La
nouvelle stratégie de recherche des extraterrestres ?
La recherche officielle d’une
éventuelle vie extraterrestre dans le cosmos (programme SETI) s’est-elle
fourvoyée depuis un demi-siècle ?
C’est l’impression que donnent certaines
critiques de l’option « signaux électromagnétiques » privilégiée
jusqu’à maintenant ; du coup, on relance d’autres pistes jusqu’alors
négligées ou alors on en propose de nouvelles…
Alors, changement de stratégie pour
le SETI ? Oui, certainement, mais il faut à tout prix ne pas perdre la
face.
Une
manière, pour moi, d’aller chercher l’information à la source tant ce qu’il en
ressortait des communiqués de presse et autres publications grand public était
filtré et aseptisé pour ménager les susceptibilités qui sont nombreuses en la
matière : sociales, religieuses, politiques… En France, comme d’habitude,
le summum de la langue de bois était de rigueur.
Je
ne vais revenir là-dessus qu’en exhumant un courrier de Donald E. Tarter, sociologue
de l’Université de l’Alabama et consultant à l’époque en Contrôle
Technologique, Prévision Technologique et Politique Spatiale (rien que
cela !), courrier à moi envoyé le 13 septembre 1993 de New Market, Alabama ;
après avoir bien noyé le poisson au sujet de ma demande (il s’agissait en
l’occurrence de celle d’un tiré à part d’un article [SETI et les médias (2)] :
vues du dedans et du dehors) que mon correspondant avait l’amabilité de me
joindre comme il est coutume entre collègues (nous sommes tous les deux
docteurs dans le contexte anglo-saxon, ayant un diplôme Ph. D.) dans la
communauté scientifique sauf en France !
Craignant de me voir revenir à la charge (c’était
notre deuxième échange), le Dr Tarter me suggérait de contacter
Jean Heidmann, astronome à l’Observatoire de Paris, Meudon, me disant qu’il devait
disposer des sources qui me manquaient.
Je
m’étais fendu d’une réponse de remerciement, ajoutant que, selon moi, le livre
de Mr Heidmann (1923-2000) qui venait d’être publié en 1992 (3) ne consacrait
précisément pas assez de place à ce qu’il appelait des fausses alertes : 7 pages sur 240 ! Dont 2 sur une étude historico-scientifique de l’affaire CTA
102 : la découverte des quasars par les astronomes soviétiques accusés
d’imprudence scientifique pour en avoir prématurément l’artificialité (4). Et
d’enchaîner sur un cas personnel, intitulé : ma fausse alerte, concernant une magnifique petite source radio
détectée par lui en 1980, au cours d’un passage au radiotélescope
interférométrique de Westerbrok, en Hollande, et qui avait préoccupé l’auteur
jusqu’à ce qu’un spécialiste lui suggère qu’il s’agissait d’un mirage
gravitationnel ! D’ailleurs, dans son dernier livre : Sommes-nous seuls dans l’Univers ?,
publié l’année de sa mort, J. Heidmann a définitivement démontré qu’il n’était
pas loin de répondre OUI à l’hypothèse de notre singularité universelle, ce qui
était bien le comble de la part d’un membre du comité SETI de l’Académie
internationale d’astronomie !
En
France, bien sûr, il y avait Ciel & Espace, mais cette
revue a toujours été un relai et non pas une source, les membres du comité de rédaction n’ayant pas à ma
connaissance de titres universitaires à faire valoir en matière d’astronomie. D’où
pas de publications originales, que de la resucée plus ou moins honnêtement
retranscrite faute des compétences requises. Mais, surprise, voilà que
récemment, ce mensuel s’est targué d’une exclusivité en matière de SETI.
Une bien surprenante déclaration de F. Drake !
Le
numéro de Ciel & Espace (5), de janvier dernier, sous couvert
d’une interview exclusive (en fait un entretien téléphonique à distance !)
de F. Drake, père de SETI, ne titrait-il pas : Des signaux extraterrestres auraient été captés ; des signaux
sous-entendus émis par une civilisation extraterrestre parce que, sans
cette précision, de tels signaux d’origine ET peuvent être assimilés à toutes
les ondes radio en provenance de l’espace. Et elles sont nombreuses et
parfaitement naturelles.
En fait, Frank
Drake, dont on nous disait en passant qu’à 80 ans (6) il connaît bien Ciel
& Espace (un peu de pub ne fait pas de mal !), avait répondu à
quelques questions téléphoniques de la journaliste Myriam Détruy.
Et
là, au terme d’un petit bilan à lui demandé sur 50 ans de recherches SETI, et
surtout sans qualifier celles-ci d’échec, ce qui est le cas, le grand
spécialiste américain, maintenant à la retraite, parlant des signaux reçus une seule fois, jamais
deux, donnait son sentiment qu’une petite
fraction d’entre eux étaient d’origine extraterrestre (là encore
sous-entendu artificiels et non naturels).
Ainsi,
F. Drake soupçonne qu’il y a des signaux captés depuis 50 ans qui pourraient
être émis par des civilisations extraterrestres ! Et il réserve
l’exclusivité de ses soupçons à la grande revue d’astronomie française !
Et
ce, sans aucune précaution oratoire du style de celles préconisées par J.
Heidman dans son livre de 1992, page 170, à savoir, je cite : avant que toute action (divulgation)
publique ne soit entreprise dans une affaire SETI, elle doit être évaluée
confidentiellement par un comité interdisciplinaire international de
scientifiques sous la responsabilité de plusieurs de nos unions scientifiques
internationales.
Eh
bien, 20 ans après, F. Drake, du haut de son piédestal, et peut-être en
réaction aux critiques dont il a fait l’objet à l’occasion du cinquantenaire du
SETI, se permet de prendre sur lui et de dire : je n’ai pas la preuve mais
je soupçonne que certains signaux que nous avons captés et non reconnus comme
tels pourraient nous avoir été envoyés par des êtres extraterrestres civilisés
et technologiquement plus avancés (pas trop puisqu’ils usent encore de ce moyen
archaïque de signalement) que
nous : des Extraterrestres calqués sur l’image qu’on s’en donne selon
l’imagerie populaire !
Et
de préciser que ses soupçons se portent plus particulièrement sur des signaux
obtenus alors que l’antenne n’était pas
tournée vers une étoile en particulier : en un mot sans aucune visée.
Ainsi, sera-t-il difficile de localiser la source étant donné que le faisceau
du radiotélescope pouvait bien couvrir plusieurs étoiles.
On
croit rêver ! Pas étonnant que cette révélation exclusive pour la France de ce scoop
planétaire n’aie pas trouvé, écho, dans les revues d’astronomies et du SETI que
je continue de recevoir, et se soit diluée dans l’indifférence générale, ce qui
montre bien que les pôles d’intérêt de l’humanité se sont bien déplacés depuis
les années 1960, quand on croyait – et craignait - qu’une telle nouvelle
déclencherait soit une panique généralisée soit un effondrement des dogmes
religieux et philosophiques.
En passant, F. Drake nous révélait aussi
que la confusion qu’il avait faite en 1960 en visant Epsilon Eridani avec un
avion militaire (voir référence 1) avait été précédée d’une autre, dans les
Pléiades, qui, réapparue quelques jours plus tard, lui avait permis facilement
de prouver que cette émission provenait de la Terre. Décidément ,
le projet SETI était entre de bonnes mains : l’ennui, ce sont les 50
années de silence qui ont suivi.
Est-ce
à dire que devant l’avalanche de critiques qui les ont submergé depuis quelques
mois après 50 ans d’échec, les responsables de SETI tentent de sauver les
meubles (maintenir l’intérêt des mécènes), Drake reconnaissant que la fondation
SETI s’épuise et que le financement devient difficile ; il serait dommage
que cela se fasse au détriment du cadre déontologique qui avait été soigneusement
et laborieusement édicté afin qu’on échappe aux élucubrations de quelques
spécialistes, fussent-ils auréolés comme l’est aujourd’hui F. Drake.
Moi
j’y vois au contraire une réaction pathétique d’un passionné déçu ! Un
ufologue déçu se risquerait-il d’aller jusque-là en déclarant qu’une petite
fraction des ovnis pourrait être extraterrestres ? Il aurait honte
d’enfoncer une telle porte ouverte.
Combien
d’ufologues – non des moindres et même des directeurs du GE(I)PAN sensés
représenter la plus haute autorité en la matière (7) - se sont prononcés dans
le sens que certains ovnis sont d’origine ET sans aucunement être écouté par la
communauté scientifique ? Voilà l’initiateur du SETI ravalé à la même
enseigne d’une parole jugée sans importance.
Alors
qu’on ferait mieux de se dire que le SETI étant dans une impasse, il faudrait
peut-être passer à ses alternatives qui sont nombreuses et ne datent pas toutes
d’aujourd’hui.
D’autant
que certaines se basent précisément sur des visions théoriques du Soviétique N. S. Kardashev (1932->), dont le chef Sholomitskii G. B. (1939-1999)
était vertement tancé par J. Heidmann pour son communiqué de presse à l’agence
Tass (affaire CTA 102), disant que les astronomes soviétiques avaient observé
des signaux pouvant provenir d’intelligences extra-terrestres. Quelle
différence avec les soupçons de
Drake ?
La
première alternative au SETI, ancienne et largement oubliée, que je voudrais
aborder aujourd’hui concerne la possibilité de systèmes biologiques d’échange d’information. A mon avis, elle n’a
pas reçu l’attention qu’elle mérite.
Microbes
intergalactiques
Qu’est-ce qui distingue
fondamentalement la Terre
des autres planètes du système solaire, si ce n’est la vie, laquelle n’a
cessé de proliférer depuis la nuit des temps ? Cette vie, si foisonnante,
si diversifiée, ne recèle-t-elle pas en son sein la preuve que des
extraterrestres existent dans le cosmos ? Et ce, non pas uniquement en
invoquant la règle de la multiplicité somme toute non démontrée.
Cette
fascinante éventualité d’un marquage
extérieur (comme une bague à la patte d’un oiseau), inséré au cœur même de la
matière vivante, a été avancée, en 1978, par deux savants japonais, H. Yokoo et
T. Oshima. Ceux-ci spéculaient qu’une civilisation plus avancée que la
nôtre pouvait avoir préparé, dans ses laboratoires, un agent biologique
transportant une information encodée.
Pas un
monstre type alien beaucoup trop
encombrant à véhiculer, mais plutôt un microorganisme (bactérie, virus, prion…)
capable de propager, au niveau des composants de son noyau cellulaire à base
d’acide désoxyribonucléique (ADN), un message
biologique artificiel ».
Et de
porter leur recherche d’un tel cheval de Troie microscopique là où, justement, il
a le plus de chance de s’être adapté et avoir survécu depuis des millions
d’années, c’est à dire parmi les virus les plus communs connus sur Terre, ceux
qui infectent, précisément, la bactérie présente dans nos intestins. Ainsi, des
millions de gens seraient, sans le savoir, porteurs du message répliqué des
extraterrestres !
Passant
de la spéculation à l’acte, les deux Japonais exposaient, dans la prestigieuse
revue
Icarus, leur étude d’un virus candidat, le PhiX174, lequel se
reproduit de lui-même sans l’aide directe d’autres espèces vivantes.
Grâce
à une méthode de décodage assez complexe, ils avaient construit des dessins
réalisés à partir des séquences de nucléotides du virus en question dans
lesquels ils n’avaient pas reconnu l’arrangement régulier qu’ils cherchaient.
Mais ce premier essai infructueux devait être considéré comme un galop en vue de
futurs efforts semblables.
En
clair, d’autres collègues devaient s’engager dans cette même voie qui
constituait, à leurs yeux, une prometteuse alternative au SETI classique,
présentant un nombre certain d’avantages sur les tentatives de captation de
messages radio en provenance du cosmos : le message biologique, s’il
existe, doit être clair, permanent,
indubitable…
Vous
pensez bien qu’une telle proposition avait retenu toute mon attention au temps
où elle fut émise et, depuis 20 ans, j’ai donc recueilli tous les indices
disponibles susceptibles de voir évoluer le projet. Peu nombreux,
malheureusement, semblent les spécialistes qui ont emboîté le pas aux pionniers
nippons.
En
1989, V. Shcherbak, de l’Université de Moscou, annonça bien avoir remarqué un arrangement de gabarits génétiques
de la matière vivante dont l’ordre correspond au nombre de protons et de neutrons
qui en composent les atomes. Un tel
arrangement ne peut être le fruit du hasard et indique plutôt un code numérique
transportant des informations en provenance d’une vie intelligente ailleurs
dans l’Univers. Mais on en est resté là.
Deux
ans plus tard, Joe Davis, du Centre d’Etudes visuelles avancées du Massachusetts Institute of Technology (M.I.T), lançait un projet nommé Micro-Venus qui, lui, visait, non plus à
déchiffrer un message, mais à en envoyer un. Le réseau esquissé de digits
binaires, choisi comme dessin, représentait les organes génitaux
féminins !
Les
100 millions de copies de ce message
(une courte séquence d’ADN) synthétisés par un généticien de Harvard, stockés
dans une fiole, n’ont jamais, à ma connaissance, été lâchés dans l’atmosphère. Aujourd’hui, nous nous contentons juste d’en
parler, déclarait J. Davis.
Mais
cette réalisation peut bien avoir été effectuée par une autre civilisation
extraterrestre moins timide que la nôtre. Et ainsi de telles bactéries
porteuses d’un message ET, ayant traversé l’espace sous forme sporulée, ont peut-être atteint la Terre il y a des millions
d’années, se mêlant à la vie primaire qui existait déjà. C’est pourquoi l’idée
des deux médecins-biologistes japonais mériterait d’être réactivée.
Elle
relève d’un concept d’ailleurs déjà ancien selon lequel des microorganismes
attachés aux grains de poussière cosmique peuvent diffuser à travers l’espace
et rencontrer un milieu favorable pour s’y implanter et proliférer.
Il
s’agit de la théorie de la « panspermie », suggérée au début du
siècle par le prix Nobel suédois Svante Arrhénius (1859-1927) ; selon lui,
c’était la vie qui était arrivée, par hasard, sur Terre en cet équipage !
Les Américain F. Crick et L. Orgel, dans les années 1970, reprirent à leur
compte cette hypothèse mais en soulignant qu’il n’y avait aucun obstacle
technique à ce que cette panspermie ait été dirigée
vers la Terre
intentionnellement. En d’autres termes, nous ne serions pas le fruit d’une
évolution extrêmement peu probable, mais, au contraire, quelqu’un aurait décidé de peupler la Terre de l’Humanité :
une théorie qui ouvre le champ à des développements sur lesquels il vaudrait le
coup de revenir.
Je
voudrais maintenant passer à un autre type d’alternative au SETI, elle aussi ne
datant pas d’hier, mais qui a été réactivée par les déboires actuels du SETI
dit classique.
La recherche des signatures
d’archéologie interstellaire
Avons-nous
aujourd’hui les moyens techniques, comme nous venions juste de les acquérir
dans les années 1960 pour capter les signaux électromagnétiques éventuellement
artificiels, de discerner à distance les indices de présence de civilisations
extraterrestres ?
Oui,
répondent les spécialistes qui veulent voir dans cette recherche de la signature d’artefacts archéologiques à
l’échelle cosmique, une riche variante de celle de l’écoute aujourd’hui dans
l’impasse. Ainsi, le SSIA pourrait se
substituer au SETI traditionnel ou, tout au moins, venir en complément.
Evoquons
brièvement ici trois possibilités de détections qui ont été développées en 2010
dans le Journal of British Interplanetary Society par Richard A.
Carrigan (8) Jr, du laboratoire national Fermi de Batavia, Illinois.
Tout
d’abord, repérer la présence de constituants non naturels ou synthétiques dans
l’atmosphère des exoplanètes (extérieures au système solaire). Plus de 500
exoplanètes ont été découvertes à ce jour et, grâce au satellite Corot lancé en
2007 par la France
et ses partenaires, on devrait pouvoir doubler ce nombre avant longtemps avec
la technique consistant à détecter la petite réduction lumineuse que provoque
le passage (transit) de la planète devant son étoile.
Au
surplus, la mesure du comportement spectral du système planète-étoile lors de
ce transit a déjà permis la détection d’atmosphère au moins autour de 2
exoplanètes : Osiris b (présence d’hydrogène, carbone et oxygène) et HD
189733b (méthane, eau et dioxyde de carbone), située à 63 années-lumière.
Or
on sait que l’oxygène constitue un marqueur de processus biogénique (vie) et le
CO2 aussi, dont la fraction sur Terre a augmenté de 35 %
depuis 1832 à cause de l’industrialisation, même si on peut concevoir un
processus naturel produisant le même résultat.
La
détection de fréon, par exemple, pourrait indiquer aussi la présence d’êtres
intelligents qui, comme nous, se sont laissé séduire par les propriétés des
fameux CFC (chlorofluorocarbures) comme réfrigérants.
Un
autre type de signature spectrale stellaire, précisément proposée initialement
par F. Drake en 1965, est le salage
stellaire ; notamment au moyen d’espèces nucléaires à courte durée de vie. Plus
précisément, Drake avait même suggéré le technétium
dont quelques milliers de tonnes expédiés en orbite autour d’une étoile voisine
de notre Soleil pourraient être repéré en tant que disque sombre depuis une
forte distance. D’autant que cet élément constitue un déchet de nos centrales
nucléaires qui en ont produit une centaine de tonnes depuis 60 à 70 ans et dont
on serait heureux de se débarrasser. On ferait ainsi d’une pierre deux
coups ! Eliminer nos déchets nucléaires et nous signaler à l’attention de
nos Frères du Cosmos.
Une
autre possibilité de signatures archéologiques interstellaires est basée sur
l’idée formulée depuis 1960 que toute civilisation intelligente confrontée à
l’accroissement du rayonnement infrarouge de son propre soleil pourrait y faire
face en constituant un bouclier thermique autour de cette étoile destiné à,
ainsi, protéger sa planète. Selon F .J. Dyson (1923->), l’inventeur de
ce concept dès 1960, toute civilisation à durée de vie longue serait ainsi contraint
à enfermer son Soleil dans ces sphères
formées soit de plaques de silicium, soit de panneaux solaires, soit de
nanotubes de carbone. Il y voyait aussi un moyen de récupérer toute l’énergie
d’une étoile à des fins industrielles.
Une
observation dans l’infrarouge de telles sphères réverbératrices, opaques vers l’extérieur, devrait être
possible ; pire, elle a peut-être même déjà été faite ! En effet, on
s’est aperçu que la cartographie infrarouge du ciel effectuée par le télescope
spatial IRAS de janvier à novembre
1983 fournissait déjà des données dans ce sens.
C’est
ainsi que R. A. Carrigan lui-même, en 2009, reprenant des données de Kardashev
(2000) a tenté de repérer des sphères de Dyson candidates à partir des données filtrées du télescope spatial hors de
service depuis près de 20 ans. En fait, c’est le trop grand nombre des
candidats possibles (11 000 sur un échantillon de 250 000 sources) qui a abrégé
cette recherche, nombre d’étoiles naturelles avec des nuages de poussières
associés à la mort des étoiles produisant le même effet, à savoir un spectre
dit froid. Il est peu probable, à
partir de ce qu’on sait aujourd’hui, que des civilisations capables de
construire des sphères de Dyson [type II (9) selon l’échelle de Kardashev], soient
d’ailleurs toutes désireuses de communiquer avec nous. Et en tentant de les
localiser on peut s’exposer à des réactions non souhaitées ; je vous
laisse deviner lesquelles.
Mais
les sphères de Dyson ne sont pas les seules solutions possibles pour pallier au
refroidissement et rougissement d’une étoile qui s’accompagneraient d’une
augmentation du rayon stellaire au point que la planète habitée pourrait en
venir à être engloutie par son soleil.
Une
civilisation de type II, voire III, confrontée à ce problème pourrait avoir
pris des dispositions visant à contrecarrer ce processus de transformation de
son Soleil en géante rouge.
On
entre là dans le cadre d’une véritable ingénierie stellaire consistant à agir
directement sur l’étoile ; par exemple, en agissant sur son noyau en le brassant
avec les couches extérieures. Des possibilités de ce genre de rajeunissement
artificiel de soleil ont déjà été étudiées notamment par M. Beech (10), en 2008,
consistant en l’envoi d’un grand nombre de bombes atomiques à la surface du
soleil (plusieurs millions !). Une autre possibilité citée est de
précipiter la planète Mercure sur le Soleil mais d’aucuns pensent que cela
pourrait avoir l’effet inverse : accroissement de la luminosité.
Quoi
qu’il en soit, une telle opération, pas facile à réaliser au demeurant,
fournirait certainement des signatures repérables de très loin qui
signaleraient à distance la présence de civilisations de haut niveau
technologique.
Pire,
de telles opérations d’astro-ingénierie ont été envisagées à l’échelle
galactique (réservées à des civilisations de type III) avec des signatures
qualifiées de galaxies noires et de bulles de Fermi.
J’arrête
là : on voit combien les discussions sont ouvertes pour la détection
possible d’une autre vie extraterrestre que la nôtre et combien restrictive a
été l’idée presque exclusivement reprise depuis 50 ans par les média :
celle d’un hypothétique coup de projecteur venu d’ailleurs, certes séduisant,
mais si lamentablement anthropomorphique.
Conclusion :
le SETI, c’est fini ?
Alors que je prépare ce texte me parvient la
nouvelle de l’agence AFP (27 avril 2011) selon laquelle les Etats-Unis
s’apprêteraient à arrêter toutes les écoutes d’éventuelles civilisations
extraterrestres. Et ce, faute de fonds, les budgets destinés à ces écoutes
ayant été coupés par mesure d’économie.
En fait, à ce que j’en
sais, cela concerne seulement (11) l’arrêt du fonctionnement de la première
série des 42 premiers télescopes (sur un total de 350) du projet Allen, lui aussi initié par F.
Drake (décidément le pionnier du SETI n’est pas épargné même dans ses
propositions de reconversion) ; situés dans le nord-est de la Californie , à près de 500 km au nord de San
Francisco, cette batterie de radiotélescopes est considérée comme le principal
outil de détection de possibles communications extraterrestres.
On a parlé de mise en hibernation temporaire en l’attente de jours meilleurs. Qui permettrait surtout de trouver des généreux donateurs puisque cette recherche, assimilée à celle de l’existence du Père Noël, a vu ses fonds publics supprimés par le Sénat américain il y a plus de 15 ans.
Un dernier mot cependant : si le SETI nouvelle
formule (SSIA) s’implique dans la
recherche de signatures galactiques, voire transgalactiques, pourquoi est-il si
frileux à envisager la possibilité que des civilisations capables d’envelopper
toutes les étoiles de leur galaxie au moyen d’une gigantesque sphère de Dyson
n’auraient-ils pas résolu le problème du voyage interstellaire transluminique
pour venir nous narguer depuis un peu plus d’un demi-siècle ? C’est la
question en tous les cas à laquelle l’ufologie demeure et reste suspendue…
Notes
et références :
1/
Granger, Michel, OVNI ou SETI, faut-il choisir ?, UFOMANIA n°59,
juin 2009.
2/
Tarter, Donald E., SETI and MEDIA : Views from Inside and Out, Acta
Astronautica, Volume 26, N°3/4, 1992. Il s’agissait de mesurer, au
travers des membres du SETI international, l’importance perçue du programme, sa
crédibilité et l’attitude à adopter vis-à-vis de l’information en cas d’annonce
d’une découverte. En clair, comment informer le public au cas où le SETI
enregistrerait un succès dans son objectif, à savoir la détection d’une preuve
tangible que nous ne sommes pas les seules créatures intelligentes de
l’Univers.
4/
A l’époque (1963), N Kardashev, avait suggéré que ces radiosources non
identifiées pouvaient être la manifestation de civilisations de type II ou III,
selon son échelle.
5/
Ciel
& Espace, SETI : le point sur les écoutes extraterrestres,
n°488, janvier 2011.
6/
F. Drake ne fait pas son âge sur les photos produites dont une est parue dans
la revue du paranormal FACTEUR X il y a plus de 10
ans !
7/
Je ne parle pas des derniers en date qui ne sont que des cadres du CNES
auxquels ont a proposé un job peinard de préparation à la retraite.
8/ Carrigan, Richard A. Jr, Starry
Messages : Searching For Signatures of Interstellar Archeology, Journal
of BIS (British
Interplenetary Society), Volume 63, pp. 90-103, 2010.
9/
L’humanité sur Terre, actuellement, est de type I moins dans ce sens qu’elle
est bien loin d’exploiter TOUTE l’énergie solaire qui atteint sa surface ;
les civilisations type I à part entière n’ont aucune nécessité de risquer leur
survie en usant du nucléaire pour leur production d’électricité !
10/ Beech,
M., Rejuvenating the Sun and Avoiding
Other Global Catastrophes, Springer, New
York , 2008.
11/
La mission Kepler, lancée en 2009 et managée mais non financée intégralement
par la NASA , de
chasse aux exoplanètes par un télescope photomètre spécial satellisé ne serait
pas touchée.
Publié
dans UFOMANIA, n° 67, été 2011
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