Mutilations
de bétail en Amérique… et ailleurs
Depuis plus
de 20 ans, il se passe sur le continent nord américain quelque chose de bizarre
qui défie la raison et mystifie la population rurale : des milliers de
bestiaux, animaux de prairies, paissant en liberté ou en enclos - vaches,
taureaux, génisses, bouvillons, veaux, chevaux, etc. - sont retrouvés morts,
dans les prés et les champs, exsangues, avec des organes essentiels manquants :
oreilles coupées, yeux désorbités et emportés, mâchoire écorchée à vif, mais
aussi mamelle découpée sans entamer les tissus sous-jacents et surtout organes
sexuels mâles et femelles excisés prélevés et certaines parties internes
extraites.
Qui se livre
ainsi impunément à cette vaste opération de vivisection sélective - quelques
cas, rares, avec des survivants, qui ne le restent généralement pas longtemps,
indiquent que les blessures sont portées sur la bête encore vivante - qui
commet ces actes de torture, d'une inadmissible cruauté, infligés directement
sur le terrain sans laisser la moindre trace alentour (même dans la neige) et
dans quel but ?
Sûrement pas
des gastronomes fins gourmets puisque toute la viande de catégorie A ainsi
disponible est gaspillée et livrée à la merci des animaux et oiseaux
nécrophages ou bien vouée très vite à la pourriture sauf quand la température
basse en permet la conservation des semaines durant, là justement où les
sociétés d'équarrissage sont encore peu sollicitées.
Cette grande
interrogation est le sujet de l'ouvrage que je livre ici à propos de ce Grand
Carnage, comme je l'ai intitulé tout d’abord. Par-delà les faits irrécusables
avec lesquels j'ai déjà pu alimenter une impressionnante banque de données
(plus de 2500 cas documentés), Etats par Etats, années par années, ce qui
permet d'en mesurer la propagation quasi pandémique, par-delà les pièces à
conviction, objets macabres du litige, jonchant les herbages et les pâtures, les
carcasses disséquées puantes et bourdonnantes de mouches, les photos
sanguinolentes largement reproduites dans les médias, l'aspect insensé du
phénomène a de quoi nous surprendre et nous interpeller.
Car rien
encore de semblable ou apparenté n'a été constaté en Europe ni en France (mon
livre le démontre, preuves à l'appui). Heureusement. Mais nous ne sommes pas à
l'abri de ces mystérieux mutilateurs fantômes non identifiés.
Après avoir
retrouvé les phénomènes précurseurs en la matière - voleurs de bétail du siècle
dernier et affaire Snippy datant de 1967, toute emblématique car contenant déjà
en condensé la globalité des caractéristiques de ce qui se développera au
niveau du continent entier (un seul Etat américain épargné et une seule
province au Canada, la « Belle », je brosse un panorama rapide des différentes vagues de mutilations
de bétail qui ont secoué les Etats du Midwest depuis trois décennies (une
énumération exhaustive serait trop longue et fastidieuse). Et ceci jusqu'à
aujourd'hui en l'an 2001 car, malgré une enquête officielle, des milliers de
cas avérés (cadavres exsangues, nauséabonds quand découverts longtemps après la
mort, animaux rescapés voués à l'euthanasie ou au dépérissement), des centaines
d'autopsies, des milliers d'analyse de prélèvements de tissus en laboratoire,
le mystère reste entier, absurde mais persistant.
Depuis 2
décennies, les constantes sont toujours les mêmes, le modus operandi semble immuable, comme si rien ne pouvait en arrêter
son inexorable persistance. Au grand dam des éleveurs confrontés, la plupart, à
de telles atrocités dont ils ne peuvent justifier la nature avec les moyens du
bord, à savoir les aléas des élevages (le plus souvent très éloignés des
fermes, mais parfois aussi aux portes de leurs barrières sans que les chiens de
garde n'aient aboyé moindrement), mais encore la tradition séculaire des
incidents qui se produisent immanquablement dans ce milieu semi-sauvage que
constituent certains lieux de pâturage quasi non surveillés.
Diverses
tentatives d'explications ont été avancées. Elles vont de l'acte naturel de
prédation par les nécrophages des prairies américaines : coyotes, écureuils,
busards, etc., aux théories les plus extravagantes en passant par un acte
délibérément fomenté pour des raisons les plus obscures. J'essaie d'en négliger
ni privilégier aucune étant donné que je ne connais personne - ni moi-même -
qui ait la clé de l'énigme. Ceux qui se l'approprient pour ouvrir la porte à
leurs fantasmes seront plutôt négligés par rapport à ceux qui cherchent
rationnellement une solution, comme moi en s'interrogeant.
Pourquoi les prédateurs autochtones du Montana, par
exemple, auraient-ils brusquement changé leurs habitudes alimentaires dans les
années 70 puisqu'ils existaient bien avant, tout aussi nombreux ? Jamais
personne n'avait constaté ce type de sévices inconnus infligés à ces malheureux
bestiaux avant cette époque. Les dents des opossums se sont-elles aiguisées
comme des rasoirs au point de laisser les mêmes traces que les couteaux ?
Certaines mâchoires se sont-elles échauffées au point de cautériser
spontanément les blessures de morsures faisant penser à des coupures laser par bistouri ? Les petits animaux sauvages
ont-ils soudainement changé leurs us et coutumes de subsistance pour s'en
prendre maintenant à certains organes pas tellement comestibles : oreilles,
queue, peau arrachée en plaques, etc. ?
Kenneth Rommel (1925-2012) |
Un passage en revue des possibilités à ce niveau, à
mettre sur le compte de Mère Nature
jouant son rôle d'assainissement du milieu rural si particulier livré à la
faune sauvage, permet de dénoncer l'inanité des accusations officielles qui
font porter le chapeau à des petits animaux sauvages bien incapables de telles
exactions. L'enquêteur Rommel, le bien nommé, en retraite du FBI, a soulevé un
tollé en dépensant l'allocation qui lui avait été attribuée en 1979 au cours de
si peu d'enquêtes sur le terrain que, coupé des faits, il a émis en 1980 un
avis contestable et contesté qui ne cesse d'être battu en brèche puisque ça
continue depuis et avec des détails qui invalident ses péremptoires
conclusions.
Les sacrificateurs d'animaux dans le cadre d'actes
sectaires ont-ils changé de cible et d'échelle (ils étaient accoutumés à s'en
prendre à de petites créatures) et multipliés leurs forfaits. On y a cru à une
époque, avec la naissance possible d'une super-secte
mais cette thèse est aujourd'hui abandonnée du fait que les rares humains pris
sur le fait se sont révélé être de pâles et inoffensifs copieurs ou des malades obsédés et
pervers en mal de sensations fortes.
L'hypothèse d'un projet secret gouvernemental visant à
mener une étude environnementale à travers ces cobayes a aussi recueilli une
certaine adhésion d'une partie de la population échaudée par les nombreux
exemples de pratiques peu licites des autorités. L'idée d'ainsi disposer de
prélèvements d'organes à peu de frais sur des animaux en quasi liberté pour
cartographier l'effet de polluants éventuels chimiques, atmosphériques ou
radioactifs a aussi séduit les écologistes et bien d'autres... mais sans
déboucher sur une accusation en bonne et due forme, laquelle n'aurait manqué,
Outre Atlantique, de susciter de vives réactions. On a parlé d'un Watergate bovin mais sans aller plus
loin que l'invective gratuite. Les hypothèses sociologiques – crise de la
viande, fraude à l’assurance, etc. – ont peu retenu l’attention.
L'éventualité qui a le plus fait couler d'encre est sans
conteste celle qui veut voir dans ces mutilations de bétail les actions incompréhensibles
d'êtres venus d'ailleurs (des extraterrestres). Ce sont les traces au sol
autour des victimes et les lumières célestes non identifiées au-dessus d'eux
qui ont donné quelque fondement à la fameuse thèse extraterrestre, laquelle, le
plus souvent, est soit évoquée lorsque aucune autre n'est plus valable, soit
quand l'absurdité des faits doit faire appel à une logique étrangère à la nôtre. Et il faut bien reconnaître que le Grand Carnage répond à ce critère
d'absurdité patent dans lequel il se complaît depuis si longtemps au même titre
que ces phénomènes fortéens que sont
les ovnis et les cercles céréaliers.
Quelques projets récents pourraient apporter enfin un
moyen de surveillance inédit : Internet, par exemple, avec l'espoir de prendre
enfin un mutilateur sur le fait. Encore faut-il que quelqu'un mette sur pied
cela. Pour l'heure, les actes inqualifiables se poursuivent dans l'indifférence
la plus totale, à un rythme de quelques centaines de victimes par an, ce qui constitue
un épiphénomène par rapport aux morts naturelles mille fois supérieures en
nombre dans lesquelles il se dilue.
Il ne faudrait pas qu'ainsi, dans le temps, le Grand Carnage s'installe insidieusement
dans un contexte qui l'assimile à un mythe moderne, une légende rurale en
quelque sorte : c'est à dire une imagerie stéréotypée acceptée par fatalisme,
parce que non expliquée, jouant sur le comportement psychosocial des gens qui y
sont confrontés. Ce serait dommage alors que des faits se produisent encore et
donnent une dernière chance d'élucider le mystère.
Première maquette de la couverture abandonnée |
Une première version de ce livre est parue en 1986,
publiée par l'éditeur Vertiges et diffusée par Carrère. Quelques semaines après
sa sortie, l'éditeur a fait faillite. Et le livre n'a été en vente qu'un temps
limité. Actuellement il est très recherché sur le marché de l'occasion. Seul un
à-valoir correspondant à 1000 exemplaires a été payé à l'auteur. Carrère a
confirmé qu'il n'a aucun droit de préemption sur une nouvelle version.
Ce synopsis a contribué à la publication d’une version
actualisée de cette enquête en 2003 sous le titre : Mutilations de bétail, en Amérique et
ailleurs... 30 ans de mystère extraterrestre ?, chez JMG
Editions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire