Des ovnis fossiles ?
Où comment la quête du chercheur fortéen peut parfois aboutir à une
impasse.
Ma revue
scientifique préférée n'est pas française mais britannique. Il s'agit de
l'hebdomadaire New Scientist. Sa présentation et surtout la largesse d'esprit
de son équipe rédactionnelle en font une mine inépuisable d'informations
d'avant-garde et de textes de vulgarisation remarquables, bien supérieurs à
tout ce qu'on peut trouver hélas dans notre langue.
Des
« ovnis » fossilisés ?
Aussi, lorsqu'en juillet 1989,
j'ai lu en page 43 du numéro 1671 de la revue anglaise que « des ovnis fossiles
mystifiaient les géologues » (textuellement : Science : Fossil
« ufos » mystify the geologists), j'ai senti mon pouls s'accélérer
comme celui du chercheur d'or qui découvre une pépite accrochée sous la semelle
de ses souliers. L'idée de soucoupes volantes, dont on s'accorde à penser
qu'elles ne datent pas d'aujourd'hui - ni même d'hier- et qu'elles peuvent
s'être écrasées sur Terre dans les temps immémoriaux aussi bien qu'à l'époque
moderne, m'effleura un instant mais, poursuivant ma lecture, j'appris que par « ovni »,
on entendait plutôt « objet vestigial non identifié », l'ambigüité
provenant qu'en anglais volant (flying) commence par la même lettre que fossile
(fossil).
Ou artefacts de
lilliputiens ?
C'est en
Californie, à Yreka, dans la montagne dite Antelope, que venaient d'être
dénichées des petites concrétions en forme de disque de 2 à 7 cm de diamètre et 2 à 4 mm d'épaisseur, coincées
entre les plaques de schistes formées au fond de l'océan à l'époque de
l'Ordovicien, c'est à dire il y a 400 à 600 millions d'années. Même si la
géologue responsable de cette trouvaille, Mrs Nancy Lindsley-Griffin, de
l'Université du Nebraska, n'était pas dupe de l'équivoque qu'elle allait
provoquer en baptisant ces choses des « ovnis » - ne soulignait-elle
pas textuellement que « ce n'étaient certainement pas des vaisseaux
spatiaux », montrant, par là, une certaine propension à donner du mystère
à sa mise au jour - l'affaire m'intéressait encore. N'y avait-il pas, en effet,
une possibilité que ce soit des pièces de monnaies d'une civilisation
antérieure à la nôtre? Ou bien des artefacts d'un peuple oublié rappelant
Lilliput ? Par exemple, avions-nous affaire à des modèles réduits de ces fameux
objets discoïdes découverts dans des grottes en Chine et en URSS et qui, bien
que vieux de plusieurs millions d'années, ont été conjecturés comme pouvant
être des disques de gramophone d'une civilisation disparue? Etaient-ce là des
mini disques dont nous pourrions un jour faire ressortir une histoire inconnue
des Hommes, fussent-ils des « gnomoïdes »? Ma curiosité éveillée
demandait à être étanchée.
Remonter à la
source
Aussi n'hésitai-je
pas une seconde et, dès le 8 juillet, j'écrivais à Mrs Lindsley-Griffin à
Lincoln. Et puis le temps passa. La patience, j'ai l'habitude de la pratiquer,
croyez-moi ! Je savais d'expérience que j'avais plus de chance d'être entendu
depuis le Nebraska que de susciter des réactions de lecteurs bourguignons dans
ce journal. Et, en effet, en février dernier, une réponse tardive me parvint.
Mrs Lindsley-Griffin tout d'abord s'excusait pour le retard arguant d'avoir
mélangé ma lettre avec d'autres auxquelles elle avait déjà répondu (les
subterfuges polis pour dire qu'on a été débordé n'ont pas de frontière).
Ensuite, elle poursuivait: « Les impressions ne sont pas des artefacts.
Ressemblant à de petites roues de bicyclette avec un moyeu central, un pourtour
circulaire et la plupart des rayons manquants (sic), ce sont des fossiles
d'animaux au corps mous similaires aux méduses modernes, connus sous le nom de
Chondrophorines... »
J'en fus
littéralement « médusé » !
Ce texte fut publié
le 11 novembre 1990 dans Dimanche Saône et Loire.
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