Les enlèvements ET : réels ou imaginaires ?
Si l’on en croit la chronique, une
multitude d’extraterrestres arrivés jusqu’à la Terre -
aux larges yeux et à la peau grise (!) - seraient engagés, depuis plus de 50
ans, dans une vaste opération d’enlèvements d’individus visant à faire des prélèvements
et des examens sur la population humaine, surtout anglo-saxonne, à des fins
indéfinies et mystérieuses… Rien que cela !
Face à pareille et extraordinaire
assertion, la question qui se pose est : les personnes qui témoignent de cette
opération, sont-ils réellement emportés dans l’espace, examinés, et ensuite
restitués ? En d’autres termes, y a-t-il quelque chose d’objectif derrière toute
cette affaire ou bien n’est-ce que fantasmagories manifestement subjectives (irréelles),
voire psychiatriques ?
Il faut se souvenir
qu’il y a, chez tous les esprits peu cultivés (1),
une tendance à transformer les images internes
en faits objectifs;
on croit aisément avoir vu ce que l’on s’est
imaginé.
F. Myers, Les Hallucinations Télépathiques, Félix Alcan, 1905.
Que
des vaisseaux spatiaux venus d’ailleurs hantent notre ciel, c’est déjà peu
évident compte tenu de toutes les objections qui s’y opposent : mais n’est-ce
pas grâce à un tel scénario de vol spatial que la technologie terrestre a pu
réaliser, dans le ciel lunaire (missions Apollo) et martien (sondes et autres
engins posés et explorateurs), ses premiers pas hors de sa planète originelle ?
Que les pilotes de ces engins aient pu s’en extraire après atterrissage sur Terre,
pourquoi pas, les astronautes des missions lunaires ont bien fait de même ? Déjà,
l’aspect et l’attitude de certains de ces prétendus extraterrestres (ET) (humanoïdes à l’allure trop humaine et surtout
sans combinaison spatiale), ont soulevé des interrogations quant à leur
provenance. Mais qu’en plus, à l’insu des autorités officielles et en toute
impunité, ces ET débarqués sur notre sol s’adonnent, compulsivement, à une
opération massive d’échantillonnage et de sévices divers sur les humains sans
que la moindre preuve physique, si ce n’est celle des témoignages ahurissants
des victimes, soit disponible, est une fable difficile à avaler autrement que
comme un conte de fées moderne. Une fable à forte tendance libidinale trop humaine à mon sens
Et pourtant
l’ufologie, tout d’abord réfractaire puis reluctante
à s’y intéresser, après avoir longtemps nié (2) ces récits de prétendus enlèvements
ET, à dû se résoudre à les intégrer dans son corpus; une concession qui
pourrait bien à terme la ridiculiser et la décrédibiliser totalement et pas
seulement aux yeux des scientifiques déjà peu enclins à quelque considération
envers elle. Ceux-ci, d’ailleurs, ne s’y sont pas trompés en la laissant se
dépêtrer avec cette facette connexe difficile à interpréter. Heureusement, après
une longue période de grande confusion, certains indices récents semblent indiquer
qu’on revient à plus de raison ; et c’est tant mieux.
Brièvement voyons comment cette thèse des enlèvements ET a émergé du milieu
occultiste et spiritualiste pour venir s’imposer en ufologie, puis
appesantissons-nous sur ce qui a pu amener à cette poussée médiatique délirante
des années 1990-95 [d’aucuns y voient le mécanisme d’implantation d’un mythe contemporain
(3)] pour finalement constater qu’après une véritable autodestruction par le
nombre, après avoir engendré les pires excès (notamment dans la quête de preuves tangibles), les pires outrances,
l’épidémie est en passe de sombrer dans un salutaire reflux observé aujourd’hui.
Un retour aux fondamentaux de l’ufologie : les observations (4) célestes et les
enquêtes sur le terrain - dont tout ufologue ne peut que se réjouir, du moins à
mon sens.
Examinons
d’abord comment l’idée de relations psychiques entre certains hommes (on nomme ces
gens privilégiés des contactés) et
des créatures étrangères à notre planète (aliens)
s’est immiscée insidieusement dans l’ufologie, en une parodie de la rencontre
de Moïse avec Dieu sur le Mont Sinaï (Exode, 19 :16-20). Née en Europe, elle a
fait ensuite florès Outre Atlantique.
Contactés voyageurs
Bien
que le premier contacté fût suédois,
l’Amérique a, depuis toujours, été une pépinière pour les contactés de tous
poils. E. Swedenborg (1688-1772), dans son traité cosmologique publié en 1758,
informait le monde qu’il avait personnellement visité les différentes planètes
du système solaire (sauf Uranus, Neptune et Pluton inconnues à son époque !) et
même au-delà et y avait découvert tous les bienfaits qu’il aurait souhaité voir
appliquer à notre monde : justice sociale, progrès technologique,
éducation publique et bien-être moral...
Avant
1900, la Suissesse
Catherine Elise Muller, alias Helène Smith, ramena de ses pérégrinations
médiumniques sur Mars des paysages pittoresques (descriptions, dessins) mais
aussi une langue martienne (!) sur laquelle cogita longuement le professeur de
psychologie genevois Theodore Flournoy (1854-1920) malgré l’évidence qu’elle
présentait beaucoup de similitudes avec le français !
Ces
deux précurseurs issus de la tradition religieuse mystique, voyageant en astral plutôt qu’en ovni, furent
prolongés par la mouvance occulte à travers la théosophie (5), jusqu’à l’arrivée
de l’ufologie moderne quand certains témoins arguèrent de leur réussite dans
une communication psychique avec les occupants des mystérieux airships (1946) ; puis, avec les pilotes
des soucoupes volantes (1950).
Ces contactés de la première heure étaient
des prophètes modernes transmettant des messages spéciaux sensés provenir des
ET surtout axés autour du sauvetage de l’humanité du désastre (nucléaire) qui
l’attendait ; les ET en question étaient des Êtres Supérieurs, des Grands
Frères (le terme n’a pas attendu Obama pour être utilisé !).
Quelques noms de cette période : Daniel Fry
(1908-92), Howard Menger (1922-2009) [6], Laura Mundo (1913-89), George Van
Tassel (1910-78) ; et George Adamski (1891-1965) lequel prétendit embarquer
depuis le désert de
Californie
pour Vénus, Mars et Saturne… Il présenta même en 1951 des photos fantaisistes de
la face cachée de la Lune ramenées
de son excursion spatiale !
En fait,
tous ces contactés voyageurs, amis
des ET, rapportèrent des informations sur les planètes voisines de la Terre encore mal connues qui,
malheureusement, se révélèrent parfaitement fausses au fur et à mesure des
acquits de la conquête spatiale (quelques rares exceptions sont encore
avancées, sur lesquelles il serait trop long d’épiloguer). Adamski prétendait
avoir rencontré des Vénusiens grands et blonds alors qu’on sait que cette
planète est un chaudron brûlant au pire susceptible d’abriter un bouillon de
culture bactérien thermophile !
Jusqu’en
1960, les relations entre les contactés
et les ufologues demeurèrent très distanciées, au stade de deux univers mentaux séparés (7) malgré leur point de convergence patent
à travers l’hypothèse extraterrestre comme origine des ovnis, très en vogue à
l’époque.
Les premiers abductés
C’est en septembre 1961, le 19 précisément, que
se situe l’épisode initial, fondateur,
du phénomène dit d’abduction (8), assimilable
à un enlèvement par les ET : il s’agit du voyage
interrompu de Barney et Betty Hill, survenu près de Groveton, New Hampshire,
alors qu’en auto, ils s’en retournent à leur domicile après un déplacement à
Québec.
Betty,
au côté de Barney (un couple biracial), le conducteur de leur Chevrolet Bel
Air, peu après minuit alors qu’ils roulent sur la
US Highway 3, remarque une étrange lumière
dans le ciel qui semble les suivre et se rapprocher car sa taille ne cesse de
grossir. Elle pousse du coude son mari qui traverse alors une zone escarpée
montagneuse ; à l’instigation de Betty, Barney arrête son véhicule et ils
sortent pour dégourdir les pattes de leur chien Delsey et observer le ciel ;
ils s’éloignent prudemment car c’est une région à ours ! Ayant remarqué que la
lumière est toujours là et en mouvement, Betty va chercher une paire de
jumelles dans l’automobile en stationnement ; ils la braquent en direction de
l’ovni. Ce qu’ils allaient apercevoir
tous les deux devait définitivement bouleverser leur vie et, ainsi que certains
observateurs le prétendent, le cours de l’histoire du monde, écrit pompeusement
John G. Fuller (9).
En
fait, il est difficile de savoir exactement ce qu’ils ont réellement vu et vécu
même à la lecture du livre de Fuller qui narre par le menu leur aventure ; entre
leurs souvenirs conscients (objet brillant en forme de crêpe, silencieux, avec des lumières clignotantes, qui les suit), leurs
impressions sur le coup (énorme vaisseau structuré comprenant une rangée de
fenêtres avec derrière au moins six silhouettes qui les regardent), la
paralysie passagère de Barney, puis leur fuite hystérique, leurs souvenirs du
lendemain (un étrange bip-bip électronique, leur marche dans les champs) et ce
qui va ressortir de leur période d’amnésie d’une durée de 2 heures qu’ils vont
se remémorer plus tard, sous hypnose…, on a du mal à faire la part des choses.
Car
Barney et Betty vont arriver à destination avec un tel retard sans pouvoir dire
ce qui s’est réellement passé durant ce laps de temps manquant : d’oubli commun à deux.
Cette fameuse
période d’amnésie consécutive à l’observation d’un ovni va devenir plus tard
une phase-clé et incontournable de l’expérience abductive quand l’hypnose va être avalisée pour réveiller les souvenirs oubliés ; voici un
réservoir inépuisable de détails à extraire de l’esprit des témoins soumis à un
tel scénario qui va bientôt constituer un puits sans fond (nourrissage (enjolivement ?) du récit au fur et à mesure des
sessions d’hypnose régressive) mais aussi une raison majeure de fabrication par les hypnothérapeutes
accusés d’influencer les témoins et d’implanter dans leur esprit de faux
souvenirs stéréotypés.
Pas
plus traumatisés que ça, Barney et Betty, après avoir discuté ensemble,
décident de garder pour eux leur curieuse expérience ; pas longtemps : le
surlendemain, Betty en parle à sa sœur puis à leurs voisins. Ainsi, l’histoire
remonte à la police locale puis à la base aérienne voisine de l’US Air Force (Pease) qui, suite à un échange téléphonique entre Barney et le
major de la 100ème escadre de bombardiers de la base, en fait un
rapport d’information succinct et bateau
qui conclut qu’il est impossible de
croire à la possibilité ou à la véracité de ces événements.
Il est
ainsi probable qu’on en serait resté là – un banal cas d’observation d’ovni –
si Betty n’avait pas eu, dans les semaines après l’incident, des rêves (9) récurrents
décrits comme des cauchemars extrêmement
vivaces où elle se voyait enlevée par un ovni !
Elle
raconte tout cela à un représentant du N.I.C.A.P. (11) qui interviewe le couple
le 21 octobre pendant 6 heures, ce qui les met sur le devant de la scène. Le 3
mars 1963, les Hill donnent leur première conférence publique… Betty semble apprécier
ce brouhaha médiatique (12) autour d’eux, Barney, beaucoup moins. Au point que sa
santé ayant montré quelques problèmes, il consulte un médecin qui l’oriente
vers un psychiatre, lequel, dès le 6 juin 1964, le soumet à des séances
d’hypnose destinées à réveiller ses
souvenirs ainsi emprisonnés et les
libérer d’une emprise supposée faire écran.
Betty, a devancé son mari dans cet exercice, 3 mois plus tôt ! Ainsi, se complète
leur aventure avec un timing détaillé de l’embarquement dans l’ovni aux côtés
de créatures à tête chauve et mongolienne et des examens et prélèvements (de
sperme pour Barney et d’ovules pour Betty à l’aide d’une aiguille enfoncée dans
le nombril). Un scénario répliqué
depuis par des milliers d’abductés et
un prototype d’ET abducteur devenu
une image inscrite au patrimoine de l’inconscient collectif US.
Quelques émules jusqu’en 1980
Pendant
plus de 20 ans, l’aventure rapportée par les Hill qui, n’était pas, soit dit en
passant, la première suggestion de kidnapping forcé dans les annales de
l’ufologie, ne constitua pas, certes, un cas isolé, mais ne fit pas non plus tache
d’huile.
Malgré
la forte publicité médiatique dévolue à cette affaire (elle parut dans la revue
Look
en feuilleton en 1966 !), peu d’autres cas émergèrent après, notamment aux
Etats-Unis où seulement un cas fut signalé jusqu’en 1973 [cas Schirmer (13)] et
discuté dans le rapport Condon.
La
vague d’observations d’ovnis qui se produisit alors draina quelques cas connus
par les noms des victimes : Hickson (1973), Roach (1973), Walton (1975), Moody
(1975), Larson (1975), Stephen (1975), Thomas (1976), etc. et Andreasson
(réminiscence d’une rencontre de 1967). Le premier livre écrit sur le sujet des
abductions paraît en 1977 (14) et se
consacre à l’examen de 13 cas.
Jusqu’en
1980, ces rencontres avec des occupants d’ovni relatèrent chacun un scénario particulier
bien spécifique, même si tous sont confrontés malgré eux à des êtres de petite
taille et souffrent de la période d’amnésie qu’on tente déjà de lever grâce à
des séances d’hypnose.
Quelques
cas émanent hors de l’Amérique mais au compte-goutte. Au point que l’ufologue
britannique, Jenny Randles, en 1979, dans un livre généraliste sur les ovnis,
qualifiait les quelques cas d’enlèvements supposés existant à l’époque de très rares ; dix ans plus tard, elle
consacrait (15) au sujet un ouvrage entier présentant 200 cas d’espèce documentés, y compris un catalogue de 26
cas britanniques. A noter qu’elle y incluait pour la France : Valensole et
Romans (cas Giuliana) or, à ma connaissance M. Masse n’avait pas été enlevé
(mais seulement paralysé), et les prélèvements n’ont touché que la lavande (!) ;
pour le second cas, il y avait de sérieuses réserves comme remarquées par le
regretté Michel Figuet qui en soulignait déjà l’extrême subjectivité !
Dans la compilation pionnière de 1987 de Thomas E.
Bullard (16), un folkloriste ufologue de l’université de Bloomington, Indiana, dont
les abductions constituèrent le sujet
de thèse, on trouve seulement 5 cas français (17) (2 %) sur un total de 270
s’échelonnant entre 1858 et 1985 en Amérique du Nord (49 %), Amérique du Sud y
compris le Brésil (26 %), Australie (8 %) et Europe surtout Angleterre (19 %).
Ainsi
arrive-t-on à 1989-90, avec un phénomène d’abduction
« non formaté », limité
numériquement et géographiquement, s’abritant timidement sous l’ample pelisse
de l’ufologie qui compte déjà des dizaines de milliers de cas. Mais deux ans
plus tard, la rumeur allait envahir le monde et dynamiter l’ufologie, la
forçant à s’en préoccuper : les abductés
américains existent par millions !
Qu’est-ci
qui a pu ainsi transformer, en l’espace de deux ans, ces quelques expériences individuelles
anecdotiques en fait de société massif ? Cela s’est fait en deux temps, le
premier d’ailleurs dans une certaine indifférence malgré l’énormité de
l’information.
L’enquête d’OMNI (1988)
Sous l’impulsion
d’un auteur à succès (18) sur le phénomène des abductions qui commençait à passionner les foules (19), le mensuel OMNI,
dans son numéro de décembre 1988, en marge d’un long article sur la question,
proposa un questionnaire à ses lecteurs où figuraient, entre autres, mêlées à des
questions plus périphériques, les deux suivantes (il y en avait 25 (20) en tout)
: 1/ - n’avez-vous jamais vu quelque
chose que vous pensez être un ovni ? et, si oui, 3/ (je garde la
numérotation initiale) - quand vous vous
remémorez cette observation, ne vous semble-t-il pas y avoir des trous bizarres
comme si vos souvenirs de l’expérience ne formaient pas un tout cohérent ?
(21). Visés, les 5 millions de lecteurs potentiels de ce magazine (22).
Le
résultat de cette enquête fut publié en février 1989 : 2000 questionnaires avaient été retournés remplis : 75 % faisaient état
d’une observation d’ovni (1/) suivis à 42 % par l’expérience de temps manquant (2/). 41 % rapportaient
avoir fait des rêves récurrents concernant des ovnis et 65 % pensaient que
ceux-ci (les ovnis) pouvaient bien être
extraterrestres ! Pamela Weintraub, la rapporteuse de ces confessions, révélait que 450
questionnaires remplis avaient été envoyés par B. Hopkins à la Fund for UFO Research qui avait rentré les
données sur un ordinateur. Finalement, les données avaient été envoyées (quel
micmac !) à Robert Swiatek, le tsar des
abductions de la fondation (sic) qui les avait analysées pour voir ce
qu’elles pouvaient signifier : 4 % des réponses d’hommes et 11 % des réponses
de femmes donnaient des informations assez proches pour être acceptées comme abduction (sic). A partir de là, le Dr
Jean Mundy, psychologue new-yorkaise participante au dépouillement, m’écrivait
en 1989, qu’elle estimait que 50 % des
gens qui avaient écrit avaient eu une rencontre rapprochée avec des vaisseaux
spatiaux et leurs occupants !! Et d’ajouter que, jugeant de ces réponses, probablement un million d’Américains avaient
été en contact direct avec des ET, peut-être plus (23).
Malgré la contestation de P. Klass arguant qu’il y avait
dans ce questionnaire un biais manifeste (24), le rendant inapte à être extrapolé
à la population américaine, la rumeur était lancée et bien lancée. Elle allait
enfler pour atteindre un niveau ahurissant en 1992.
Le sondage ROPER (1991)
Des millions
d’Américains disent avoir été enlevés par des extraterrestres !, titra le prestigieux Times en juillet 1992 ! En France, Paris Match et VSD lui emboîtèrent le pas sans beaucoup vérifier.
A
l'origine de ce scoop venu d’Amérique, un sondage de 1991 auprès d’un panel
d’Américains [exclus, ceux de l’Alaska et de Hawaï) de plus de 18 ans
(pourquoi ?)], par The Roper
Organization pour le compte de la Bigelow (25)
Holding Company (BHC), visant primairement à déterminer le pourcentage de
sujets ayant vécu des expériences
anormales inhabituelles dont le syndrome d’abduction ovni fait partie.
A 5947
personnes sélectionnées (26), il a été posé 11 questions dont celles : 3/ (je
garde ici aussi la numérotation d’origine) : - Avez-vous vu un ovni? et 11/ : - Avez-vous fait des rêves où apparaissaient très nettement des ovnis ?
; mais surtout 5 autres sensées indicatives
d’une expérience d’abduction avec la notion de fréquence : une fois, une
fois ou deux ou jamais, à savoir :
4/ Vous est-il
arrivé de vous réveiller paralysé avec le sentiment d’une personne étrange ou
d’une présence ou de quelque chose d’autre dans votre chambre ?
5/ Avez-vous eu
l'impression de voler dans les airs même si vous ne savez pas pourquoi ni
comment ?
7/ Avez-vous fait
l'expérience d'une période de temps d’une heure ou plus pendant laquelle vous
avez été apparemment perdu mais que vous n’avez pu vous souvenir pourquoi ou
bien où vous êtes allés ?
8/ Avez-vous observé
des lumières ou des boules brillantes dans votre chambre sans savoir ce qui a
pu les provoquer et d’où elles venaient ?
9/ Avez-vous
constaté sur votre corps des surprenantes cicatrices dont ni vous ni quelqu’un
d’autre ne se souvient comment vous les avez eues et d’où elles proviennent ?
Analyse contestable
Par
delà les résultats bruts aux sept questions dites « reliées aux ovnis » dont voici les chiffres : 3/ = 7 %,
4/ = 18 %, 5/ = 10 %, 7/ = 13 %, 8/ = 8 %, 9/ = 8 %, 11/ = 5 %, ce sont les cinq
concernant les symptômes d’abduction
qui nous intéressent. Quelle analyse les abductionnistes
(27) en ont-ils fait ? En vérité, ils semblent avoir été grisés par
l’extrapolation directe des chiffres obtenus et ne s’y sont pas arrêtés, même
pas effleurés par la validité externe douteuse (28) de cette enquête
(c'est-à-dire sa validité à être généralisée aux 270 millions d’Américains par
une bête règle de trois), pour ne s’émerveiller que sur l’ampleur apparente des
phénomènes enregistrés : 7 % des Américains ont vu un ovni, cela fait :
270 millions x 0,07 = 20 millions d’observations au moins !
N’ayant
trouvé que 18 personnes qui avaient répondu positivement aux 5 questions clés
sur les abductions, la logique aurait
été de déduire que 0,3 % de la population américaine présentait les critères de
cette expérience, soit 820 000 individus. C’était déjà pas mal mais l’ennui
était statistique : pour un échantillon de 6 000 unités, la marge d’erreur
est de +/- 1,4 % ; ça veut dire que théoriquement les 18 abductés révélés par le sondage pouvaient être les seuls touchés
par l’expérience abductive dans toute
l’Amérique ! Du coup, l’émerveillement tombait de façon dramatique. Qu’à
cela ne tienne : ne suffisait-il pas, pour décerner le titre d’abducté possible, de se contenter de 4 yes et d’un no ! On va voir que nos deux experts abductionnistes n’entrevoyaient pas encore les à-côtés pervers de
l’abaissement de leurs exigences ; d’ailleurs, ils ne se donnaient nullement la
peine d’en fournir même la moindre justification malgré tout l’arbitraire de
l’opération.
Toujours
est-il que sans se livrer à la moindre recherche d’inter-corrélations (voir si
ceux qui ont répondu OUI sont bien les mêmes et dans quel pourcentage), ils
déduisaient mathématiquement des 119 réponses à 4 yes aux 5 questions clés que 2 % de la population américaine
présentait, selon eux, les critères requis de l’abduction, soit entre 1,11 et 6,29 millions aux extrêmes de la
marge d’erreur.
C’est ainsi que 3,7 millions d’Américains majeurs et
qui ne sont ni en prison, ni en base militaire (?), ni en maison de santé,
furent annoncés comme ayant une forte
possibilité d’être un abducté ovni,
ce qui se transforma dans les journaux par : Plusieurs millions d’Américains enlevés dans des vaisseaux
extraterrestres ! Quel beau titre pour faire vendre en plein été quand
l’actualité se fait morne. Mais n’était-ce pas enfoncer le bouchon un peu trop
loin ?
Le piège caché de la surenchère sur le nombre
Car, jouant le jeu à fond, à partir de ce chiffre et de
considérations variées, certains se livreront, à diverses et embarrassantes
extrapolations.
L’ufologue Robert J. Durant s’ingénia, en 1993 (29), à
évaluer la charge de travail à
attribuer aux abductions par les aliens. Comblant la lacune des enfants
exclus de l’enquête Roper et
intégrant la notion de multi-abductés
(30) ressortie de l’enquête (10 abductions
possible dans une vie entre 5 et 55 ans), il arrivait à 50 millions d’abductions américaines en 50 ans, soit un million par an ou 2740 enlèvements
perpétrés par jour. En ramenant à 2
heures la durée moyenne d’un enlèvement qui nécessite la présence de 6 aliens, R. Durant estime que 1370 ET travaillant
24 heures sur 24 pourraient suffire à accomplir ces travaux sur le continent
américain, écrit sans rire Marie-Thèrèse de Brosses (31) alors que le
propos de Durant est de montrer le ridicule de la situation.
Si le phénomène
d’abduction est mondial, le nombre des abductés doit être multiplié par 22 ! [on verra que ce n’est pas le
cas (32)]. Vingt-deux millions d’abductions
dans le monde par an ! Et là, R. Durant reprend un problème soulevé par un de
ses collègues (33) : celui de la logistique nécessaire à tous ces
enlèvements ET qui devraient impliquer des millions de soucoupes volantes au
point que littéralement les cieux en
soient obscurcis par ces millions de soucoupes !
Ainsi, les E.T. devaient avoir lancé sur l'Amérique une
opération de grande envergure dont la logistique met en œuvre, chaque nuit, des
milliers de vaisseaux spatiaux, allant et
venant comme des lucioles. A l’évidence, il n’en était rien.
La conclusion qui s’imposait de cette absurdité était la suivante : le sondage
Roper éliminait de lui-même la
possibilité que les abductions soient
réelles et les ramenaient à un phénomène psychologique. En clair les abductés avaient rêvé leur expérience : ils l’avaient vécue de l’intérieur
!! Il s’agissait bien d’un syndrome,
non pas d’un voyage spatial physique.
Dès lors, l’ufologie aurait dû prendre ses
distances (on est en 1992-93 quand l’énormité du nombre des victimes du
syndrome d’abduction éclate) ; il
n’en a rien été au point que c’est l’ufologie qui risqua de sombrer toute
entière emportée par cette psychologisation
obligée du phénomène.
Abductés : oui, psychopathes
: non
Suite au sondage Roper
de 1991, les organisateurs dépassés par les chiffres obtenus se tournèrent
vers la seule corporation apte, selon eux, à soulager les si nombreuses victimes
d’abductions : les « psy ».
Un
fascicule de 60 pages basé sur les résultats de l’enquête fut envoyé à 100 000
professionnels américains de la santé mentale, psychiatres, psychologues, afin
de les inciter à soigner plus humainement les victimes du syndrome d'enlèvement à bord des ovnis (sic). Ce qui relevait sans
conteste d’un bon sentiment.
Mais,
paradoxalement, preuve que les initiateurs du sondage Roper 1991 n’avaient pas perçu l’effet autodestructeur du chiffre annoncé,
il était demandé textuellement aux thérapeutes de métier de croire ce qu'affirment les kidnappés de l'espace et de les traiter
de la même manière que les gens qui ont subi un trouble de stress
post-traumatique comme, par exemple, les soldats confrontés aux atrocités de la
guerre ou les enfants maltraités. Tout un programme !
Contre toute attente, voilà qu’il apparut aux « psy
» que, contrairement à la plupart de leurs patients, les abductés ne semblent pas des fous (quoique certains…, comme on
verra plus loin ?), ni des cinglés, ni des déviants sexuels ; ils ne sont pas atteints
de psychopathologie, relançant la polémique sur l’expérience vécue par les abductés. Un nouveau venu à l’abduction,
et pas des moindres puisqu’il s’agit d’un psychiatre reconnu, le Dr
John E. Mack (34), mit tout son poids pour accréditer l’idée que les
expériences des abductés défieraient toutes les explications psychiatriques
traditionnelles. C’est lui qui a écrit : Les kidnappés, d’une manière générale, ne sont pas des gens mentalement
perturbés (ils n’ont pas un quelconque dérangement mental), mais ils ont vécu
des expériences hautement déstabilisantes. Qu’il me soit permis d’en douter
pour certains dont le délire sera vu plus loin.
Une étude psychologique canadienne montre, pourtant, que
les abductés, contrairement à ce
qu'on a pu croire, ne sont ni moins stables mentalement, ni moins intelligents,
ni davantage portés à la fantaisie que la population moyenne. La seule différence
est qu'ils croient aux ovnis. Ainsi donc, le syndrome de l'abduction serait-il la maladie des ovnis ?
Il
résulta du sondage Roper de 1991, et
de l’information largement diffusée au personnel de la santé mentale en
Amérique, une frénésie d’efforts pour tenter d’expliquer les récits
d’enlèvements par des causes non pathologiques. Citons en vrac : trauma de
naissance (Lawson), séquelles de violences subies durant l’enfance (Loftus), syndrome
des faux souvenirs (cryptomnésie), thèse psychiatrique, cauchemars neurotiques,
[anomalie du lobe temporal (D. Klein)], hypnose iatrogénique, hypnopompie
(rêves éveillés), personnalités enclines à la fantaisie (syndrome de Peter Pan),
onirisme, terreurs nocturnes (D. J. Hufford), cauchemars (D. Stacy), paralysie
du sommeil, phénomène de transfert freudien, allergies (A. Budden), troubles
sexuels (on va voir ci-dessous qu’elle n’est pas dénuée de fondement, si j’ose
dire), hystérie sexuelle freudienne (R. Ofshe), troubles neurologiques (M.
Persinger), masochisme (R. Baumeister), apparitions religieuses (H. Evans),
maladie des ovnis (R. M. Laibow), psi (Dr Berthold Schwarz), délire (S. A.
Clancy), possession spirite (J. Schnabel), possessions démoniaques (J. Pontotillo),
etc.
Ajoutons-y, les interprétations des sceptiques :
hallucination collective (C. Sagan, S. Mizrach), épidémie hystérique (E.
Showalter), affabulation (K. D. Randle), suggestion hypnotique de souvenirs
implantés (P. Klass), crise individuelle psychologique (J. Rimmer), psychose
mondiale (G. Earley), thèse paranoïde (L. Lammer), contamination sociale,
fascination littéraire, thèse fantasmatique (psychosociale), mythe en formation
pour l’avènement d’une nouvelle religion (T. Matheson) et finalement intrusion
psychique de J. Vallée dite solution
intermédiaire qui plaît à M.-T. de Brosses et implique une intervention
étrangère au niveau du cerveau des abductés.
Quelque chose d’aussi difficile à démontrer que l’existence de Dieu !
A noter qu’aucune de ces théories ne prend le phénomène
des enlèvements ET au premier degré !
L’objet de cet article m’interdit d’entrer dans les
détails de cette débauche d’explications. J’ai d’ailleurs déjà effectué en
partie ce travail en 1999 (35) quand rien ne laissait encore présager d’une
sortie de crise abductive de
l’ufologie. Mon coauteur, le docteur Jacques Bernot, médecin psychiatre hélas
disparu aujourd’hui, m’avait persuadé de ne pas exclure une quelconque origine
organique et artificielle du phénomène des abductions
et de conclure avec lui plutôt sévèrement. Ce qui nous avait valu quelques
remarques d’ufologues avertis optant pour une théorie plus complexe que celle à
laquelle nous avions abouti.
Avant de passer aux bonnes nouvelles pour l’ufologie, à
savoir le déclin actuel de la vague abductive,
voyons ce qui peut expliquer le désintérêt pour le sujet des scientifiques dits
académiques. Car, au même titre que
l’ufologie, on peut dire que l’abductologie
n’est pas un sujet porteur pour la recherche scientifique. Les dérapages et dérives
outrancières que l’on verra plus loin n’ont certainement pas aidé non plus.
La méfiance des
scientifiques
Dans le Fortean
Times de juillet 2008, P. Brookesmith fustige les scientifiques pour le peu
d’intérêt qu’ils ont porté au phénomène des abductions (36). Et il n’a pas
tort, le bougre, en ne pouvant citer que quelques rares livres sérieux consacrés
à la question par des diplômés ou assimilés (37) (il en a peut-être manqué
quelques-uns).
Les seuls professionnels, qui y ont, en effet, porté
quelque attention, sont les « psy », les anthropologues et les sociologues
folkloristes, lesquels, il faut bien l’avouer, ne sont guère mieux considérés dans
la communauté scientifique que les ufologues.
La seule tentative hélas avortée d’une approche
scientifique multidisciplinaire du phénomène des abductions fut, à ma connaissance, celle de David G. Gotlib, un
jeune étudiant en médecine psychiatrique canadien qui, en janvier 1990, lança
son projet mais jeta l’éponge 5 ans plus tard. Officiellement cet arrêt
qualifié d’interruption (temporaire ?)
était dicté par un manque de temps dans sa vie personnelle et professionnelle…
Personnellement, grâce à Internet, je l’ai suivi jusqu’à
fin 1999 où il avait terminé sa formation de psychiatre et allait s’installer à
son compte. A cette date, il était d’accord avec moi pour déplorer le bas
niveau scientifique en vigueur pour aborder le problème des abductions et n’avait pas de projet de
relancer son activité sur la question. Mais
qui sait ? Tout est possible, m’écrivait-il le 12 juin 1999. Dix ans
plus tard, personne ne s’est présenté pour continuer son approche.
Son idée de travail était d’avoir un réseau pluridisciplinaire
sur la question qui débattait librement dans son Bulletin of Anomalous Experience
(Expériences Anormales étant préféré
à abduction trop restrictif) ; cela
ne dura que 5 ans et j’ai eu l’honneur de figurer dans sa liste de
participants, lesquels ne dépassèrent jamais la trentaine.
Il avait su se rapprocher de diverses disciplines telles
que : médecine, psychiatrie, parapsychologie, science sociale, ufologie, etc. Dommage
qu’il n’ait pu continuer ; mais aujourd’hui, c’est trop tard maintenant qu’on
nous annonce le phénomène en déclin.
Avant d’en terminer justement avec cela (un nouveau
sondage Roper montrant le phénomène
des abductions en phase de
régression, confirmée par des informations encore plus récentes), je voudrais
enfoncer le clou de la non-réalité
physique des abductions en soulignant
deux arguments supplémentaires :
- L’absence
de preuves physiques ;
- Les
affirmations outrancières sur la question.
Pas de preuves physiques
Bien qu’encore largement plus fréquentées par les ovnis
que celles d’Europe, les nuits américaines ne sont visiblement pas sillonnées
par des essaims d’ovnis se livrant à leur basse besogne abductive. Ceci, d’ailleurs, au mépris de toutes les règles de
sécurité en vigueur et à l'insu du système de surveillance aérien le plus
sophistiqué et le plus efficace de la planète ! Depuis le 21 septembre 2001 à
fortiori.
De toute façon, à une telle échelle, un tel charivari en va-et-vient
aéroporté devrait laisser des traces ; notamment sur le lieu des
enlèvements, sur le lieu du retour,
traces physiques mais aussi témoignages de tiers se trouvant là à proximité, contusions
sur les enlevés ainsi molestés, etc.
Aucun ovni abducteur n’a jamais marqué le lieu de son
atterrissage, à ma connaissance. Il est vrai que selon les récits, les ET
descendent d’un vaisseau en sustentation dans l’air et l’abducté est attiré (aspiré) à distance à l’intérieur depuis son
lit, à travers le mur, les fenêtres (!). Jamais la moindre dégradation de
matériel n’a, encore à ce que j’en sais, ainsi été signalée.
Pourquoi aucune opération d’hélitreuillage ET n’a-t-elle jamais
été repérée par un groupe de gens, surtout quand elle a eu lieu en pleine ville
à la vue d’un public brusquement devenu aveugle ? Cela défie l’entendement pour
quelque chose d’aussi grave et qui doit aussi demander des moyens si
spectaculaires Comment se fait-il que personne, étranger à l’opération, jamais ne
soit jamais venu témoigner de ce qu’il a vu ?
Quant aux abductés,
ils devraient, un jour ou l’autre, garder quelque stigmate de l’incident :
contusion, ecchymoses, blessures… Certes, certains enlevés ET ont présenté quelques
marques mais il est impossible d’établir
avec certitude le lien de cause à effet surtout quand ce sont des
cicatrices imputées à un enlèvement lointain.
De même, les examens tels que décrits, menés sur les abductés, devraient laisser des séquelles
internes ; or les traces d’interventions chirurgicales décelées parfois sur des
ravis n’ayant jamais été opérés ne sont pas très convaincantes (M.-T. de
Brosses). Aucune n’a jamais été certifiée médicalement, je pense.
Etablir un lien entre les abductions et les mutilations animales sur bovins me semble de la
plus haute fantaisie et pourtant cela a été fait (38).
L’affaire des implants,
selon laquelle les abductés seraient soumis
à un système de monitorage, bagués comme les oiseaux, pour les
retrouver puisqu’ils seraient pour la plupart des multi-abductés « suivis » tout au long de leur vie, a fait grand
bruit mais, toujours à ce que j’en sais (39), aucune des analyses des
particules sous-cutanées localisées et extraites des victimes ne s’est révélé
artificielle.
Pour ce qui est du syndrome du fœtus manquant et des grossesses virginales consécutives à une
abduction, nous allons aborder
ci-dessous le côté sexuel du phénomène avec tous les excès engendrés.
Souligné
comme un argument massue excluant tout enlèvement physique par P. Klass, celui,
aussi, qu’aucune plainte contre un acte d’abduction
n’a jamais été enregistrée par le FBI. Ainsi, tous ces enlèvements sans
exception se seraient-ils suivis de restitution intégrale (certes, avec
traumatisme comme un animal soustrait à son milieu naturel, trafiqué et remis
en liberté) ?
En plus du business des ouvrages narratifs des abductions qui ont eu un réel succès en
Amérique (je ne sais pas en France), certains petits malins, prompts à profiter
de l’occasion, y ont vu un moyen pour faire de l’argent.
Dans UFO Journal
en 1992, on pouvait trouver une publicité intitulée : Protégez-vous des ET. Et de proposer un détecteur d’ovni à 239 dollars, carte
bleue VISA acceptée !
Dans l’hebdomadaire scientifique britannique New Scientist du 18 octobre 2003,
l’adresse d’un site Internet était indiqué, là où on pouvait se procurer un casque anti-abduction.
Dans la même veine, certaines compagnies ont proposé une
assurance anti-abduction (40) ! Là
où 35 millions d’Américains n’ont pas d’assurance santé, cela paraît osé. Eh
bien, ça marche, paraît-il. En 1994, l’Evening
Times parlait de 6 000 contrats anti-abduction
signés en Amérique ! Et même en 1996 on parlait d’une première mondiale ; un assureur britannique annonçait avoir
indemnisé un client victime d’enlèvement par des ET : 1,7 millions de dollars !
Mais c’était un canular destiné à donner un coup de pub à la compagnie
d’assurance ! Ce qui n’a pas empêché les offres d’assurance anti-ET de se
poursuivre notamment par une filiale de la Lloyds.
Un livre a même été écrit sur l’art et la manière de se
défendre soi-même contre une atteinte E.T. : l’auteur, Ann Druffel, une
sociologue ufologue active depuis 1957 et à la réputation sérieuse, fait œuvre
là d’un petit livre surprenant par son titre et sa jaquette (41). Elle a basé
son étude sur les témoignages de 72 résistants,
abductés, qui ont, semble-t-il,
réussi à trouver une parade aux visites et aux abductions non désirées. Mais elle reconnaît que ce ne sont pas
tous les abductés qui veulent ainsi
résister, les Gris étant vus comme
bienveillants. Comme rien ne prouve qu’ils soient tout-puissants ces aliens, elle indique neuf techniques de résistance efficaces dans
l’ordre : 1/ la lutte mentale, 2/ la lutte physique, 3/ la légitime colère, 4/
la fureur protectrice, 5/ le soutien des membres de la famille , 6/ l’intuition
(?), 7/ les méthodes métaphysiques (!), 8/ l’appel à des aides spirituels et,
en dernier ressort, les répulsifs dits etifuges
comme les herbes, achillée, sel, barre de fer, crucifix, croix – sic ! On croit
rêver ! Mais il y a pire.
Les dérives
outrancières de l’abductologie
Dans son livre, Marie-Thérèse de Brosses soulignait
l’évolution récente des rencontres du
5ème type (abductions) ;
et de s’étendre à plaisir sur le côté de plus en plus sexuel des expériences. L’examen physique devient surtout
gynécologique pour les femmes ! (Examen
vaginal obligatoire, précise la psychologue E. Fiore (42), spécialiste des
hypno-régressions).
C’est D. Jacobs (27) qui ajouta au scénario de l’abduction l’objectif reproducteur (outre ceux physique et
mental) et ainsi enrichit l’épisode examen
de détails plus ou moins scabreux qu’il appelle savoureusement inquisitions physiologiques. Du coup,
les tripotages (sic) des abductées se firent plus hard et les récits d’abductions s’agrémentèrent de scènes à
caractère sexuel qui semblent remplir une
part importante des enlèvements. Les
scénarios d’abduction ressemblent beaucoup à de la pornographie féminine,
écrit Elaine Showalter (19).
Pulsions sexuelles amenant à l’orgasme induites à
distance chez les femmes par le grand
être (le chef des ET abducteur ?), masturbation des hommes (éjaculations provoquées par des caresses
pour pompage de sperme), sado-masochisme, pénétrations avec divers objets,
fantaisies sexuelles inter-abductés, coïtus
interruptus, et même incitation à la
pédophilie (les ET montrent comment faire
à une fillette de 13 ans !), etc., etc., tout cela n’accrédite guère le
comportement d’Êtres Supérieurs venus des confins de la galaxie pour ainsi se rincer
l’œil et favoriser les bas instincts de l’être humain.
Car étant normalement dépourvus d’organes sexuels, les aliens ne participent pas directement
aux ébats. Nous n’avons pas de preuves
manifestes que les extraterrestres possèdent des parties génitales, mais les
êtres hybrides en ont parfois (Jacobs). Les actes mixtes entre humains et ET sont rares, reléguant ainsi aux
oubliettes l’épisode fameux d’Antonio Villas-Boas qui, en 1957, s’était
accouplé à une extraterrestres cochonne (d’après les cris qu’elle poussait sous
son étreinte) au Brésil. On a vu que D. Jacobs considérait ce cas comme la
première abduction.
Interdits donc de travaux pratiques, les aliens abducteurs se rattrapent en
regardant (des ET voyeurs) en observant,
et parfois en interférant (sadiques), voire obligeant les ravis à forniquer ensemble, ce qui paraît, en effet, ravir certains abductés. M.-T. de Brosses parle d’une abductée qui s’est fait tatouer un ovni près du pubis !
N’ayant pas de sexe, ces aliens n’en sont pas moins des obsédés du sexe humain, insatisfaits
de ce qu’ils ont vu depuis 50 ans et en redemandant toujours encore.
Toute cette mascarade, la procédure médico-sexo-génétique installée au cœur de l’abduction (M.-T. de Brosses), serait sensée répondre à la
bonne cause et fournir la matière première (ovules + sperme) pour créer des
hybrides humain/ET ; car les ET sont là pour ça, pour perpétuer et revivifier
leur race ; ainsi seraient nés, soit in vitro (en couveuses), soit de femmes
porteuses souvent inconscientes de leur état, des créatures hybrides (43) : certains ont calculé à partir des
chiffres du Roper qu’il y aurait eu
de la sorte 100 millions d’hybrides sur Terre en 50 ans ! Où sont-ils ? Qui les
nourrit ?
Il en aurait résulté des syndromes de grossesses
virginales chez certaines abductées
(elles ne se souviennent pas d’avoir été engrossées !) et, de fœtus manquant
(44) lorsque les ET récupèrent l’enfant avant terme. A quelles fins ? Arrêtons-là
avec deux anecdotes supplémentaires qui montrent que le mal est vraiment profond.
En
1992, un multi-abducté australien se
retrouva après une visite avec un
cheveu blond enroulé autour du pénis (45) !! Il aurait récolté cela au cours
d’une gâterie que lui aurait prodigué
une femelle alien ; on ne dit pas si
elle était asexuée mais il semble qu’elle ait été conquise par une pratique humaine
qu’appréciait fort un ancien Président des Etats-Unis de la part de certaines
de ces stagiaires. Eh bien, croyez-le : ce navrant épisode fut pris au sérieux avec
le paiement d’une analyse d’ADN mitochondrial par le CUFOS (Center for UFO Studies), créé par feu A.
J. Hynek (46), avec un article de 14 pages dans son journal (47).
L’analyse a montré que le matériau génétique du cheveu est biologiquement proche de celui de
l’homme (la femme en l’occurrence) normal
mais d’un type racial inhabituel en Australie, voire extrêmement rare. Et
de se demander s’il s’agit d’un cheveu abandonné par une coquine extraterrestre
venue se ressourcer ici sur terre (drôle de manière !) ou celui d’une
Australienne albinos, d’une chinoise décolorée ou d’une taïwanaise (sic) ?
Un dernier exemple en date : voilà qu’un abducté accuse les ET de lui avoir
enlevé le pénis pour le remplacer pour un plus petit (48) !! Pas étonnant qu’on
nous apprenne qu'une proportion grandissante de demandes de divorce en Amérique
stipule l'intervention charnelle d'un(e) amant(e) de l'espace ! Selon The People du 29 janvier 1995, les cas
de divorce sont nombreux chez les abductés.
De plus en plus nombreuses aussi sont les femmes jalouses qui se plaignent que
leur mari manque à ses devoirs conjugaux parce qu'il est sous l'emprise d'une
belle extraterrestre sexy ? Linda, par exemple, affirme que son mari a perdu sa
virilité après ce qu'elle décrit comme des partouzes
spatiales avec un équipage mixte d'ovni ! Un homme est aussi en prison pour
40 ans, à Elizabeth (New Jersey), pour avoir tué sa femme sous prétexte de la
protéger contre l’agression de créatures venues d’ailleurs… La maladie des
ovnis n’a pas de limites.
Le sondage Roper 1998
J’ai
dit, plus haut, qu’il y avait pourtant des raisons d’espérer voir cet épisode
américain d’ufologie fiction se terminer. Sur quoi se fonder ? Sur un autre sondage
plus récent effectué par Roper pour
le compte du NIDS (du temps où il
existait encore), auprès d’un échantillon de 5995 Américains adultes dont la
publication a reçu beaucoup moins de publicité de la part des médias. Malgré
les déclarations affirmant qu’il confirmait les résultats de 1991 (Hopkins),
les réponses positives aux fatidiques questions ont accusé un déclin marqué si bien que les abductionnistes ont préféré n’en pas faire état.
Voici
les résultats des réponses aux 5 + 2 questions-clés : 3/ = 7 % (-), 4/ = 11,6 %
(- 35,5 %), 5/ = 4,7 % (- 53 %), 7/ = 6,4 % (- 50,77 %), 8/ = 5,25 % (- 34,37
%), 9/ = 4,4 % (-44,5 %), 11/ non demandé cette fois).
On
voit que le pourcentage d’Américains à avoir vu un ovni n’a pas varié entre
1991 et 1998 (7 %) ; mais les réponses aux cinq questions-clés concernant les
symptômes d’abduction ont diminué de 31,2 %.
Ce
sont, cette fois, douze sondés qui ont répondu yes aux 5 questions et 58 à 4. De la sorte le nombre d’abductés possibles tombe de 3,7 à 2,5 millions (49). C’est moins, mais
c’est encore beaucoup ; en tout cas la thèse de la contamination par le cinéma,
la TV , les
articles spécialisés qui ont fleuri entre 1991 et 1998 semble inadaptée.
P.
Brooksmith souligne récemment les contradictions internes de cette enquête
puisque la question directe avez-vous
subi une abduction par un ovni ?
a été posée cette fois et récolté 20 yes
(à comparer aux 12 qui ont tous les
symptômes de l’abducté ; mais il n’a pas de théorie complète pour expliquer la baisse du nombre d’abductés potentiels entre 1991 et 1998.
Plus
récemment (36) (il n’est pas abductionniste,
on l’a compris), il fait état d’informations obtenues auprès du site Abduction Information Center, selon
lesquelles les rapports d’abductions
seraient de moins en moins nombreux. Il y
a 7 ans, le centre recevait entre 5 et 15 cas d’abductions par jour, et aujourd’hui de 1 à 2 par
semaine ! Effectivement la vague serait en net recul. Reste à confirmer.
Une enquête en cours du MUFON (50)
devrait nous y aider.
Alors, que conclure ?
Rien, je dis bien RIEN, ne vient corroborer le côté objectif des enlèvements ET, dits abductions. Que ce soit le nombre des
victimes incompatible avec de réelles opérations matérielles de transport,
l’absence totale de preuves physiques, le côté trop humain, trop bassement
terrestre dirais-je, de certains témoignages des victimes, TOUT (51) porte à dissocier
ces expériences de la réalité. En clair, les abductés s’imaginent avoir vécu leur expérience, cela ne fait aucun
doute pour qui se donne la peine d’étudier le dossier.
Reste à se demander pourquoi ces gens ont des souvenirs
de choses qui ne leur sont pas arrivées, à comprendre pourquoi ces gens croient
qu’ils ont été kidnappés par des aliens
. Et j’ajouterais : pourquoi on cherche tant à nous en faire accroire sur la question
? Une partie des réponses est donnée dans un petit livre que tout le monde
devrait lire (52). Car, le phénomène déborde maintenant largement le microcosme
ufologique et on peut redouter les effets d’une telle campagne d’intoxication
dans d’autres domaines.
Bien sûr, le problème des abductions doit être pris en compte par les professionnels de la
santé mentale pour soulager les victimes des souffrances qu’ils endurent :
souffrance morales et non physiques, mais tout aussi dévastatrices, même s’ils compensent
souvent en partie en se croyant des élus.
La vie des enlevés a changé après une abduction
: n’est-ce pas là l’indice d’un mal-être de la société américaine déboussolée,
en recherche de valeurs (et de mythes ?), coincée entre une grande liberté de
pensée et le puritanisme ; séquelle du contexte socioculturel de fascination pour
les aliens, un sondage de 1991 n’a-t-il
pas montré que 40 % des Américains pensent que les abductions sont possibles.
Les causes du problème sont certainement plus profondes
et plus graves qu’une simple crise de l’imaginaire tournant autour de
caricatures d’ET libidineux obsédés par la sexualité humaine.
Pour moi, la vague d’abduction
américaine 1990-2010 restera un période obscure pour l’ufologie ; pourra-t-elle
s’en relever ? C’est tout ce que je lui souhaite.
Notes et références :
1/ Evacuons d’emblée le problème de la classe sociale des
abductés ; il a été affirmé par
les sceptiques qu’ils n’appartiennent qu’à la couche la moins instruite de la
population. Les victimes d’abduction sont
des femmes au foyer, des fermiers, des agriculteurs dont les connaissances de
base se limitent à la littérature ovni (Skeptical Inquirer,
Janvier/février 2009). C’est faux !
Pourquoi aucun
contact avec des scientifiques mais uniquement avec des bûcherons, des pêcheurs
? (Ground
Saucer Watch, décembre 1986). Archifaux !
T. E. Bullard, qui a interviewé 309 abductés, parle de ménagères, de fermières mais aussi de docteurs, d’infirmières, de professeurs. J’ai
longtemps correspondu avec un professeur d’université prétendant avoir subi
cette expérience.
Le Professeur J. Mack écrit : J’ai eu affaire à des étudiants, des femmes au foyer, des secrétaires,
des écrivains, des gens de la finance ou de l’industrie, des professionnels de
l’informatique, des musiciens des psychologues, un caissier de boîte de nuit,
un gardien de prison, un acupuncteur, une assistante sociale, un ingénieur du
gaz. Ainsi les abductés
proviennent de toutes les couches sociales de la société américaine et la
campagne de discrédit engagée contre eux par les sceptiques ne peut
sérieusement mettre en avant leur propension à matérialiser leurs fantasmes pour les voir comme vrais.
Aucune étude statistique n’a montré que les ET abducteurs faisaient une sélection avant
de cibler leurs victimes. Il semble bien que l’opération se fasse au hasard
mais surtout chez des femmes.
On peut cependant remarquer une absence de personnalités
d’élite parmi la communauté d’abductés
; eux auraient peut-être d’autres moyens de se faire entendre que les cabinets
de psychiatres.
La tentative de mouiller
une personnalité telle que le secrétaire des Nations Unies par la Reine des abductées, Linda Napolitano (1b) en
1989, n’a pas marché. Interrogé, celui-ci a répondu : Je ne me souviens de rien de ce genre. Mais peut-être souffre-t-il d’un
effet d’écran sur son système mnémonique ?
Aucun astronome, à ma connaissance, n’a jamais été abducté, mais comptez-vous beaucoup
d’astronomes professionnels dans votre entourage ? Je serais tenté de dire :
aucun physicien non plus s’il n’y avait un cas en France, et pas des moindres,
qui tend à infirmer cette affirmation (contexte dit Oummite).
Les partisans de l’interférence de l’imaginaire sur les
témoins aiment à penser que c’est son livre – plutôt le dessin de couverture
que le texte d’ailleurs – qui, ayant subjugué ses lecteurs, en a fait par
l’influence de la fascination des abductés
potentiels lesquels, nombreux, se sont manifestés lors du sondage de 1991. Il
est vrai qu’il était le premier aussi (avant D. M. Jacobs) à y introduire des
connotations érotico-sexuelles !
W. Strieber n’a d’ailleurs jamais beaucoup défendu le
côté objectif de son expérience et, dans son deuxième livre publié en 1989 : Transformation, il s’éloigne de la
réalité physique des visiteurs pour parler de ses visions et se transformer d’abducté en shaman. P. Klass (1919-2005.), qui ne voit pas dans les abductions autre chose que des
inventions suggérées sous hypnose, a reconnu ne pas croire que W. Strieber avait délibérément menti !
La couverture de la traduction de
Communion publiée aux Editions J’ai
Lu ne risquait pas de provoquer en France une vague d’abductions !
1b/ Granger, Michel, Kidnappings par les E.T. Le cas du siècle,
TAU
CETI, n°34, avril 1995.
2/
Même les ufologues américains restèrent longtemps méfiants à l’encontre de ces
rencontres très, très rapprochées. Le MUFON,
notamment, Mutual UFO Network, la
plus grande association ufologique américaine actuelle, refusa de s’en faire
l’écho jusqu’en 1990. Elle s’est bien rattrapée depuis.
3/
Matheson, Terry, Alien Abductions,
Creating a Modern Phenomenon, Prometheus Books, Amherst , NY ,
1998.
4/ Dans
les années 1970-80, il fallait 10 pages format A3 à l’UFONS (UFO Newsclipping
Service, Editor David Marler, P.O. Box 1001, Edwardsville, IL 62025, e.mail
: ufo.news@hotmail.com) pour faire tenir mensuellement tous les articles de
presse parus en Amérique sur les ovnis; aujourd’hui 4 pages suffisent parfois !
5/ Lewis, James R., The Gods have landed ; New
Religions from Other Worlds, State University of New York Press, Albany , NY ,
1995.
6/ Howard Menger, auteur
du livre : From Outer Space to You, Saucerian Books, Clarksburg ,
Virginie, 1959.
8/
Enlèvement vs abduction ! Justement
les anglo-saxons ont inventé le verbe to
kidnap pour désigner cela ; l’utilisation, par les Américains, de abducted est plus ambiguë au point que
sa traduction a posé problème. L’école ufologique française dite folklorique a même joué là-dessus pour
proposer le terme de ravis, ce qui
révèle soit une méconnaissance grave du phénomène (peu probable ; rares sont
les abductés sièges d’une expérience
dite exaltante) tant l’expérience de l’abducté
est le plus souvent pénible, douloureuse (qualificatifs rencontrés = viol, torture,
calvaire, horreur, cauchemar, panique etc.), soit d’une tentative de
récupération pour assimiler ces enlèvements à ceux figurant dans les annales du
folklore. De toute façon, cette dénomination franco-française a vite fait long
feu.
9/ John G. Fuller, Le Voyage Interrompu ; deux heures à bord d’un ovni, Editions du
Rocher, 1982. Publié initialement en 1966.
10/ Betty
a bien sûr dû raconter ses rêves à son mari, d’autant que, contrairement à ce
qu’a écrit Fuller, on a aujourd’hui la preuve qu’elle avait lu un livre de D. J.
Keyhoe sur les ovnis avant et non après l’incident. Barney aurait
intégré la séquence onirique de Betty (rêve partagé), selon le psychiatre de
Boston, utilisant l’hypnose dans sa pratique, qui traita initialement le
couple. Il n’y aurait eu là qu’un phénomène de fantaisie partagée. Aujourd’hui encore cette hypothèse n’est pas
définitivement évacuée comme en témoigne tout dernièrement, dans le MUFON Journal d’avril 2009, une étude
visant à éliminer cette possibilité.
11/
NICAP : National Investigation Committee on Aerial Phenomena : la plus
vaste organisation ufologique au monde de l’époque.
12/ Betty, du fait de sa longévité (Barney, lui, décéda
d’une hémorragie cérébrale en 1969), fut longtemps considérée comme la grand-mère des abductés ; elle continua à colporter pendant plus de 40 ans son
histoire dans les congrès ufologiques qui l’invitaient régulièrement jusqu’à sa
mort survenue en 2004 ; on l’y voyait souvent poser auprès d’une effigie de l’alien qu’elle disait avoir rencontré
(voir Michel Granger, Mort de la grand’mère des ovnis, Dimanche S
& L, 2 janvier 2005).
Le cas Hill, malgré son caractère fondateur du phénomène de l’abduction, fut largement attaqué quant à
son authenticité physique. Les socio-psychologues
ont trouvé à cette histoire maintes explications dont celle que Betty,
conditionnées par les livres sur les ovnis, de science fiction et la télévision
montrant des créatures ET à gros yeux, aurait
fait passer la suggestion du rapt à la réalisation. Le couple aurait traduit en terme soucoupique une peur
d’une autre origine (peur d’agression raciste contre les Noirs), dans le
cadre des discriminations raciales qui sévissaient encore en Amérique (selon
Michel Meurger in Alien Abductions,
Scientifictions, La
Revue de l’Imaginaire Scientifique,
numéro 1, Volume 1, Encrage, 1995).
Le
support physique du fantasme aurait été selon P. Klass, la planète Jupiter exceptionnellement brillante ce jour-là (Klass,
Philip J., UFO Abductions, A dangerous
Game, Prometheus Books, New York, 1989.
12/ Selon D. Jacob, un autre spécialiste des abductions, c’est le cas Villas Boas, le
premier abducté (le Rico Sifredi du
genre). Cf. David M. Jacobs, A Brief History of Abduction Research, in Journal of Scientific Exploration, Vol. 23, N° 1, printemps
2009.
13/
Cas Schirmer
15/ J.
Randles écrit, dans Abduction ; over 200
documented UFO kidbappings exhaustily investigated, Robert Hales, Londres,
1988, qu’elle a reçu une lettre d’Aimé Michel lui disant que M. Masse avait
bien été abducté mais qu’il ne
souhaitait simplement pas donner de publicité à la chose !
16/ T. E. Bullard, UFO
Abductions : The measure of a mystery, 1987, Volume 1 : Comparative Study of Abduction Reports
et Volume 2 : Catalog of Cases, 1987.
Plus de 600 pages format A4.
17/ Il s’agit de :
A.
Anonyme, 1950 ;
B.
M. Bachelard, 1954 ;
C.
Anonyme, 1960 ;
D. Frank Fontaine, 1979 rangé dans la catégorie canular !
E.
Stéphane Gasparovic, 1983.
Examinons en détails les 4 cas possiblement authentiques :
A/ Le 20 mai 1950, une femme rentrait chez elle à 16 h dans la Loire quand elle fut éblouie
par une lumière céleste avec une sensation de paralysie. Deux énormes mains
noires apparurent devant elle, comme descendues du ciel, qui la touchèrent et
elle ressentit comme un choc électrique. Elle fut tirée par la tête et emportée
dans un champ où elle cru sa dernière heure arrivée. Son assaillant semblait
invisible. Elle réussit à atteindre les maisons les plus proches, entendit un
coup de vent et vit une lumière blanche fuser au loin. Où est l’abduction ?
B/ M. Bachelard, gendarme, est dit avoir été aérotransporté dans sa
voiture, le 18 octobre 1954, en plein jour, par un engin en forme de cigare
alors qu’il circulait entre Gelles et Coheix, dans le Puy-de-Dôme ! Bullard
cite A. Michel comme référence et la revue Lumière
dans la Nuit
de décembre 1968 (si un lecteur peut m’envoyer photocopie, je l’en remercie).
J’ai retrouvé mention de ce cas dans le livre de A. Michel : Mystérieux Objets Célestes mais il ne
parle que d’une observation d’ovni traumatisante pour le témoin qui se retrouva
à destination alors que son véhicule avait été ralenti à 30 km/h par l’ovni.
Décidément voilà deux cas plutôt récupérés
qu’effectifs !
C/ C’est un cas franco-canadien développé par B. Hopkins dans son livre (18)
; il concerne Virginia Horton (pseudonyme) chez qui des séances d’hypnose
régressive effectuées en 1979 réactivèrent des souvenirs oubliés, notamment
concernant une rencontre inquiétante lors d’un séjour en France, en Alsace, en
juin 1960, quand elle avait 16 ans. Lors d’un pique-nique familial, pour jouer
avec son frère, elle était entrée dans les bois et y était restée 30 minutes à
une heure, ce qui avait inquiété sa famille d’autant qu’à son retour il y avait
du sang sur son chemisier.
Incapable d’en préciser la cause, elle se souvenait seulement d’un cerf
qui l’avait regardée drôlement ! Or les régressions par hypnose jusqu’à son
personnage 19 ans plus tôt auraient révélé (!) que l’image du cerf faisait
écran à un véritable contact ovni où elle avait rencontré une famille de
créatures grisâtres dans un engin volant posé dans la forêt : Ils célébraient quelque chose. Du sang
lui avait été prélevé par l’intérieur du nez et la cérémonie visait à fêter le
résultat d’une expérience effectuée sur elle 10 ans plus tôt lorsqu’elle avait
déjà été enlevée par ces mêmes êtres alors que, gamine, elle ramassait les œufs
dans la grange de la ferme de son grand-père, dans le Manitoba, au Canada. Elle
avait, à cette occasion, fait un voyage à bord de l’ovni et été auscultée dans
un cabinet médical. Les étrangers avaient de longs doigts et des yeux sans
paupières…
Cas pas vraiment français,
l’unité de lieu n’étant guère respectée.
D/ Stéphane Gasparovic, habitant de Sommerecourt, en juillet 1983,
déclara à L’Est Républicain : J’ai
été aspiré par une boule de feu. Il resta absent deux heures et raconta, à l’hôpital où il avait été admis
après avoir été retrouvé errant comme un robot, avoir parlé à des petits êtres avec des oreilles pointues. Assez
pauvre témoignage pour briguer le titre d’abduction
!
A
noter que notre principal abducté
français, C. Vorhilon, alias Raël,
n’y est même pas mentionné !
18/ Budd Hopkins en l’occurrence, auteur de Enlèvements extraterrestres, les témoins parlent Editions du Rocher,
1995, publié initialement en Amérique sous le titre Missing Time, Ballantine Books, New York, 1981. En 1991, il
confiait avoir reçu plus de 4000 lettres d’experiencers
d’abduction et en 2003, J. F. Moffitt
met 1500 cas d’abduction à son crédit
(in Moffitt John F., Picturing
extraterrestrials ; Alien Images in Modern Mass Culture, Prometheus
Books, Amherst, NY, 2003).
19/
Showalter, Elaine, Hystories, Hysterical
Epidemics and Modern Culture, Picador, Grande Bretagne, 1997.
20/ Je
ne sais pas vraiment où M.-T. de Brosses a pu trouver que ce sondage OMNI comprenait 450 questions si ce
n’est qu’elle n’a même pas dû avoir la revue en main !
21/
Remarquer dès le début le côté tarabiscoté des questions qui n’est peut-être
pas étranger aux réponses. Pourquoi ne pas demander carrément : croyez-vous avoir été enlevés par des ET ?
22/ Mensuel,
dont l’éditeur fut Bob Guccione et qui eut comme directeur éditorial de 1978 à
1982, le fameux auteur de science-fiction scientifique
Ben Bova ; dans ses pages se mêlait un subtil mélange d’articles sur des sujets
de société et d’avant-garde et des nouvelles de SF. Il cessa de paraître fin
1995 après avoir commencé en octobre 1978. Je fus un fidèle abonné.
23/
Lettre personnelle du 1er Mai 1989.
24/
Notamment le biais du public sondé plus conditionné
à travers la revue que le commun des Américains à cette problématique
extraterrestre.
25/ R.
Bigelow est un mécène américain qui consacre son argent à l’étude des ovnis et
phénomènes connexes. C’est lui qui finança notamment le NIDS (National Institute of
of Discovery). Il semble qu’il veuille actuellement investir dans le MUFON.
26/ Selon
un service omnibus à la maison : il
s’agit en fait d’un groupe de personnes représentatif de la population
américaine (ni ciblé, ni biaisé) offrant aux clients de l’organisation de
sondage la possibilité de poser des questions à un échantillonnage,
régulièrement remis à jour, en face-à-face
et non par téléphone comme j’ai pu le lire ; les sondés sont rémunérés, d’où le
coût du sondage estimé à un demi-million de dollars, soit 83 $ par pack de 11
réponses (c’est bien payé).
27/ B. Hopkins s’était fait aider dans sa tâche de
formulation des questions par son collègue D. Jacobs et par le Dr
Ron Westrum, professeur de sociologie à l'Université du Michigan.
David M. Jacobs, historien de l’ufologie, est l’auteur,
sur les abductions, de Secret Life,
paru en 1992 et traduit et publié en français sous le titre : Les Kidnappeurs d’un autre monde,
Presses de la Cité ,
en 1995. Ce livre qui dramatise et sexualise le scénario des abductions a
eu un impact important sur la popularité du phénomène. La traduction française
donnée par Sylvaine Charlet en a beaucoup atténué l’attrait.
28/ L’option questions
indirectes avait été encore adoptée pour faire ressortir la majorité des abductés qui, selon les experts en la
matière (eux), ne sont même pas
conscients de leur statut peu enviable (sic). De plus, il s’agissait plutôt
que de leur poser la question directe : avez-vous
été enlevé par des ET ? de les interroger sur les symptômes spécifiques que
le duo de grands spécialistes ès abductions Hopkins/Jacobs avaient dégagés de
leur connaissance de la question. Inutile
de dire que cette méthode fut dénoncée comme très contestable, comme par :
Robert L. Hall, Mark Rodeghier et Donald A. Johnson, in Journal of UFO Studies, New Series, Vol. 4 1992, selon lesquels la prévalence des abductions n’existe pas !
Un peu comme le fait que les hypochondriaques qui, dans un dictionnaire médical,
se trouvent tous les symptômes des maladies mais ne les contracteront pas
toutes, voire aucune.
29/ Durant R. J., Alien
Abduction Workload, Bulletin of Anomalous Experience,
Vol. 4, N°1, février 1993.
30/
Une ravie interviewée par M.-T. de
Brosses avoue avoir été enlevée plus
d’une quarantaine de fois… !
31/ Marie-Thérèse de Brosses, auteur du livre : Enquête sur les enlèvements extraterrestres,
Plon, 1995.
32/ Le fait, justement, que les abductions surviennent surtout en
Amérique milite aussi en faveur d’un phénomène de société lié au contexte
socioculturel plutôt qu’à un statut de peuple élu vis-à-vis des ET qui s’intéressaient surtout aux Américaines
(80 % des abductés sont des femmes !).
Cinq millions d’abductés en Amérique
et tout juste 5 en France ! M.-T. de Brosses ne cite qu’un cas français
(récent, pas de date) qui, victime de moqueries sur son cas (les abductés français ne sauraient vers qui
se tourner pour parler de leur expérience) s’est
réfugié dans le mutisme, sauf en ce qui la concerne. Quant à S. Allix, qui
a consacré un livre à ces rencontres non
humaines, il ne cite même pas un cas français ! (Allix, Stéphane Extraterrestres : l’enquête, Albin
Michel, 2006). Ainsi les aliens
viendraient faire jouir les Américaines et pas les françaises ! Pourquoi cette
préférence ? Un correspondant Américain auquel je me suis ouvert de cette prédilection ET m’a fait la savoureuse
réponse suivante : Probablement parce que
les aliens qui visitent la
France sont aveugles ou stupides. Ou même gays !
33/
voir FATE, Vol. 45 N°9, septembre
1992. Dennis Stacy, jouant la provocation in More on Alien Abduction Workload, Bulletin of Anomalous
Experience, Vol. 4, N°4, août 1993, allait jusqu’à parler de 1,2
milliards d’abductés dans le monde
d’où la nécessité pour le phénomène d’être psychologique. Une origine terrestre et non extraterrestre.
34/ John E. Mack, Dossiers extraterrestres : L’affaire des enlèvements, Presses de la Cité , 1995. Mack ratifia les abductions.
35/
Michel Granger et Jacques Bernot, Le
problème des abductés, in REVUE FRANCAISE DE PARAPSYCHOLOGIE,
Volume 1, N° 3-4, 1999-2000. Cet article copieux (30 pages) était un résumé
d’un livre en préparation qui avorta vu les circonstances.
36/ Peter Brookesmith, When Aliens go to College, Fortean Times, n°238, juillet
2008.
37/ Les abductionnistes
à succès, B. Hopkins et D. M. Jacobs, sont respectivement artiste peintre,
sculpteur et historien (Ph. D. ?). W. Strieber est romancier. A.
Druffel est sociologue. Seul John Mack avait de sérieuses références
scientifiques (M. D.) : professeur de psychiatrie à la Harvard Medical School ; il fut
prix Pulitzer… pour une biographie de Lawrence d’Arabie. C’est lui qui écrivait
: Pour moi il est clair que des humains
sont enlevés par des E.T. afin d'être utilisés dans toutes sortes d'expériences.
Là, à mon avis il s’aventurait hors de son domaine de compétence. Il est
d’ailleurs le seul abductionniste à
s’être ainsi arc-bouté à cette cause perdue.
L’intérêt
du Professeur Mack pour les abductés
s’est terminé malencontreusement en 2004, quand un autobus londonien l’a
renversé fatalement.
38/ C’est Rémy Chauvin, dans son livre Le retour des Magiciens, JMG Editions,
2002, qui fait ce surprenant – et exclusif -
amalgame en parlant d’abductions
animales ! A ma connaissance, aucun abducté reconnu n’a été mutilé !
39/ Granger, Michel Implants extraterrestres, UFOMANIA,
n°14-15, mars 1997.
40/ Granger, Michel, Assurance anti-extraterrestre ETRANGETES
& MYSTERES, N° 31, septembre 1997.
41/ Druffel Ann, How
to Defend Yourself Against Alien Abduction, Three Rivers Press, New York , 1998.
42/
Fiore, Edith, Abductions ; Encounters with extraterrestrials,
Sidgwick & Jackson, 1989, Londres.
43/ Si des hybrides humains/ET sont nés, il faut bien que les aliens aient quand même une certaine
sexualité ? Ou bien alors pratiquent-ils une sorte de clonage à partir de leurs
cellules indifférenciées et des cellules sexuelles humaines prélevées sur les abductés ?
44/ Granger, Michel, Le mystère du foetus manquant, ETRANGETES
& MYSTERES, N° 20, septembre 1995.
45/ Granger Michel, Le cheveu d’E.T. SENTINEL NEWS,
N°15, Octobre-Décembre 1999.
Ces autocitations multiples ne
sont pas là pour satisfaire mon ego mais pour éviter qu’un lecteur de UFOMANIA
ne vienne me traiter ici de superficialité compte tenu de l’espace restreint
qui m’est imparti pour régler un problème aussi foisonnant que les enlèvements
ET type abductions. J’ai étudié par
ailleurs en profondeur ce que je résume ici. Dont acte ! Quant au reste, je
l’ai dit et je le répète, je n’ai rien à vendre sur la question. A la rigueur
si quelqu’un veut savoir ce que j’ai écrit sur un de ces sujets particuliers qu’il
s’adresse à la revue et je lui ferai copie de l’article demandé.
46/ International
UFO Reporter, (Volume 24, Numéro 1).
47/ Le
pauvre a dû se retourner dans sa tombe.
48/ Fortean Times, septembre
2008.
49/ Brookesmith, Peter, Roper’s Latest Knot : The 1998 Abduction Survey, The Anomalist,
N°8, printemps 2000.
50/ Appel
à abductés in MUFON Journal, avril et mai 2009.
51/ Et
qu’on ne vienne pas me dire que certains cas de télé(trans)portation d’abductés « à la Star Trek
» justifient moindrement la réalité de
l’enlèvement abducteur ! La télé(trans)portation
d’êtres vivants est aujourd’hui – et pour longtemps – du domaine de la science
fiction. Or, on veut nous faire croire que les abductions font partie du réel. Pourquoi ?
Nous vendre des salads ?
52/ Clancy,
Susan A., Abducted ; How People come to
believe they were kidnapped by Aliens, Harvard University Press, Londres,
2005. Ce livre soulève quelques pistes intéressantes.
Publié dans UFOMANIA n° 60 de septembre
2009.
resesiser vs
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