Mutilations d’animaux en Suisse
Souvenez-vous, dans ma chronique
du 4 septembre dernier (2005), sur l’actualité insolite de l’été, je vous
signalais des mutilations d’animaux en Suisse ; le coupable présumé dénoncé
par les médias n’incitait pas à trop faire de commentaires. Dans le journal
suisse Le Matin du 8 août, on pouvait
lire, en effet, « Zoophile sadique, la vague de cruauté se poursuit.
Cinquante victimes à son tableau de chasse ! »
Il
semblait donc s’agir des méfaits d’un désaxé sexuel helvète à forte pulsion
hormonale qui, après avoir forniqué avec quelques bestiaux, s’en prenait à eux
avec cruauté pour les taillader, parfois à mort. Une source Internet, parlant
du cas d’un mouton décapité, précisait que le sadique s’était livré à un
accouplement contre nature sur le cadavre de l’animal !
L’éveil de mon intérêt concernant d’éventuelles
mystérieuses mutilations de bétail en Suisse, était donc vite retombé du fait
de cette explication sordide. Et tout en serait certainement resté là si je
n’avais pas reçu, fin septembre, un courrier de mon éditeur, JMG, me
répercutant une lettre de Mme Renée Maier, de Lausanne. Une lectrice
de mon « Grand Carnage » et de sa mise à jour intitulée :
« Mutilations de bétail en Amérique et ailleurs… 30 ans de mystère extraterrestre ? »,
sortie en 2003, qui, fort aimablement, tenait à ma disposition un dossier de
presse sur ces fameuses mutilations animales en Suisse !
Ah
des lectrices comme ça, croyez-en mon expérience d’écriture qui dure depuis
plus de 30 ans, on n’en rencontre pas souvent. Si bien que je me suis vite
retrouvé avec un copieux dossier de coupures de journaux indiquant que les
prolongements à l’affaire du sadique méritaient, cette fois, une grande
attention car l’ampleur du phénomène des blessures sur une cinquantaine
d’animaux dans les cantons du Nord Ouest de la Suisse dépasse largement
les capacités de nuisance d’un pervers, fût-il suisse !
Mais
la thèse du sadique avait déjà du plomb dans l’aile du fait de sa capacité à
échapper à la police. « Le zoophile existe, je ne l’ai pas vu »,
titrait le Matin Suisse du 29 septembre, parlant finement d’une psychose
qui avait accouché d’une souris.
En
fait, la police neuchâteloise, qui n’avait pas lésiné sur les moyens d’enquête
(1200 jours de travail et un million de francs suisses de dépense), en était
arrivée, ayant fait choux blanc, à la conclusion que le mystérieux sadique zoophile n’existe pas et que le
tout ne serait que la manifestation d’une légende rurale (Tribune de Genève du
26/09) colportée par la rumeur ayant fait irruption cet été en Suisse Romande
et Alémanique.
Bien
sûr, à ce prix là, il a été facile de trouver des preuves de l’action naturelle
de prédateurs, notamment sur un âne
retrouvé mort, dans le Val-de-Travers (ça ne s’invente pas), et émasculé. Dans
une courte émission de la télévision suisse normande TSR, intitulée « De
mal en pis » (qui disait que les Suisses n’ont pas d’humour ?), diffusée
le 9 octobre et que Mme Maier m’a permis de visionner sur bande VHS,
M. Olivier Guéniat, chef de la
Sûreté neuchâteloise, affirme que le sexe de l’animal a été emporté et non mutilé ! Une nuance
qui fait basculer l’acte de la catégorie d’actes barbares imputables à l’homme
à l’action prédatrice nécrophile d’animaux carnivores tel le renard sur des bêtes
mortes naturellement. Une manœuvre dilatoire très prisée quand on ne trouve
rien ! Un discours maintes fois entendu dans les milliers de cas suspects
qui se sont produits en Amérique depuis les années 1960. En tout cas un moyen
de faire retomber la tension car celle-ci avait tendance à devenir dangereuse
avec des fermiers, qui impatients de voir le sadique arrêté, avaient organisé
des surveillances et des patrouilles avec envie de se faire justice eux-mêmes
s’ils prenaient sur le fait le monstre
des alpages (Le Dauphiné Libéré du 6 octobre).
L’âne
est mort d’une crise cardiaque, écrivait le Nouvelliste du Valais.
Celle-ci a dû être d’une violence inouïe puisque l’animal s’en est trouvé lévité
dans le champ voisin, tel que souligné par Mme Maier qui, tout comme
moi, ne voit pas, dans cette explication banalisée et apaisante, l’expression
de la vérité.
« Ce
n’est pas parce qu’il y a un certain nombre de maltraitances chaque année que
ces mini-mutilations relèvent du même phénomène », m’écrit-elle.
Quoi
qu’il en soit, nous allons continuer à suivre les développements de cette affaire,
sachant qu’en la matière la part émotionnelle causée sur les populations n’a
qu’un équivalent : l’embarras dans lequel elle plonge les autorités
confrontées à quelque chose qui, pourtant, ne relève pas d’une intervention
extraterrestre, il faut bien en convenir. Dommage, ça les arrangerait bien…
Publié (sans la photo) dans DIMANCHE Saône
& Loire du 18 décembre 2005 et dans UfFOMANIA, N°
46, mars 2006.
Pis "mutilé". |
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