vendredi 13 mai 2016

Le Grand Carnage : où en est-on ?
(1989)

Des cas signalés de plus un plus rares… Des thèses explicatives qui se radicalisent. N’ai-je pas eu raison d’être prudent ?

Si j'en crois les journaux locaux de là-bas, le « Grand Carnage » américain, auquel j'ai consacré mon livre sorti chez Carrère voilà deux ans maintenant, n'est plus, aujourd'hui, qu'une petite tuerie sporadique, pouvant presque passer inaperçue pour peu qu'on soit mal informé ou bien incurieux...

Un siège vraiment silencieux
Même en prenant au pied de la lettre - la sienne datée du 9 juin 1987 - ­l'avis éclairé de Tom Adams, l'homme le mieux au fait du phénomène, selon lequel un siège silencieux s'est instauré, occultant 90 pour cent des cas, j'arrive péniblement à 110 pour 1986 et 70 pour 1987, ce qui n'a plus rien à voir avec l'hécatombe des années 1975-80.

Quant à 1988, j'ose à peine extrapoler...

Tant mieux, me direz-vous ! Et j'espère qu'on ne reverra plus sévir cette plaie mutilatrice qui laissa les prairies du Middle-west jonchées de milliers de carcasses exsangues de vaches, bœufs, taureaux et chevaux atrocement mutilés.

Il n'empêche que ces 10 à 12 000 crimes parfaits avec violence demeurent totalement impunis, en ce sens qu'on se demande encore quels sont les assassins sadiques capables de telles monstruosités.


Des mutilateurs aux goûts pervers
En août dernier, plus près de nous à la Grande Verrière, en Saône & Loire, des voleurs de bétail opérèrent dans un champ dit du Moulin Blanc. Selon le scénario classique à nos régions, ils ne laissèrent d'un veau de 300 kilos, sur le sol derrière eux, qu'une mare de sang, la tête décapitée, la queue, la panse, le cœur, les poumons et les tripes. Or, ce sont justement ces parties-là qui manquent aux victimes américaines. Et le travail est fait sans épanchement de sang si bien qu'on a pensé que ce dernier était pompé au préalable.

Ajoutez-y les organes sexuels excisés, le rectum évidé, la langue sectionnée, comme constaté, par exemple, sur une vache dont la viande comestible était restée intacte le 26 mars 1987, dans le comté Hempstead, en Arkansas, et vous mesurez alors toute la différence et l'apparente absurdité de ces abominables exactions ; surtout quand je vous apprends qu'elles furent effectuées sur certains animaux encore vivants !

Prédateurs ou dealers ?
Pour rationaliser le phénomène, on a été contraint d'inventer de nouvelles races de prédateurs à la hauteur, si j'ose dire, de l'horrible tâche car on voit mal les écureuils, les coyotes et les pies, accusés officiellement, s'attaquer à de si grosses proies et les laisser dans cet état.

Autres exemples, en Ohio en 1967, une vache coupée en deux comme par de gigantesques ciseaux. Même chirurgie sur un veau texan, en 1984.

Deux thèses s'opposent encore, celles des cultes sataniques et du projet secret d'armes bactériologiques sous couvert du gouvernement US ne trouvant plus guère de partisans. Quant à celle des trafiquants de drogues, légèrement shootés, survolant les troupeaux en hélicoptères silencieux, il n'y a plus que mon vieil ami Ed Austin pour la défendre. Mais il s'y accroche comme à un bel os, le bougre.

Psychose hallucinatoire ?
Assez curieusement, à mon sens, la raréfaction des événements semble avoir donné de la vigueur à l'explication d'hystérie de masse : en clair, ces morts et ces mutilations seraient tout à fait naturelles, les éleveurs américains, sous la pression de changements sociaux profonds qui les affectent, ayant enfanté un mythe, relayé par des journalistes avides de sensations. J'ai un seul argument à opposer et il me semble décisif : pourquoi donc les fermiers d'aujourd'hui ne perpétuent-ils plus ce qui, en quelque sorte, ferait partie de leur folklore, alors qu'ils ne se privent pas de passer pour des hallucinés de la pire espèce en signalant des félins fantômes, des créatures aux grands pieds, des monstres poilus, tous non identifiés bien entendu, et qu'on avait reliés causalement aux mutilations de bovins ?

Les BETE's affamés.
Quand je fus invité par J.C.Bourret à RMC pour parler de mon livre, en mars dernier, à mon instigation, ils demandèrent téléphoniquement à Linda Howe, du Colorado, de témoigner sur ce qui se passe encore là-bas. La chère Linda, bien que confrontée réellement à un cas récent de mutilation classique près de chez elle, n'eut de cesse de parler des lumières nocturnes et mouvantes qui accompagnent souvent dans son Etat, les sévices mutilatoires. Selon elle, ce sont des extra-terrestres qui font la récolte de matériau génétique bovin pour créer des robots biologiques !

Je sais que certains de mes confrères français écrivains de l'impossible partagent cette fantastique hypothèse. C'est vers les années 1970 qu'un pacte aurait été fait entre les deux grandes puissances est/ouest et des entités biologiques E.T. (en anglais B.E.T.E.s). Moyennant la révélation aux Terriens de secrets technologiques importants, en contrepartie, il aurait été accepté de fermer les yeux sur les kidnappings humains et d'occulter toutes les informations concernant les mutilations de bovins. Ainsi, ces BETEs ou petits Gris, d'après leurs tailles et couleur, auraient l'autorisation implicite de faire provision parmi nous d'hormones et d'enzymes humaines et bovines destinées à restaurer leurs dysfonctionnements génétiques...

Je trouve, pour ma part, cette histoire bien alambiquée, mais peut-être que je me trompe ?



Publié dans Le Courrier de S. & L. du 10 décembre 1988.




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