Vague de mutilations de bétail en Argentine (2002)
La
sensation, en ce début d’été, est venue d’Argentine. Non pas de l’équipe de
football nationale qui n’a guère fait mieux que nos Bleus, mais d’un phénomène
inédit dans ce pays d’Amérique du Sud encore épargné par ce que j’ai baptisé le
« Grand Carnage ». J’ai retrouvé dans mes tablettes des cas au Brésil
(1980), au Mexique (1978), à Panama (1979) et à Porto Rico (surtout pour des
animaux plus petits, chèvres, moutons, animaux de basse-cour), mais rien en
Argentine jusqu’en mai dernier...
« Des animaux ont été trouvés morts, tués et
mutilés de façons bizarres et beaucoup de résidents disent que des
extraterrestres en sont les responsables ». C’est l’agence Reuter qui
s’exprimait en ces termes le 20 juin dernier.
En fait, ça a commencé le 28 mai lorsque 2 vaches
ont été trouvées inertes avec certains organes manquants et aucune trace ni
indication sur les causes de leur mort, dans un champ, au nord de la ville de
Jacinto Arauz. En 21 ans de carrière, je n’ai
jamais rien vu de pareil, déclarait E. Doumoulin, vétérinaire local. Les incisions dans la peau sont propres et
irrégulières et n’affectent pas les tissus sous-jacents. Aucun muscle n’est
touché. A cette occasion, on apprenait que des morts de bétail dans des
circonstances similaires avaient déjà été signalées dans trois régions de la
province de Buenos Aires. Quand ?
Le 1er juin, le journal La Arena
de La Pampa
portait à 5 le bilan morbide de bovins charcutés en soulignant l’absence de
toutes traces des auteurs et la perfection
des incisions qui semblaient comme cautérisées.
En fait, en un mois on annonçait plus de 170 cas
similaires et 9 provinces argentines touchées ainsi qu’un débordement à l’est
en Uruguay. Le 25 juin, une vache était découverte à Durazno avec des incisions parfaitement cautérisées
sur la tête et les flancs. Sa langue et ses glandes salivaires avaient été
emportées de même que mamelle, rectum, et
une grande partie de l’intestin et des parties génitales. Le maire de la
ville soulignait l’absurdité de l’acte en ces termes : Il est remarquable que l’animal ait été tué
dans d’autres intentions que pour le manger.
En fait, on se croit revenu 25 ans en arrière quand
des événements analogues furent enregistrés en nombre dans les états américains
du Middle-west. Yeux, oreilles langues, manquants mais aussi organes génitaux,
mamelles, rectums et mâchoires arrachées. Et aucune trace autour des carcasses.
Des bovins mais aussi des chevaux et des animaux sauvages (guanacos). Et
d’étranges lumières nocturnes - des couleurs et des cercles - aperçues
au-dessus des champs qui ont relancé l’hypothèse extraterrestre. Des ET qui
auraient déplacé vers le sud leur champ d’action pour s’approvisionner en chair
fraîche à des fins indéterminées. Un nain
vert aurait même été repéré dans la province La Pampa , avec de longs cheveux
gris, un teint pâle, des yeux noirs et vêtu d’un pantalon noir et d’une veste
de sport verte mais nu pied (source : La Nueva Provincia ,
25/06). Les vétérinaires parlent d’interventions menées par un être intelligent (sic).
Les habitants de La Chiquita , à propos d’un
cheval charcuté (œil, langue et anus) le 30 juin, préféraient, eux, s’en
prendre à l’œuvre des adeptes de la magie
rouge (activité ésotérique). Il fallait en tout cas bien trouver une
explication adéquate pour endiguer la psychose.
Elle est venue dès le 1er juillet (les
autorités argentines ont été plus rapides semble-t-il que leurs homologues
américaines, en leur temps, qui laissèrent pendant des mois les esprits s’échauffer)
sous la forme des conclusions du SENASA
(Service National de la Santé
et de la Qualité
Alimentaire ) qui attribuent les faits... à des
rongeurs !
A partir d’examens et d’analyses sur des bêtes
mortes et mutilées, il aurait été établi que les morts étaient dues à des
causes naturelles (maladies communes de saison telles que pneumonie, hypomagnésemie, etc.) et les mutilations aux prédateurs parmi
lesquels un rongeur connu comme la souris au museau rouge.
Cet animal omnivore n’est normalement pas un prédateur
mais ce serait sa prolifération récente qui l’a amené à changer ses habitudes
alimentaires. Normalement se nourrissant
de vers et d’insectes, c’est la pénurie de ceux-ci qui a provoqué cette
modification, mais, selon le Dr Tapia, cela mérite une étude plus approfondie pour éclaircir le phénomène.
Pas de traces de cautérisation à la chaleur artificielle, lesquelles sont mises sur
le compte des altérations produites par le temps, les changements post-mortem
touchant tout tissu quelques jours après la mort, et pas de traces de
radiations, ni de narcotiques, sur aucun des 20 animaux examinés, ce qui réduit
à néant la possibilité d’une implication humaine. Bref, rien d’anormal dans
tout cela. Refrain connu s’il en est.
Les critiques ne se sont pas fait attendre
cependant. Selon un spécialiste universitaire en écologie des rongeurs une
telle souris ingère à peine 10 à 12 grammes d’aliment et
ainsi, il en a fallu des centaines pour mutiler une vache. Il est difficile d’imaginer une attaque
massive sur des vaches décédées : des centaines agissant de concert.
La cacophonie s’est donc installée, en Argentine
comme ailleurs, entre les autorités et les gens de terrain sur cette
mystérieuse question des mutilations de bétail. Une situation commune à tous
les pays qui sont confrontés au problème. En tout cas, une affaire à suivre,
assurément, dans l’évolution qui en sera donnée.
Publié
dans Dimanche
S. & L. du 14 juillet 2002 et republié in UFOMANIA, Hors
Série N°1, mars 2004.
Quatre des photos qui accompagnaient l'article de Alejandro Agostini dans VSD Hors Série Numéro 5 d'octobre 2002.
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