La rencontre
de Mlle Hélène G.
L’affaire
fut évoquée dans Le Progrès, Le Parisien, L’Impartial… France
Dimanche du 14 août 1976 titra : « La jeune française enlevée
par une soucoupe volante : vrai ou faux ? », illustrant la page
entière consacrée à ce scoop avec deux photos, dont un portrait de l’héroïne
Mlle Hélène G., et de deux dessins très suggestifs de Di Marco. J’espère que la
mauvaise copie que j’en ai pourra passer ici.
Que
s’était-il donc passé en cette nuit du 10 au 11 juin 1976 ? Cette
employée de maison de 21 ans, Mlle Hélène G., rentrait chez elle en Renault 4L
dans la Drôme ,
sur la route nationale 531, après une heure du matin, quand, à 5 km de Bourg-de-Péage au
lieu-dit « Le Martinet », en pleine ligne droite, elle constate un
ralentissement anormal de son véhicule. Un coup d’œil sur la jauge d’essence
lui indique qu’elle n’a rien à craindre de ce côté-là. Mais après quelques
ratés, le moteur cale et les phares s’éteignent. « C’est alors,
explique-t-elle, que je vis à une dizaine de mètres devant moi une masse
lumineuse hémisphérique éblouissante de 10 mètres de diamètre et
de couleur orange. Cette masse était posée sur la route et empiétait sur toute
la largeur.
« J’ai
eu très peur, j’ai verrouillé les portières en passant la main par la vitre
baissée, puis j’ai plaqué mes deux mains devant mes yeux ; au bout d’un
moment assez long, j’ai constaté la disparition de la lumière.
« Je
suis rentrée chez moi tellement bouleversée que j’ai manqué la route la plus
directe. Lorsque je suis arrivée à mon domicile, ma sœur me signala que je
rentrais bien tard et qu’il était 4 heures du matin ». Ainsi Mlle Hélène
G. avait environ deux heures trente de retard par rapport à une durée normale
de trajet depuis Romans, un « trou » pendant lequel elle ne se souvenait
de rien tel que signalé dans Le Dauphiné Libéré du 12 juillet.
Première photo de France Dimanche. |
Cette
amnésie n’échappa pas à un enquêteur de la commission locale d’étude sur les
ovnis Ouranos qui, y
reconnaissant une caractéristique des rencontres rapprochées du 4ème
type, n’eut qu’une idée : soumettre Mlle Hélène G. à une régression
hypnotique pour lui faire se remémorer ce qui s’était passé pendant cette
tranche de « temps manquant ».
Ainsi,
Mlle Hélène G. se retrouva le 22 juillet en présence d’un
« sophrologue » à une séance d’hypnose où elle aurait raconté
qu’après l’arrêt du moteur de sa 4L, « deux êtres nains s’étaient
approchés, l’en sortirent, la transportèrent dans un engin métallique arrondi
et l’allongèrent sur une table où elle subit
un examen (médical ?) ». Des nains, « moches » à la
peau jaune et en combinaison violette.
Le récit sous hypnose de Mlle Hélène G. fut transmis au Dauphiné Libéré et à FR3
Rhône-Alpes en août, d’où la couverture médiatique qui s’ensuivit. Une seconde
séance d’hypnose en présence de plusieurs journalistes et d’ufologues n’apporta
pas grand-chose de nouveau : « comme si Hélène récitait une leçon
bien apprise », commente Michel Figuet, ufologue, qui eut la réputation de
ne s’en jamais laisser conter. C’est lui qui, notamment, émit de sérieux doutes
sur la trace au sol laissée à Trans-en-Provence et enquêtée par le GEPAN.
Sans
aller jusqu’à contester l’observation de l’ovni par Mlle Hélène G. et la
sincérité du témoin, M. Figuet souligne l’extrême subjectivité qui entoure cet
enlèvement allégué. Ayant écouté un enregistrement de la seconde séance
d’hypnose, il en note que le témoin, répondant aux questions des
« chercheurs », « finit par déclarer ce qu’on attendait de
lui ! ». C’est ce reproche qui poindra lors de la vague des enlèvements
nord américains documentés sous hypnose : par un questionnement adéquat de
la part de l’hypnotiseur et de son entourage ufologique, on orienterait ainsi
ses révélations pour qu’elles collent au scénario type d’une telle expérience.
Pire, c’est par cette méthode qu’on en serait venu à construire, à
« fabriquer » ledit scénario-type, lequel s’étant incrusté dans
l’inconscient collectif de toute une population serait aujourd’hui resservi
sempiternellement avec seulement quelques variantes. Avec l’effet boomerang que
la ressemblance de toutes ces rencontres avec un « standard »
relèverait, non plus d’une quelconque objectivité (basée sur quelque chose de
matériel) mais de la pure suggestion et contamination sociale.
Mais
Michel Figuet n’était pas un « négateur » invétéré mettant en doute
sans preuve. Il n’avait pas hésité à se rendre sur les lieux de la
« rencontre » de Mlle Hélène G. en 1977 et avait constaté, entre 1 h et 1 h 15
du matin, le passage de 65 voitures, 15 camions, 4 fourgonnettes et 2
motos ! Et de conclure : « Cela ne laisse que très peu de temps
à des « ufonautes » pour se poser sans dégâts à côté de platanes sur
une nationale pour enlever une automobiliste… ».
Un argument mis en avant
plus tard aussi à l’encontre de l’aspect « physique » de la vague d’«
abductions » américaines et qui ne
va pas dans le sens de la crédibilité des rencontres françaises.
Deuxième dessin de France Dimanche. |
Publié dans DIMANCHE Saône & Loire
du, 7 octobre 2007.
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