L’étrange histoire de Snippy
Connaissez-vous la pathétique histoire
de Snippy, ce petit cheval hongre du Colorado qui, en septembre 1967, fut
retrouvé inexplicablement égorgé, exsangue, éviscéré et décérébralisé ?
Certes l'acte en lui-même est horrible
mais il a une autre signification car il constitue le point de départ d'une
épidémie de violences qui se poursuit encore aujourd'hui : Snippy fut la
première victime de la vague de mutilations sur du bétail, aux Etats Unis.
La mort du petit cheval
Il
ne demandait pourtant rien à personne, ce hongre de selle de race naine
indienne palomino, âgé d'à peine 3 ans et parqué sur les terres du ranch King,
à l'extrême sud du Colorado. Sinon pouvoir accéder régulièrement à l'abreuvoir
du corral et quérir parfois quelques poignées d'avoine ; la vallée isolée de
San Luis, constellée de courts buissons et battue par les vents, est
particulièrement aride. Aussi, quand Snippy ne vint pas pour la deuxième
journée consécutive, le 9 septembre 1967, alors que ses deux compagnons étaient
là, Harry King, le propriétaire des lieux, commença à s'inquiéter. Les animaux
lui avaient été confiés en garde par sa sœur, Mrs Berle Lewis, épouse d'un
entrepreneur d'Alamosa, la ville la plus proche.
Lui-même sella sa monture et partit vers la montagne. Il n'eut pas à
aller bien loin. A moins d'un kilomètre au nord de la ferme, au pied du Mont
Bianco, il découvrit le corps de Snippy... ou ce qu'il en restait.
Gisant
sur son flanc gauche en bordure d'une éclaircir de fourrés, non loin du chemin
de terre qui conduit au monument national des Grandes Dunes, il présentait au
niveau du garrot une plaie affreuse: comme si on lui avait fait là tout droit
une horrible entaille au rasoir et arraché d'un coup vers le haut peau et chair
jusqu'à la tête laissant les vertèbres du cou et les os du crâne à nu...
blancs. Dessous, l'homme remarqua "une substance sombre pareille à du
goudron".
Autour
des restes du petit cheval, aucun indice de l'intervention d'animaux sauvages,
aucune trace de lutte, rien qui pût accréditer une action humaine: empreintes
de pneus, de talons, aucune marque d'instruments médicaux à part cette balafre
profonde, point de départ de l'impressionnante écorchure. Le reste du corps
était intact... sans marques de brûlures d'aucune sorte.
Trop
intact d'ailleurs puisqu'il resta ainsi à se dessécher sans attirer les animaux
sauvages, sans gonfler ni se putréfier pendant plusieurs semaines. Pas de sang
non plus, ni au sol ni sur la carcasse et les environs immédiats étaient
baignés par une odeur médicinale
douceâtre. Seuls quelques buissons avaient été comme écrasés par quelque
chose de lourd ayant pris contact sur eux...
Quand
M. King s'éloigna du corps, il distingua très nettement, imprimé dans la terre,
un train de sabots qui lui suggéra le scénario suivant: les trois chevaux
avaient dévalé de la montagne à bride abattue, comme sous l'emprise d'une
grande frayeur et, tout à coup, Snippy avait divergé du groupe tandis que les
autres continuaient en direction du ranch. Il avait parcouru encore plusieurs
centaines de mètres à fond de train en ligne droite puis s'était arrêté ; après
avoir tourné en rond plusieurs fois comme en témoignait l'incrustation des
sabots dans le sol, brusquement, il s'était effondré comme culbuté par quelque chose ... ou bien par quelqu'un...
Y
avait-il dans cette mort somme toute banale sinon normale de quoi ameuter le
monde entier comme cela fut le cas? Songez qu'il fut question d'élever un
monument à l'effigie de Snippy à l'emplacement même où il était mort ; on fit
une collecte à cette intention dans les environs. C'est que le mystère allait
s'épaissir considérablement formant un imbroglio sans précédent.
Des prolongements inattendus
Les
circonstances de la mort de Snippy ou du moins ce que j'en sais... sont
fidèlement rapportées ci-dessus. Quant à tous les prolongements qui en ont
résulté, ils occupent plus de 20 pages de mon livre « Le Grand
Carnage », publié chez Vertiges/Carrère en 1986. On peut s'y rapporter
bien que l'ouvrage ne soit plus disponible en librairie.
Sachez
simplement ici qu'une série d'enquêtes et de mesures sur les lieux du drame,
dans les jours qui suivirent la découverte du cheval, aboutirent à une récolte
de détails énigmatiques qui, non seulement éliminent toutes les explications naturelles
avancées, mais amenèrent le Valley
Courrier de Alamosa du 6 octobre 1967 à écrire: Dans l'Ouest, les doigts commencent à se pointer en direction du ciel.
Snippy, un appaloosa de 3 ans a été tué et le bruit court avec de plus en plus
d'insistance que le salaud qui a fait cela se déplaçait en ovni.
Mais
la veille, le Pueblo Chieftain
n'avait-il pas été encore plus explicite en désignant textuellement un chirurgien à bord d'un ovni radioactif
comme le coupable ?
Il est vrai que la thèse de la foudre comme cause naturelle de la mort
de Snippy, et à laquelle se raccrocha le shérif du comté Ben Phillips pour ne
pas se rendre sur le site, avait du mal à s'appliquer en l'occurrence. La
foudre n'a pas l'habitude de poursuivre un animal en faisant des ronds
au-dessus de lui ; elle frappe plutôt en ligne droite.
De
même, le lion de montagne parfois accusé devait être doté d'une drôle de
mâchoire pour réaliser une telle incision qui rappelait beaucoup mieux celle
que laisserait la lame affûtée d'un couteau acéré manié avec dextérité.
Foin
aussi des prédateurs qui se seraient attaqué à l'animal pour ensuite se
désintéresser de la viande ainsi offerte à leur convoitise. Reconnaissons que
les allées et venues de Mrs Lewis sur place, qui conduisait des hordes de
curieux en guise de pèlerinages organisés, ne leur laissait guère latitude
d'accomplir leur travail de nécrophages.
A
moins d'incriminer de monstrueux oiseaux capables de laisser des empreintes en
creux dans le sol, comme ce fut constaté à 200 mètres de la carcasse
(8 trous disposés en cercle) et souffrant, bien sûr, d'une maladie les rendant
radioactifs pour justifier les mesures effectuées le 23 septembre, par le garde
forestier Duane Martin.
Car,
devant l'ampleur prise par l'incident - l'histoire de Snippy fit le tour de la
planète - il fallut faire preuve d'imagination parmi les anti-ufologues pour
étouffer la rumeur. Et dans ce cas, tous les arguments sont bons, fussent-ils
manifestement absurdes. Tout y passa: une colonie de fourmis nomades, super-organisée,
avançant - et consommant - en ligne droite à l'exemple d'un défilé militaire de
troupes. L'infection foudroyante qui avait, bien entendu, coupé Snippy dans son
élan, après avoir désorienté sa course. Ainsi, dans la foulée si j'ose dire, on
réglait cette épineuse question de l'absence des organes internes constatée sur
le corps de l'animal ; en effet, le 8 octobre, un médecin légiste de Denver, à
l'issue d'une autopsie d'une durée de une heure réalisée dans le champ même,
annonça que les cavités abdominales, cervicales et spinales, étaient
mystérieusement vides, ce qu'il avouait ne pouvoir expliquer, surtout
naturellement. Cinq jours plus tard, certes, il démentait, prétendant s'être
trompé... mais tout de même la ficelle était trop grosse.
On
parla aussi de l'œuvre de désaxés pour donner une cause raisonnable (!) à la
mort de Snippy: On lui aurait ni plus ni
moins trempé la tête dans un bac d'acide... D'où l'aspect de sa blessure.
Et, comme dans un film policier de série B, était-ce bien le vrai Snippy qui
avait été retrouvé ? N'y avait-il pas eu substitution de corps ? Il fallait
alors chercher ailleurs les mobiles de l'opération.
Devant
cette cacophonie due à l'incapacité à résoudre l'énigme rationnellement, on se
tourna alors résolument vers l'Inconnu en mettant en cause les ovnis. Il est
vrai que le contexte était alors fort propice à cette théorie. En effet, cette
région du Colorado a toujours fait l'objet d'une activité intense d'objets
volants non identifiés. Et ce avant et après l'affaire Snippy.
La connexion ovni
Le
12 mai 1967, Ben King, le frère de Harry, n'avait-il pas rapporté avoir été
suivi dans sa voiture alors qu'il roulait sur la route des Dunes par un objet
rouge et brillant de la forme et de la taille apparente d'un ballon de rugby
qui, selon lui, évoluait à une trentaine de mètres d'altitude ? Il stoppait quand je m'arrêtais et reprenait
son mouvement quand je repartais, brillant d'un rouge intense avec une queue
lumineuse bleue et clignotant de temps à autre. Finalement, il avait
disparu avec la soudaineté d'une lampe
qui s'éteint.
Mais
la conviction de Mrs Lewis, selon laquelle Snippy avait été attaqué par un
ovni, vint surtout du témoignage de Mrs Agnes King, sa belle-mère âgée de 87
ans mais encore très alerte qui, le soir même de l'agression, vit un gros objet inconnu glisser
silencieusement au-dessus de sa maison dans le ciel nocturne en direction du
ranch. Or, Snippy fut trouvé dans l'état qu'on sait à quelques centaines de
mètres de là...
Et
tout sembla bien indiquer qu' « ils » ne quittèrent pas la
région aussitôt puisque, dans la nuit du 28 septembre, des dizaines de
personnes à Alamosa et Monte Vista signalèrent avoir assisté dans le ciel à
l'explosion d'un ovni lumineux, rouge, vert et blanc...
Le
soir du 8 octobre, le vétérinaire ayant procédé à l'autopsie de Snippy resta à
souper chez les King. A 22 heures, ils aperçurent deux ovnis qui passaient...
Puis, le 10 octobre, le juge de la Cour Suprême Charles
Bennett et son épouse eurent l'attention attirée par un ronflement sonore alors
qu'ils rentraient en automobile à Denver. Que virent-ils en regardant en l'air
? Un objet volant énorme en forme de
triangle avec des anneaux à chaque sommet.
Vous
pensez bien que ces observations à répétition plongèrent la région dans un état
de surexcitation extrême. Surtout lorsque le Dr Edward U. Condon
(1902-1974), chargé récemment d'une célèbre étude sur les ovnis, dans le cadre
de l'Université du Colorado, refusa de se déplacer en personne pour voir la
dépouille de Snippy.
Des
étudiants de ce même établissement vinrent, eux, camper au pied du monument des
Grandes Dunes de Sable. Et la nuit, à l'aide de jumelles et enroulés dans
d'épaisses couvertures parce que le temps était plutôt frais, ils scrutèrent la
vallée... Et leur attente fut récompensée puisque, le 13 octobre, deux d'entre
eux observèrent une grosse lumière blanche qui descendait... vers la carcasse
de Snippy. Il était 1 h 30 du matin et Condon, lui, dormait à moins de 300 km de là...
Si
bien qu’on ne saura jamais si un ovni fut responsable de la mort de Snippy. Ce
que l’on sait par contre, c’est que d’étranges mutilations ont continué à se
produire depuis dans la région (600 cas, annonçait dernièrement David Perkins)
et, dans une lettre du 19 décembre, j’apprenais de ma correspondante, Linda
Moulton Howe, qu’un cas spectaculaire touchant un taureau avait été enregistré
en novembre 1986 à quelques kilomètres du ranch King…
Vingt-et-un
ans se sont écoulés depuis Snippy et on en est toujours au même point. On
s’interroge…
Ce
texte fut publié dans Le Courrier
de Saône & Loire DIMANCHE du 25 janvier 1987.
Derniers épisodes de la saga de
Snippy
Vous vous souvenez, j’espère, de l’histoire tragique de ce petit cheval du Colorado que je vous ai racontée, il y a juste vingt ans (comme le temps passe !). Surnommé « Snippy » bien que son vrai nom ait été « Lady » (il s’agissait, en fait d’une petite jument), sa mort mystérieuse avait soulevé une certaine émotion surtout consécutive au détail de ses blessures et quand la thèse avait circulé qu’elles lui avaient été infligées par des extraterrestres ! L’affaire figure dans mon livre : « Mutilations de bétail », paru chez JMG Editeur en 2003...
Eh bien voilà que Snippy refait parler
de lui (ou d’elle) justement 40 ans après les faits qui l’avaient mis au rang
de première victime de ces mutilateurs fantômes du Middle West. Mais avant un
bref rappel des faits pour ceux qui débarquent.
Snippy,
3 ans, de race naine indienne appaloosa palomino, était parqué, en septembre
1967, sur les terres semi désertiques d’un ranch, dans la vallée San Luis, à
l'extrême sud du Colorado. Chaque jour, il visitait l'abreuvoir du corral et
recevait parfois quelques poignées d'avoine...
Aussi,
quand Snippy ne vint pas deux jours de suite, contrairement à ses deux
compagnons, le propriétaire des lieux, commença à s'inquiéter. Il sella, donc,
sa monture et partit vers la montagne. Pas bien loin. A moins d'un kilomètre de
la ferme, au pied du Mont Blanca, il découvrit le corps de Snippy... ou ce qu'il
en restait : l'animal présentait au niveau du garrot une plaie affreuse :
comme si on lui avait fait là, d'un coup, une horrible entaille, rectiligne, au
rasoir et ensuite arraché, vers le haut, peau et chair jusqu'à la tête,
laissant les vertèbres du cou et les os du crâne à nu. Pas de sang, ni sur
l'animal, ni à côté.
Autour
du corps gisant, aucune trace d'animaux sauvages, aucun indice de lutte, rien
pour accréditer une action humaine sauf, imprimé dans la terre, un train de
sabots, suggérant que les trois chevaux avaient dévalé de la montagne à bride
abattue, comme sous l'emprise d'une grande frayeur. Tandis que les autres
continuaient en direction du ranch, Snippy avait divergé du groupe, continué
tout droit avant de s'arrêter et avait alors tourné en rond plusieurs fois
avant de s’effondrer comme culbuté
par quelque chose venu d’en haut…
L’absence
constatée d’organes internes, une odeur anormale (encens, formaldéhyde), de la
radioactivité et des ovnis observés dans la même période ; la légende naquit
ainsi : Snippy avait succombé à une attaque d’ovni comme tout le bétail
qui fut par la suite signalé mort et charcuté !
Concernant Snippy, on savait que sa
carcasse avait été aussitôt récupérée par un vétérinaire local qui l’avait
dépecé… et prétendu avoir trouvé dedans deux balles de 22 long rifle tirées
plutôt par des vandales que par des ET. Selon lui, les prédateurs avaient fait
le reste ; ou bien les barbelés ? On savait même qu’il en avait
reconstitué et consolidé le squelette. Les restes de Snippy, après avoir
séjourné à la chambre de commerce de la ville la plus proche de Alamosa, firent
l’objet d’une donation à un musée puis ils échouèrent au domicile d’un
collectionneur qui décéda en 2003.
C’est en décembre dernier que Snippy
fait son apparition sur le site à enchères eBay. En clair, les héritiers du
collectionneur se sont dit que cette pièce doit avoir de la valeur et ils
veulent la vendre au plus offrant. Pour l’instant la dernière offre est de 1825
dollars, ce qui est loin des 50 000 visés comme minimum. Du coup les
descendants du propriétaire initial se sont réveillés et veulent récupérer le
squelette qui, selon eux, ne doit pas quitter la vallée San Luis. Une fondation
a vu le jour pour sauver Snippy en quête de donations ; il existe un site : www.snippy.com
avec vidéo de commentaires, vues du squelette, ventes de tee-shirts et sacs, de
tapis de souris à l’effigie de Snippy et blog ! - Elle est notre icône, a déclaré le directeur de la chambre de
commerce derrière cette opération.
Le squelette
en vente aux enchères sur eBay.
Ce
texte fut publié dans DIMANCHE Saône
& Loire le 18 mars 2007.
Apparemment, le squelette de
Snippy n’a pas trouvé preneur pour le prix demandé.
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