Le Grand Carnage : où en
est-on ?
(1989)
Des cas signalés de plus un plus rares… Des thèses
explicatives qui se radicalisent. N’ai-je pas eu raison d’être prudent ?
Si j'en crois les journaux locaux de là-bas, le
« Grand Carnage » américain, auquel j'ai consacré mon livre sorti
chez Carrère voilà deux ans maintenant, n'est plus, aujourd'hui, qu'une petite
tuerie sporadique, pouvant presque passer inaperçue pour peu qu'on soit mal
informé ou bien incurieux...
Un siège vraiment silencieux
Même en
prenant au pied de la lettre - la sienne datée du 9 juin 1987 - l'avis éclairé
de Tom Adams, l'homme le mieux au fait du phénomène, selon lequel un siège silencieux s'est instauré,
occultant 90 pour cent des cas, j'arrive péniblement à 110 pour 1986 et 70 pour
1987, ce qui n'a plus rien à voir avec l'hécatombe des années 1975-80.
Tant
mieux, me direz-vous ! Et j'espère qu'on ne reverra plus sévir cette plaie
mutilatrice qui laissa les prairies du Middle-west jonchées de milliers de
carcasses exsangues de vaches, bœufs, taureaux et chevaux atrocement mutilés.
Il
n'empêche que ces 10 à 12 000 crimes parfaits avec violence demeurent
totalement impunis, en ce sens qu'on se demande encore quels sont les assassins
sadiques capables de telles monstruosités.
Des mutilateurs aux goûts pervers
En août
dernier, plus près de nous à la Grande Verrière , en Saône & Loire, des
voleurs de bétail opérèrent dans un champ dit du Moulin Blanc. Selon le scénario classique à nos régions, ils ne
laissèrent d'un veau de 300 kilos, sur le sol derrière eux, qu'une mare de
sang, la tête décapitée, la queue, la
panse, le cœur, les poumons et les tripes. Or, ce sont justement ces parties-là qui manquent aux victimes
américaines. Et le travail est fait sans épanchement de sang si bien qu'on a pensé
que ce dernier était pompé au
préalable.
Ajoutez-y
les organes sexuels excisés, le rectum évidé, la langue sectionnée, comme
constaté, par exemple, sur une vache dont la viande comestible était restée intacte
le 26 mars 1987, dans le comté Hempstead, en Arkansas, et vous mesurez alors
toute la différence et l'apparente
absurdité de ces abominables exactions ; surtout quand je vous apprends
qu'elles furent effectuées sur certains animaux encore vivants !
Prédateurs ou dealers ?
Pour rationaliser le phénomène, on a
été contraint d'inventer de nouvelles races de prédateurs à la hauteur, si
j'ose dire, de l'horrible tâche car on voit mal les écureuils, les coyotes et
les pies, accusés officiellement, s'attaquer à de si grosses proies et les
laisser dans cet état.
Autres exemples, en Ohio en 1967,
une vache coupée en deux comme par de
gigantesques ciseaux. Même chirurgie sur un veau texan, en 1984.
Deux thèses s'opposent encore,
celles des cultes sataniques et du projet secret d'armes bactériologiques sous
couvert du gouvernement US ne trouvant plus guère de partisans. Quant à celle
des trafiquants de drogues, légèrement
shootés, survolant les troupeaux en hélicoptères silencieux, il n'y a plus
que mon vieil ami Ed Austin pour la défendre. Mais il s'y accroche comme à un
bel os, le bougre.
Psychose hallucinatoire ?
Assez curieusement, à mon sens, la
raréfaction des événements semble avoir donné de la vigueur à l'explication
d'hystérie de masse : en clair, ces morts et ces mutilations seraient tout à
fait naturelles, les éleveurs américains, sous la pression de changements
sociaux profonds qui les affectent, ayant enfanté un mythe, relayé par des
journalistes avides de sensations. J'ai un seul argument à opposer et il me
semble décisif : pourquoi donc les fermiers d'aujourd'hui ne perpétuent-ils
plus ce qui, en quelque sorte, ferait partie de leur folklore, alors qu'ils ne
se privent pas de passer pour des hallucinés de la pire espèce en signalant des
félins fantômes, des créatures aux grands pieds, des monstres poilus, tous non
identifiés bien entendu, et qu'on avait reliés causalement aux mutilations de
bovins ?
Les BETE's affamés.
Quand je fus invité par J.C.Bourret
à RMC pour parler de mon livre, en mars dernier, à mon instigation, ils
demandèrent téléphoniquement à Linda Howe, du Colorado, de témoigner sur ce qui
se passe encore là-bas. La chère Linda, bien que confrontée réellement à un cas
récent de mutilation classique près de chez elle, n'eut de cesse de parler des
lumières nocturnes et mouvantes qui accompagnent souvent dans son Etat, les
sévices mutilatoires. Selon elle, ce sont des extra-terrestres qui font la
récolte de matériau génétique bovin pour créer des robots biologiques !
Je sais que certains de mes
confrères français écrivains de l'impossible partagent cette fantastique
hypothèse. C'est vers les années 1970 qu'un pacte aurait été fait entre les
deux grandes puissances est/ouest et des entités biologiques E.T. (en anglais B.E.T.E.s). Moyennant la révélation aux
Terriens de secrets technologiques importants, en contrepartie, il aurait été
accepté de fermer les yeux sur les kidnappings humains
et d'occulter toutes les informations concernant les mutilations de bovins.
Ainsi, ces BETEs ou petits Gris, d'après leurs tailles et
couleur, auraient l'autorisation implicite de faire provision parmi nous
d'hormones et d'enzymes humaines et bovines destinées à restaurer leurs
dysfonctionnements génétiques...
Je trouve, pour ma part, cette histoire bien alambiquée,
mais peut-être que je me trompe ?
Publié
dans Le
Courrier de S. & L. du 10 décembre 1988.
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