œuvre soit d’un ours, soit d’un homme. « Des ours, dans la région de
Hokkaido, ont tué des chevaux adultes et leur ont arraché les membres,
m’écrit-il, en date du 21 février dernier.
Explications
triviales
Et d’ajouter que la langue de bœuf est
fort appréciée au Japon dans les restaurants dits occidentaux et que les Japonais possèdent tous des couteaux très
aiguisés.
Quant à l’absence d’écoulement sanguin,
selon Takashi, cela n’a rien d’extraordinaire si les découpures et dissections
ont été pratiquées plusieurs heures après la mort de l’animal à cause de la
coagulation.
Et à mon ami de conclure, désolé car il
me connaît bien, que toutes ces considérations sont plutôt négatives par
rapport à une attaque d’ovni.
Et
pourtant…
S. Namiki, de Tokyo, lui, ne l’entend
pas de cette oreille qui s’attend à une épidémie d’autres mutilations au Japon.
Un deuxième cas est survenu en octobre 1989 et s’il y en a eu de plus récents,
je n’en ai pas été informé, ce qui est fort possible. Mon expérience sur la
question m’a prouvé que ces relations sont véhiculées avec retardement comme en
témoignent celles que je collecte de source américaine et qui actuellement
rapportent des événements datant d’un an au moins. J’ai ainsi pu clôturer
l’année mutilatoire 1989 sur un score
non négligeable de 115 cas en Amérique du Nord, chiffre record depuis 6 ans.
Alors, j’attends et vous tiendrai au
courant de la suite des événements. Si vous le voulez bien.
Ce
texte fut publié dans DIMANCHE Saône
& Loire le 7 avril 1991.
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