Le « temps manquant »
du Professeur.
« Il n’y avait
aucune attente consciente particulière de ma part et de mon fils quand nous
avons quitté Grand Forks, Nord Dakota, en ce dimanche matin 20 mars 1988 dans
mon pick-up Ford rouge. Une légère couche de neige présente disparut au bout de
50 km
mais le ciel resta nuageux.
« Nous nous
dirigions vers le Mississipi, destination New Orleans.
« Mais quelque
chose d’étrange survint…
« Ni John III,
ni moi, n’ont gardé souvenir sur le coup de ce qui arriva en cette fin
d’après-midi. Nous avons été sous un contrôle mental qui nous avait envahis,
caractérisé par l’amnésie. J’ai ralenti, me suis tourné vers les lumières… Le
voile de l’amnésie est descendu sur nous…
« Quand ma
conscience est revenue, nous avions parcouru 100 km sans nous en rendre
compte. Il était 19 h 45, il faisait nuit… la perte de conscience du temps
était tout à fait déconcertante. »
Tel est le récit de l’expérience d’une période
« totalement neutralisée dans leur mémoire » (temps manquant) vécue
par John R. Salter, 55 ans, professeur d'études indiennes et longtemps à la
tête du Département consacré à cette discipline à l'Université du Nord Dakota, et
son fils, 23 ans, qui l'accompagnait. Ce jour-là, ils se dirigeaient vers la Louisiane afin d’y
participer à une conférence sur la culture américaine.
Qu'est-ce qui les fit dévier de leur itinéraire prévu ? « Une
force invisible », pense John. Pour les amener précisément sur cette route
de Deep South, là où ils firent leur
rencontre, dans les bois du Wisconsin, vers 18 h 15 du soir. « Ce fut le
plus extraordinaire événement de ma vie », affirma rétroactivement le
jeune Salter.
Seulement rendus perplexes mais inconscients de ce qui
s’était passé, les deux hommes dormirent à Bettendorf, dans l'Iowa, et
repartirent le lendemain matin après le breakfast.
Sur leur trajet, à l'est de Peoria, Illinois, ils
observèrent un ovni miroitant comme une pièce d'argent dans le ciel. Plus tard,
John compara l’engin à un morceau de charbon de bois rougeoyant. « Il
avait la taille d'une route à deux voies et quand il fut à 200 m de nous, il fit un
léger crochet pour nous survoler puis fusa à une vitesse incroyable ». Sa
forme était celle d’une soucoupe avec un petit dôme au-dessus.
« Un étrange
sentiment nous vint, suggérant que cette démonstration n'était pas étrangère à
notre « temps manquant » de la
veille.
Le reste du voyage se déroula sans autre incident ;
de même que le séjour et retour au Nord Dakota.
Ce n'est que quelques mois plus tard, en mai-juin 1988,
que John eut des réminiscences de l'épisode survenu là-bas sur cette route
déserte du Wisconsin. Tout d'abord sous forme de flash-back, de rêves vivaces
survenant au petit matin puis, progressivement, de façon tout à fait lucide :
des images, des séquences et des rêves matinaux qui réémergeaient en cours de
journée. Ainsi, put-il reconstituer sans aucun recours aux techniques
hypnotiques la stupéfiante rencontre à laquelle ils avaient été confrontés.
Apparemment, son fils John III, lui aussi sujet aux mêmes souvenirs, participa
à la reconstitution de ce qui constitue bien un scénario d’abduction.
« Nous
fûmes forcés de quitter la nationale. Il faisait presque nuit. J'ai vu deux ou
trois petits humanoïdes sautant sur le pare-chocs arrière du pick-up et regardant
par-dessus le plateau dans mon dos. Ils avaient 1,20 à 1,40 m de haut avec des
corps grêles et des membres fluets; comparativement, leur tête était très
grosse et leurs yeux énormes quasi obliques.
« Il y avait
près de nous 6 ou 7 de ces petites créatures et une plus grande, plus humaine (le médecin de la bande, selon John).
« Sur
injonction télépathique, nous quittâmes le camion, partîmes à travers bois,
avec cette curieuse escorte, traversâmes un ravin puis un petit pont ; devant
nous, posé au milieu des taillis, se tenait un vaisseau spatial blanc brillant
avec un panneau bleu.
« J’ai
trébuché et ai manqué tomber en arrière mais ma chute a été amortie par quelque
force télékinésique. Avec douceur, plusieurs humanoïdes sont venus vers moi et
m’ont remis sur pied.
« On nous fit
entrer à l’intérieur de l’engin, dans une salle brillamment éclairée, et nous y
subîmes toute une série de tests médicaux. Un implant fut placé profondément
dans ma narine droite. On me fit deux injections, une dans la zone de la
thyroïde, une autre dans la partie supérieure de la poitrine (thymus).
Son fils fut lui, de son côté, examiné au niveau du
visage au moyen d’une lampe type torche avec examen particulier du menton et de
la mâchoire inférieure.
« Après, nos
petits amis nous reconduisirent au pick-up, s'éloignèrent et l'ovni décolla à
grande vitesse en biais tandis que nous-mêmes reprenions notre voyage,
totalement ignorants de ce que nous avions vécu. »
En fait, John ajoutera que John III (son fils) et
lui-même, après l’observation de l’ovni du lendemain, avaient vu en elle
« une apparition délibérée pour eux et pour eux seuls », un contact
très très amical et tout cela en rapport avec ce qu’ils avaient vécu la veille,
et dont ils ne se rappelaient encore rien.
C’est en mars 1990 que j'ai appris que cet enseignant
d'université avait été la victime d'une de ces invraisemblables expériences de
temps manquant suivie, le lendemain, de celle non moins déconcertante de celle
d’une observation d’ovni, avec en filigrane le scénario d’une
« abduction » : un enlèvement caractérisé par des kidnappeurs sensés
venus d’ailleurs. « Enfin un scientifique au cœur du problème », lui ai-je
écrit aussitôt, sautant sur l’occasion d’en apprendre un peu plus sur ce genre
d’expérience extraordinaire avec le témoignage de cet « abducté »
gradué et universitaire ! Et de lui demander des précisions de première main
sur son aventure. Avec une gentillesse qu’il convient de saluer ici, le
Professeur Salter accepta sans la moindre réticence de faire de moi son
confident privilégié et, pendant plus de 5 ans, il ne cessa de me tenir informé,
notamment de l’évolution de son « expérience » en rapport avec sa
personnalité. Ensuite, hélas, l’éloignement s’est chargé d’interrompre nos
échanges et c’est bien dommage.
Outre les souvenirs maintenant revenus, John Salter, n’était
pas revenu indemne de cette rencontre ; il gardait - garde selon son
interview de l’an 2000 - divers changements qui ont affecté son physique et sa
personnalité depuis cette fameuse nuit de printemps 1988. Ses ongles et ses
cheveux se sont mis à pousser deux fois plus vite que la normale. Et une
certaine pilosité est apparue là où il n’en avait pas auparavant : bras,
poitrine ; globalement, son système pileux est plus fourni qu'avant. Ses
taches de vieillesse et ses rides ont pratiquement disparu. Des cicatrices
qu'il avait avant l'événement (notamment celles consécutive à un accident
d’automobile subi en 1963) se sont aussi effacées. De petites blessures
nouvelles (coupures, égratignures) guérissent maintenant très rapidement. Il
pense que cela est dû à son sang qui coagule mieux. Occasionnellement des
taches rouges apparaissent là où ont eu lieu les deux piqûres.
John souligne qu’avant 1988, il n’avait pas porté un
quelconque intérêt particulier pour la question ufologique. Suite à son
expérience, il va se renseigner sur la question (auprès des organisations
ufologiques américaines telles que le MUFON et le CUFOS) pour tenter de
comprendre ce qui lui est arrivé ; au point que, plus tard, sollicité par
un groupe d’étudiants, il va même donner des cours d’ufologie à l’Université du
Nord Dakota et se rapprocher de la fameuse « abductée » Betty Hill et
devenir son amie. C’est surtout le caractère interracial du couple Hill qui
l’avait intéressé quand, en 1961, comme tout le monde, il en avait lu la
relation d’enlèvement dans la presse sans y porter plus d’attention que ça.
Pour John : « L’intérêt
vis-à-vis des ovnis et des aliens (extraterrestres) transcende les races, les
religions, les politiques… »
John est totalement convaincu qu'il a été de la sorte
« choisi » pour ses convictions concernant les causes qu'il défend
depuis des décennies: les droits du peuple indien d'Amérique dont il descend
(tribu des Abenaki et Mohawk par son père et sa mère). Activiste dans l’âme
pour les droits des minorités, notamment celles de la liberté de culte pour les
Indiens « native », il a perdu certes la radicalité gauchiste manifestée
dans sa jeunesse, au Mississipi dans les années 1960, dont il aime à montrer
les photos où on le voit matraqué par la police, photos publiées par les
journaux de l’époque et qu’il garde précieusement. Mais il demeure fortement
impliqué sur cette question sensible. Il travailla aussi avec Martin Luther
King dans le cadre de l'association pour l'avancement des peuples et y acquit
une distinction (médaille) en 1989.
Concernant les « aliens » qu’il a rencontrés, outre
le fait qu'ils viennent de Zeta Reticuli (là d’où venaient les kidnappeurs des
Hill ?), le plus grand des visiteurs lui a fait savoir télépathiquement
qu'ils visitent notre planète pour sauver notre société. Ils appartiennent à
une race d'humanoïdes amicaux, similaires aux terriens, à la fois
intellectuellement et émotionnellement. Leur culture est démocratique et
pacifique et ils entretiennent des relations harmonieuses avec les individus et
les collectivités.
En bref, John pense que les E.T. ont les mêmes buts que
ceux auxquels il se consacre depuis 50 ans : la justice sociale. Leur
apparence, selon lui, révélerait-elle leur « sang mêlé » (croisement
avec des terriens ?). Il croit qu’ils agissent à plusieurs niveaux :
à titre individuel pour aider les gens, et pour plus globalement « sauver
le monde ». « Faire de la planète Terre un monde
meilleur ! » Ils auraient en tout cas un plan à long terme visant à
accoutumer l’humanité petit à petit à la présence sur terre d’une vie
étrangère.
« Ce ne sont
ni des anges, ni des démons que j'ai rencontrés. Ni des manifestations
psychiques, ni des voyageurs temporels. Les êtres que j’ai rencontrés nous
aiment. Je le sais ! ».
Fort de cette conviction « humanoïdo-humaniste »,
il continua son œuvre contre vent et marée même si une certaine pression de
l'establishment scientiste ne fut pas étrangère à son départ en retraite anticipé
après seulement 13 ans de carrière. En 1995, il a même changé de nom,
abandonnant celui de ses parents adoptifs pour reprendre celui de son père amérindien.
La dernière fois que j’ai entendu parler de lui, c’est
dans une interview dans UFO Magazine de septembre 2000. Il y
décrivait toujours dans les mêmes termes sa fameuse rencontre de 1988 mais
cette fois sous le nom de John Gray Hunter, ayant abandonné celui de ses
parents adoptifs, des Blancs, qui l’avaient recueilli tout petit.
Il signalait aussi avoir subi une seconde rencontre avec
son même fils, en 1997, cette fois à l’Est de Billing, dans le Montana. Cette
fois, une des conséquences de cette nouvelle rencontre était qu’il avait dû
changer sa paire de bottes car ses pieds s’étaient allongés !
Arguments pour et contre et possibilités de confusion.
Pour : la faible publicité donnée à cette affaire par le
principal intéressé et le faible bénéfice qu’il a pu en retirer dans son
militantisme en faveur des ses Frères Amérindiens. Au contraire, cela lui
aurait même plutôt nui au sein même de l’université où il exerçait son
enseignement. Il se défend contre cette thèse ; selon lui, l’hostilité qui
s’est manifestée à ses dépens dans son milieu professionnel provenait
uniquement de son militantisme libertaire.
Contre : la minceur de son expérience qui, certes, contient
quelques étapes clés du scénario classique de l’abduction (temps escamoté,
examen médical, pose d’un implant nasal, etc.) mais demeure moyennement
documentés eu égard à l’importance qu’elle peut revêtir pour ceux qui en font
l’objet.
Confusion : on ne voit guère quelle illusion aurait ainsi amené
deux individus « perdus » une heure ou deux sur les routes boisées du
Wisconsin à développer de faux souvenirs convergents concernant une fantastique
rencontre qu’ils y auraient faite.
Publié dans LE MONDE DE L’INCONNU, n°350,
juin-juillet 2011.
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