Quand on voyait des
ovnis partout
L’iconographie "soucoupique" vient encore de perdre une image incontournable : celle d’un curieux
objet volant non identifié accompagnant un avion du type Martin B-57 B, cliché
reproduit ici et datant de 50 ans. Ce sont des ufologues de la région qui
viennent de lui faire un sort si peu glorieux.
Pour fêter à leur manière l’anniversaire de la fameuse
vague française de 1954 ? 1954, ce fut aussi l’année où l’armée de l’air
américaine créa une escadrille anti-ovni… Or c’est précisément sur un document
de l’U.S. Air Force qu’apparut cet ovni lenticulaire : « au-dessus
d’une base américaine » !
Image parue dans la revue belge INFORESPACE
n°8, 1973.
Cette image sera reproduite dans
le mythique Dossier des Soucoupes
Volantes illustré par J. Lob & R. Gigi et publié par Dargaud en 1979.
Avec la légende suivante : « Photo prise en cours de vol par un
instructeur d’avion ». Rien d’anormal ne fut signalé durant ce vol, mais
la photo, une fois développée, laissa apparaître « un détail
insolite… ». De nombreux ouvrages et revues reprendront cette image comme « OVNI
Le tour du phénomène en 80 photos », de Jean-Pierre Gauthier, publié par
Solar. Là, il est dit carrément : « Un ovni surgit près d’un
prototype, le Martin B-57 au-dessus de la base Edward de l’U.S. Air Force de
Californie.
C’est dans le dernier numéro de
la revue « Les Mystères de l’Est », le bulletin ufologique du CNEGU*,
que P. Seray & F. Cordier, dissipent toute interprétation ufologique de
cette photo. Elle fut bien prise en 1954 par des spécialistes de l’U.S.A.F qui
préparaient l’illustration des publicités de l’avion Martin B-57B ; rien, sur
le moment, ne fut remarqué, en effet.
Dix ans plus tard, un membre du NICAP
(organisme américain privé d’étude des ovnis) découvre le cliché et le
popularise. On parle dès lors d’ovni « en relief », photographié
grâce à un heureux concours de circonstance.
Certains sceptiques évoquent un
reflet possible de l’avion sur des couches d’air chaud nées de l’action du soleil
et des échappements de gaz, une thèse qui fit florès à une époque pour réduire
le phénomène ovni à sa plus simple expression = une illusion d’optique.
C’est au terme d’un cheminement
tortueux parti d’un vide grenier où ils dénichent un cliché du Martin B-57B
exempt d’ovni (mais rogné précisément du morceau incriminé) qui leur met la
puce à l’oreille, que les deux ufologues aboutissent finalement à la preuve
« irréfutable démontrant qu’à son origine, la photo ne montrait aucun ovni
allégué ».
« Il est en conséquence plus
que probable que « notre » ovni soit arrivé de manière accidentelle,
soit suite à une éraflure sur le négatif, soit due à la présence d’une
poussière… ».
Voilà donc encore un
« pilier » de l’histoire ufologique qui lâche. Combien de temps ce
qu’il en reste va-t-il encore tenir debout ? La vérité est impitoyable et
nous n’y avons, hélas, rien à redire.
* Le CNEGU, c’est le « Comité
Nord-Est des Groupes Ufologiques », une association fondée en 1978 pour
coordonner les travaux – témoignages, investigations, enquêtes – des groupes
locaux (dont l’ADRUP dijonnaise) de la région nord-est de la France et ce, dans le cadre
d’études spécifiques statistiques, sociologiques, historiques ou autres, afin
d’analyser rigoureusement toute information sur le phénomène ovni.
Le CNEGU édite un bulletin appelé
« Les Mystères de l’Est » qu’on peut acquérir pour 21 € (et réserver
le prochain pour 16 € supplémentaires) en écrivant à Christine Zwygart, 20, rue
de la Maladière ,
52 000 Chaumont. A ne pas manquer même si ça dissipe nos vieilles
illusions !
Publié
dans DIMANCHE
Saône & LOIRE du 14 novembre 2004.
L’ADRUP
a disparu. Une antenne du CNEGU existe encore
sur : http://cnegu.forumactif.org
Bonsoir Michel et merci pour votre article sur la fameuse photo du B-57 B. Il me semble que Gilles Durand (AIHPI, CIGU puis SCEAU/Archives Ovni) avait également fait des recherches sur cette photo et détecté un problème, mais avant Patrice Seray et Francine Cordier. Bien cordialement, Thierry Rocher.
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