L’alchimie : superscience ou vestige d’une ancienne
civilisation ?
JACQUES CARLES et MICHEL GRANGER
Il pourrait sembler
paradoxal que la science moderne, après avoir acquis ses lettres de noblesse en
accumulant des milliers de faits et en homologuant une multitude d’expériences,
revienne aujourd’hui à des hypothèses formulées il y a plusieurs millénaires.
C’est ainsi que l’on sait que Démocrate parlait déjà, bien avant l’ère
chrétienne, d’atomes et qu’il envisageait que la Voie lactée était formée
d’innombrables étoiles, ce qui conférait cette blancheur laiteuse à la région
du ciel où on l’observe. Les Egyptiens, construisant le temple d’Edfou et
installant de longs mâts en cuivre pour briser l’orage étaient à cent lieues de
penser que Benjamin Franklin « inventerait » le paratonnerre trente
siècles plus tard…
L’Île de Pâques, dans le Pacifique, est un
cas typique. On peut y voir près de six cents statues gigantesques de plusieurs
dizaines de tonnes dont il est impossible de formuler la provenance et la
manière par laquelle elles furent érigées. Dans les Andes on a retrouvé des
sculptures d’animaux de l’ère secondaire et des ports de mer à six mille pieds
d’altitude ! Les Mayas utilisaient, en plus du calendrier basé sur l’année
solaire, un calendrier basé sur l’année vénusienne de 584 jours…
Plus on s’enfonce dans le temps et plus les
faits fantastiques se multiplient. Cependant notre histoire est limitée :
au-delà de 6000 ans on ne sait que des généralités, le plus souvent d’ordre
géologique, et pourtant il est certain que l’homme existe depuis un nombre
inconnu de siècles.
L’alchimie :
une science ?
Il semble que sur terre les civilisations se
font et se défont, qu'elles évoluent dans le temps et dans l'espace. Il est
possible que des civilisations plus avancées nous ont précédé sur terre et qu'à
notre tour nous tendons vers une supercivilisation. Malgré l'apocalypse d'une
ancienne civilisation, certaines bribes, certains aphorismes, certaines conclusions
auraient pu échapper au déluge universel et se perpétuer. Les Incas, les
Egyptiens, les Chinois n'ont peut-être utilisé que des recettes ou des
résultats d'une science passée qu'ils ne comprenaient pas mais qui leur était
parvenue par tradition et s'était enrobée de considérations mystiques et
religieuses.
L'une de ces sciences ou doctrines, celle qui
nous serait la mieux connue, retransmise depuis des siècles sans subir
d'évolution et que l'on retrouve sous des formes très voisines dans les mondes
orientaux, arabes ou européens, est l'alchimie.
L'alchimie ne se développe pas, elle se
transmet. Rien de nouveau n'est découvert. C'est l'« adepte », qui a
appris son savoir d'un « maître », de chercher à réaliser le
« grand œuvre », toujours pour un moyen immuable. Le grand œuvre
c'est l'obtention de la pierre philosophale (ou poudre de projection) qui
permet de transmuter les métaux vils en « or plus fin que celui de la
minière ».
Cependant le but essentiel de l'alchimie
n'était pas la transmutation des métaux en or, mais bien la transmutation de
l'alchimiste lui-même. Le véritable alchimiste méprisait et méprise encore (car
il en existe toujours) celui qui œuvre dans un but intéressé.
Les
adeptes modernes de l'« art sacré »
Le 20ème siècle est sceptique mais
il est aussi curieux. De nos jours, les rééditions et traductions de textes
alchimiques connaissent des succès non négligeables. Les espoirs entrevus par
la physique et la chimie d'aujourd'hui trouvent leur pendant dans l'alchimie.
Mais cette curiosité ne peut demeurer passive devant cet inconnu surgi du
néant. C'est pourquoi il existe encore de vrais alchimistes oeuvrant contre
vents et marées, disséminés de par le monde et de plus en plus recherchés. Un
pays comme l'URSS n'hésite pas à prospecter l'Europe afin de les localiser et à
leur offrir des bonnes conditions de travail.
Contrairement à ce que l'on pense, les
alchimistes actuels sont des gens très sérieux qui, pour fuir le halo de
charlatanisme qui les poursuit, évitent toute publicité et s'entourent du
secret le plus complet. L'un des plus célèbres alchimistes du 20ème
siècle est aussi peu connu et auréolé de légende que l'était Paracelse ou
Basile Valentin au Moyen-Âge. Il a écrit sous le nom de Fulcanelli et son
ouvrage le plus célèbre « Le Mystère des Cathédrales » est toujours
une énigme. Personne ne sait qui a été Fulcanelli, s'il est mort ou encore
vivant. Il existe une société secrète « les frères d'Héliopolis » qui
a été au second siècle après J.-C. à Alexandrie et dont Fulcanelli était un initié
; une telle société serait susceptible de détenir les traditions et les
techniques les plus anciennes qui associent l'expérience scientifique et
l'expérience spirituelle.
Parmi les alchimistes prémodernes, on peut
citer l'étrange personnage français qu'était Tiffeneau. Celui-ci, le 8 mais
1854, révéla devant l'Académie des Sciences de Paris certains résultats de ses
expériences menées à Guadalajara, au Mexique, où il aurait préparé de l'or
artificiel par une technique dérivée de l'alchimie. Selon lui, une explication
rationnelle pourrait être l'action catalytique du rayonnement solaire au
Mexique et la possibilité que certains rayons cosmiques traversant la terre
possèdent une intensité et une énergie qui varient avec le temps et les sites
géographiques, rendant impossible la répétition de l'expérience jusqu'à ce que
ces conditions s'y prêtent de nouveau. Un phénomène qui apporte de l'eau au
moulin de Tiffeneau est celui observé par le professeur Bruno Rossi, aux Etats
Unis, en 1957. Des particules d'une énergie considérable, venant peut-être d'un
autre monde, furent détectées dans un rayon de trois miles par des centaines
d'appareils enregistreurs.
La
croyance en l'unité de la matière
Bien que les « souffleurs »
(alchimistes non initiés qui cherchent au hasard) aient permis de faire des
découvertes valables, celles-ci ayant servi de base pour notre chimie moderne,
l'obscurité des écrits « hermétiques » et la vague de rationalisme du
siècle dernier, tout en ayant permis à l'ensemble des sciences de faire un bond
gigantesque, ont malheureusement exagéré les contradictions et les aberrations
des travaux alchimiques. Ceux-ci furent pendant longtemps complètement
discrédités et considérés comme un assemblage d'absurdités et de folies. A
présent, on se rend compte qu'une folie persistant avec tant de force pendant
des siècles doit être étudiée avec sérieux, même si cela doit révéler jusqu'à
quel point l'humanité peut déraisonner.
De nos jours, des équipes de savants ont
commencé l'étude critique et encyclopédique de l'alchimie ; certains faits se
dégagent déjà tels que le chiffrage de certains textes alchimiques. Plusieurs
grimoires ne sont que des cryptogrammes qu'il reste à traduire en langage
clair, ceux-ci étant constitués d'une grande quantité de symboles qui n'étaient
accessibles qu'à un petit nombre d'initiés. Depuis les débuts de la physique
nucléaire, et plus récemment à la suite des observations du Français C. L.
Kervran dans le domaine de la biologie, il est devenu évident que des
transmutations sont possibles et que l'unité de la matière n'est plus une
légende mais une réalité scientifique.
Sur le même plan, les alchimistes décrivaient
également la façon d'obtenir l'élixir de longue vie, ce procédé consistant en
une série de distillations de l'eau et ensuite en une incorporation intime de
certains sels métalliques. Aujourd'hui, on a mis en évidence le fait que le
vieillissement pouvait provenir de l'accumulation de l'eau lourde dans les
tissus. L'élixir de longue vie serait donc une substance capable d'éliminer
l'eau lourde.
Pourquoi alors notre science actuelle
serait-elle la seule technique permettant la vérification des résultats déjà
décrits par les alchimistes ? Des hommes (ou, devrait-on dire, des êtres
humains ou non, terrestres ou pas) ont-ils déjà découvert les secrets de
l'énergie et de la matière dans un passé sans fin ?
Un passé ayant connu une brillante
civilisation, aux techniques et philosophies très avancées mais différentes des
nôtres, aurait-il réussi à nous transmettre un peu de son savoir malgré les
cataclysmes géologiques, climatiques ou autres, par le biais d'une science
traditionnelle et mystique ? Notre propre civilisation, au seuil de connaître
un prodigieux épanouissement, se met à douter de son « exclusivité »
et cherche à interroger le passé d'une façon scientifique afin de trouver
peut-être un moyen de percer le mystère de son essence, et de nouveaux outils
pour forger son avenir.
Ce texte, écrit en collaboration avec Jacques
Carles, parut dans la page « sciences » du journal La Presse de Montréal, le samedi 13 septembre
1969.
Il constitue un préambule au livre que nous avions
en projet comme coauteurs et qui, écrit en 1969-70 à Montréal alors que nous
étions thésards, parut en août 1972 chez Albin Michel à Paris sous le
titre : L’Alchimie, superscience
extra-terrestre ? On y retrouve d’ailleurs la fin de l’article en dos
de couverture.
Traductions :
Traductions :
En portugais 1973. |
En espagnol 1974. |
En grec 1978. |
En espagnol (poche) 1977. |
Bonjour, Je suis auteur de romans publié chez Plon. Je m'appelle Grégory Laburthe Tolra. Serait il possible d'échanger directement sur certains sujets évoqués sur votre blog ? Je suis actuellement en lecture de votre ouvrage "Terriens ou extra-terrestres" ; un certain nombre de questions à vous poser sur le sujet... Voici mon adresse mail : gregory.laburthetolra@gmail.com.
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